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27/07/2014

DE SA PRISON : APPEL DE MARWAN BARGHOUTI !

barghouti2.JPGMarwan Barghouti : « Le chemin de la liberté et de la dignité est pavé de sacrifices »

Nos amis de Ramallah viennent de me faire parvenir un appel que lance Marwan Barghouti à son peuple et au monde.

« Permettez-moi tout d'abord de saluer notre peuple, les martyrs tués au cours de la barbare agression israélienne contre la bande de Gaza, notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées, de saluer le soulèvement populaire à Jérusalem, en Cisjordanie et à l’intérieur d’Israël ainsi que les mouvements de résistance. De ma cellule étroite, parmi les milliers de Palestiniens emprisonnés, je souligne ce qui suit:

« Je condamne l'agression barbare contre notre peuple en soulignant que c'est une agression contre toute la Palestine et la totalité de notre nation, contre tous les Arabes, les musulmans, tous les gens épris de liberté à travers le monde,

« J'appelle les dirigeants palestiniens, à commencer par le Comité exécutif de l'OLP, le Comité central du Fatah, le président Mahmoud Abbas, son gouvernement, la direction de la bande de Gaza, de prendre part, aux côtés de notre peuple, dans la bataille constante de résistance, de la levée du siège et de la reconstruction,

« J'appelle notre peuple à lancer un mouvement populaire massif et à prendre part aux manifestations contre l'agression et l'occupation,

« La nécessité de lever le blocus inhumain contre notre peuple dans la bande de Gaza, d'assurer l'ouverture de tous les passages, aussi bien qu’à veiller à l'ouverture du passage de Rafah immédiatement et de façon permanente,

« J'appelle les services de sécurité palestiniens et les forces nationales à défendre leurs obligations en protégeant nos citoyens dans tout le pays,

« Il est important de saisir à nouveau l'Organisation des Nations Unies pour obtenir la totalité de l’adhésion de l'Etat de Palestine, et d’accéder à toutes les conventions et institutions assurant la protection des droits de notre peuple, à commencer par la Cour pénale internationale,

« Le chemin de la liberté et de la dignité est pavé de sacrifices. Les nations ne doivent pas baisser les bras, elles ne peuvent pas être vaincues et doivent refuser de coexister avec l'oppression et l'occupation. Notre peuple a des ressources inépuisables pour poursuivre la lutte. Nous avons l'obligation de transformer son sacrifice en victoires politiques les portant au plus près de la liberté et de l'indépendance. Notre peuple doit unifier ses efforts pour en finir avec l'occupation et incarner l'unité nationale qui constitue la loi de la victoire pour les peuples opprimés.

Enfin, je dis à notre peuple palestinien, partout où qu’il soit : notre rencontre prochaine viendra bientôt, tout comme ces barreaux de prison, comme le siège, l'oppression et l'occupation, seront vaincus.

Marwan Barghouti

Prison d’Hadarim, cellule 28

14:23 Publié dans Idées, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marwan barghouti, palestine, israël | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

26/07/2014

JAURES - DISCOURS A LA JEUNESSE - ALBI

jaures.jpg

Jaurès est âgé de 45 ans. En 1902, il a été réélu député Carmaux et constitue autour de lui le Parti socialiste français, rival du Parti socialiste de France, créé en mai 1901 par Guesde et Vaillant.

En 1903, il devient vice président de la Chambre des Députés et s'investit dans la Délégation des gauches, pour le soutien du « Bloc des Gauches » C'est un grand discours de JAURES, un de ses textes les plus célèbres.

C'est un discours pour les élèves du lycée d 'Albi dans lequel il a fait ses débuts comme enseignant , 32 ans plus tôt, après avoir obtenu l'agrégation de philosophie.

Un premier bilan de sa vie, « l'insensible fuite des jours… », une réflexion sur le temps qui passe ;la confiance de Jaurès dans l'avenir, dans la mémoire, mais aussi sa fidélité à son passé,son angoisse devant les risques de guerre, la montée des périls (un de ses premiers grands discours sur ce thème), sa défense non pas de l'utopie de la paix mais du réalisme de la paix, Jaurès privilégie l'action et la volonté des hommes et vante le courage dont il fait un des ressorts de son discours et de sa vie.

Jaurès expose sa philosophie personnelle, faite de lucidité et de désintéressement ; c'est dans cet éloge du courage qu'il prononce sa formule célèbre : « Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ».

Mesdames, Messieurs, Jeunes élèves,

MESDAMES,
MESSIEURS,
JEUNES ÉLÈVES,

C'est une grande joie pour moi de me retrouver en ce lycée d'Albi et d'y reprendre un instant la parole. Grande joie nuancée d'un peu de mélancolie ; car lorsqu'on revient à de longs intervalles, on mesure soudain ce que l'insensible fuite des jours a ôté de nous pour le donner au passé. Le temps nous avait dérobés à nous mêmes, parcelle à parcelle, et tout à coup c'est un gros bloc de notre vie que nous voyons loin de nous. La longue fourmilière des minutes emportant chacune un grain chemine silencieusement, et un beau soir le grenier est vide.

