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04/05/2014

Travail dominical : une guerre contre les salariés

politique,commerce extérieur,laurent fabius,ouverture magasins dimanche,tourisme,travail,travail dominical,travail le dimanche,actualités,emanuelle beckerPar la voix du ministre des Affaires étrangères, le débat sur le travail dominical est revenu sur le devant de la scène. Le Conseil de Paris va se pencher sur cette question au cours des mois à venir, et les élus PCF-Front de Gauche entendent faire appliquer les droits des salariés en refusant toute extension du travail le dimanche.

C'est un débat qui semble revenir encore et toujours. Les plus dogmatiques des libéraux n'arrivent pas à comprendre pourquoi les Français refusent l'extension du travail dominical. Serions-nous, comme certains le laissent entendre, un peuple fainéant et arriéré, qui se complaît dans l'oisiveté quand nos voisins (et concurrents) européens en profitent pour engranger les bénéfices? C'est une drôle de vision de la construction européenne, mais surtout, c'est une bien étrange façon d'envisager le monde du travail.

politique,commerce extérieur,laurent fabius,ouverture magasins dimanche,tourisme,travail,travail dominical,travail le dimanche,actualités,emanuelle beckerLe dimanche serait une journée improductive. Un manque à gagner considérable. Et pourtant, chaque fois que le débat est relancé, on s'aperçoit hébétés qu'il existe dans la population d'autres valeurs que la concurrence, le marché et le profit.

Certains de nos concitoyens auraient même l'incroyable prétention de vouloir passer du temps avec leur famille, avec leurs amis, et faire autre chose que travailler ou consommer de façon compulsive.

Il faudrait remonter à la base de la construction économique de notre société pour bien comprendre les enjeux. Et sans entrer dans le détail, il est facile de comprendre que le jour de repos commun est très loin d'être improductif. C'est une journée sans laquelle les salariés ne parviendraient sans doute pas à tenir le reste de la semaine.

Et c'est pourtant à cela que la droite entend s'attaquer. Après avoir fait reculer l'âge de départ en retraite, après avoir fait augmenter le temps de travail hebdomadaire, on se demande par quel miracle les salariés ont toujours droit à une pause déjeuner. En vérité, le travail dominical n'est rien d'autre qu'une offensive de guerre contre les salariés.

politique,commerce extérieur,laurent fabius,ouverture magasins dimanche,tourisme,travail,travail dominical,travail le dimanche,actualités,emanuelle beckerMalheureusement, la droite a avancé sur ce terrain, et le gouvernement semble la rejoindre. Il ne devrait pourtant pas oublier qui l'a élu. En rejoignant l'UMP sur la proposition d'extension du travail dominical, Laurent Fabius s'en prend directement à ceux qui ont porté son parti au gouvernement. Comme Nicolas Sarkozy avant lui, il entend privilégier les bénéfices des entreprises avant les droits des salariés. Ce n'est pas ça, la gauche.

Et qu'on ne se méprenne pas. Il ne s'agit surtout pas d'un réflexe primaire ou dogmatique qui serait contre les entreprises. Au contraire, il s'agit bien de choix politiques et économiques tout à fait pragmatiques. A Paris, chaque dimanche, entre 12.000 et 15.000 commerces ouvrent leurs portes. Cela profite-t-il à l'emploi? Pas vraiment. Cela favorise-t-il un commerce de proximité? C'est tout le contraire. Ce sont les grands groupes commerciaux côtés en bourse qui profitent le plus des ouvertures dominicales. Les petits commerces ne s'en sortent pas. Ce sont pourtant ceux-là qui font vivre la vitalité économique, l'emploi et la convivialité dans nos villes.

politique,commerce extérieur,laurent fabius,ouverture magasins dimanche,tourisme,travail,travail dominical,travail le dimanche,actualités,emanuelle beckerEnfin, il faut mettre fin à un leurre qui revient toujours dans ce débat. La notion de volontariat des salariés est une chimère.

Entre le salarié et son employeur, la relation est inégale, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'on l'encadre par un contrat de travail et qu'on la pacifie par le droit. Étant donnée la crise économique et l'anémie du marché de l'emploi, les salariés sont d'autant plus fragiles: ils ne peuvent pas se passer d'un salaire.

On note d'ailleurs qu'aujourd'hui, les salariés qui travaillent le dimanche sont en très grande majorité des femmes qui vivent loin de leur lieu de travail, ont de très bas salaires et des contrats souvent précaires. Le travail le dimanche est une façon de ne plus parler des salaires des lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi.

politique,commerce extérieur,laurent fabius,ouverture magasins dimanche,tourisme,travail,travail dominical,travail le dimanche,actualités,emanuelle beckerSi le débat sur le travail dominical revient si souvent, c'est sans doute parce qu'il touche finalement à ce qui fait l'un des ciments de notre civilisation.

D'un côté, certains refusent d'imaginer une journée qui ne soit pas dévolue à la consommation, de l'autre celles et ceux qui considèrent l'humain avant les tableurs Excel.

Emanuelle Becker, conseillère de Paris, article publié dans Huffingtonpost

02/05/2014

EVRY, ELUS COMMUNISTES : OUI AU VOTE DU BUDGET DE LA VILLE, NON A L'AUSTERITE !

