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Quelques jours après une Fête de l’Humanité (voir le compte rendu de cette fête en cliquant sur cette ligne) qui fut un grand succès populaire et un formidable évènement politique pour le PCF et toutes les forces de gauche et sociales qui y ont participé, certain·es ont décidé de mener une offensive injurieuse contre Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.
Ainsi, le pire étant toujours possible, des dirigeants insoumis, dont des parlementaires, relayent sur les réseaux sociaux des commentaires injurieux et calomnieux, d’une extrême gravité, mettant en parallèle Fabien Roussel et le collaborationniste Doriot.
Relayer de tels propos est un véritable appel à la haine et à la violence contre Fabien Roussel. Nous leur demandons de supprimer ces publications et de présenter leurs excuses.
Ces responsables politiques ignorent-ils à ce point l’histoire pour associer au nom du secrétaire national du PCF à celui de Doriot, qui combattit sous l’uniforme nazi sur le front de l’Est, pendant que des dizaines de milliers de communistes donnaient leur vie pour la libération de la France ?
Mesurent-ils à quel point ils contribuent ainsi à minimiser les théories défendues par tous les collaborationnistes du régime nazi, nourries d’anticommunisme et d’antisémitisme, au moment même où les extrêmes-droites travaillent partout en Europe et en France, à habiller leurs projets d’une dangereuse respectabilité ?
Comment des dirigeants de gauche peuvent-ils emboîter le pas à des éditorialistes viscéralement anticommunistes au point de ne plus savoir gérer le débat contradictoire, celui qui élève les consciences et permet la mobilisation populaire face aux offensives néo-libérales ?
Jamais dans l’histoire de la gauche, celles et ceux qui ont tant investi pour l’union dans les différentes formations n’ont subit des insultes d’une telle violence et d’une telle injustice. Les nombreux messages d’indignation que nous recevons montrent que militants et citoyens de toutes les sensibilités de gauche sont stupéfaits face à ces outrances.
Le PCF, ses militantes et militants, ses élu.e.s, n’accepteront jamais de se vautrer dans de telles dérives.
Nous avons toujours pris nos responsabilités face à l'extrême-droite et nous continuerons de le faire et de jouer pleinement notre rôle au service de notre pays et de sa classe travailleuse.
Jamais, nous n’avons choisi l’insulte pour alimenter le débat. Jamais nous n’utiliserons d’amalgames odieux pour faire vivre les idées.
Le PCF appelle les dirigeants de toute la gauche, les militants et sympathisants de tous les partis de gauche à exprimer leur refus de cette voie mortifère et calomnieuse. Il les invite au débat le plus exigeant sur les solutions à mettre en œuvre pour ouvrir enfin une véritable alternative à un système qui attise les divisions entre les peuples et les individus et rend insupportable vie de millions d’êtres humains et menace l’ensemble du vivant. C’est avec franchise, avec respect que les rassemblements les plus larges ont permis de construire des victoires.
Il les invite à venir commémorer le 22 octobre prochain, dans la carrière des fusillés de Chateaubriant, la mémoire de ces 27 militants du PCF et de la CGT, qui tombèrent sous les balles de l’occupant nazi et du collaborationniste Doriot, à entendre s’égrèner les noms de celles et ceux dont nous nous honorons qu’ils appartiennent à notre histoire commune.
Fabien Roussel y représentera le PCF et prononcera un discours en leur hommage.
Parti communiste français, Paris, le 20 septembre 2023.
Le secrétaire national du PCF a prononcé son discours de rentrée samedi soir, à l’université d’été des communistes. Il a dressé les priorités de son parti, appelant les militants à se mobiliser pour la campagne des élections européennes.