Mais qu'importe que le temps nous retire notre force peu à peu, s'il l'utilise obscurément pour des oeuvres vastes en qui survit quelque chose de nous ? Il y a vingt deux ans, c'est moi qui prononçais ici le discours d'usage. Je me souviens (et peut-être quelqu'un de mes collègues d'alors s'en souvient-il aussi) que j'avais choisi comme thème : les Jugements humains. Je demandais à ceux qui m'écoutaient de juger les hommes avec bienveillance, c'est-à-dire avec, équité, d'être attentifs dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumière, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Je les priais d'interpréter avec indulgence le tâtonnant effort de l'humanité incertaine.

Peut-être dans les années de lutte qui ont suivi, ai-je manqué plus d'une fois envers des adversaires à ces conseils de généreuse équité. Ce qui me rassure un peu, c'est que j'imagine qu'on a dû y manquer aussi parfois à mon égard, et cela rétablit 1'équilibre. Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c'est qu'il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c'est qu'on se condamne soi-même à ne pas comprendre l'humanité, si on n'a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.

Cette confiance n'est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n'ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l'homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant. Elle sait que les forces bonnes, les forces de sagesse, de lumière, de justice, ne peuvent se passer du secours du temps, et que la nuit de la servitude et de l'ignorance n'est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d'aurores incertaines.

Oui, les hommes qui ont confiance en l'homme savent cela. Ils sont résignés d'avance à ne voir qu'une réalisation incomplète de leur vaste idéal, qui lui-même sera dépassé ; ou plutôt ils se félicitent que toutes les possibilités humaines ne se manifestent point dans les limites étroites de leur vie.

Ils sont pleins d'une sympathie déférente, et douloureuse pour ceux qui ayant été brutalisés par l'expérience immédiate ont conçu de pensées amères, pour ceux dont la vie a coïncidé avec des époques de servitude, d'abaissement et de réaction, et qui, sous le noir nuage immobile, ont pu croire que le jour ne se lèverait plus ; Mais eux-mêmes se gardent bien d'inscrire définitivement au passif de l'humanité qui dure les mécomptes des générations qui passent. Et ils affirment avec une certitude qui ne fléchit pas, qu'il vaut la peine de penser et d'agir, que l'effort humain vers la clarté et le droit n'est jamais perdu. L'histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir.

Dans notre France moderne, qu'est-ce donc que la République ? C'est un grand acte de confiance. Instituer la République, c'est proclamer que des millions d hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu'ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l'ordre ; qu'ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n'iront pas jusqu'à une fureur chronique de guerre civile, et qu'ils ne chercheront jamais dans une dictature passagère une trêve funeste et un lâche repos.

Instituer la République, c'est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d'esprit pour s'occuper de la chose commune. Et si cette République surgit dans un monde monarchique encore, c'est assurer qu'elle s'adaptera aux conditions compliquées de la vie internationale, sans entreprendre sur l'évolution plus lente des autres peuples, mais sans rien abandonner de sa fierté juste et, sans atténuer l'éclat de son principe.

Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d'audace. L'invention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui, il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d'abord l'idée. Les constituants de 1789 et de 1791, même les législateurs de 1792 croyaient que la monarchie traditionnelle était l'enveloppe nécessaire de la société nouvelle. Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie.

Bientôt cependant, et après quelques heures d'étonnement et presque d'inquiétude, ils l'adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur coeur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l'exemple des républiques antiques ou des républiques helvétiques et italiennes. Ils virent bien qu'ils créaient une oeuvre, nouvelle, audacieuse et sans précédent.

Ce n'était point l'oligarchique liberté des républiques de la Grèce, morcelées, minuscules et appuyées sur le travail servile. Ce n'était point le privilège superbe de servir la république romaine, haute citadelle d'où une aristocratie conquérante dominait le monde, communiquant avec lui par une hiérarchie de droits incomplets et décroissants qui descendait jusqu'au néant du droit, par un escalier aux marches toujours plus dégradées et plus sombres, qui se perdait enfin dans l'abjection de l'esclavage, limite obscure de la vie touchant à la nuit souterraine. Ce n'était pas le patriciat marchand de Venise et de Gênes.

Non c'était la République d'un grand peuple où il n'y avait que des citoyens et où tous les citoyens étaient égaux. C'était la République de la démocratie et du suffrage universel. C'était une nouveauté magnifique et émouvante.

Les hommes de la Révolution en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célébrèrent cette Constitution, qui pour la première fois depuis l'origine de l'histoire organisait la souveraineté nationale et la souveraineté de tous, lorsque artisans et ouvriers, forgerons, menuisiers, travailleurs des champs défilèrent dans le cortège, mêlés aux magistrats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le président de la Convention put dire que c'était un jour qui ne ressemblait à aucun autre jour, le plus beau depuis que le soleil était suspendu dans l'immensité de l'espace Toutes les volontés se haussaient pour être à la mesure de cette nouveauté héroïque. C'est pour elle que ces hommes combattirent et moururent.

