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11/05/2013

Audrey Vernon, la comédienne des conflits sociaux

audrey2.jpgDu star system de Canal + aux travées des usines, son parcours n'est pas banal. A 30 ans, la comédienne Audrey Vernon sillonne les routes de France avec un spectacle au titre provocateur : "Comment épouser un milliardaire".

Dans son "one-woman-show économique", cette Marseillaise, installée depuis plusieurs années à Paris, incarne une jeune femme à la veille de son mariage avec l'un des 1.426 milliardaires de la liste de Forbes. "1.426 milliardaires sur 7 milliards de personnes. Si c'était une espèce animale, elle serait protégée", se moque ainsi la comédienne. A coup de références chiffrées précises et d'anecdotes véridiques sur les extravagances des grandes fortunes, elle parvient à faire rire tous les publics.

vernon.jpgDerrière les bons mots, la comédienne, qui incarnait la dernière speakerine sur Canal+ en 2005, dresse une féroce critique du capitalisme, des inégalités et de la concentration des richesses. Comme une forme d'humour de combat pour cette pièce qui compte déjà plus de 300 représentations depuis 2010.

Femme de conviction, Audrey Vernon est donc tout naturellement venue jouer devant les ouvriers de Fralib, de Continental ou encore de Petroplus. Des cas qu'Audrey Vernon connaît sur le bout des doigts.

Tout comme les principaux leaders syndicaux, qu'elle appelle par leur prénom. Le 1er mai, elle jouait ainsi à nouveau à Florange devant les ouvriers des hauts fourneaux, qui venaient juste d'être arrêtés, et où le portrait de Lakshmi Mittal, qu'elle présente "comme un bon parti", n'est pas passé inaperçu :

Article et vidéo, magazine Challenges

Retrouvez également Audrey Vernon sur son site web


Audrey Vernon: la comédienne des conflits sociaux par Challenges

 

21/09/2012

Serons-nous les nouveaux nazis ?

apple, cactus, le grain de sel, Audrey VernonL’iPhone 5 vient de sortir. J’appartiens à une génération qui n’a pas eu à choisir son camp, qui n’a connu ni guerre, ni dictature et se pose souvent la question de savoir ce qu’elle aurait fait à l’époque de la collaboration, si j’étais née en Allemagne, serais-je devenue nazie ?

Aurais-je fermé les yeux ? Avec le recul, on se dit qu’on aurait choisi le camp de la liberté, le camp humain, le camp gentil et pourtant l’iPhone 5 vient de sortir et le monde entier se réjouit. Mais je suis dans le mauvais camp.

Dans vingt ans, avoir eu un iPhone sera peut-être considéré comme un crime contre l’humanité. Foxconn, l’usine qui les fabrique, est un lieu de privation de liberté, de torture, d’humiliation.

L’Afrique est détruite par les extractions minières que les besoins de terres rares de ces appareils nécessitent, les appareils morts se retrouvent après sur ses côtes, dans l’océan. Et nous trouvons normal de glorifier Apple, de se réjouir de la sortie de l’iPhone comme d’un progrès de la civilisation. Mais pour les fabriquer, des gens de moins de vingt ans dorment dans des camps. « Le travail rend libre » et l’histoire se répète.

J’imagine mes petits-enfants qui me demanderont : Mais toi, tu avais un iPhone ? Oui. Et tu savais comment c’était fabriqué ? Oui, je savais. Les camps, les gens détruits physiquement et moralement ? Tu savais pour les grilles aux fenêtres, les filets antisuicides ? Oui, je savais. Tu savais que ces objets que vous faisiez fabriquer n’étaient pas recyclables, que des enfants s’empoisonnaient en les démontant, que personne ne se préoccupait de savoir où ils finiraient. Oui, je savais. J’étais occidentale, libérale, capitaliste, ce n’était pas choquant à l’époque, tout le monde le faisait.

Quand l’histoire jugera ma génération, qui me dit qu’on ne me regardera pas comme un monstre pour avoir participé à ce système qui ne laisse d’autre choix à mes contemporains que de se soumettre à l’esclavage du travail. On est heureux quand un Apple store ouvre, mais on devrait leur interdire d’ouvrir un quelconque magasin tant que ces produits empoisonnent la planète et détruisent des milliers de jeunes travailleurs.

apple, cactus, le grain de sel, Audrey VernonOn meurt toujours aujourd’hui au travail. Les bourreaux nazis sont les seuls pour qui nous n’avons aucune complaisance, je me demande si on en aura pour nous. Nous nous réjouissons quand un de ces nouveau produit sort, nous devrions pleurer, car dans vingt ans, quand les images d’archives nous montreront insouciants tandis que nos esclaves connaissent l’enfer, nous ne pourrons pas dire on ne savait pas.

