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22/08/2018

C’est bien le coût du capital qui plombe l’économie française

André Chassaigne.jpg

André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée, analyse les résultats de la politique économique menée par Macron et les inquiétudes qu’ils suscitent pour l’avenir de nos concitoyens.

La machine à illusions économiques du Président Macron a ces dernières semaines pris du plomb dans l’aile. En cet été 2018, les dernières données statistiques viennent confirmer ce que nous n’avons eu de cesse de dénoncer depuis le début du quinquennat : la mise en pratique des vieilles recettes du néolibéralisme plombe l’économie, la création d’emploi et le pouvoir d’achat des Français.

Pis encore, la politique économique du pouvoir en a accentué les travers : réduction des dépenses publiques, suppression des droits sociaux des travailleurs, accroissement sans précédent des cadeaux fiscaux aux revenus les plus élevés et aux détenteurs de capitaux. Un an après, c’est le cœur de l’efficacité de la politique économique du « Président des Riches » qui est aujourd’hui mise en défaut par les faits. Et « les faits sont têtus ! »

La croissance. 0,2 % au second trimestre 2018. Niveau identique à celui du premier trimestre, soit une croissance deux fois moins forte que la moyenne des pays de la zone euro ou de celle de l’Union Européenne à 28 (0,4 %).

Le nombre de demandeurs d’emploi. 5 627 900 personnes en France métropolitaine à la fin juin 2018 pour les catégories A, B et C. Il progresse au dernier trimestre, comme sur l’ensemble de l’année écoulée (+ 1,4 %), tout en ne reflétant que la partie émergée de l’iceberg de la précarité économique que connaissent des millions de précaires, salariés à temps partiels et autres travailleurs pauvres.

Les salaires. Le salaire mensuel de base (brut) n’a progressé que de 1,5 % au cours de l’année écoulée (de juin 2017 à juin 2018), tandis que dans le même temps les prix à la consommation ont augmenté de 2,3 % en juillet sur un an (1,9 % pour les prix des produits alimentaires). Cela faisait 7 ans que l’ensemble des Français-e-s n’avaient pas perdu autant de pouvoir d’achat, alors même que la hausse de l’inflation semble se poursuivre en parallèle de politiques de compression des salaires dans les entreprises.

La balance commerciale. Un déficit de 33,5 milliards d’€ au premier semestre 2018 selon les dernières données issues des douanes. Les exportations ont représenté l’équivalent de 87,8 % des importations, un taux parmi les plus faibles enregistrés depuis les années 1970. Ces chiffres, quasi records, sont particulièrement alarmants puisqu’ils témoignent très directement à la fois de la poursuite de la désindustrialisation de la France et de sa dépendance croissante aux importations pour sa propre demande intérieure. Ils auront des implications durables pour l’économie de demain avec notamment la perte des savoir-faire et de la maîtrise technique de secteurs entiers.

Alors, faudrait-il croire, comme le psalmodie la communication gouvernementale, que ce constat n’a aucun lien avec des choix politiques devenus insensés ? Faut-il se laisser une nouvelle fois abuser par les digéreurs de la parole présidentielle, pris la main dans le pot de déconfiture libérale, et se réfugiant dans la formule consacrée : « le résultat des réformes n’est pas encore perceptible » ?

Bien au contraire, c’est le moment de dire que ces résultats sont directement corrélés à des choix néfastes pour l’ensemble de l’économie française. C’est le moment de dénoncer encore plus fermement l’hypocrisie qui consiste à faire croire qu’en donnant toujours plus au capital, on en retirerait des retombées positives. Fort logiquement, c’est tout le contraire qui se produit puisque cette politique a accéléré le prélèvement déjà exorbitant opéré sur les richesses produites par le travail des Françaises et des Français par le capital. Et cette explosion du coût du capital se paie cash avec l’augmentation de la rémunération des actionnaires au détriment de celle du travail et des investissements.

Une dernière information économique vient ainsi confirmer le contresens économique et social total poursuivi par le pouvoir. Les bénéfices nets des grands groupes du CAC 40 atteignent des sommets, tandis que ces mêmes groupes continuent de supprimer de l’emploi et des salaires. Les 33 sociétés sur 40 ayant publié leurs résultats sur les 6 premiers mois de 2018 ont déjà accumulé 43,5 milliards d’€ de résultat net. Le CAC 40 est en passe de franchir le cap des 100 milliards d’€ de bénéfices nets annuels, au-delà des résultats d’avant-crise.