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EXPLICATION DE VOTE  DU GROUPE DES ELUS COMMUNISTES ET REPUBLICAINS D'EVRY, CONSEIL MUNICIPAL DU 30 AVRIL 2014

Le budget de la ville présenté à ce conseil municipal à une date exceptionnellement tardive pour respecter le vote des électeurs se situe dans la continuité du travail de l’équipe municipale renouvelée.

Nous profitons de cette introduction pour rendre hommage aux élus du précédent mandat, de la majorité et de l’opposition qui ne sont plus présents ici et saluer l’apport qu’ils ont eu pour le bien de notre ville et des habitants pendant 6 ans.

Nous rappelons ici le double cadre dans lequel est présenté ce budget.

Celui d’Evry, une ville populaire, jeune, diverse, solidaire. Une ville dont les besoins de services publics, d’investissements, d’équipements se situent au-dessus de la moyenne nationale et qui demande une attention particulière avec une population par exemple dont le revenu médian est de 1223 €, contre 1909 € pour l’Essonne, 1602 € pour l’Ile de France .

Evry est également une ville nouvelle qui en 40 ans a dû se construire à un rythme 3 fois supérieur à la plupart des autres villes ayant une population identique. Le taux de scolarité est aussi 2 fois supérieur à la moyenne des villes de 50  000 habitants de notre pays avec une population qui est composée majoritairement de jeunes et très jeunes Evryens.

 Nous rappellons ces chiffres pour préciser que comparaison n’est pas toujours raison, et prétendre que la municipalité investit trop et dispose de trop de personnel sans rappeler ces éléments n’est pas juste.

Evry a en effet beaucoup besoin de solidarité, de liens sociaux, de vie et le budget présenté ici prend en compte toutes ces exigences.

Ce budget est aussi présenté dans un cadre imposé par le gouvernement et que nous n’approuvons pas.

elusutiles.pngNous précisons d’ailleurs pour être juste, que le plan de rigueur gouvernemental d’économie de 50 milliards d’€ proposé subit une surenchère de la part de la droite qui propose pour l’UDI 80 milliards d’économie dans son programme, et l’UMP, 130 milliards d’€.

La droite au pouvoir, ce serait plus fort et plus violent dans les domaines de l’austérité et de la dégradation de la vie quotidienne des Français.Dans le cadre de ces économies que veut imposer le gouvernement, les collectivités locales devraient en payer le prix fort avec 1,5 milliards d’€ de dotations supprimées dès cette année, plus de 10 milliards d’ici 2017.

Nous le disons très nettement les conséquences seront désastreuses pour les collectivités, pour les habitants, pour l’emploi et les élus communistes et bien d’autres dans tous les autres partis politiques s’y opposent et s’y opposeront.

Le président socialiste des maires des grandes villes de France, Michel Destot le dit à juste raison par exemple  : «  Amputer la capacité d’investissement des collectivités a pour conséquence une baisse de l’activité économique et un recul de l’emploi.

Les 10 milliards d’euros (d’économies)sur les collectivités de façon générale ne sont pas pertinents en tant que tels » a affirmé pour sa part Anne Hidalgo Maire de Paris.

En 1950 la part des collectivités locales dans l’investissement public était de 44,3 %, il est aujourd’hui de 71 % et explique en très grande partie pourquoi la France est aujourd’hui une des puissances économiques les plus fortes de notre planète.

Ces investissements ce sont des lycées, des collèges, des crèches, des routes, des gymnases, des rénovations, et bien d'autres équipements, y toucher ce sera la certitude d’avoir une dégradation du service public, du cadre de vie, et des emplois privés des entreprises qui travaillent pour le compte des collectivités.

Ce ne sont pas des baisses de charges et cotisations que les entreprises veulent, mais des marchés. Certains invoquent la compétition mondiale pour justifier cette austérité sans fin en oubliant que 90 % de l’activité économique de notre pays n’est pas concernée par cette compétition et que les mesures que prend le gouvernement n’auront aucun effet sur l’emploi.

Le fonctionnement des collectivités subira aussi des conséquences négatives avec moins de services publics, des subventions diminuées ou supprimées pour les associations qui nombreuses emploient des salariés et qui sont déjà en grandes difficultés, la suppression massive d’emplois publics.

Mesure- t-on bien à l’échelle du pouvoir les conséquences en cascade que cette politique austéritaire va avoir. Les exemples de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce, de la Grande Bretagne ne sont-ils pas assez probants  ?

Certains en rajoutent dans ce domaine et en plus de dépenses diminuées veulent aussi des recettes diminuées en exigeant une baisse des impôts locaux.

Nous le disons nettement, les impôts quels qu’ils soient ne sont pas des «  ennemis  » mais bien l’expression de solidarité qui permet à notre République d’exister.

Toucher au principe, c’est aussi toucher à la solidarité qui nous lie tous.

Ce n’est pas de trop d’impôts dont les français souffrent, mais de l’injustice de ces impôts : trop forts pour les plus faibles, trop faibles pour les plus forts.

Pour les collectivités locales la taxe d’habitation et la taxe foncière nous concernent directement. Elles sont calculées injustement sur une base datant de 1970.