La paix, le climat, la question sociale : ce sont les priorités du PCF pour cette rentrée, tracées par le secrétaire national Fabien Roussel ce samedi 26 août à Strasbourg. Le dirigeant communiste a pris la parole à l’issue de la deuxième journée de débats à l’université d’été de son parti. Un rendez-vous de fin d’été qu’il a qualifié de « nécessité, tellement les communistes ont une grande responsabilité ». Dans une salle qui a entonné l’Internationale avant la prise de parole de Fabien Roussel, ovationné les salariés en lutte de Clestra qui sont intervenus devant les communistes, le secrétaire national du PCF a choisi de démarrer son allocution par les « événements internationaux graves » liés à la guerre en Ukraine. Il a ainsi relancé son « plan de paix » en cinq points, qu’il a déjà proposé au président de la République. Le parti communiste présentera également le 6 novembre « un grand plan pour le climat qui engage notre pays dans la révolution écologique », a annoncé le secrétaire national. Il a précisé que ce plan s’attaquerait « d’abord au système économique », refusant tout « discours moralisateur » à l’égard, notamment, des classes populaires.
Alors que l’inflation continue de pénaliser lourdement les salariés, Fabien Roussel s’en est pris à Emmanuel Macron après son entretien fleuve dans Le Point. « C’est comme s’il ne vivait pas en France » a-t-il raillé. « Il ne va jamais remplir un caddie au supermarché ? Je les invite à vivre la vie de Français qui n’ont qu’un salaire moyen » a également lancé le député du Nord à l’attention du gouvernement. La réforme des retraites « ne passe toujours pas », ainsi qu’il l’expliquait peu avant son allocution. « On s’est fait marcher dessus, et il se félicite de ce qu’il a fait. Comment accepter que l’on se retrouve autour d’une table comme si rien ne s’était passé ? » tacle encore Fabien Roussel au sujet de l’invitation lancée par le président aux chefs de partis le 30 août.
« Entrée en campagne pour les européennes »
Alors qu’en début d’après-midi Fabien Roussel débattait des politiques migratoires avec le président de la fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, ce thème est apparu également comme une des préoccupations politiques de la rentrée pour les communistes. Le dirigeant du PCF déplore notamment le fait qu’il n’existe que des « non-politiques » en la matière. Il a dénoncé le sort fait aux réfugiés et aux travailleurs sans-papiers, appelant à leur régularisation. Concernant les réfugiés, il a affirmé son opposition à ce que leur accueil soit « sous-traité » à la Tunisie ou à la Turquie, et réclamé des « voie légales » pour le sécuriser. Dans le cadre des débats parlementaires sur la loi immigration, les communistes feront des propositions, a-t-il promis.
Devant les militants du PCF, Fabien Roussel a également lancé un appel à « entrer en campagne pour les européennes, autour du chef de file Léon Deffontaines ». Alors qu’à la mi-octobre une conférence nationale doit fixer la stratégie et le programme du parti, le secrétaire national s’est livré, avant son allocution, quant aux débats qui agitent la Nupes. « Pour l’emporter la gauche doit se renforcer, travailler ensemble, et se respecter aussi, a-t-il rappelé. Il faut respecter les sensibilités de la gauche et que les électeurs puissent faire leur choix. En Espagne, la gauche, en présentant deux listes, a réussi à empêcher l’extrême-droite et la droite de l’emporter ». Pour Fabien Roussel, « nous pouvons défendre chacun son projet, avoir chacun un groupe, et nous retrouver sur des combats politiques. Nous sommes plus forts en convaincant sur nos projets et en faisant élire plus de députés, qu’en cherchant à en rabattre sur nos idées au nom d’une union de façade ». Enfin, le secrétaire national a rappelé les objectifs que le PCF s’assigne pour augmenter son audience politique. « On veut parler au monde du travail, aux salariés ». « La gauche sera plus forte quand le PCF sera plus fort » argument le dirigeant communiste, qui affiche une certitude : « on sait que demain, majoritaires, on saura aller au gouvernement ensemble ».
Le secrétaire général du Parti communiste français réagit à l’interview qu’Emmanuel Macron a accordée au « Point », notamment sur la question de l’emploi et du pouvoir d’achat.