C'est en son nom qu'ils refoulèrent les rois de l'Europe. C'est en son nom qu'ils se décimèrent. Et ils concentrèrent en elle une vie si ardente et si terrible, ils produisirent par elle tant d'actes et tant de pensées, qu'on put croire que cette République toute neuve, sans modèle comme sans traditions, avait acquis en quelques années la force et la substance des siècles. Et pourtant que de vicissitudes et d'épreuves avant que cette République que les hommes de la Révolution avaient crue impérissable soit fondée enfin sur notre sol. Non seulement après quelques années d'orage elle est vaincue, mais il semble qu'elle s'efface à jamais et de l'histoire et de la mémoire même des hommes. Elle est bafouée, outragée ; plus que cela, elle est oubliée.

Pendant un demi-siècle, sauf quelques coeurs profonds qui gardaient le souvenir et l'espérance , les hommes, la renient ou même l'ignorent. Les tenants de l'ancien régime ne parlent d'elle que pour en faire honte à la Révolution : "Voilà où a conduit le délire révolutionnaire". Et parmi ceux qui font profession de défendre le monde moderne, de continuer la tradition de la Révolution, la plupart désavouent la République et la démocratie. On dirait qu'ils ne se souviennent même plus.

Guizot s'écrie : "Le suffrage universel n'aura jamais son jour". Comme s'il n'avait pas eu déjà ses grands jours d'histoire, comme si la Convention n'était pas sortie de lui. Thiers, quand il raconte la révolution du 10 août , néglige de dire qu'elle proclama le suffrage universel, comme si c'était là un accident sans importance et une bizarrerie d'un jour. République, suffrage universel, démocratie, ce fut, à en croire les sages, le songe fiévreux des hommes de la Révolution.

Leur oeuvre est restée, mais leur fièvre est éteinte et le monde moderne qu'ils ont fondé, s'il est tenu de continuer leur oeuvre, n'est pas tenu de continuer leur délire. Et la brusque résurrection de la République, reparaissant en 1848 pour s'évanouir en 1851, semblait en effet la brève rechute dans un cauchemar bientôt dissipé.

Et voici maintenant que cette République qui dépassait de si haut l'expérience séculaire des hommes et le niveau commun de la pensée que quand elle tomba ses ruines mêmes périrent et son souvenir s'effrita, voici que cette République de démocratie, de suffrage universel et d'universelle dignité humaine, qui n'avait pas eu de modèle et qui semblait destinée à n'avoir pas de lendemain, est devenu la loi durable de la nation, la forme définitive de la vie française, le type vers lequel évoluent lentement toutes les démocraties du monde.

Or, et c'est là surtout ce que je signale à vos esprits, l'audace même de la tentative a contribué au succès. L'idée d'un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu'aux heures de difficulté et de crise elle s'offrait à la conscience de la nation. Une première fois en 1793 le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l'apparent oubli et l'apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. Ce qui faisait la force invincible de la République, c'est qu'elle n'apparaissait pas seulement de période en période, dans le désastre ou le désarroi des autres régimes, comme l'expédient nécessaire et la solution forcée. Elle était une consolation et une fierté.

Elle seule avait assez de noblesse morale pour donner à la nation la force d'oublier les mécomptes et de dominer les désastres. C'est pourquoi elle devait avoir le dernier mot. Nombreux sont les glissements et nombreuses les chutes sur les escarpements qui mènent aux cimes ; mais les sommets ont une force attirante. La République a vaincu parce qu'elle est dans la direction des hauteurs, et que l'homme ne peut s'élever sans monter vers elle.

La loi de la pesanteur n'agit pas souverainement sur les sociétés humaines ; et ce n'est pas dans les lieux bas qu'elles trouvent leur équilibre. Ceux qui, depuis un siècle, ont mis très haut leur idéal ont été justifiés par l'histoire. Et ceux-là aussi seront justifiés qui le placent plus haut encore. Car le prolétariat dans son ensemble commence à affirmer que ce n'est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c'est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu'il faut faire entrer la liberté vraie, l'égalité, la justice.

Ce n'est pas seulement la cité, c'est l'atelier, c'est le travail, c'est la production, c'est la propriété qu'il veut organiser selon le type républicain.

A un système qui divise et qui opprime, il entend substituer une vaste coopération sociale où tous les travailleurs de tout ordre, travailleurs de la main et travailleurs du cerveau, sous la direction de chefs librement élus par eux, administreront la production enfin organisée.

Messieurs, je n'oublie pas que j'ai seul la parole et que ce privilège m'impose beaucoup de réserve. Je n'en abuserai point pour dresser dans cette fête une idée autour de laquelle se livrent et se livreront encore d'âpres combats. Mais comment m'était-il possible de parler devant cette jeunesse qui est l'avenir, sans laisser échapper ma pensée d'avenir Je vous aurais offensés par trop de prudence ; car quel que soit votre sentiment sur le fond des choses, vous êtes tous des esprits trop libres pour me faire grief d'avoir affirmé ici cette haute espérance socialiste, qui est la lumière de ma vie.

Je veux seulement dire deux choses, parce qu'elles touchent non au fond du problème, mais à la méthode de l'esprit et à la conduite de la pensée. D'abord, envers une idée audacieuse qui doit ébranler tant d'intérêts et tant d'habitudes et qui prétend renouveler le fond même de la vie, vous avez le droit d'être exigeants.

Vous avez le droit de lui demander de faire ses preuves, c'est-à-dire d'établir avec précision comment elle se rattache à toute l'évolution politique et sociale, et comment elle peut s'y insérer. Vous avez le droit de lui demander par quelle série de formes juridiques et économiques elle assurera le passage de l'ordre existant à l'ordre nouveau.