Le précédent Maire d’Evry le disait régulièrement ici même. Elles ne tiennent pas compte des réalités de nos villes et des habitants.

Il citait régulièrement aussi cet exemple. Un habitant du cinquième arrondissement de Paris paie en proportion beaucoup moins d’impôts locaux qu’un habitant des Pyramides d’Evry et ceci n’est pas dû à une décision des collectivités concernées mais à une base de calcul injuste.

Une révision de la fiscalité locale est indispensable.

Elle devrait prendre en compte les revenus des populations et la réalité de l’habitat. C’est ce que nous communistes et nos parlementaires proposons.

En tenant compte de toutes les contraintes économiques dont la collectivité locale n’est pas responsable politiquement, le budget présenté (dépenses et recettes) est celui qui correspond le mieux à l’intérêt des habitants.

Nous rappelons aussi qu’Evry, comme l’ensemble des collectivités locales, contrairement à l’Etat, est dans l’obligation légale de proposer un budget équilibré.

Pour toutes ces raisons et avec les remarques citées, nous voterons pour l’ensemble de ce budget.

Le Groupe des élus communistes d'Evry

01/05/2014

1er mai sous le signe de la colère

manifestation,premier mai,pcf,pierre laurentLa CGT a recensé, ce 1er mai, quelques 210 .000 manifestants dans toute la France, avec des cortèges marquants à Toulouse (6.000), à Bordeaux (10.000) ou à Lille (1.200). A Marseille, les manifestants étaient 20 .000 selon les organisateurs à dire « leur colère « face à la politique d’austérité du gouvernement Valls après le vote – minoritaire, il faut le rappeler – de son programme de « stabilité ».

La banderole de tête du défilé qui réunissait la CGT, SUD Solidaires et la FSU proclamait « Licenciements, bas salaires, précarité austérité : les Bouches-du-Rhône en ont assez ». « Après le temps de la désillusion, la colère monte », a déclaré le secrétaire général de l’UD-CGT à l’origine de six autres défilés dans le département. A Marseille comme à Paris et dans les autres manifestation en régions, les fonctionnaires étaient très mobilisés donnant un avant-goût de l’ampleur que leur mouvement peut avoir le 15 mai prochain.

Dans les rues de la capitale, la tonalité du cortège plus fourni que les dernières années, était elle aussi combative, mettant sur la sellette les abandons de François Hollande et un Pacte de Responsabilité qui prend aux pauvres pour donner aux ultra-riches.

Si Thierry Lepaon pour la CGT et Bernadette Groison de la FSU étaient en tête du défilé, Laurent Berger n’en était pas, qui avait choisi une célébration a minima de la fête des travailleurs en réunissant un peu moins de deux cents personnes dans une salle parisienne pour un débat sur l’Europe. Le secrétaire général de la CFDT a concédé que le bilan Hollande se résumait à « deux années difficiles pour les Français » et feint de croire, au contraire de Jean-Claude Mailly qui s’exprimait devant une centaine de militants FO à Lyon, qu’en échange des aides qu’il va recevoir, le patronat va « s’engager concrètement » sur l’emploi et les conditions de travail. Le secrétaire général de la CFDT sera cependant le 15 mai « dans la rue » contre le gel jusqu’en 2017 du point d’indice des fonctionnaires.

Jeudi matin, le secrétaire général de la CGT avait ironisé : « je vous rappelle que la première conférence sociale, le gouvernement l’avait baptisé « Grande conférence sociale ». La deuxième, il l’avait baptisée « conférence sociale ». Là (début juillet – NDLR)), j’ai peur que nous allions vers une petite conférence sociale qui soit en gros concentrée sur les 50 milliards d’économies et pas sur le travail et pas sur les salaires ». La secrétaire générale de la FSU a jugé qu’il fallait « arrêter de prendre l’argent dans le public pour aider les entreprises ». « On sent bien que ce n’est pas la politique d’austérité qui va nous sortir de la crise », a-t-elle ajouté tandis qu’Annick Coupé pour Solidaires jugeait que les 50 milliards de coupes dans les dépenses publiques vont « alimenter une spirale récessive ».

manifestation,premier mai,pcf,pierre laurentOn relevait dans la manifestation la présence de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, de Jean-Luc Mélenchon, co-président du PG et tête de liste du Front de gauche aux européennes dans le Sud-Ouest, ainsi que de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité et tête de liste en Ile-de-France.
Aucune illusion donc parmi les 65.000 manifestants parisiens sur les projets de Manuel Valls. Après avoir échoué à réunir une majorité à l’Assemblée nationale, le Premier ministre aura bien du mal à présenter son plan d’austérité comme le fruit d’un dialogue social.

Publié par l'Humanité

30/04/2014

Pacte de stabilité : intervention du député communiste Nicolas Sansu contre les orientations du gouvernement

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Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, chers collègues, la trajectoire des finances publiques, qui reprend le pacte improprement dénommé de responsabilité, soumise à la représentation nationale marque une accélération dans ce qu’il faut bien appeler le virage social-libéral du Gouvernement.