Mais le plus important est bien de voir que cette explosion des bénéfices se traduit, en même temps, par la dégringolade de l’effort d’investissement de ces mêmes groupes. Moins 12 milliards d’€ d’investissements pour l’ensemble des groupes du CAC 40, le plus bas niveau d’investissement relevé depuis 12 ans par l’étude Ricol Lasteyrie-EY dressant chaque année le « profil financier du CAC 40 », cabinet d’expertise que l’on pourra difficilement taxer de collusion avec les économistes communistes. Les dégâts de la poursuite des mesures d’allègements fiscaux dont bénéficient ces mêmes groupes, comme l’ensemble des « premiers de cordée », notamment avec le CICE, le CIR et les multiples dispositifs en faveur de l’emploi peu qualifié apparaissent ainsi à la vue de tous. Il s’agit en réalité de mesures de pillage des richesses par une poignée au détriment de l’avenir économique du pays.

Aussi, la priorité des priorités économiques serait-elle de retrouver ces premières marges de manœuvres financières, en supprimant dès 2019 ces allègements fiscaux qui alimentent le capital financier et la spéculation au détriment de notre tissu industriel, de l’innovation, de l’emploi et des salaires. La lutte contre le coût du capital doit devenir une grande cause nationale. Car c’est bien aujourd’hui cette ponction croissante sur les richesses produites qui déstabilise toute notre économie et prive durablement notre pays de sa capacité à tracer la voie d’un modèle de développement économique, social et écologique juste et durable. Bien entendu vous n’entendrez aucun économiste ou expert libéral faire état de cette situation alarmante. Dans leur diversité d’analyse, ce sont en revanche les économistes hétérodoxes, notamment communistes, qui portent clairement l’exigence du combat contre ce coût caché du capital.

Pour sortir de cette ornière libérale, il faut donc avoir dès aujourd’hui le courage et la volonté d’affronter dans la durée cette politique gouvernementale dépassée et néfaste sur son terrain fétiche de l’illusion économique.

André CHASSAIGNE

Président du groupe de la

Gauche Démocrate et Républicaine à l’Assemblée nationale

11/06/2015

"L'hôpital est à l'os, on lui demande encore 3 milliards d'euros"

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Entretien avec Frédéric Pierru, sociologue, chercheur au CNRS et à la chaire santé de Sciences-Po, ANNE-LAURE DE LAVA, L'Humanité Dimanche

La « tarification à l’activité », qui a remplacé en 2008 le budget global, oblige les hôpitaux à s’endetter. Chercher la productivité, avec un budget de plus en plus contraint, conduit à une gestion à la petite semaine.

HD. Quelle est la situation financière des hôpitaux ?

Frédéric Pierru. On entend souvent qu’elle s’est améliorée via la tarification à l’activité (T2A). Mais cette dernière n’a fait que doper l’activité de manière artificielle. Car le cadre budgétaire est plus serré que jamais. L’ONDAM (objectif national des dépenses de l’assurance maladie), qui détermine chaque année l’augmentation des budgets hospitaliers, a été fixé à un niveau historiquement bas. La seule évolution des charges fait augmenter les dépenses hospitalières de 3 % chaque année.

Or, l’augmentation de l’ONDAM est de 1,9 % pour 2017. On s’achemine vers un déficit structurel. L’hôpital est à l’os, et on lui demande encore 3 milliards d’économies. C’est irréaliste! Tout ce qui a pu être gratté en termes logistiques, de restauration, de blanchisserie, voire de personnels administratifs, l’a été. Restent les réductions de personnels, qui représentent 70 % des budgets.

HD.comment est-on arrivé à de tels déficits ?

F. P. Le déficit est une construction purement comptable. Il a été créé par la T2A. Les établissements recevaient avant une enveloppe globale. En fonction des dépenses, on consentait une rallonge en fin d’année si nécessaire. La grande révolution de la T2A a été d’obliger les hôpitaux à fixer ces dépenses en fonction des prévisions de recettes.
Le message est: débrouillez-vous pour couvrir vos dépenses, si vous n’y arrivez pas, recourez à l’emprunt et/ou coupez dans les dépenses, donc le personnel. Comme si ça ne suffisait pas, le gouvernement a récemment décidé d’annuler quelque 429 millions d’euros de crédit destinés à la psychiatrie et aux soins de suite. Comment voulez-vous que les hôpitaux soient, dans ces conditions, à l’équilibre malgré leurs efforts en matière de productivité ? C’est un jeu de dupes.