Notre si belle nation, si forte, si riche, au peuple si fier, a toutes les ressources pour répondre à ses besoins. Elle a la capacité de permettre à toutes et tous de vivre heureux, à égalité, dans la fraternité, dans chaque commune, dans chaque région, par le travail et la formation, par une vie digne en participant collectivement à tous les grands chantiers qui s'offrent à nous : urgence écologique, grand âge, souveraineté, industrie, alimentation, énergie, sanitaire, service public…
La grande richesse de la France, c'est celle issue du travail au service de la nation et d'une ambition partagée, qui nous rassemble. Où est cette ambition pour la France ? Je ne la retrouve pas chez ce président qui, décidément, ne connaît ni les Français ni le travail et qui ne mesure pas les dégâts de l'inflation. Pire, il n'a pas d'autre ambition que de répondre aux exigences de la finance : “Travailler davantage pour produire plus”, “réduire les dépenses sociales”, “réduire les dépenses publiques de 3 %”, “passer sous les 3 % de déficit en 2027”…
Il est temps de sortir des logiques inhumaines
Nous sommes à un moment dans l'histoire de notre pays, de l'Europe, qui nécessite de sortir de ces logiques inhumaines et de rassembler nos concitoyens pour se projeter vers un avenir commun, un bonheur qui serait partagé car nous y participerions toutes et tous en fonction de nos compétences.
Le seul horizon tracé par le président, c'est encore le 49.3 pour nous imposer des sacrifices supplémentaires, comme la hausse des prix des médicaments et des consultations médicales ! N'a-t-il rien compris de ces derniers mois ? Bref, il ne voit pas plus loin que de réunir les chefs de parti sans nullement se remettre en cause, sans mesurer la dureté de ses réformes comme celle des retraites, sans parler des salaires si bas qui minent le pouvoir d'achat quand les dividendes n'ont jamais été aussi importants.
Il y a pourtant besoin d'une rupture forte avec ces politiques au service du capital au détriment du travail et de libérer la France du poids de la finance, des banques et des milieux d'affaires qui pillent les richesses de notre pays en usant et abusant de la fraude fiscale. Pour nous, le temps de la justice sociale, du progrès et du travail pour toutes et tous doit arriver. Alors seulement nous pourrons dire collectivement : “Nous sommes plus forts, nous sommes plus fiers.” »
« Nous devons tout faire, par les voies diplomatique et politique, pour mettre rapidement un terme à la guerre en Ukraine »
Découvrez La tribune de Fabien Roussel dans le Monde
Le sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Vilnius s’est tenu les 11 et 12 juillet, quelques jours après le 500e jour de la guerre en Ukraine et l’agression injustifiable et criminelle de la Russie. L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est remise à plus tard par les Etats-Unis eux-mêmes, malgré les appels des va-t-en-guerre, y compris français, qui souhaitent en découdre avec l’armée russe et s’engager dans ce conflit.
Mais celui-ci s’enlise. Les dirigeants ukrainiens et russes s’engagent dans une guerre d’usure, sur une ligne de front de 900 kilomètres. Certains parlent d’une guerre qui pourrait durer plusieurs années. Les dirigeants occidentaux eux-mêmes relaient cette idée pour préparer les esprits à un conflit de longue durée.
Nous ne voulons pas revivre en Europe une guerre de tranchées, avec le spectre planant d’une escalade nucléaire. Déjà plus de 9 000 civils tués selon l’Organisation des Nations unies (ONU), auxquels s’ajoutent les dizaines de milliers de morts au combat de part et d’autre et plus de 14 millions de déplacés. Des paysages dévastés, des kilomètres de tranchées, des combats durs qui nous rappellent la guerre de 14-18. On dit que l’histoire ne se répète pas. Mais elle peut bégayer.
Nous devons tout faire, par les voies diplomatique et politique, pour mettre rapidement un terme à cette catastrophe humanitaire et écologique. De plus, cette guerre a des conséquences internationales. D’abord sur les peuples européens qui subissent les coûts de cette économie de guerre imposée à tous, avec, entre autres, l’inflation comme conséquence. Dans une économie libérale, les peuples seront toujours mis à contribution au bénéfice des marchands de canons et de la finance.
