23/04/2012
Et maintenant, Sarkozy dehors !
APPEL DE PIERRE LAURENT, SECRETAIRE NATIONAL DU PCF
Pour toutes celles et tous ceux qui aiment notre pays, qui, depuis cinq ans, ont durement souffert de la politique de Nicolas Sarkozy, souffert de la voir affaiblir, appauvrir, abîmer la France, les résultats (connus à cette heure) du premier tour de l'élection présidentielle résonnent comme un appel à tout mettre en œuvre pour battre le président sortant.
Comme on le redoutait, le score du Front national peut servir de réservoir au candidat Sarkozy. Le président sortant, en recul par rapport à 2007, peut être battu le 6 mai prochain.
Le second tour mettra aux prises, pour la droite, Nicolas Sarkozy, pour la gauche, François Hollande, le candidat socialiste que le suffrage universel a placé en tête. La droite doit maintenant subir une large défaite. C'est la nouvelle et prochaine étape indispensable de la révolution citoyenne que nous avons entamée.
À gauche, les près de 12 % et quelque 4 millions de voix crédités au candidat commun du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon représentent un score inédit et un événement de cette élection, comme l'a été notre campagne, une campagne dont se sont emparé des centaines de milliers de femmes et d'hommes, et de jeunes dans tout le pays. Le peuple combattant, la gauche du courage et de l'engagement sont de retour, et dans leur sillage, l'espoir de changer la vie, d'ouvrir un autre avenir à notre pays, la France, et du même coup à l'Europe.
Je veux saluer toutes les électrices et tous les électeurs qui ont porté leur choix sur le bulletin de Jean-Luc Mélenchon, et le programme du Front de gauche qu'il représentait.
Je veux remercier du fond du cœur toutes les militantes et tous les militants communistes et du Front de gauche, toutes celles et tous ceux, quelle que soit la forme de leur engagement, qui ont su donner corps à cette espérance et rendu possible ce résultat.
Au nom du Parti communiste français, j'appelle au plus large et au plus fort rassemblement possible de toute la gauche, de tout notre peuple, pour battre Nicolas Sarkozy, en votant pour le candidat socialiste François Hollande. La défaite du président sortant devra être ample, claire et nette, et nous y mettrons toutes nos forces.
Tout doit être fait pour empêcher la réélection du candidat de l'UMP et du Medef, qui n'a pas hésité sur bien des points à reprendre à son compte le programme du Front national. La droite et l'extrême droite ne passeront pas. La France ne mérite pas cinq années supplémentaires de ce cauchemar.
Combattre et mettre en échec les idées xénophobes et racistes de Marine Le Pen demeurent d'une brûlante actualité. Le Front de gauche est fier du travail qu'il a entamé, bien seul dans cette campagne, pour faire reculer les idées du FN. Nous allons l'amplifier dans les élections législatives à venir. Aucun député de ce parti ne doit être élu à l'Assemblée nationale.
Le PCF, le Front de gauche, vont continuer à rassembler autour des choix qu'ils ont portés dans cette campagne. Nos propositions pour mener une audacieuse politique de gauche sont disponibles ; elles sont de nature à sortir le pays de la crise en tournant le dos à l'austérité et en reprenant le pouvoir aux forces de l'argent.
C'est le cas de l'augmentation du SMIC et des salaires, du retour immédiat de la retraite à 60 ans à taux plein pour tous, de l'interdiction des licenciements boursiers. C'est le cas d'une réforme de la fiscalité, de la création d'un pôle public bancaire et financier. C'est le cas de l'exigence de soumettre à ratification du peuple français tout nouveau traité européen, renégocié ou non.
Le PCF, Le Front de gauche mobiliseront le pays dans les semaines à venir pour donner plus de poids encore à ces propositions, pour faire élire une majorité de gauche à l'Assemblée nationale, avec le maximum de députés du Front de gauche.