HD.comment peuvent-ils gérer ?

F. P. Ils vivent d’expédients. Ainsi l’accumulation des comptes épargne-temps (CET) qu’ils ne peuvent plus payer. On est dans une course à la productivité, sans jamais voir le bout du tunnel. La gestion n’est que de court terme. Cela se traduit par un absentéisme et un turnover massifs. Plutôt que de chercher à répondre à cette expression de la souffrance au travail, on colmate les brèches via l’intérim, des « pools » de remplaçants, la multiplication des contrats précaires, ou le rappel sur repos des soignants. Sur le coup, cela permet de faire tourner malgré tous les services, mais c’est au prix de la mise à mal des collectifs soignants dont dépendent la qualité des conditions de travail et la performance des équipes.

JEAN-LUC GIBELIN, RESPONSABLE DE LA COMMISSION SANTÉ DU PCF

hôpitaux,santé,économie,pcf« pour commencer, effaçons les intérêts d’emprunts destinés à combler la dette! »
« pour sortir l’hôpital de ses graves difficultés, il faut faire du service public une priorité politique. Développer l’emploi public qualifié, avec un plan de formation soutenu et sur la durée.

Le financement doit être libéré de la t2a et des budgets contraints depuis les ordonnances Juppé de 1996. c’est à l’État de financer les investissements, plus à la sécu.

La dette cumulée des hôpitaux est de 30 milliards. on doit demander l’effacement du montant des intérêts d’emprunts. on ne peut tolérer que les fonds de la sécu aillent consolider les profits de Hsbc, de la société générale ou de bnp paribas. enfin, les regroupements hospitaliers de territoire (rHt) de la loi touraine vont créer une hyperconcentration. nous avons au contraire besoin d’un maillage au plus près de la population, avec une médecine de ville articulée à des centres de santé. »

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03/01/2015

« Il n’y a jamais eu autant d’emplois créés qu’avec les 35 heures »

35h.jpgAlors que le ministre de l’Économie aimerait plus de souplesse dans le temps de travail, la députée PS « frondeuse » Barbara Romagnan juge les 35 heures efficaces contre le chômage.

Dans un contexte de diabolisation des 35 heures, vous êtes rapporteure d’une commission parlementaire qui réhabilite la réduction du temps de travail…

Barbara Romagnan, députée PS
 du Doubs : 

Les 35 heures n’ont pas été un verrou mais, au contraire, une souplesse. Prenez l’annualisation du temps de travail, elle a été une opportunité de limiter les heures supplémentaires : ainsi des entreprises peuvent faire une moyenne de 35 heures, avec une semaine à 30 heures, suivie d’une semaine à 40, selon les besoins, sans que le patron ait à payer 5 heures supplémentaires.

Les détracteurs ont dit que la mise en place des 35 heures avait participé de la désindustrialisation. Mais c’était déjà le cas depuis longtemps. Entre 1998 et 2002, l’emploi a stagné, il ne s’est pas détérioré. En revanche, dans le même temps, le taux d’utilisation des machines a augmenté de 10 %… Le rapport dit que le passage aux 35 heures « a permis qu’entre 1998 et 2001, l’économie française crée plus d’emplois que jamais auparavant dans son histoire ».

Pouvez-vous être plus explicite ?

barbara_romagnan_charles_platiau_reuters.jpgBarbara Romagnan Deux millions d’emplois ont été créés entre 1997 et 2002. Alors que sur la période 1987-1997, « seulement » 3 millions d’emplois ont été créés. Cela montre bien le dynamisme des 35 heures. Ceux qui critiquent ce mécanisme reconnaissent parfois que des emplois ont été créés, mais avancent que c’était une période de croissance.

Entre 1998 et 2002, la croissance était de 2,5 %. Avant et après, elle a tourné aux alentours de 2,2 %. Cela signifie que les 35 heures ont participé au dynamisme de la croissance. Et elles ont même contribué à tirer la croissance de la zone euro.

Selon vous, les lois Aubry apparaissent « moins coûteuses pour les finances publiques » que « d’autres politiques publiques mises en œuvre pour stimuler l’emploi ». Pouvez-vous l’expliquer ?