Ensuite, de lourdes menaces pèsent sur les exportations de céréales permises par l’accord conclu en juillet 2022, suspendu lundi 17 juillet par la Russie. Or l’approvisionnement en blé de la Corne de l’Afrique, déjà menacée de famine, en dépend en grande partie. Enfin, la déstabilisation possible du pouvoir en Russie ouvrirait la porte à l’inconnu pour la maîtrise du deuxième arsenal nucléaire mondial. Ce dont personne, en responsabilité, ne peut se réjouir.
Ne laissons pas les surenchères guerrières devenir incontrôlables. Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous comptons sur une victoire militaire de l’Ukraine pour libérer ses territoires, hypothèse aujourd’hui jugée hautement incertaine, soit nous empruntons une autre voie, certes étroite, mais pouvant permettre d’éviter le pire : la recherche d’une solution politique et diplomatique.
Du fait de son histoire, la France a une voix singulière à faire entendre. C’est le sens des propositions que j’ai formulées au président de la République à la veille du sommet de Vilnius. Même si ce chemin vers la paix est étroit, il faut pouvoir y travailler, lui donner de la consistance et le mettre en débat pour essayer de faire cesser le bruit des armes.
Ce chemin devra correspondre aux principes de la Charte des Nations unies et de la sécurité commune en Europe, respecter la souveraineté des peuples et donner les garanties réciproques de sécurité assurant une paix durable. C’est dans cet esprit que notre pays pourrait appeler les parties prenantes à discuter des points suivants : l’évacuation immédiate et inconditionnelle des territoires que la Russie occupe depuis le 24 février 2022, la négociation d’un statut de neutralité pour l’Ukraine lui apportant toutes les garanties sur sa souveraineté et sa sécurité dans le cadre d’une protection internationale sous l’égide de l’ONU, une négociation sur les réparations de guerre et un contrôle sur leur emploi pour qu’elles soient concrètement utiles au peuple ukrainien et qu’elles n’alimentent pas la corruption.
Il est également nécessaire d’évoquer l’acceptation par la Russie et par l’Ukraine d’un référendum internationalement contrôlé sur le statut de la Crimée et du Donbass, où la guerre a fait depuis 2014 des milliers de morts – la Russie renoncerait, ce faisant, aux résultats des référendums unilatéraux et sans valeur qu’elle a convoqués en 2022 dans les territoires occupés ainsi qu’à celui de 2014 sur la Crimée. Enfin doivent être abordés le retrait des armes nucléaires déployées en Biélorussie et le renoncement par Moscou de celles qui menacent directement l’Europe, en échange de quoi les forces de l’OTAN déployées en Europe reviendraient immédiatement à leur niveau de février 2022.
Les négociations sur un désarmement multilatéral des forces nucléaires déployées en Europe pourraient dès lors reprendre, sur la base du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cela rendrait possible l’ouverture, dès que les conditions le permettront, d’une conférence paneuropéenne de sécurité collective en vue d’interrompre sur tout le continent la dynamique de militarisation au profit de mesures de confiance réciproque. J’ai bien conscience de formuler ces propositions dans un moment d’affrontement militaire. Chaque jour, les logiques de force et l’aggravation des haines attisent l’incendie.
Mais pouvons-nous assister en simple spectateur à l’engrenage fatal qui peut mener demain l’Europe à une guerre généralisée ? Il est temps qu’une initiative politique porte une proposition allant dans l’intérêt des peuples. Je suis convaincu que c’est ce qu’attendent les Françaises et les Français, parce que cela correspond à l’idée qu’ils se font du rôle de notre pays dans le monde.
Fabien Roussel est secrétaire national du Parti communiste français et député du Nord.
Fabien Roussel(secrétaire national du PCF, député du Nord.)
Le programme du CNR demeure d’une actualité brûlante. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, y voit la « préfiguration de la perspective du communisme » qu’il s’agit de conjuguer au présent. Entretien.