Vous avez le droit d'exiger d'elle que les premières applications qui en peuvent être faites ajoutent à la vitalité économique et morale de la nation. Et il faut qu'elle prouve, en se montrant capable de défendre ce qu'il y a déjà de noble et de bon dans le patrimoine humain, qu'elle ne vient pas le gaspiller, mais l'agrandir. Elle aurait bien peu de foi en elle-même si elle n'acceptait pas ces conditions.

En revanche, vous, vous lui devez de l'étudier d'un esprit libre, qui ne se laisse troubler par aucun intérêt de classe. Vous lui devez de ne pas lui opposer ces railleries frivoles, ces affolements aveugles ou prémédités et ce parti pris de négation ironique ou brutale que si souvent, depuis, un siècle même, les sages opposèrent à la République, maintenant acceptée de tous, au moins en sa forme. Et si vous êtes tentés de dire encore qu'il ne faut pas s'attarder à examiner ou à discuter des songes, regardez en un de vos faubourgs.

Que de railleries, que de prophéties sinistres sur l'oeuvre qui est là ! Que de lugubres pronostics opposés aux ouvriers qui prétendaient se diriger eux-mêmes, essayer dans une grande industrie la forme de la propriété collective et la vertu de la libre discipline. L'oeuvre a duré pourtant ; elle a grandi : elle permet d'entrevoir ce que peut donner la coopération collectiviste. Humble bourgeon à coup sûr mais qui atteste le travail de la sève, la lente montée des idées nouvelles la puissance de transformation de la vie.

Rien n'est plus menteur que le vieil adage pessimiste et réactionnaire de l'Ecclésiaste désabusé : "II n'y a rien de nouveau sous le soleil". Le soleil lui, même a été jadis une nouveauté, et la terre fut une nouveauté, et l'homme fut une nouveauté. L'histoire humaine n'est qu'un effort incessant d'invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création.

C'est donc d'un esprit libre aussi, que vous accueillerez cette autre grande nouveauté qui s'annonce par des symptôme multipliés : la paix durable entre les nations, la paix définitive. Il ne s'agit point de déshonorer la guerre dans le passé.

Elle a été une partie de la grande action humaine, et l'homme l'a ennoblie par la pensée et le courage, par l'héroïsme exalté, par le magnanime mépris de la mort. Elle a été sans doute et longtemps, dans le chaos de l'humanité désordonnée et saturée d'instincts brutaux, le seul moyen de résoudre les conflits ; elle a été aussi la dure force qui, en mettant aux prises les tribus, les peuples, les races, a mêlé les éléments humains et préparé les groupements vastes.

Mais un jour vient, et tout nous signifie qu'il est proche, où l'humanité est assez organisée, assez maîtresse d'elle-même pour pouvoir résoudre par la raison, la négociation et le droit les conflits de ses groupements et de ses forces. Et la guerre, détestable et grande tant qu'elle était nécessaire, est atroce et scélérate quand elle commence à paraître inutile.

Je ne vous propose pas un rêve idyllique et vain. Trop longtemps les idées de paix et d'unité humaines n'ont été qu'une haute clarté illusoire qui éclairait ironiquement les tueries continuées.

Vous souvenez-vous de l'admirable tableau que nous a laissé Virgile de la chute de Troie ?

C'est la nuit : la cité surprise est envahie par le fer et le feu, par le meurtre, l'incendie et le désespoir. Le palais de Priam est forcé et les portes abattues laissent apparaître la longue suite des appartements et des galeries. De chambre en chambre, les torches et les glaives poursuivent les vaincus ; enfants, femmes, vieillards se réfugient en vain auprés de l'autel domestique que le laurier sacré ne protège plus contre la mort et contre 1'outrage, le sang coule à flots, et toutes les bouches crient de terreur, de douleur, d'insulte et de haine.

Mais par dessus la demeure bouleversée et hurlante, les cours intérieures, les toits effondrés laissent apercevoir le grand ciel serein et paisible, et toute la clameur humaine de violence et d'agonie monte vers les étoiles d'or : Ferit aurea sidera clamor.

De même, depuis vingt siècles, et de période en période, toutes les fois qu'une étoile d'unité et de paix s'est levée sur les hommes, la terre déchirée et sombre a répondu par des clameurs de guerre.

C'était d'abord 1'astre impérieux de Rome conquérante qui croyait avoir absorbé tous le conflits dans le rayonnement universel de sa force. L'empire s'effondre sous le choc des barbares, et un effroyable tumulte répond à la prétention superbe de la paix romaine. Puis ce fut l'étoile chrétienne qui enveloppa la terre d'une lueur de tendresse et d'une promesse de paix. Mais atténuée et douce aux horizons galiléens, elle se leva dominatrice et âpre sur l'Europe féodale.

La prétention de la papauté à apaiser le monde sous sa loi et au nom de 1'unité catholique ne fit qu'ajouter aux troubles et aux conflits de l'humanité misérable. Les convulsions et les meurtres des nations du moyen age, les chocs sanglants des nations modernes, furent la dérisoire réplique à la grande promesse de paix chrétienne. La Révolution à son tour lève un haut signal de paix universelle par 1'universelle liberté. Et voilà que de la lutte même de la Révolution contre les forces du vieux monde, se développent des guerre formidables.