 (1) Comédienne.

Audrey Vernon

Chronique publiée dans le journal l'Humanité

07/04/2012

BATACLAN : LE FRONT DE GAUCHE SE CULTIVE !

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C'est dans un Bataclan bondé que le candidat du Front de gauche a développé, à Paris, le programme du Front de gauche pour la culture. Loin de prendre les problèmes par le petit bout de la lorgnette, ce programme baptisé "Quelle humanité voulons-nous être?" veut extirper la culture du tout commerce pour le replacer au coeur de la cité.

Contre le "formatage marchand de tout ce qui constitue l'humain", contre "les créateurs que nous sommes qui tous ont été changés en consommateurs", le porteur du programme partagé affirme: "Il faut être éduqué culturellement pour pouvoir apprécier le monde dans lequel nous vivons."

D'où un total bouleversement des logiques prônés par le Front de gauche. La réponse à la crise économique, sociale et écologique que nous traversons est "nécessairement culturelle. Elle passe à travers l'amour, la fraternité, la création, c'est à dire tout ce qui se donne gratuitement."

Formatage de l'homme

bataclan2.jpgS'insurgeant contre "le formatage de l'homme, qui va de la brevetabilité du vivant à la musique que l'on fredonne. Tout a été marchandisé", Jean-Luc Mélenchon en appelle à un retournement total des valeurs: "Ce n'est pas la marchandise qui va aller à la rencontre de l'homme, c'est l'homme qui va aller à la rencontre de la marchandise".

Pour illustrer son propos, il a longuement dressé un état des lieux du paysage audiovisuel français. "Nous n'avons pas besoin de six journaux (télévisés) qui disent six fois la même chose", s'enflamme t-il. "J'ai grande confiance dans les Indignés du PAF. Il faut subvertir de l'intérieur les médias. Nous avons besoin de regards croisés..."

Abattre Hadopi

Prenant aussi exemple sur la situation des intermittents du spectacle, "cahier de brouillon de toutes les méthodes d'exploitation dans ce pays", il en a appelé plus globalement à "subvertir la culture qui s'exprime aujourd'hui, la culture sponsorisée. J'appelle à une réflexion approfondie sur cette question des contenus. Bien sûr qu'il faut abattre Hadopi, que nous devons mettre la culture à l'école, partout...mais tout doit être repensé en fonction du monde que nous voulons. Un monde qui refuse la compétition."

L'actrice Sophie de La Rochefoucauld apporte son soutien au Front de gauche et à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Elle explique dans cette vidéo les raisons de ce choix.

02/03/2012

Lettre ouverte à Paul Polman, PDG d’Unilever

fralib1.jpgCher Monsieur Polman, bien que vous ne soyez pas suédois comme le Père Noël mais néerlandais, je voudrais que vous me fassiez un cadeau : l’usine Fralib, de Gémenos, celle qui fabrique le thé Éléphant depuis 119 ans, vous voulez bien nous la laisser ?

Les gens qui y travaillent, ils voudraient bien la garder. Je sais que légalement elle est à vous, que vous l’avez achetée il y a 40 ans… Mais depuis, les ouvriers, avec les bénéfices qu’ils ont fait remonter à vos actionnaires, vous ont largement remboursé…

Objectivement, l’usine, maintenant, elle est à eux et comme vous n’en voulez plus… Mais je connais le proverbe : je ne veux plus de mon os mais je ne veux pas qu’un autre l’ait…

Si Unilever veut délocaliser et faire fabriquer à l’étranger, parfait, mais Unilever devrait alors arrêter aussi de vendre ses produits en France, plus de Lipton ici, ni de Magnum, plus de Skip.

Vous aimez les Français quand ils consomment et vous donnent de l’argent, ils sont assez bons pour acheter vos produits mais plus pour les fabriquer. Je sais que vous voulez délocaliser pour gagner 9 centimes de plus par boîte et parce que soi-disant en Pologne, ils font mieux les sachets pyramides de thé… Entre nous, les meilleurs pour les pyramides, c’est pas les Polonais, c’est les Égyptiens.

fralib2.jpgEt puis, si vous voulez déplacer les usines en fonction des législations, faites des usines-cirques, avec chapiteaux et caravanes…

Au sujet des salaires que vous leur proposez à Katowice, 5 600 euros par an, c’est trop ou trop peu. Trop peu pour vivre décemment et passer ses vacances en France, mais si l’objectif est de rétablir l’esclavage, alors c’est trop.