Le 27 mai 1943, le Conseil national de la Résistance voyait le jour. Quel regard portez-vous sur ce moment de l’histoire de France qui a permis, dans la foulée de la Libération, de grandes conquêtes sociales ?
La reconquête de la République, portée par le programme du CNR, nous a légué un socle de conquêtes sociales dont nous restons les héritiers. Rarement la France aura connu un si grand nombre de transformations progressistes en si peu de temps.
Les forces de la Résistance se seront ainsi situées dans le prolongement de tous les combats populaires menés depuis la grande Révolution. Cela démontre que, lorsque le mouvement populaire est fort et uni, il peut rassembler la nation autour de réformes heureuses qui lui ouvrent un chemin de progrès, de justice, de démocratie, de paix.
La place des communistes est régulièrement minorée, comme celle d’Ambroise Croizat dans la création de la Sécurité sociale. Vous en revendiquez l’héritage. Pourquoi cette bataille est-elle importante ?
Pour une double raison. D’abord, la mémoire est une dimension essentielle de la bataille à recommencer en permanence afin que les forces du travail, le mouvement ouvrier, conservent au fil du temps la conscience de leur place dans la société et de la force dont elles disposent pour transformer la France en profondeur.
Ensuite, ce qu’on appelle le « pacte de la Libération », institué dans le cadre du gouvernement du général de Gaulle, est le fruit du poids du Parti communiste français dans la Résistance et dans le soulèvement populaire qui accompagna la Libération. Cela confirme, à mes yeux, un principe majeur : lorsque le PCF est fort et influent, cela change le destin de la France. Voilà pourquoi j’appelle à un renouveau du communisme français.
Vous avez fait du nom du programme du CNR votre slogan pendant la campagne présidentielle. Pourquoi avoir choisi les « jours heureux » ?
Parce que le temps des réformes régressives, punitives, à l’image de la réforme des retraites à 64 ans, doit finir. La globalisation capitaliste nous était, il y a peu, présentée comme un temps « heureux ». Elle s’est traduite, à travers la domination sans partage de gigantesques mastodontes multinationaux et des marchés financiers, par de multiples crises, économique et écologique, alimentaire et sanitaire, sociale et démocratique. Celles-ci placent la planète face à de terribles menaces.
Être à gauche aujourd’hui, c’est rouvrir au monde du travail, aux catégories populaires, un horizon d’espoirs. »
Le spectre de la guerre resurgit, les forces de la réaction, ici et partout dans le monde, attisent les haines, le racisme, les paniques identitaires. Alors, oui, être à gauche aujourd’hui, c’est rouvrir au monde du travail, aux catégories populaires, un horizon d’espoirs. C’est dire que le dépassement d’un modèle capitaliste dévastateur vise la naissance d’une civilisation enfin libérée de toutes les formes d’exploitation et d’aliénation.
Ce que des hommes et des femmes avaient pu imaginer en pleine clandestinité, alors qu’une chape de plomb et de mort s’était abattue sur le pays, il nous incombe de le faire à notre tour, dans les conditions d’aujourd’hui. Notre projet communiste, c’est le droit au bonheur reconquis.
Avec sa réforme des retraites, le gouvernement s’attaque à l’un des piliers de la Sécurité sociale au prétexte de « sauver le régime par répartition »…
Ils ne veulent pas le sauver, ils veulent achever de le démanteler. Non seulement rien n’impose une réforme d’une telle violence, alors qu’il existe d’autres solutions pour garantir un système plus juste, plus solidaire et plus efficace. Nous l’avons démontré en mettant sur la table une série de propositions en ce sens, à commencer par augmenter les salaires et créer des emplois.
Mais, avec cette réforme, on sait que les pensions vont baisser. Ils veulent, en plaçant les futurs retraités devant cette perspective angoissante, ouvrir aux géants de l’assurance privée un nouveau marché juteux en forçant celles et ceux qui le peuvent à mettre de côté 50 à 100 euros tous les mois afin de partir plus tôt en retraite. En lieu et place du principe de solidarité, ils veulent faire avancer leur très vieux projet de retraite par capitalisation.