Barbara Romagnan Les lois Aubry ont coûté, par an, 2 milliards d’euros aux entreprises et 2,5 milliards d’euros aux administrations publiques, soit un peu plus de 12 800 euros par emploi créé. On devrait s’inspirer de cette période. Aujourd’hui, les entreprises obtiennent des baisses de cotisations sans conditions. Ce qui veut dire qu’on dépense sans créer d’emplois…

Vous reconnaissez toutefois quelques effets négatifs aux lois Aubry ?

Barbara Romagnan Ces lois se sont parfois traduites par l’intensification du travail, notamment pour les personnes peu qualifiées. Et par de fortes tensions à l’hôpital. Il y a eu également des difficultés dans les entreprises de moins de 20 salariés.

Vous plaidez pour de nouvelles mesures de RTT. Ne craignez-vous pas que cela favorise les temps partiels ?

Barbara Romagnan Le temps de travail est déjà réduit. Sauf qu’il est partagé entre ceux qui travaillent et ceux qui sont au chômage. Il faut donc le répartir plus justement mais sans que cela se fasse au détriment des salariés, notamment les plus fragiles. Je pense qu’il faudrait limiter le contingent d’heures supplémentaires à 130 heures annuelles, contre 220 actuellement.

On pourrait aussi proposer aux salariés un compte épargne temps dans lequel il pourrait mettre des jours pour les utiliser à d’autres moments de la vie. Ce qui permettrait d’embaucher.

Entretien réalisé par Alexandra Chaignon pour l'Humanité

12/06/2014

Dette : 1 077 milliards d’euros sont illégitimes

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Le collectif pour un « audit citoyen de la dette publique » estime 
que 59 % de la dette publique est dû à des taux d’intérêt excessifs 
et aux cadeaux fiscaux aux plus aisés et aux multinationales.

«Au total, 59 % de la dette publique est illégitime. » Telles sont les conclusions d’une étude réalisée par le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique dévoilée hier et à laquelle ont participé Michel Husson (Conseil scientifique d’Attac, coordination), Pascal Franchet (CADTM), Robert Joumard (Attac), Évelyne Ngo (Solidaires finances publiques), Henri Sterdyniak (Économistes atterrés) et Patrick Saurin (SUD BPCE) sur une trentaine d’années.

Une expertise dont s’empareront probablement les citoyens qui débarqueront au Centquatre, à Paris, pour la fête de la dette. Une initiative co-organisée par le Secours populaire et le collectif avec la participation de Christophe Alévêque pour aborder cette question « avec humour et lucidité, pour que plus personne ne se dise qu’on n’y comprend rien », promettent-ils (voir encadré).

En attendant, ce rapport déconstruit la doxa néolibérale, selon laquelle la croissance soi-disant « excessive » des dépenses publiques nécessiterait la mise en place de politiques d’austérité budgétaires. Puisque, en trente ans, les dépenses publiques ont même reculé de 2 points. Pour les économistes du collectif, l’augmentation de la dette publique est en réalité due à deux autres facteurs : « Sur les 1 950 milliards d’euros de dette publique cumulée, (...) près de 600 milliards sont dus à des taux d’intérêt excessifs, et près de 500 milliards proviennent des cadeaux consentis principalement aux riches et aux actionnaires », note Attac dans son communiqué. Sans cela, le taux d’endettement public par rapport au PIB ne serait plus que de 43 %, contre 90 % actuellement, soit 1 077 milliards d’euros de dette en moins. L’impôt sur le revenu a été fortement baissé.

Au fil des réformes, le taux de taxation de la tranche la plus élevée a chuté de 65 % en 1982, à 45 % en 2013. Cette réduction a bénéficié majoritairement aux 10 % des ménages les plus riches et favorisé de nouvelles inégalités. Ainsi, le « ras-le-bol fiscal » observé chez les ménages actuellement s’explique par cette injustice, qui délégitimise aux yeux de ceux-ci le consentement à l’impôt, expliquent les auteurs. Dans le même temps, de nombreuses niches fiscales (c’est-à-dire des dérogations fiscales permettant aux bénéficiaires de payer moins d’impôts) ont vu le jour. Si certaines peuvent être utiles, la plupart sont juste onéreuses et favorisent l’optimisation, voire l’évasion fiscale. Plus de 500 niches sont comptabilisées, ce qui complexifie la fiscalité française, pour un coût annuel de 150 milliards d’euros. Sans cette perte estimée à 488 milliards d’euros, la dette serait inférieure de 24 points de PIB.