Quoi donc ? La paix nous fuira-t-elle toujours ? Et la clameur des hommes, toujours forcenés et toujours déçus, continuera-t-elle à monter vers les étoiles d'or, des capitales modernes incendiées par les obus, comme de l'antique palais de Priam incendié par les torches

Non ! non ! et malgré les conseils de prudence que nous donnent ces grandioses déceptions, j'ose dire, avec des millions d'hommes, que maintenant la grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine. Des forces neuves travaillent : la démocratie, la science méthodique, l'universel prolétariat solidaire.

La guerre devient plus difficile, parce qu'avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d'échanges, de conventions ; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d'aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif.

Enfin, le commun idéal qui exalte et unit les prolétaires de tous les pays les rend plus réfractaires tous les jours à l'ivresse guerrière, aux haines et aux rivalités de nations et de races.

Oui, comme l'histoire a donné le dernier mot à la République si souvent bafouée et piétinée, elle donnera le dernier mot à la paix, si souvent raillée par les hommes et les choses, si souvent piétinée par la fureur des événements et des passions. Je ne vous dis pas : c'est une certitude toute faite. Il n'y a pas de certitude toute faite en histoire. Je sais combien sont nombreux encore aux jointures des nations les points malades d'où peut naître soudain une passagère inflammation générale. Mais je sais aussi qu'il y a vers la paix des tendances si fortes, si profondes, si essentielles, qu'il dépend de vous, par une volonté consciente délibérée, infatigable, de systématiser ces tendances et de réaliser enfin le paradoxe de la grande paix humaine, comme vos pères ont réalisé le paradoxe de la grande liberté républicaine.

Oeuvre difficile, mais non plus oeuvre impossible.

Apaisement des préjugés et des haines, alliances et fédérations toujours plus vastes, conventions internationales d'ordre économique et social, arbitrage international et désarmement simultané, union des hommes dans le travail et dans la lumière : ce sera, jeunes gens, le plus haut effort et la plus haute gloire de la génération qui se lève. Non, je ne vous propose pas un rêve décevant ; je ne vous propose pas non plus un rêve affaiblissant.

Que nul de vous ne croie que dans la période encore difficile et incertaine qui précédera l'accord définitif des nations, nous voulons remettre au hasard de nos espérances la moindre parcelle de la sécurité, de la dignité, de la fierté de la France. Contre toute menace et toute humiliation, il faudrait la défendre ; elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu'elle est la France, et parce qu'elle est humaine. Même l'accord des nations dans la paix définitive n'effacera pas les patries, qui garderont leur profonde originalité historique, leur fonction propre dans l'oeuvre commune de 1'humanité réconciliée. Et si nous ne voulons pas attendre, pour fermer le livre de la guerre, que la force ait redressé toutes les iniquités commises par la force, si nous ne concevons pas les réparations comme des revanches, nous savons bien que l'Europe, pénétrée enfin de la vertu de la démocratie et de l'esprit de paix, saura trouver les formules de conciliation qui libéreront tous les vaincus des servitudes et des douleur qui s'attachent à la conquête.

Mais d'abord, mais avant tout, il faut rompre le cercle de fatalité, le cercle de fer, le cercle de haine où les revendications mêmes justes provoquent des représailles qui se flattent de l'être, où la guerre tourne après la guerre en un mouvement sans issue et sans fin où le droit et la violence, sous la même livrée sanglante, ne se discerneront presque plus 1'un de l'autre, et où l'humanité déchirée pleure de la victoire de la justice presque autant que sa défaite.

Surtout, qu'on ne nous accuse point d'abaisser, ou d'énerver les courages. L'humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement.

Le courage, aujourd'hui, ce n'est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante dont on peut toujours se flatter qu'elle éclatera sur d'autres. Le courage, ce n'est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l'exaltation de 1'homme, et ceci en est 1'abdication.

Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c'est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie.

Le courage, c'est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c'est de garder dans les lassitudes inévitables l'habitude du travail et de l'action.

Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c'est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu'il soit : c'est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c'est de devenir, autant qu'on le peut, un technicien accompli ; c'est d'accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail qui est la condition de l'action utile, et cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendue.

Le courage, c'est d'être tout ensemble et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe.

Le courage, c'est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l'approfondir, de l'établir et de la coordonner cependant à la vie générale.

Le courage, c'est de surveiller exactement sa machine à filer ou tisser, pour qu'aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés.

Le courage, c'est d'accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l'art, d'accueillir, d'explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d'éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l'organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes.

Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir, mais de n'en pas être accablé et de continuer son chemin.

Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille ; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense.

Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

Ah ! vraiment, comme notre conception de la vie est pauvre, comme notre science de vivre est courte, si nous croyons que, la guerre abolie, les occasions manqueront aux hommes d'exercer et d'éprouver leur courage, et qu'il faut prolonger les roulements de tambours qui dans les lycées du premier Empire faisaient sauter les coeurs ! Ils sonnaient alors un son héroïque ; dans notre vingtième siècle, ils sonneraient creux. Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C'est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi.