De réforme en réforme, c’est non seulement la retraite mais aussi les assurances-maladie et chômage qui sont détricotées. L’objectif, au fond, n’est-il pas d’en finir avec un système qui met la réponse à certains besoins fondamentaux à l’abri de la loi du marché ?
En posant la règle générale de l’universalité de la protection sociale, le CNR puis l’ordonnance du 4 mars 1945 ont proclamé que chacune et chacun, « en toutes circonstances », disposerait « des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes ». C’est l’exact contraire de la vision néolibérale, qui considère que l’on ne se protège, à toutes les étapes de la vie, qu’à la mesure de ce que l’on possède.
L’ordonnance du 4 mars 1945, qui a été mise en œuvre par Ambroise Croizat et les autres ministres communistes, porte un projet de société global qui fixe à la Sécurité sociale l’objectif de répondre « à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes ». Et elle ajoute : « Le but final à atteindre est la réalisation d’un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble des facteurs d’insécurité. »
C’est la préfiguration de la perspective du communisme qui veut porter l’exigence de la mise en commun contre toutes les tentations de repli sur soi et contre la volonté des pouvoirs en place de fragmenter la société.
Étendre cette logique à d’autres domaines, comme l’alimentation, est-il envisageable dans le cadre d’une économie mondialisée ?
En appelant à « une véritable démocratie politique et sociale », le CNR entendait, d’un même mouvement, assurer la protection du grand nombre contre les prédations d’un capital toujours plus avide de profits, et redonner à la France sa pleine souveraineté, industrielle, énergétique, alimentaire. Cette pression libérale sur notre agriculture s’accentue en France sous prétexte du dérèglement climatique.
Il suffit de lire la dernière recommandation de la Cour des comptes, qui remet en cause nos éleveurs de bovins. Ce débat, je l’ai mené lors de la présidentielle. Qu’il faille manger moins de viande, nous sommes d’accord, mais enfin, mangeons de la viande produite en France plutôt que celle qui est importée.
Depuis 2016, nous avons perdu 840 000 vaches. Mais nos importations représentent 20 % de la viande consommée en France. La souveraineté alimentaire, dans le respect de la planète, du bien-être animal, de nos campagnes et de nos agriculteurs, c’est essentiel et c’est toujours révolutionnaire.
Le CNR promouvait également « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques », ainsi que « la sécurité de l’emploi ». Comment être à la hauteur de ces ambitions aujourd’hui ?
La visée d’une République sociale et démocratique, laïque et universaliste, féministe et écologiste, que j’ai portée dans la campagne présidentielle, voulait renouer le fil avec ces valeurs et exigences. En défendant la réappropriation sociale et publique des secteurs clés de l’économie et en préconisant la création d’un pôle financier public permettant à la collectivité de recouvrer la maîtrise de l’utilisation de l’argent.
En faisant le choix de la sécurisation de tous les moments de la vie, de la naissance à la retraite, à travers l’éradication du chômage et la priorité donnée à un travail retrouvant son sens émancipateur. En faisant de la Sécurité sociale le bien commun de ses cotisants et en redonnant à nos services publics les moyens d’être un levier d’émancipation individuelle et collective.
La loi de programmation militaire est examinée à l’Assemblée nationale à partir de ce lundi. Fabien Roussel s’est dit opposé à ce texte, appelant à un grand débat national avec les Français pour « qu’ils mesurent les choix » qui sont faits
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, était l’invité de France Inter ce lundi 22 mai. Il a notamment jugé « honteux », le fait que le gouvernement puisse rejeter la proposition de loi du groupe Liot - qui doit être examinée à l’Assemblée nationale le 8 juin -, visant à abroger la réforme des retraites. « C’est rendre jusqu’au bout cette réforme des retraites à 64 ans, anti-démocratique, illégitime. Madame Borne n’a qu’à supprimer l’Assemblée nationale directement », a lancé Fabien Roussel, ajoutant qu’il fallait un vote sur ce texte de la réforme des retraites car, « il n’y en a pas eu », a-t-il rappelé, faisant allusion au 49.3 utilisé en mars pour faire passer ce texte.