Mettre un terme à l'exode fiscal

Les auteurs identifient les taux d’intérêt auxquels se financent l’État français comme l’autre source d’augmentation de l’endettement. Selon les économistes, il existerait un « écart critique » entre le taux d’intérêt annuel réel (diminué de l’inflation) et le taux de croissance de son PIB. Si le premier est supérieur au second, la dette augmente plus que le PIB, et le taux d’endettement progresse. C’est ce que les spécialistes nomment « l’effet boule de neige ».

Il ressort que ces trente dernières années, les taux d’intérêt payés ont été trop élevés compte tenu de l’activité économique. La faute à un changement néolibéral de la politique monétaire en France pris en 1983. Un mouvement qui s’amplifie début 1990, avec la mise en place de la politique de « désinflation compétitive ». En clair, il s’agit de limiter la création monétaire, afin de contenir l’inflation. Ce qui implique automatiquement une hausse du taux d’intérêt pour le plus grand bonheur des détenteurs de capitaux qui voient leur rémunération progresser.

Si l’État, au lieu de se financer sur les marchés financiers, avait recouru à des emprunts directement auprès de la banque centrale à un taux d’intérêt réel de 2 % (niveau du taux de croissance moyen du PIB), son ratio d’endettement aurait été plus faible de 589 milliards d’euros à son niveau actuel. Pour mettre fin à cette dette illégitime, le collectif avance 12 propositions, comme annuler « tout ou partie » des 1 077 milliards d’euros, « mettre un terme à l’exode fiscal, aux paradis fiscaux », ou encore « l’extention du secteur bancaire public ».

Des solutions dont François Hollande devrait s’inspirer, plutôt que d’amplifier « les politiques d’austérité imposées aux populations au nom du remboursement de la dette », alors qu’elles « sont absurdes économiquement, dangereuses politiquement et injustifiables du point de vue de l’intérêt général », concluent les économistes.

Kevin Boucaud - See more at: http://www.humanite.fr/dette-1-077-milliards-deuros-sont-illegitimes-537286#sthash.inq6f9m4.dpuf

01/06/2014

Petite histoire de la TVA, instituée en 1953

tva.jpg

Créé il y a soixante ans, au motif, déjà, d’alléger 
les « charges » des entreprises, cet impôt a été repris depuis dans la plupart des pays développés.

La TVA a été mise en place en deux ans, entre 1953 et 1955. Elle fut étendue en 1968 et « européanisée » en 1977. Derrière un nom de baptême aguicheur, 
la taxe sur la valeur ajoutée n’est qu’un impôt général 
de consommation qui n’ose pas dire son nom.

En fait, 
la TVA prenait la suite de la taxe de 15 % à la production. Elle remplaça une mosaïque de taxes cumulatives sur le chiffre d’affaires puis les taxes locales. La supériorité technique de la TVA par rapport à la pléthore de prélèvements indirects qui préexistaient est incontestable.

Sous couvert 
de « simplification » et de « neutralité » s’est cependant mis 
en place un puissant outil de prélèvement réputé « indolore ». 
Le modèle français devait d’ailleurs être repris progressivement 
par la plupart des gouvernements des pays développés.

Mais l’objectif principal, tant en 1954 qu’en 1968, était 
déjà « d’alléger les charges des entreprises ». Il s’agissait 
de favoriser structurellement l’épargne, l’exportation 
et l’investissement. L’épargne est presque totalement détaxée, la TVA ne s’appliquant que marginalement au secteur financier.

Les exportations s’opèrent en franchise de TVA alors qu’antérieurement elles supportaient une partie 
des taxes intérieures. Enfin, l’investissement est puissamment dopé par l’instauration d’un droit à déduction quasi immédiat de la taxe payée lors de l’achat des équipements.

Le premier effet de la mise en place de la TVA fut bien de reporter 
une partie des impôts qui jusque-là pesaient sur 
les secteurs aval de la production et du commerce de gros 
sur le consommateur final. La profonde injustice du prélèvement 
indirect est attestée par un demi-siècle d’études économiques qui toutes concluent au caractère « aveugle » de ce prélèvement 
dont le taux normal est passé de 17,6 % en 1954 à 19,6 % aujourd’hui.

La différenciation des taux par catégories 
de biens consommés et la mise en œuvre d’un taux réduit ne modifient cette réalité qu’à la marge. Comme la TVA frappe exclusivement la consommation, elle pèse plus lourdement sur les familles et les ménages modestes 
qui consomment l’intégralité de leur revenu.