 
 

24/07/2014

L’HUMANITE AU CŒUR DE LA MANIFESTATION POUR LA PAIX EN PALESTINE ET EN ISRAEL !

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(Pour visionner la vidéo qui correspond à la photo cliquez sur cette photo ou sur cette ligne )

Jamais le journal créé par Jean Jaurès n’a porté aussi bien son nom ce 23 juillet 2014 au cœur de cette manifestation pour soutenir la Paix en Palestine et Israël et arrêter le carnage sur Gaza ou déjà près de 800 personnes sont déjà mortes sous les bombardements et plus de 2000 blessés, nombreux à vie.

manifpal.jpgIls étaient des centaines, et des centaines de manifestants à étaler le journal l’Humanité, édité spécialement à l’occasion de ce défilé pour la Paix qui titrait « Halte au massacre » et reprenait à l’intérieur l’appel du directeur du journal et député européen Patrick Le Hyaric pour demander une protection internationale du peuple palestinien.

manifpalleh.jpgLe directeur de l’Humanité actuel était bien présent à la tête de la manifestation accompagné par de nombreux dirigeants politiques du PCF dont Pierre Laurent, du PG, d’EELV, de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de nombreux élus communistes, mais aussi socialistes et Verts  et de très nombreuses associations suivis par une foule nombreuse, diverse, colorée, solidaire estimée par les organisateurs à 25 000 qui a traversé Paris de Denfert Rochereau aux Invalides.

(pour accéder à la vidéo correspondante à la photo ci-dessus, cliquez sur cette photo ou sur cette ligne)

manifpal2.jpgQuel bel hommage ce jour rendu au créateur de l’Humanité, Jean Jaurès , à quelques jours de son assassinat le 31 juillet 1914 de montrer que ce nom d’Humanité choisi par lui était toujours aussi universel et actuel.

Journal de témoignage, de combat, unique par son humanité, et le lien entre ses lecteurs et ses amis à l'image de sa fête, la fête de l'Humanité, rassemblement unique et universel de solidarité et de fête dans le monde.

Photos et vidéos exclusives E-Mosaïque

22/07/2014

EVRY CAPITALE EPHEMERE DU TOUR DE FRANCE !

tourdefranceevry.jpg

Le 27 juillet Evry sera la ville capitale du Tour de France à l'occasion de la dernière étape. C'est une bonne nouvelle pour les Evryens et les Essonniens, et un jour de fête pour tous les habitants.

Cet évènement soutenu et financé en partie par le département de l'Essonne sera t-il possible à l’avenir? Avec la disparition envisagée des départements, la création d'un grand Paris, la réponse est probablement pas.

Evry, capitale de l'Essonne, département qui va fêter avec ce Tour de France ses 50 ans et aussi son enterrement, perdra alors son statut et ne redeviendra que la 32ème ville de l'Ile de France.

Ce n'est pas la principale raison de notre opposition à cette réforme des collectivités dont l'objectif principal est de réaliser des économies en supprimant des dizaines de milliers  de postes de salariés, fonctionnaires ou contractuels , en diminuant partout les services et investissements publics, en rabaissant la démocratie en donnant tout le pouvoir à une poignée d'élus très éloignés des habitants.

Sous l'impulsion du Président du conseil général communiste, le département du Val de Marne, département pilote dans le domaine de l'éducation, de la culture, de la petite enfance, a décidé, avec juste raison, de rentrer en résistance. La majorité écrasante des habitants dans un sondage paru récemment se sont déclarés opposés à la remise en cause de l'atteinte à l'identité de ce département. C'est la bonne voie à suivre.

Ces réformes n'ont qu'un objectif: permettre de prendre 40 milliards d'€ et les redistribuer sans conditions à la demande du MEDEF à toutes les entreprises (alors que seules 20 % sont réellement concernées) dans le cadre du contrat compétitivité.

En contrepartie, pas une création d'emploi ne sera garantie, bien au contraire (1) ; c'est un marché de dupes.

Par contre, avec les diminutions des dotations, les collectivités, qui sont à l'origine de 74 % de l'investissement public, seront étranglées et ne pourront plus passer des marchés avec les entreprise privées comme auparavant, ce qui se traduira là aussi, par la suppression de dizaines de milliers d'emplois.

Tout cela est absurde et les élus communistes, avec d'autres, y compris de nombreux socialistes et républicains, sommes disponibles pour proposer et créer une nouvelle majorité à l'échelle du pays avec un programme humain et anti-libéral clair.

Tribune qui aurait due être publiée dans le Magazine Municipal du mois de Juillet

Les élus communistes et républicains d'Evry

(1) C’est la rapporteure générale (PS) du Budget qui le dit : le plan d'économies de 50 milliards d'euros promu par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances rectificative "pourrait entraîner la suppression de 250.000 emplois à l'horizon 2017.

21/07/2014

Quand mon coeur pleure pour les palestiniens....

israel2.jpg

Point de vue, par Inès Safi (1)
Nous sommes affligés par la tragédie qui se déroule sous nos yeux, sans oublier pour autant celles qui se déroulent en Syrie, Irak ou Birmanie. Et l'Irak nous donne un laboratoire grandeur nature des effets déasastreux de la colonisation.
 