Un grand débat national
Mais le sujet principal de cet entretien avec Fabien Roussel était la loi de programmation militaire, examinée à partir de ce lundi. En substance, le budget des armées pour les cinq ans à venir (2024-2030), un budget de 413 milliards d’euros, soit + 40 % d’augmentation par rapport au précédent texte. Le secrétaire national du PCF fait partie de la commission et évoque un budget « exceptionnel. C’est plus que le budget de la justice, de l’Éducation nationale, de la santé », affirme-t-il. D’après ce dernier, ce budget prévoit de bâtir une armée de projection pour avoir une guerre d’avance pour investir sur des terrains extérieurs, dans des conflits lointains et plus qu’« incertains », ajoute-t-il.
Fabien Roussel se dit opposé sur le fond à ce budget mais a tout de même tenu à s’expliquer. « Avoir un budget plus important, permettant de nous protéger des menaces, d’investir dans la recherche, oui et 1 000 fois oui. Permettre à nos soldats d’être mieux équipés, mieux entraînés, d’avoir des équipements modernisés oui, et la défense c’est important. En revanche, investir à ce niveau-là, quand on demande des efforts aux Français, pour bâtir une armée d’intervention sur des terrains extérieurs, c’est pour nous un sujet, nous appelons à un grand débat national avec les Français pour qu’ils mesurent les choix », précise Fabien Roussel.
« Le risque nucléaire n’a jamais été aussi présent »
Fabien Roussel a ensuite été interrogé sur la dissuasion nucléaire. « Elle a protégé le monde, elle a empêché la guerre en Ukraine ? » a-t-il demandé. « Il n’y a jamais eu autant d’argent mis dans l’arme nucléaire, sans pour autant empêcher de guerre ; en revanche le risque nucléaire n’a jamais été aussi présent avec un Poutine qui menace de l’utiliser », a affirmé Fabien Roussel.
Le secrétaire national du PCF s’est dit pour une armée « modernisée, permettant d’appréhender les nouvelles technologies, étant capable d’intervenir sur des terrains extérieurs et de protéger nos ressortissants, de protéger nos concitoyens, c’est essentiel. Mais de là à investir dans un porte-avions au service de qui, pourquoi, ça interroge », poursuit-il.
Selon lui, en faisant le choix du nucléaire et d’un porte-avions, le ministre de l’armée fait un mauvais choix. « Le président de la République a dit, ‘nous devons avoir une guerre d’avance’, je ne souhaiterais pas que l’on ait une paix de retard. Je préférerais investir dans la diplomatie et la paix que dans la course à l’armement et dans des guerres qui ne sont pas les nôtres », explique Fabien Roussel.
« Attention de ne pas franchir de ligne rouge pour qu’il n’y ait pas d’extension du conflit, que nous ne devenions pas demain des cobelligérants », a insisté Fabien Roussel au sujet de la guerre en Ukraine, revenant sur le sommet du G7, qui d’après lui, parle beaucoup d’alimentation du conflit. « Je préfère que l’on nourrisse la paix, plutôt que l’on nourrisse la guerre », a-t-il conclu.
TRIBUNE. FABIEN ROUSSEL APRES L’AFFAIRE DE FOURNAS : « REBATISSONS LA DIGUE REPUBLICAINE »
• Par Fabien Roussel
Après la sortie jugée raciste du député Rassemblement national Grégoire de Fournas, jeudi, Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, appelle à remettre à l’ordre du jour une proposition de résolution afin de créer une peine d’inéligibilité en cas de condamnation pour injures ou violences sexistes et racistes.