La France aura besoin de députés courageux pour abroger sans tergiverser les lois Sarkozy, pour en élaborer et en voter de nouvelles qui constituent de réelles conquêtes politiques, sociales et économiques en faveur des travailleurs. Les députés du Front de gauche seront porteurs à l'Assemblée du mouvement de mobilisation citoyenne qui a surgi au cours de cette campagne électorale.
Le 6 mai prochain, la victoire de la gauche est à portée de main. Elle sera complète à l'issue des élections législatives avec la confirmation de la place du Front de gauche dans la nouvelle vie politique française.
La campagne électorale et le résultat du Front de gauche et de son candidat commun, Jean-Luc Mélenchon, prouvent que le peuple de France et que les peuples européens ne sont pas condamnés à subir la loi des marchés capitalistes.
Un autre chemin est désormais ouvert.
J'appelle les millions de citoyens qui ont commencé à l'emprunter avec nous à poursuivre la route, à investir le Front de gauche, les assemblées citoyennes, les fronts de luttes, de propositions et d'action que nous avons créés. Faites-en votre affaire, pour réussir le changement auquel notre peuple aspire.
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19/04/2012
LES ONZE RAISONS DE VOTER FRONT DE GAUCHE ET JEAN LUC MELENCHON
Par Thomas Maurice / Doctorant en philosophie
En cette fin de campagne, le Parti socialiste fait bien plus une campagne contre le Front de gauche que pour les idées qu'il défend (et on comprend pourquoi, puisqu'il n'y en a aucune qui puisse changer concrètement la vie des gens, mises à part les promesses répétées de "régler le problème des déficits publics", c'est-à-dire de capituler devant les marchés, en faisant s'abattre des plans d'austérité injustes et cruels sur la population).
Voici dix arguments pour ne pas se laisser avoir par cette propagande assez grossière, qui rappelle sur bien des points la peur panique qui a saisi la pensée dominante, quelques semaines avant le référendum de 2005.
1. Le "vote utile" est inutile
Le vote utile, on a déjà donné en 2007 et on a vu à quel point c'était utile ! Ça n'a servi qu'à décrédibiliser le vote de gauche et à le vider de sa substance, en obligeant les gens à se ranger derrière une personne qui appelait de ses vœux une alliance avec le centre.
Qui plus est, il n'y a plus aucun risque de voir le FN au second tour, cette fois-ci.
"En suivant la logique de ceux-là mêmes qui accordent du crédit aux sondages et qui s'inquiètent des performances du Front national, et en raisonnant à partir des pires hypothèses concernant la nature des transferts de voix au Front de gauche, on arrive donc à cette conclusion : quand on vote pour Jean-Luc Mélenchon, on n'empêche pas François Hollande d'être au second tour, sauf dans le cas où c'est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui s'y trouve."
Le vote utile, c'est donc le vote pour de vraies idées de gauche. C'est le vote Front de gauche.
2. Le "vote efficace" est le vote pour des idées
Ce qui nous a fait perdre en 2007, c'est justement le fait que Royal ne défendait clairement aucune position de gauche, toute obnubilée par son objectif d'alliance au centre. C'est aussi Lionel Jospin qui déclarait en 2002, quelques semaines avant le premier tour : "Le projet que je propose au pays n’est pas un projet socialiste." C'est enfin François Hollande qui va expliquer à la City qu'il n'est pas "dangerous".
Le vote "efficace" est donc le vote pour des idées de gauche, vraiment de gauche, les seules qui peuvent emporter la conviction des classes populaires. D'autant plus que tout ce qui est à peu près de gauche dans le programme de Hollande (et c'est bien peu) est de toute façon inapplicable par lui-même, puisqu'il a dit et répété qu'il ne sortirait pas du traité de Lisbonne. Or, ce traité interdit purement et simplement les quelques réformettes de "gôche" qui se trouvent çà et là dans son programme.
La seule loi préconisée par le traité de Lisbonne est la "concurrence libre et non-faussée" et non pas l'intérêt général et la souveraineté populaire. Il n'y a que le Front de gauche qui assume de vouloir sortir du traité de Lisbonne, sans sortir de l'Europe, pour pouvoir appliquer son programme de conquêtes sociales.