Les députés du Front de gauche ne l’accueillent pas de gaîté de cœur. La question n’est pas d’ergoter sur plus ou moins 0,1 % de croissance en 2015 ou 2016, comme le fait la droite pour justifier le rejet d’orientations qu’elle approuve sur le fond, mais porte sur la stratégie adoptée. Soutenir exclusivement l’offre et opérer des coupes drastiques dans les finances publiques, comme vous le proposez, ou bien soutenir la demande et actionner le levier de l’investissement public pour soutenir la croissance, tels sont les termes du débat alors que nous vivons une crise économique et financière destructrice.

Vous avez choisi. Votre programme, c’est l’austérité, cette austérité qui a fait tant de mal en Europe avec son cortège d’inégalités. L’échec des politiques conduites depuis des années, la lourde sanction électorale infligée à l’ensemble des forces de gauche, à commencer par la formation politique à laquelle vous appartenez, monsieur le Premier ministre, auraient dû entraîner un changement de cap.

Des voix s’élèvent chez nos concitoyens, chez les représentants syndicaux, chez les élus de la gauche, parmi les économistes, pour vous enjoindre de ne pas vous enferrer dans une rigueur irréaliste et désastreuse pour la vie de millions de Françaises et de Français.

Il faut être concret, monsieur le Premier ministre : je veux vous parler de Marie-Claude, employée de coiffure à la retraite, qui survit avec ses 750 euros par mois et qui, à soixante-trois ans, est obligée de reprendre une activité auprès de personnes âgées car elle ne s’en sort pas ; je veux vous parler de Christian, chef d’une entreprise de travaux publics de 80 salariés qui voit les commandes des collectivités territoriales fondre comme neige au soleil, qui plus est dans des territoires fragiles et qui s’alarme de la baisse de 11 milliards de dotations aux collectivités car c’est autant d’investissement public en moins, autant d’emplois menacés, autant d’équipements utiles à la population qui seront abandonnés ; je veux vous parler de Marwane, jeune homme de vingt-huit ans qui, de stage en contrats d’intérim, n’a connu que la précarité dans sa vie active, Marwane condamné à vivre chez ses parents, sans pouvoir gagner l’autonomie à laquelle tout jeune aspire. Voilà la réalité des couches modestes.

Certes, tous nos concitoyens ne vivent pas de telles difficultés, de telles angoisses, mais force est de constater que les politiques conduites depuis trop d’années, dans un cadre européen coercitif, ont eu pour conséquence désindustrialisation, accroissement de la pauvreté, explosion des rendements du capital au détriment du travail.

Nous, députés du Front de gauche, estimons que vous faites fausse route. L’accueil favorable d’une partie de la droite – nous venons de le voir avec le discours de M. Vigier – devrait d’ailleurs vous alerter. Comme disait un célèbre combattant de la liberté : « Quand ton adversaire te félicite, demande-toi quelle erreur tu as faite. »

Il y a à notre sens urgence à construire une politique véritablement alternative, une politique novatrice, qui sorte du carcan européen actuel. Le Traité européen dit de stabilité, de coordination et de gouvernance est le péché originel de ce quinquennat. Il a été ratifié en 2012 sans qu’une ligne en soit modifiée. Les mesures du pacte de croissance, pourtant promises, n’ont pas vu le jour et notre pays se trouve désormais entraîné, comme ses voisins, dans une spirale de la déflation, de stagnation et de chômage.

L’Europe est devenue, pour la plupart des peuples qui y vivent, synonyme de dégradation des conditions de vie et de travail, d’aggravation des inégalités, de démantèlement des services publics, de casse des acquis sociaux, de déchaînement de la concurrence. L’Europe sociale, l’Europe de la coopération et de la solidarité si chère à la gauche ne verra pas le jour sans une autre politique monétaire, sans recours à l’investissement public, sans harmonisation par le haut des normes fiscales, sociales et environnementales.

En prenant fait et cause pour la poursuite de la rigueur, vous prenez le chemin opposé. Ce n’est pas un chemin de courage et de sérieux mais un chemin de capitulation devant les exigences d’un capitalisme financier qui continue d’engranger des profits colossaux. Le discours du Bourget est bel et bien enterré. La spéculation bat son plein, les encours des produits dérivés au niveau mondial sont à présent aussi élevés qu’avant la crise financière de 2008.

Pendant que l’instauration d’une taxe sur les transactions financières s’enlise, l’accord de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis se prépare dans le plus grand secret avec des conséquences sur les conditions faites aux salariés et sur l’environnement. Ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettra d’attaquer en justice tout État qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme. Ces normes libérales, ce sont celles qui causent des drames tels que celui de Rana Plaza, au Bangladesh, il y a un peu plus d’un an, avec des multinationales qui piétinent les règles sociales et environnementales et méprisent la vie humaine.

Mettre en concurrence les êtres humains, mettre en concurrence les territoires, en France, en Europe ou dans le monde, c’est le credo des puissants pour dégager toujours plus de profits financiers. Rappelez-vous ce formidable mot de Warren Buffet, une des premières fortunes mondiales, qui disait il y a peu : « La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de l’emporter. »

Face à cette situation, notre pays a une grande responsabilité. La France est un grand pays qui peut jouer un rôle majeur dans la réorientation de l’Europe, pour peu qu’elle en ait le courage et la volonté. C’est ce courage et cette volonté qui manquent aujourd’hui. Le renoncement à engager un bras de fer avec nos partenaires européens conduit à prévoir l’an prochain, par le biais de ce pacte de stabilité, des mesures douloureuses, politiquement et socialement indéfendables, dont les classes moyennes et populaires vont une nouvelle fois faire les frais.