Le conseil 
des impôts en a fait la démonstration : les 40 % 
de ménages ayant les plus faibles ressources ne reçoivent que 13 % des revenus mais supportent 22 % de la TVA.


La TVA se caractérise par son rendement élevé : 
deux fois celui de l’impôt sur le revenu, trois fois celui 
de l’impôt sur les sociétés, plus de 140 milliards d’euros 
et 47 % des recettes fiscales de l’État ! Reconnaître 
la nécessité d’un impôt indirect doit aller de pair avec 
la claire conscience des inégalités qu’il génère.

Dans 
un pays où l’impôt indirect, dégressif, occupe déjà une telle place, la priorité n’est pas son augmentation. L’urgence 
est de renforcer les impôts opérant un prélèvement progressif sur le revenu ainsi que sur la fortune.

Par Jean­-Christophe Le Duigou, économiste.

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Petite histoire de la TVA, instituée en 1953

Par Jean­-Christophe Le Duigou, économiste.
Jeudi, 28 Novembre, 2013
Créé il y a soixante ans, au motif, déjà, d’alléger 
les « charges » des entreprises, cet impôt a été repris depuis dans la plupart des pays développés.

La TVA a été mise en place en deux ans, entre 1953 et 1955. Elle fut étendue en 1968 et « européanisée » en 1977. Derrière un nom de baptême aguicheur, 
la taxe sur la valeur ajoutée n’est qu’un impôt général 
de consommation qui n’ose pas dire son nom. En fait, 
la TVA prenait la suite de la taxe de 15 % à la production. Elle remplaça une mosaïque de taxes cumulatives sur le chiffre d’affaires puis les taxes locales. La supériorité technique de la TVA par rapport à la pléthore de prélèvements indirects qui préexistaient est incontestable. Sous couvert 
de « simplification » et de « neutralité » s’est cependant mis 
en place un puissant outil de prélèvement réputé « indolore ». 
Le modèle français devait d’ailleurs être repris progressivement 
par la plupart des gouvernements des pays développés.

Mais l’objectif principal, tant en 1954 qu’en 1968, était 
déjà « d’alléger les charges des entreprises ». Il s’agissait 
de favoriser structurellement l’épargne, l’exportation 
et l’investissement. L’épargne est presque totalement détaxée, la TVA ne s’appliquant que marginalement au secteur financier. Les exportations s’opèrent en franchise de TVA alors qu’antérieurement elles supportaient une partie 
des taxes intérieures. Enfin, l’investissement est puissamment dopé par l’instauration d’un droit à déduction quasi immédiat de la taxe payée lors de l’achat des équipements. Le premier effet de la mise en place de la TVA fut bien de reporter 
une partie des impôts qui jusque-là pesaient sur 
les secteurs aval de la production et du commerce de gros 
sur le consommateur final. La profonde injustice du prélèvement 
indirect est attestée par un demi-siècle d’études économiques qui toutes concluent au caractère « aveugle » de ce prélèvement 
dont le taux normal est passé de 17,6 % en 1954 à 19,6 % aujourd’hui. La différenciation des taux par catégories 
de biens consommés et la mise en œuvre d’un taux réduit ne modifient cette réalité qu’à la marge. Comme la TVA frappe exclusivement la consommation, elle pèse plus lourdement sur les familles et les ménages modestes 
qui consomment l’intégralité de leur revenu. Le conseil 
des impôts en a fait la démonstration : les 40 % 
de ménages ayant les plus faibles ressources ne reçoivent que 13 % des revenus mais supportent 22 % de la TVA. 
La TVA se caractérise par son rendement élevé : 
deux fois celui de l’impôt sur le revenu, trois fois celui 
de l’impôt sur les sociétés, plus de 140 milliards d’euros 
et 47 % des recettes fiscales de l’État ! Reconnaître 
la nécessité d’un impôt indirect doit aller de pair avec 
la claire conscience des inégalités qu’il génère. Dans 
un pays où l’impôt indirect, dégressif, occupe déjà une telle place, la priorité n’est pas son augmentation. L’urgence 
est de renforcer les impôts opérant un prélèvement progressif sur le revenu ainsi que sur la fortune.

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19:23 Publié dans Histoire, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, vidéo, pcf | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

07/04/2014

PACTE DE RESPONSABILITE OU D'IRRESPONSABILITE ? LETTRE D'UN CiTOYEN !