La cause palestinienne a cependant des spécificités:
- Elle perdure depuis plus de soixante années.
-Le colonisateur ne reconnait même pas l'injustice flagrante commise en massacrant une population et d'en exiler 800000 personnes en 48.
- Il a des alliés solidaires, qui alimentent son arsenal militaire, qui sont nos propres gouvernements.
-Il a le soutien solennel et inconditionnel des représentants officiels de la communauté juive, du moins dans plusieurs pays européens. Qui sont donc nos compatriotes.

Accepter une telle injustice est un fait grave pour toute l'humanité. Il s'agit de principe de droit bafoué avec la complaisance de ceux qui disent faire les gendarmes dans le monde. Voila pourquoi cette cause devient universelle, un archétype de l'oppression du système impérialiste.

Je voudrais cependant que nous résistions aux sirènes des divisions ethniques. Je le rappelle encore et encore, ce qui va bien à l'encontre des préjugés, l'empire ottoman jusqu'à la fin du 19 ème siècle était bien séculaire. Et même auparavant, Dimitri Gutas (professeur de langue et de littérature Arabe à l’Université de Yale (USA)) évoque la "Pax Islamica", établie par les conquêtes musulmanes.
 
Il évoque ce fait « salutaire » et « bénéfique » ayant mis fin aux guerres intestines et désastreuses Perso-Byzantines.
Contrairement à la dictature religieuse des Byzantins, qui ne toléraient pas les différents schismes du christianisme, ces derniers ont bénéficié de leur liberté sous l’égide d’un « état islamique non-partisan » et ont pu être ainsi s’épanouir tout en étant épargnés de l’âge sombre où pataugeaient les Byzantins durant les 7ème et 8ème siècles!

La volonté de fonder un pays d'une religion homogène est un concept étranger à cette civilisation; il trouve des racines à Byzance et à Rome, il s'est manifesté à travers les guerres de religion en Europe, à travers l'inquisition, y compris celle qui a purifié l'Andalousie, et dont l'appellation "reconquête" est une erreur à corriger au plus vite.
 
Cette volonté a continué à se déployer à travers le projet colonial et ses déploiements récents, comme nous l'observons en Irak. Et à travers le projet sioniste, appuyé par des protestants européens qui voulaient accélérer l'arrivée du Christ.

Malheureusement, cette mentalité n'a pas épargné les musulmans, dont certains ont coupé le cordon avec leur tradition: l'intégrisme est un produit de la modernité, un phénomène néo colonial, une réaction en miroir qui s'amplifie par les injustices actuelles. Avec sa rationalité dogmatique et une volonté de créer des "états islamiques".
 
Je suis triste quand je perçois des appels à rendre la cause palestinienne purement islamique; quand c'est de la part de musulmans, évoquant la sacralité de Jerusalem, ils ne font que renforcer les préjugés répandus, font oublier les victimes chrétiennes palestiniennes, et agissent ainsi symétriquement à Israel quand elle s'approprie le nom d'état juif (et l'opposition arabe juif n'a même pas de sens.) Ils en oublient ainsi le sens de la prière symbolique de Mohamed avec tous les prophètes à Jerusalem.
 
Je suis aussi triste d'entendre des chrétiens d'Europe n'appellant qu'à prier pour les chrétiens d'Irak, alors que tant de victimes de toute confession n'ont cessé de tomber pendant tant d'années. Alors que la puissance qui a semé le chaos, établi un embargo ayant tué des millions d'enfants, détruit entièrement un pays multi ethnique, était motivé par un Bush inspiré par son protestantisme pro-sioniste et appelant aux croisades.

Quand mon coeur pleure pour les palestiniens, il ne fait aucune distinction entre les victimes musulmanes, chrétiennes, juives, ni athées. Quand je prie pour les Irakiens, je ne fais aucune distinction entre les sunnites, chiites ni chrétiens.

Nous ne saurons nous opposer aux injustices tant que nous nous renfermons dans des clans. Nous sommes capables d'éprouver de l'empathie pour ceux qui ne partagent ni nos croyance ni nos opinions. Il suffit de partager la même idée de justice et de la défendre main dans la main. Nous n'avons plus le choix, mes amis, ou alors nous ne ferions que renforcer ce projet impérialiste qui nous divise pour mieux régner.
 
Je vous invite donc à créer une organisation pour la paix qui ne serait formée ni de juifs ni de chrétiens ni de musulmans ni de gauche ni de droite exclusivement. Une organisation universelle qui réunit tous les êtres épris de liberté, sans opinions communes sur tous les sujets, hormis celle sur le sens de la justice et de la paix. Une assemblée qui laisse la place à la perplexité comme voie à l'humilité assurant l'altérité...

(1) Inès Safi
: Ancienne élève de l'école polytechnique, chercheuse CNRS en physique théorique et fondamentale, elle est reconnue sur le plan international dans le domaine des nanosciences.

