03/06/2014
L’urgence d’une alternative à gauche
Le résultat des élections européennes de ce 25 mai 2014 marque un bouleversement majeur dans la culture politique et sociale de notre pays. C’est une nouvelle étape du glissement idéologique d’une partie importante des classes populaires vers les valeurs de repli, de renoncement et de stigmatisation.
En rassemblant plus d’un quart des votes, le Front national est, scrutin après scrutin, de plus en plus à même de renforcer l’emprise sur les consciences de ses idées de haine, de rejet de l’autre, de remise en cause des droits sociaux et humains et de ses raccourcis économiques.
Certes, il construit ses fondements sur les brèches ouvertes par 10 années de droite au pouvoir. Mais surtout, ses idées prospèrent sur le nouveau socle d’une majorité socialiste, faisant du renoncement social et de la conversion définitive au néolibéralisme l’orientation principale de sa politique.
Bien entendu, on ne peut analyser sereinement cette déflagration sans faire référence au niveau d’abstention pour cette élection ou, une nouvelle fois, plus de la moitié du corps électoral ne s’est pas déplacé. Cette abstention choisie, en pleine connaissance du risque d’un score historique de l’extrême-droite, redouble l’effet politique de ce scrutin. Une majorité de Françaises et de Français n’en peuvent plus de voir leur situation personnelle, celle de leur pays, se dégrader, tandis que l’alternance politique traditionnelle offre les mêmes recettes libérales.
On ne peut pas non plus analyser sereinement la situation, sans redonner l’historique de ce scrutin européen, marqué par un rejet d’une Europe sans résultats, qui n’offre ni modèle social novateur, ni politiques économiques créatrices d’emploi. Et que dire des choix répétés des présidents Sarkozy et Hollande de bafouer l’aspiration des Français à changer d’Europe. Que cette aspiration se soit exprimée en 2005 avec le refus du Traité Constitutionnel Européen, ou en 2012, avec la promesse abandonnée par le nouveau chef de l’Etat de renégocier le Pacte de stabilité.
Pour notre rassemblement du Front de Gauche, qui maintient les résultats obtenus en 2009, et dont le groupe de la Gauche Unitaire Européenne va sortir renforcée grâce aux progrès remarquables en Grèce, au Portugal, en Espagne, ou en Irlande, au-delà des scores d’une gauche en berne, c’est ce reflux idéologique qui doit nous interpeller et nous faire réagir.
La situation du pays et la conscience des Françaises et des Français nous imposent d’abord de ne pas baisser la tête. Elles nous imposent ensuite de bâtir rapidement une alternative crédible aux politiques d’austérité et de dislocation des valeurs de la gauche française. A la lumière de leur défiance vis-à-vis des formations de gauche, ce travail ne pourra se faire que sur la base d’une mise en commun de propositions alternatives concrètes, d’un programme de rupture, susceptible de redonner un débouché politique crédible à la détresse sociale.
Il faut également que cette alternative de gauche, nécessairement collective, s’attèle à une véritable bataille culturelle en profondeur dans tout le pays : en redonnant aux valeurs de solidarité et de progrès social, la primauté dans les échanges et les débats ; en rompant avec les poncifs néolibéraux et la compétition du tous contre tous pour substituer une culture de la coopération et de la solidarité.
André Chassaigne député communiste du Puy de Dome, président du groupe Front de Gauche à l'assemblée nationale
09:03 Publié dans Elections Européennes, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré chassaigne, député pcf, front de gauche, front national | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
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