3. Le "vote dynamique" est un mythe
Par ailleurs, il n'est pas non plus question d'un vote "dynamique", puisque telle a été, un temps, la lubie des argumentaires solfériniens. Le fait d'arriver en tête au premier tour n'a jamais impliqué quoi que ce soit comme certitude d'être élu au second ! Jospin était de loin en tête au premier tour en 1995 et Mitterrand était loin derrière Giscard en 1981. Cette nouvelle marotte d'un soi-disant "vote dynamique" est au contraire une manière de nier que le premier tour est un moment pour voter pour ses idées et ceux qui les représentent le mieux.
Ce qui compte avant tout, c'est de pouvoir rassembler au second tour. Et pour cela, il faut pouvoir bénéficier de réserves de voix. Et non pas dilapider ses forces dans un attroupement sur une candidature fantoche et vide dès le premier tour, censée réunir tout le monde autour du plus petit dénominateur commun, mais qui ne fera que repousser ceux qui étaient déjà dégoûtés par les combines politiciennes indignes. C'est cette stratégie suicidaire qui a conduit au délitement total de la gauche italienne, en la menant vers des alliances insensées avec le centre.
4. Le "vote gagnant" est le vote Front de gauche
La toute nouvelle trouvaille du PS, son élément de langage inédit, c'est d'appeler au "vote gagnant". C'est tout de même un comble pour une formation politique qui n'a pas été fichue de gagner une seule élection nationale depuis Mitterrand, incapable de convaincre les électeurs sur un vrai programme de gauche !
Par contre, ceux qui ont remporté une élection majeure, il n'y a pas si longtemps que ça, ce sont les tenants de la gauche du non au référendum de 2005. Or, le Front de gauche, c'est justement le projet politique qui vient donner un programme à ce non. C'est l'horizon républicain et de conquêtes sociales qui donnera corps à la souveraineté du peuple, afin qu'il soit en mesure de s'opposer à la dictature des marchés financiers en Europe.
Voter Front de gauche, c'est faire gagner le non et triompher la gauche. C'est constituer un front du peuple.
5. Les meilleurs rassembleurs de la gauche
De plus, il y a une vieille tradition républicaine qui fait que, quel que soit le candidat de gauche le mieux placé au second tour, toute la gauche vote pour lui, afin de faire barrage à la droite. Même le NPA a dit qu'il appellerait à battre Sarkozy, c'est dire ! Donc, il n'y a aucun danger que des voix de gauche manquent à l'appel. En principe…
En principe, car justement, c'est le Front de gauche qui se place comme le meilleur rassembleur des voix de gauche. En effet, Hollande ne cesse de répéter sur tous les tons et à longueur d'émission que son programme est non négociable et qu'il ne sera pas question d'en modifier une virgule, quand bien même le Front de gauche ferait un très haut score. Alors que Mélenchon, lui, a dit et redit que, si c'était le Front de gauche qui arrivait en tête, il négocierait avec le PS, les verts et l'extrême-gauche.
Qui, dès lors, est en position de rassembler toute la gauche, afin qu'aucune voix ne fasse défaut pour battre Sarkozy ? Celui qui dit "je ne discuterai pas, mon programme est à prendre ou à laisser" (dixit Cahuzac) ou ceux qui déclarent que leur mission est de parler à toute la gauche et de respecter toutes les formations qui la composent pour battre la droite et accéder au pouvoir pour le rendre au peuple ?
6. Le rempart contre le Front national
Par ailleurs, s'il n'y a plus de danger Le Pen au second tour et si nous pouvons à nouveau voter pour des idées, ce n'est certainement pas grâce aux socialistes, qui passent plus de temps à mépriser les autres partis de gauche (que ce soit à travers des insultes pures et simples ou grâce à des compromis pourris et humiliants, qui n'engagent que ceux qui les croient) qu'à attaquer l'extrême-droite.