Tout ce dont un homme a besoin après tout, c’est d’amour, d’eau fraîche, une paillasse 
et une écuelle. Là, on arriverait peut-être à vous satisfaire, à faire des marges convenables, plus de frais de main-d’œuvre, que de la matière première ! Le thé à prix coûtant, votre thé idéal, celui qui ne coûterait que les larmes pour le fabriquer et le faire infuser…

Comme dit Olivier Leberquier, le thé Éléphant est né en Provence, il y a 119 ans, en Provence il doit rester, en Provence il va rester, en Provence il est resté.

vernon1.jpgAffectueusement.

Audrey Vernon, comédienne, tribune publiée dans le journal l’Humanité

Actuellement au Petit Gymnase, du jeudi au samedi à 21 heures, dans Comment épouser un milliardaire.

17:48 Publié dans ACTUALITES, Chronique d'Audrey Vernon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : unilever, lutte, audrey vernon | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

04/02/2012

Une journée de milliardaires

vernon.jpgChronique d'Audrey Vernon, comédienne (*).

Ma vie est un péage, chaque jour, je passe la barrière d’une des 1 210 personnes les plus riches au monde. Une partie de mon salaire passe forcément par l’une d’entre elles. 
Je choisis, j’essaie d’équilibrer, d’être juste, quand j’ai trop donné 
à l’un, j’essaie de donner à l’autre…

Le matin, je me lève, un verre d’eau minérale (Nestlé-Bettencourt, 
15e fortune mondiale).

Je descends boire un café (Jacques Vabre-Warren Buffett, 3e), j’allume mon portable (BlackBerry-Mike Lazaridis, 437e), je réponds à un texto (SFR/Vivendi-Laurence D. Fink + Société générale). Mince, je reverse à Vivendi une partie de ce que Vivendi m’a donné en travaillant pour Canal Plus, ainsi qu’à ma banque, à qui je viens de faire gagner de l’argent avec un simple texto.

pouvoird'achat.jpgDes yaourts chez Carrefour (Bernard Arnault, 4e) ? 
Un sourire au cariste (Adecco - Philippe Foriel-Destezet, 459e). Mon déjeuner payé en chèque-restaurant (Sodexo - Pierre Bellon, 393e), un café issu du commerce équitable (re-Sodexo - Pierre Bellon, mince…), un carré de chocolat Milka (Warren Buffett, 3e), un Mars (Jacqueline Mars, 81e), et ça repart.

 Un petit tour de Vélib’ (Jean-Claude Decaux, 162e). Une place de théâtre 
(le Rond-Point - Marc Ladreit 
de Lacharrière, propriétaire de Fitch, agence de notation… 1 057e), un peu de crème l’Occitane (Reinold Geiger, 879e).

 J’évite Zara (Amancio Ortega, 7e), je passe devant H&M (Stefan Persson, 13e). J’allume mon ordinateur Apple (Steve Jobs, ex-110e + Terry Gou - Foxconn, 179e), quelques recherches sur Google (Sergey Brin + Larry Page, 24es).


J’achète un livre sur Amazon (Jeff Bezos, 30e) payé via Paypal (Peter Thiel, 833e, 
un jeune, je l’aime bien). 
Un statut sur Facebook (Mark Zuckerberg, 212e), un plein chez Total (Christophe de Margerie, pas milliardaire mais jolie moustache), un échantillon chez Séphora (re-Bernard Arnault, 4e).

 Et voilà, une journée ordinaire, juste et équitable, un petit peu pour chacun avant d’aller dormir (Dunlopillo-Goodyear. Oh non ! George Soros, 46e).

Publié par l'Humanité

16/01/2012

Nous, peuples européens, on a fait une grosse bêtise…

audrey_vernon.jpgAudrey Vernon. Comédienne (*).

Sarkozy et Merkel font les gros yeux, ils n’ont pas l’air content. Le directeur et la directrice convoquent les peuples dans la cour du collège pour les gronder… Visiblement on a fait une grosse bêtise, mais laquelle ?