Monsieur le Premier ministre, vous êtes, comme trop de gouvernants avant vous, victime ou complice du « syndrome TINA » – There Is No Alternative –, selon la célèbre formule de Mme Thatcher. Or il y a une alternative ! Redresser les comptes publics, chacun s’accorde à en reconnaître la nécessité ; mais alors, pourquoi n’avoir dans le viseur que la dépense publique et sociale ? Pourquoi ne pas s’attaquer réellement à la fraude, à l’évasion fiscale, à la fraude à la TVA, à l’optimisation fiscale ?

Pourquoi ne pas revenir sur les niches fiscales et sociales, aussi injustes qu’inefficaces, qui ne font que gonfler le patrimoine des plus fortunés ? Elles atteignent des niveaux inégalés !

Deuxième grande erreur, à notre sens, dans ce plan d’austérité de 50 milliards, c’est la correspondance que vous établissez entre compétitivité et baisse du coût du travail : 41 milliards d’euros seraient octroyés aux entreprises, sans contrepartie ni discernement ! Si l’on peut comprendre que des TPE, des PME, des ETI de l’industrie ou des services, puissent avoir besoin de soutien, le débat que nous avons eu lors de l’adoption du CICE, le crédit d’impôt compétitivité emploi, reste pleinement d’actualité. Comment accepter que les grands groupes bancaires et assurantiels ou les groupes de la grande distribution bénéficient de ces milliards de suppression de cotisations sociales et de la quasi-extinction de l’impôt sur les sociétés, lequel passera de 52 milliards d’euros en 2013 à moins de 30 milliards d’euros en 2015 ? Ce sont bien les ménages, et d’abord les couches moyennes et modestes, qui seront appelés à payer la note par la hausse de la TVA, par l’augmentation des cotisations des mutuelles, par le gel des prestations sociales !

Si nous vous alertons sur ce non-sens de votre obsession du coût du travail, c’est que vous n’évoquez jamais – jamais ! – le coût du capital. La rémunération excessive du capital fait pourtant mal à nos entreprises, mal aux salariés, mal au pays ! Car si c’est « ceinture » pour les retraités, les fonctionnaires, les salariés du privé, c’est happy hour pour les actionnaires :

5 milliards d’euros de dividendes distribués chez Vivendi, des dividendes jamais aussi élevés depuis trente ans, selon un article des Échos du 14 avril dernier !

Dans ce cadre, les 500 millions d’euros prévus pour les petites retraites ou pour le plan pauvreté ne sont pas des avancées, monsieur le Premier ministre : ce ne sont que des non-reculs ! Et ces 500 millions d’euros représentent 1 % du total des 50 milliards de coupes dans les dépenses publiques et sociales !

Pour stimuler l’investissement et l’emploi, il est possible d’emprunter d’autres chemins : doter notre pays d’une véritable banque publique d’investissement, quand celle mise en place fin 2012 reste sous-dotée ; moduler l’imposition des entreprises pour favoriser celles qui investissent et créent de l’emploi et sanctionner celles qui ne se préoccupent que de rendements financiers et de taux de rentabilité à deux chiffres ; relancer le pouvoir d’achat par la hausse des salaires et des pensions pour soutenir la demande intérieure ; favoriser de nouveaux modes de consommation et la transition énergétique.

J’ajoute la nécessité de soutenir l’investissement public des collectivités territoriales et les services publics locaux, véritables amortisseurs des difficultés quotidiennes de nos concitoyens.

La crise économique et sociale que nous traversons depuis cinq ans a signé la faillite du prétendu modèle économique libéral. Souvenez-vous que ce modèle néolibéral n’a pu être sauvé qu’en prenant en otage les peuples, en leur imposant de payer la facture de dettes privées prises en charge par l’endettement public !

Quand la misère grandit, que les inégalités explosent, que soixante-sept personnes possèdent autant que 3,5 milliards d’êtres humains, un tel système est à bout de souffle. Sans la volonté farouche de combattre le capitalisme financier et son cortège de désastres économiques, sociaux et environnementaux, le risque est de voir triompher les pires forces réactionnaires, comme nous risquons de le constater dans moins de quatre semaines lors du scrutin européen.

La responsabilité historique de la gauche est d’ouvrir une nouvelle voie, une voie qui combatte l’impuissance publique. C’est la raison pour laquelle les députés du Front de gauche ne peuvent que s’opposer à la feuille de route que vous avez tracée. Notre vote contre est aussi une main tendue à toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans une gauche qui tout à la fois rassemble et ne renonce pas. Où est le souffle de 1936, de 1945, de 1981, voire de 1997 ? Notre pays n’est jamais si grand ou si fort que quand il ouvre de nouvelles perspectives progressistes, des perspectives de rassemblement, des perspectives qui lient progrès social, efficacité économique et transition écologique.

Monsieur le Premier ministre, face à une extrême droite qui se tient en embuscade et voudrait passer pour la seule alternative à ce modèle social-libéral ou néolibéral à l’œuvre en France, en Allemagne, en Italie, écoutez la voix de celles et ceux qui refusent la division et portent les valeurs d’égalité, de fraternité, de liberté, les valeurs d’efficacité économique par la justice sociale !