Voici la tribune de Fabien Roussel , député du Nord et secrétaire national du Parti communiste, en réaction aux propos jugés racistes de l’élu Rassemblement national Grégoire de Fournas :
« Jeudi dernier, le pire s’est produit dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale lors de la séance de questions au gouvernement. Carlos Martens Bilongo, député Insoumis du Val-d’Oise, a été victime d’un propos raciste émanant d’un député du Rassemblement national (RN). Grégoire de Fournas, puisqu’il faut bien nommer l’auteur de cette infamie, s’est autorisé à dire « qu’il retourne en Afrique » au moment où notre collègue posait une question au sujet du sort inhumain réservé aux migrants qui traversent la mer Méditerranée, bien souvent au péril de leur vie.
Les propos tenus par ce député, qu’ils aient été adressés à Carlos Martens Bilongo ou aux personnes venues d’Afrique, sont racistes et xénophobes.
Depuis lors, Marine Le Pen tente tant bien que mal d’éteindre l’incendie, en évoquant une manipulation politique de ses adversaires. Mais au fond, peu nous importent les gesticulations ou autres explications vaseuses qui sont aujourd’hui fournies par l’État-major du RN : les propos tenus par ce député, qu’ils aient été adressés à Carlos Martens Bilongo ou aux personnes venues d’Afrique, sont racistes et xénophobes. Ils disqualifient définitivement son auteur auprès de tous ceux qui demeurent attachés aux valeurs républicaines.
Le racisme n’a pas sa place dans notre société et certainement pas au sein de l’institution où le peuple français, dans toute sa diversité, est représenté par les élus qu’il s’est choisis.
C’est pour cette raison qu’à l’exception des parlementaires du RN, tous les députés de l’Assemblée nationale présents ce jour-là se sont regroupés dans un mouvement inédit afin de demander une suspension de séance et la prise de sanction immédiate contre Grégoire de Fournas. Cet élan spontané restera le seul rayon de soleil dans cette sombre journée pour notre démocratie.
La gravité de l’injure proférée par ce député est venue rappeler que le RN n’est pas un parti républicain
Hélas, cela faisait bien trop longtemps qu’un front ne s’était pas constitué pour faire face à l’extrême droite. Le verni de la respectabilité habillement étalé par le RN y est certainement pour beaucoup et tout porte à croire que celui-ci a désormais craqué sous les yeux de tous, y compris de ceux qui pensaient que cette formation politique était devenue un parti semblable à tous les autres.
La gravité de l’injure proférée par ce député est venue rappeler que le RN n’est pas un parti républicain et qu’il demeure profondément attaché à une vision ethnique de la nation française, quand nous défendons pour notre part la nation comme une communauté de citoyens définie par des droits et des devoirs politiques.
Une communauté politique dans laquelle les élus doivent être les premiers à respecter ces devoirs civiques. C’est pourquoi, il y a un an, les députés communistes ont déposé une proposition de résolution visant à rappeler à tous nos compatriotes, à tous les élus et à toutes les formations politiques que la loi prévoit une sanction d’inéligibilité pour les personnes condamnées pour injures ou pour des violences à caractères sexistes et racistes. Car depuis la loi Gayssot, notre législation se fait l’honneur de considérer que le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions, mais des délits. Il ne s’agit pas ici de restreindre la liberté d’expression comme nous l’avons trop souvent entendu, mais bien de redire que personne ne peut se cacher derrière elle après avoir prononcé des propos racistes ou discriminatoires.
La majorité présidentielle de l’époque a malheureusement rejeté ce texte au motif que nous étions en période pré-électorale. Maintenant, il faut agir. La configuration politique n’est aujourd’hui plus la même et, sans doute, l’évènement survenu jeudi dernier a réveillé des consciences que l’on pensait définitivement endormies.
C’est pour cela que nous entendons redéposer cette proposition de résolution afin qu’elle soit votée le plus largement possible. Plus personne ne doit subir la violence insupportable dont a été victime Carlos Martens Bilongo. En votant ce texte, nous pouvons rebâtir une digue républicaine. Il est urgent d’y parvenir. »