Chanson de la fabuleuse Soeur Keyrouz chantant la sainte de l'Islam Rabiaa Al Adawiya:
 
 
Photo de UNE : L'Alhambra. Il est probable que les douze lions, représentant les douze tribus d’Israel, furent l'offrande du vizir poète et rabbin Abu Ishaq Isma'il ibn Nag'rila (993 -1055), signe de reconnaissance de ses coreligionnaires au sultan. Et dont le fils fut aussi vizir.
Photo issue de la page "Geometry in Arts of Islam"
 
 

inès safi,international,palestine,israël,religions
 Illustration d'un livre des jeux pratiqués en Andalousie et provenant du monde christiano-judéo-islamique (et autres ;)) 1283.
The Book of Chess, Dice, and Board Games (El Libro de Juegos: los libros de ajedrex, dados e tablas) by Alfonso X El Sabio, dated 1283

20/07/2014

Non, M. Fabius, on ne peut pas faire confiance aux fonds spéculatifs pour sauver le climat.

gouFabius.jpgAprès que Michel Sapin a déclaré son affection pour son « amie la bonne finance », Laurent Fabius, Ministre des Affaires Étrangères, en charge de l’organisation de la conférence internationale Paris Climat 2015, a lancé un appel à la mobilisation des Fonds souverains et de pension internationaux en faveur des énergies  vertes lors des rencontres économiques d’Aix en Provence.

La démarche est de prime abord positive tant est grande l'urgence d'une mobilisation de toute la société – y compris donc le secteur économique- pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).  Mais l'heure est à une plus grande ambition avec un accord global entre les États car l'essentiel ne saurait être dans l'action de la finance.

Car on sait  par expérience que  « l’intérêt réel » souligné par M. Fabius de ces fonds réside en priorité, voire uniquement, dans  l’objectif de faire de l’argent avec de l’argent au détriment de l’économie réelle.  Ces fonds spéculatifs n'ont jusqu'ici investi dans les énergies renouvelables que pour profiter au maximum sur le dos des citoyens /consommateurs, à travers la taxe CSPE payée par tous les usagers, de l'électricité (à l'exception notable des gros consommateurs).

poleol.jpgA l'inverse, loin de se contenter de garantir la profitabilité aux spéculateurs, l’État doit jouer son rôle de stratège donnant force et cohérence à la réduction des émissions de GES. Cela passe par une action vigoureuse d'aides à l'isolation des logements, de développement des transports propres (notamment collectifs) de développement d'une économie circulaire et de proximité, avec de nouvelles filières industrielles plus propres, avec une relance de la formation des travailleurs et de la recherche, bref cela passe par le refus de cet enfermement dans les politiques d'austérité .... Et les moyens de lancer de tels programmes existent notamment en taxant les profits financiers, ou menant une active campagne multilatérale de réduction des dépenses d’armements nucléaires...

Les moyens d'une politique ambitieuse de transition énergétique existent et la France peut jouer un rôle moteur en ce sens lors de la rencontre de Paris Climat 2015. Les communistes agissent pour que la France soit à la hauteur de cette ambition et de ce rendez vous.

PARTI COMMUNISTE FRANCAIS

14:49 Publié dans ACTUALITES, Economie, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : environnement, fabius, pcf | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

19/07/2014

JULIA BOUTROS, LE PEUPLE PALESTINIEN AU COEUR !

julia_boutros.jpgJulia Boutros (جوليا بطرس), née le 1er avril 1968, est une chanteuse libanaise célèbre, depuis les années er avril 1968 à Beyrouth, Julia Boutros est Libanaise de confession chrétienne maronite et de mère Arménienne née en Palestine.

Elle a chanté dans la chorale des écoles des Sœurs Rosaires où elle a suivi ses études. À douze ans, elle a enregistré sa première chanson, en français, À maman dans le studio d'Elias al-Rahbani que lui a présenté Fouad Fadel, son professeur de musique. À quatorze ans, elle a lancé son premier album intitulé C'est la vie écrit et composé par Elias al-Rahbani. A dix-sept ans, elle a chanté sa célèbre chanson Ghabet chams el haq composée par son frère Ziad qui, depuis lors, l'accompagne dans sa carrière et compose la plupart de ses chansons.

Parmi les albums de Julia Boutros, citons, outre Ghabet chames el haq (1991), Wayn msâfer (1992), Hikayet `atab (1993), Ya Ossass (1994), El Qarâr (1996), Shi Gharîb (1998), Bissarâha (2001), La b'ahlâmak (2004) et Et`awwadna `alayk (2006).

Julia-boutros.jpgLe 11 octobre, Julia annonce la sortie de son album Ahibbâ'i où elle met en chanson, sur une musique composée par Ziad Boutros, l'un des discours de Hassan Nasrallah, Secrétaire-Général du Hezbollah.

Les paroles de la chanson ont été adaptées par le poète Ghassan Matar du texte d'une lettre de Hassan Nasrallah aux combattants du Sud-Liban pendant le conflit de juillet 2006. Les bénéfices de la vente de l'album (qui atteignirent les trois millions de dollars, soit le triple de l'objectif de départ) ont été consacrés aux familles des victimes tuées pendant le conflit.

En 1996, Julia s'est mariée avec Elias Abou Sa'eb, Vice-Président de l'Université Américaine de Dubaï. Elle a deux enfants, Samer et Tarek.

Elle chante le patriotisme et la résistance à l'oppression dans le monde arabe.

Source Wikipédia

10:11 Publié dans Artiste d'espérance, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : julia boutros, liban, chanteuse, palestine | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!