Manuel Valls est passé sur l'autre rive en assumant une politique de droite

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A la tribune de l'Assemblée nationale, le Premier ministre a répondu à la fronde de députés socialistes par quelques aménagements cosmétiques mais l'affront à notre pays, aux familles, aux fonctionnaires et aux retraités est assumé crânement.

Pour la première fois sous la V° République, un chef de gouvernement issu d'une majorité parlementaire de gauche défend une politique dont la droite et le patronat avaient rêvé sans jamais espérer aller aussi loin, aussi brutalement.

Un âge d'or pour les entreprises, sans contre-partie, payé sur le dos du monde du travail et des plus fragiles. Une hémorragie de 50 milliards d'euros dans la dépense publique et sociale pour moins de service public, de solidarité et d'égalité de traitement, le dynamitage en règle de la protection sociale et de la démocratie locale.

Il n'y aura pas « d'apaisement » avec une telle orientation comme y invite M.Valls mais une aggravation rapide et dangereuse de la crise politique, sociale et économique. « Ce qui empêche d'installer la confiance », c'est une politique de droite alors que le changement, en 2012, avait été annoncé à gauche. Le premier ministre lui est passé sur l'autre rive en assumant une politique de droite : celle d'une austérité à perpétuité.

Olivier Dartigolles, porte parole du PCF

10:37 Publié dans ACTUALITES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : valls, dartigolles, pcf, députés | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

27/04/2014

Pierre Laurent « On ne peut pas sauver Hollande, mais il faut sauver la gauche »

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Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, appelle au rassemblement le plus large pour « reconstruire la gauche » sur d’autres choix que l’accélération des politiques d’austérité libérale décidée par le gouvernement Hollande-Valls qui « mène la France dans le mur ».

Les députés PS votent la confiance au gouvernement mais critiquent sa politique. Le fait qu’ils restent dans la majorité présidentielle est-il un obstacle à la construction d’une alternative à gauche ?

Pierre Laurent Le malaise dans la majorité présidentielle est manifestement profond. Pour ma part je prends au sérieux la colère d’une partie de ces élus. Elle reflète ce que je dis depuis des mois : il n’y a pas de majorité populaire à gauche dans le pays pour soutenir les choix politiques actuels de François Hollande. Je vois aussi combien ces élus socialistes se sentent coincés par le verrou du système présidentiel. Nombre d’entre eux ne veulent plus de cette politique menée en leur nom, en réalité dictée par Bruxelles, les marchés et le Medef, mais ils ont peur que leur opposition déclenche une crise de régime.
 
À ces hommes et femmes, je veux dire : vous ne sauverez pas François Hollande et Manuel Valls tant qu’ils s’accrocheront à cette politique. Ce sont eux qui nourrissent la crise politique, pas ceux qui s’opposent à ces choix qui mènent dans le mur. La question n’est donc pas de sauver François Hollande, elle est de sauver la gauche avant que la droite et l’extrême droite raflent tout, et de reconstruire une politique qui permette à la France de combattre le chômage. C’est pourquoi je leur dis : travaillons ensemble à des solutions de gauche à la crise sociale, économique et politique, et nous ne pouvons le faire qu’en tournant le dos aux choix actuels.
 
La responsabilité des communistes et du Front de gauche dans cette situation est de créer toutes les conditions de ce dialogue et de la construction de cette politique alternative. Ce ne sera possible qu’en développant une mobilisation populaire qui engage sans attendre une telle reconstruction.

Le gouvernement prétend de son côté qu’il n’y a pas d’autres politiques possibles, sauf à mettre la France dans « la main des marchés » et à renoncer à sa souveraineté. Peut-on faire autrement ?

Pierre Laurent Oui, si on s’attaque aux énormes coûts du capital. C’est cela que les profiteurs des marchés financiers veulent empêcher. Si on continue à protéger les rentes des actionnaires, il n’y a aucun assainissement des finances publiques possible. Parce qu’une attaque aussi violente contre le pouvoir d’achat des couches populaires et de la majorité des salariés accompagnée de coupes brutales dans l’investissement public ne peut que conduire à une augmentation du chômage et au repli de l’activité. Cela entraînera une nouvelle fuite en avant dans les déficits, et, aux sacrifices d’aujourd’hui, il faudra demain en ajouter de nouveaux.

Exiger d’assainir en trois ans, sur le dos des seuls salariés et retraités, une dégradation économique et financière qui est le résultat de vingt-cinq ans de gâchis financiers du capital est une aberration sociale et politique.

L’assainissement des finances publiques ne peut se conduire que dans la durée, par un développement pérenne de l’activité productive nationale, une autre utilisation des richesses, une collecte juste des ressources publiques grâce à une grande réforme fiscale. Il est urgent de mobiliser les immenses richesses disponibles dans les banques, l’épargne, les grandes entreprises, pour financer la relance d’activités utiles au pays sous forme d’équipements et de services publics, de formations, d’investissements industriels, pour engager la transition sociale et écologique de notre système productif.