économie,pacte,emplois"Je ne sais si les conséquences financières de l'engagement des politiciens et du Medef en faveur du pacte de responsabilité et du crédit impôts compétitivité pour les entreprises (CICE) ont été soulignées...

Toutefois, il est à noter que la somme totale demandée aux contribuables (sous forme d'impôts ou d'économies non justifiées et préjudiciables) est de l'ordre de 50 milliards d'euros (20 Mds d'euros pour le CICE plus 30 Mds d'euros pour le pacte de responsabilité).

Or, au début de l'affaire M. Gattaz (Président du MEDEF) proposait en contrepartie la création de 1 million d'emplois.

Avec un rapide calcul, on s'aperçoit qu'ainsi chaque emploi serait subventionné à hauteur de 50 000 euros alors qu'un SMICARD coûte, annuellement et charges comprises, environ 25 000 euros.

De plus, M. Gattaz se rétractant, les politiciens en place ne parlaient plus que de 300 000 emplois.

Dans ce cas, chaque emploi privé serait subventionné avec de l'argent public à hauteur de plus de 150 000 euros , pour 3 ans d'existence au maximum pour la plupart (...jusqu'en 2017...) ...alors qu'un emploi de SMICARD, sur la même durée, coûterait environ 75 000 euros.

Il en résulterait que chaque emploi de SMICARD créé par un patron lui rapporterait 75 000 euros... (payés par les contribuables... ou avec des économies dangereuses pour les équilibres budgétaires...).

économie,pacte,emplois


A ce bénéfice exorbitant, il faut ajouter bien évidemment le montant de la plus-value réalisée sur le travail du salarié et empochée par le patron...

En conclusion, il est à remarquer qu'un emploi équivalent créé dans la fonction publique coûterait 4 fois moins cher...avec une meilleure efficacité et une meilleure qualité...

 économie,pacte,emploisAlors pacte de responsabilité ou d'irresponsabilité???...

Il serait sans doute bien et important que la très grande majorité des habitants de ce pays aient connaissance de ces chiffres, car les médias...et les politiciens... se contiennent dans un silence assourdissant à ce sujet..."

16:23 Publié dans ACTUALITES, Idées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, pacte, emplois | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

08/07/2013

Cour des comptes : « Pas un exercice comptable mais de l'obscurantisme idéologique »

cour_des_comptes_0.jpgLa Cour des comptes annonce un risque d'augmentation du déficit public pour 2013 à 4%, supérieur aux 3,7% prévus initialement. Et cela, malgré la politique de pression fiscale opérée sur les ménages essentiellement et le ralentissement de la dépenses publique. Un risque amplifié par une croissance négative qui impacterait in fine les recettes publiques de 2013 de l'ordre de 0,3 points de PIB.

Dès lors, la Cour propose-t-elle d’arrêter avec cette politique d'austérité qui donne les résultats qu'elle dénonce ? Que nenni. Au mépris de toute logique, elle ne trouve pas autre chose à prôner que le renforcement des économies budgétaires : 28 Mds supplémentaires d'ici à fin 2015 !

Quel aveuglement. Ce n'est plus de l 'exercice comptable mais de l'obscurantisme idéologique. La cause des déficits s'enracine avant tout dans la chute historique du pouvoir d'achat des français (-0,9%), du ralentissement de la masse salariale (+1,7% en 2012 contre +3,2% l'an passé), de l'explosion du chômage (+11,5% en un an, que ne parviendront pas à enrayer les 20% de hausse des radiations des statistiques de juin 2011), de la fonte des effectifs salariés (98 000 emplois en moins en 2012). Causes qui pèsent autant sur la demande que sur l'offre, et qui pénalisent l'activité économique. La lutte contre les déficits publics par la baisse de la dépense publique et la hausse de la fiscalité sur les ménages, pour répondre aux diktats des marchés financiers, alourdit la pression sur la consommation et réduit les capacités de création de richesses du pays. C'était vrai pour la Grèce, l'Espagne, le Portugal ... C'est dorénavant vrai aussi pour la France.

Sans cherchez bien loin, il existe une alternative pour l'emploi, pour un véritable redressement productif, pour une appropriation sociale de l'argent et de son utilisation! Gracieusement, le PCF et le Front de gauche tiennent à la disposition de la cour des comptes leurs propositions.