Punition collective ! « Vous avez fait un très mauvais semestre, qu’est-ce que c’est que ces bulletins ? AA possible pour la France, BBB pour le Portugal, je ne parle même pas du CC de la Grèce…

Les marchés financiers ne sont pas contents, mais alors pas contents du tout, il va falloir regagner leur confiance, et ça va prendre du temps. Nouveau règlement intérieur, interdiction de plus de 3 % de déficit… Sanctions au moindre dérapage, on ne vous passera rien. Plus de récré, plus de salaires, plus de vacances, plus de retraites, jusqu’à nouvel ordre, à moins que vous ne vouliez que les taux d’intérêt augmentent encore. C’est vous qui voyez, c’est vous qui rembourserez de toute façon…

Tous vos impôts sur le revenu sont confisqués jusqu’à nouvel ordre, afin de payer les intérêts de la dette !… » L’agence de notation Standard and Poor’s surveille, Moody’s et Fitch gardent la grille pour qu’aucun turbulent n’essaie d’échapper à l’austérité. On est tous collés, heures sup obligatoires. « Mais pourquoi ?

aaa.jpgC’est injuste ! C’est pas nous ! On a été super sages comme peuples, on a travaillé, consommé et payé des impôts comme on nous avait demandé, on a été libéraux, coopératifs, matérialistes même, c’est vous qui vouliez…

Si la Bourse baisse, qu’elle baisse, on n’a pas d’actions… On n’a pas pris les crédits, c’est pas nous. Si les prêts usuraires 
ne sont pas remboursés, c’est pas grave. En plus, vous n’avez pas emprunté à taux fixe ?

Qu’est-ce que vous avez pris, un crédit revolving, vous empruntez chez Cofinoga ? Certains s’enrichissent et vous appauvrissez tout le monde, c’est pas juste… » J’avais cru être adulte depuis longtemps, j’ai l’horrible impression d’être revenue à l’école…

Chronique publiée par l'Humanité en novembre 2011 et totalement d'actualité.

(*) Actuellement au Petit Gymnase, du jeudi au samedi à 21 heures, dans Comment épouser un milliardaire.

18/12/2011

Lutter contre la pauvreté en gagnant de l’argent : The Giving Pledge

Par Audrey Vernon Comédienne (1).

audrey.jpgLes milliardaires sont de mignons petits chats. Leur dernière décision : donner la moitié de leur argent aux pauvres (2). Warren Buffett, Bill Gates et 67 autres ont signé cette promesse.

Trop gentil, un peu incohérent peut-être, une vie passée à accroître la productivité, les marges, en rognant sur les salaires, en spéculant, pour tout rendre à la fin, ils vont en faire une tête, les pauvres… Ils ne s’y attendent pas. Qu’ils ne s’y attendent pas trop d’ailleurs, c’est pas pour tout de suite, c’est quand ces milliardaires seront morts.

Je sais qu’il ne faut pas souhaiter la mort des gens mais là, c’est tentant. Je vais aller boire un cherry coke avec Warren Buffett (sa boisson préférée dont il a 8,6 %). « Warren, tu veux donner la moitié de tes 39 milliards, c’est adorable, mais quand tu seras mort, tes actions vaudront beaucoup moins déjà alors donne tout maintenant, tu pourras profiter de ta charité de ton vivant, je sais que ça te rendrait dingue que cet argent ne soit plus placé dans un fonds d’investissement et qu’il arrête de rapporter mais on ne peut tout avoir…

delocprofits.jpgTant que j’y suis, ça ne te gêne pas d’avoir fait signer cette promesse aux fondateurs de Citigroup et de Carlyle, qui ont volé des tas de gens avec les subprimes, qui ont monté une arnaque, se sont enrichis, ne seront jamais inquiétés et passent en plus pour des mécènes ?

Quant à la fondation de Bill et Melinda Gates, 95 % de leurs 36,3 milliards sont investis dans des actions : compagnies pétrolières, sociétés de prêts usuraires, plantations de cacao. Je sais qu’il est difficile pour tout le monde d’être cohérent dans une époque pareille, mais quand Bill se plaint dans sa dernière lettre qu’il lui manque 720 millions pour éradiquer la polio, qui l’empêche de les donner ?

 Ils ne seraient plus placés, donc ne rapporteraient plus : charité oui, mais charité rentable. Je sais qu’il ne faut pas souhaiter la mort des gens mais en promettant de rendre une partie de ce que vous avez gagné, comme tu dis, 10 % grâce à la chance, 90 % grâce au travail des autres, tu nous forces à attendre, un peu, impatiemment. »

Chronique publiée par le journal l'Humanité

 (1) Actuellement au Petit Gymnase, du jeudi 
au samedi, à 21 heures, dans Comment épouser 
un milliardaire.

(2) The Giving Pledge : la promesse de don.