L’affaire du conseiller politique de FrançoisHollande Aquilino Morelle n’est-elle pas un nouveau signe catastrophique donné d’un monde politique coupé du peuple ?

Pierre Laurent Ces affaires à répétition sont pitoyables. La dérive d’Aquilino Morelle illustre des pratiques qui doivent disparaître de la vie politique. Mais, en l’occurrence, plus que le monde politique en général, c’est l’hyperpuissance de la présidence de la République avec son armée de conseillers qui est en cause. L’affaire Morelle et celle de Patrick Buisson en sont les symptômes. Comment se fait-il que des hommes qui ne sont que des conseillers du président de la République, c’est-à-dire des assistants techniques, jamais élus par personne, occupent une telle place au cœur de l’État ?

Il est temps de remettre la République à l’endroit en rendant le pouvoir aux assemblées élues et aux citoyens qui les mandatent. Vivement une VIe République ! La démocratie a besoin d’oxygène.

Les municipales n’ont pas produit les résultats escomptés, avec des pertes subies par le PCF que n’ont pas compensées les gains obtenus par ailleurs. Dans le débat sur la stratégie à adopter qui a agité le Front de gauche durant les municipales, les résultats donnent-ils raison à une stratégie plutôt qu’à une autre ?

Pierre Laurent J’ai toujours dit que, dans les élections municipales, le débat n’était pas entre deux types de configuration de listes au premier tour. Notre seule boussole était le chemin le plus efficace pour construire un rassemblement qui remplisse trois objectifs : battre la droite et l’extrême droite, faire progresser les positions de contestation de l’austérité à gauche, élire des majorités pour mener des politiques de progrès social. Les résultats des municipales doivent être jugés ville par ville à l’aune de ces objectifs, et il ne suffit pas de regarder la stratégie d’alliance choisie pour y répondre. Le trait marquant du scrutin est la démobilisation de l’électorat populaire à gauche, et il ne nous a pas épargnés.

Il traduit le désaveu de la politique gouvernementale mais il renvoie à une défiance plus profonde à l’égard des politiques après des décennies d’échec de l’alternance. Notre ancrage territorial résiste, notre travail de rassemblement est réel, il laisse entrevoir de nouvelles possibilités, mais dans la situation que nous connaissons, ça ne suffit pas à contrebalancer le désespoir politique. Nous ne parvenons pas encore à trouver les chemins d’une crédibilité politique majoritaire.

J’en tire une conclusion : nous devons entrer dans une phase nouvelle du déploiement de notre stratégie politique avec le Front de gauche. On ne peut plus s’en tenir aux résultats obtenus durant les premières années du travail du Front de gauche. Nous sommes dans une course de vitesse où il faut reconstruire plus vite que ce que la crise politique détruit.

Jean-Luc Mélenchon espère la constitution d’un nouvel axe Front de gauche-Europe Écologie-les Verts. Cet axe peut-il représenter
l’alternative recherchée à la politique deFrançois Hollande ?

Pierre Laurent Il n’y a aucune raison, dans la situation actuelle, de tracer a priori des limites au rassemblement que nous visons. Nous devons travailler avec des forces venues de toutes les familles de la gauche : écologistes, socialistes, forces sociales, syndicales, associatives. Évidemment, le dialogue avec EELV doit s’intensifier après sa sortie du gouvernement, mais ce qui est possible avec EELV l’est aussi avec d’autres forces à gauche, y compris socialistes. Ce travail doit se mener dans les luttes mais aussi dans un débat de projet sur les propositions alternatives. Nous devons mener d’un même mouvement le chantier de reconstruction d’un projet pour la France, pour la République, pour la gauche, et c’est dans ce travail de projet que nous créerons les conditions d’alliances profitables, et non à partir de présupposés sur tel ou tel partenaire potentiel.

Le Front de gauche entre dans la campagne des européennes de façon un peu paradoxale, puisque l’accord qui le permet est critiqué
par les communistes. Quelle en est la raison ?

Pierre Laurent Je veux dire d’abord qu’au point où nous en étions, l’essentiel était d’entrer en campagne, de façon plus urgente encore après les décisions de François Hollande et Manuel Valls qui ont suivi les municipales. J’alertais depuis des mois sur la nécessité d’une constitution rapide de ces listes, tandis que des partenaires du Front de gauche ne cessaient d’aligner des conditions inacceptables comme, par exemple, celle d’écarter des députés sortants de leurs circonscriptions. Aujourd’hui, heureusement, nous bouclons les listes du Front de gauche. Cela dit, effectivement, cet accord révèle des insuffisances dont il faudra tirer les leçons après les élections européennes.

Parmi les atouts du Front de gauche, il y a l’engagement des forces du PCF, le caractère unitaire du Front qui a su respecter à chaque étape la diversité de ses composantes, et l’affirmation d’une dimension citoyenne indispensable à son déploiement. Voilà trois facteurs qui sont insuffisamment pris en compte dans l’accord, nous aurions pu et dû parvenir à un accord plus dynamique et conquérant. Mais je le répète : la priorité est aujourd’hui de faire réussir ces listes parce que le résultat du Front de gauche va compter dans les batailles qui viennent. Nous avons besoin de la présence de nombreux députés Front de gauche au Parlement européen. Le débat, nous l’aurons après ces élections.

Vous avez réussi une importante manifestation, le 12 avril, avec la présence inédite de nombreux syndicalistes, comment poursuivre

en préservant l’autonomie et l ’ indépendance de chacun ?

Pierre Laurent C’est vrai que le 12 avril est une démarche originale qui a demandé du temps pour la construire avec des forces politiques et des personnalités venues du monde syndical et du mouvement social. Nous avions vu juste, puisque le succès de cette marche est allé au-delà de ce que beaucoup attendaient. Le défi est maintenant de s’appuyer sur cet acquis pour construire un mouvement dans la durée. C’est le souhait de tous ceux qui ont signé l’appel à marcher le 12 avril. Les prochaines initiatives sont en discussion. Elles devront respecter le calendrier des mobilisations syndicales qui s’annoncent, le 1er Mai, le 15 mai avec la fonction publique, le 22 mai avec les cheminots.

Les européennes s’annoncent comme une élection qui va battre à nouveau tous les records d’abstention. Est-ce inéluctable ?

Pierre Laurent Le risque est évident. Et les conditions d’une campagne éclair sont créées pour éviter le débat politique nécessaire. Pourtant, le verrou des politiques actuelles de l’Union européenne doit sauter pour que puissent être mises en œuvre des politiques de sortie de crise. La France a besoin que les forces populaires qui ne veulent plus de la politique d’austérité le disent avec d’autant plus de force, le 25 mai, en votant Front de gauche.

Quels seront les axes de campagne du Front de gauche dans ces élections ?

Pierre Laurent Le premier est l’abandon immédiat des politiques d’austérité menées en France et en Europe. Le deuxième est la nécessité de mobiliser les immenses ressources disponibles dans les banques et les grandes entreprises européennes pour financer la relance sociale et écologique de l’activité. La Confédération européenne des syndicats demande la mise en place de programmes d’investissement équivalents à 2 % du PIB européen. Les ressources existent dans une zone qui a su mobiliser mille milliards d’euros pour renflouer les banques.

Le FN va faire une campagne particulièrement conquérante sur le rejet de l’Europe et le repli national. Comment l’empêcher de capter

la colère populaire ?

Pierre Laurent En dénonçant les faux-semblants de sa politique, car le discours antieuropéen tenu par Marine Le Pen cache sa volonté de ne jamais mettre en cause la responsabilité des pouvoirs financiers dans la crise actuelle. Celle-ci frappe tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, parce que le capital impose partout la même mise en concurrence contre les salaires. Nous ferons reculer ce talon de fer de la finance en unissant les peuples européens, et non en les divisant et en les opposant entre eux.

Entretien réalisé par Sébastien Crépel, pour l'Humanité

25/04/2014

GRANDOLA !

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Il y 40 ans, pendant la Révolution des œillets, une chanson avait couru sur les ondes qui semblait légère comme un papillon, Grandola, vila morena.

Ô ce beau jour d’avril 1974 quand des œillets fleurirent au canon des fusils. Une chanson avait couru sur les ondes qui semblait légère comme un papillon, Grandola, vila morena, évoquant la fraternité et les luttes des paysans de l’Alentejo, censurée des années durant par la dictature portugaise de Salazar et de son successeur Marcelo Caetano qui y voyait un reflet des idées communistes.

Elle était le signal de cette révolution, conduite par de jeunes capitaines démocrates contre des décennies de dictature et de guerres coloniales avec leur terrible cortège de torture et de massacres. Ce beau jour d’avril, qui était comme retrouver l’air et le ciel après le coup d’État de Pinochet au Chili. Une des plus anciennes dictatures d’Europe disparaissait. Un an plus tard, la mort de Franco ouvrait en Espagne une nouvelle page et entre-temps la dictature des colonels en Grèce avait été renversée. En France, on pensait que la fin du giscardisme était pour bientôt et que la gauche et le peuple allaient écrire l’histoire.

Et puis sont venus les prophètes et les professeurs d’austérité qui ont commencé à enseigner à tous, y compris à toute une part de la gauche, en France et ailleurs, qu’il fallait renoncer au progrès social parce que le capital le commandait. Des économistes qui s’appelaient Milton Friedman et Friedrich Hayek inspirèrent Ronald Reagan et Margaret Thatcher, qui firent école.

Les dictatures d’aujourd’hui ne portent plus d’uniformes galonnés. Elles se nomment Moody’s, Standard and Poor’s, elles ont leurs représentants à la tête des États, à la Commission de Bruxelles, à la BCE, au FMI. Elles sont la finance, comme avait dit le candidat devenu président.

TSIPRAS1.jpgElles sont au pouvoir en Europe et pensent y rester. Il faut bien mesurer ces paroles de Martin Schulz, le candidat des socialistes européens à la présidence de la Commission européenne, évoquant deux autres candidats, de droite et libéraux : « Nous avons passé un accord, Juncker, Verhofstadt et moi : ce sera l’un de nous trois et personne d’autre. »

La gauche européenne a son candidat, Alexis Tsipras. Il y a quelques mois, en écho aux manifestations contre l’austérité, des députés de gauche se sont levés au Portugal et se sont mis à chanter : Grandola, vila morena.

Editorial de l'Humanité du 25/04/2014