Ceux qui se sont chargé de stopper la progression du FN et de le faire reculer partout, dans les têtes et dans les usines, c'est les militants du Front de gauche. C'est notre stratégie front contre front qui a fait s'évaporer l'épouvantail Le Pen, qui permettait au système de s'auto-entretenir dans un bipartisme pépère, en jouant sur la peur du 21 avril.
Le vote Front de gauche, c'est dès lors le vote qui permet de mettre le Front national loin derrière la gauche.
7. Le PS a trahi le peuple
Puisqu'on en est à ce que le PS ne fait pas, voilà, par contre, ce qu'il a fait : trahir le peuple, par trois fois déjà ! Le oui au TCE en 2005 ; le vote scélérat du traité de Lisbonne en 2007, à Versailles (bonjour le symbole !), dans le dos du peuple qui avait voté non ; enfin, l'abstention coupable au Parlement, qui a permis de faire passer le Mécanisme européen de stabilité qui n'est ni plus, ni moins qu'un putsch financier en Europe ( voici ce qu'en a dit Mélenchon dans "Libération" ).
Ce sont cette attitude et ces trahisons à répétition qui font perdre la gauche en lui retirant tout crédit auprès de la population. Le vote Front de gauche, lui, ouvre la voie à une véritable souveraineté du peuple par la vertu d'une VIe République, conquise contre les marchés qui veulent en finir avec la démocratie en Europe.
8. Préparer une vague rouge à l'Assemblée dès le premier tour
Par ailleurs, si le but est aussi de préparer les législatives, eh bien, justement, un haut score du Front de gauche déclenchera une dynamique et permettra de poser les conditions de possibilité d'une "vague rouge" à l'Assemblée. Ce n'est qu'avec un Mélenchon fort que nous pourrons avoir le tremplin nécessaire pour conquérir le Parlement et former une majorité.
Et c'est ce qui va permettre d'effectuer le tournant nécessaire pour se sortir de l'impasse dans laquelle ce système nous entraîne inéluctablement, en faisant avancer nos idées, la République sociale et la planification écologique par exemple, et ce même si nous ne sommes pas élus au second tour de l'élection présidentielle. En République, le peuple en arme, c'est la loi républicaine. L'Assemblée est donc le barillet de cette souveraineté populaire.
9. Imaginons le débat de second tour
De manière certes un peu facétieuse, mais diablement efficace, imaginons donc un instant à quoi pourrait bien ressembler le débat de second tour. Imaginons d'une part un Hollande-Sarkozy : ils sont d'accord sur quasiment tout du point de vue économique, approuvent l'austérité à appliquer aux peuples, promettent de rembourser la dette, quels que soient les taux d'intérêt et son détail, etc. Souhaitons-nous vraiment un débat qui porte sur le hallal ou sur le permis de conduire ? Ça va être passionnant.
Maintenant, imaginons d'autre part un débat Mélenchon-Sarkozy. À votre avis, qui a le plus de chance de plier Sarko en dix mille ? "Flamby" ou l'homme qui a fait baisser les yeux à l'extrême-droite devant des millions de téléspectateurs ? La réponse est dans la question, n'est-ce pas ?
10. Jetons un œil du côté de nos voisins européens
Dès lors, au vu de tous ces arguments, la question n'est plus du tout "Y aura-t-il un candidat de gauche au second tour ?", mais bel et bien "Quel type de gauche voulons-nous au second tour ?". Cela change drastiquement les données du problème.
Car, en effet, que voulons-nous : une gauche de capitulation, qui vire à la collaboration avec les marchés ? Ou une gauche de conquête sociale et d'implication populaire ? Et parler de capitulation et de collaboration, en ce qui concerne la social-démocratie, n'est pas une exagération !
Regardons autour de nous, en Europe. Ce sont chaque fois des sociaux-démocrates qui ont permis aux rapaces de la finance de s'abattre sur les populations, déjà exsangues, et de martyriser leur pays : Papandréou en Grèce (président de l'Internationale socialiste !), Zapatero en Espagne, Socrates au Portugal… Ils n'ont même pas résisté deux minutes face aux marchés et aux banques !
Hollande au second tour, c'est une autoroute pour un gouvernement "Hollandréou", si le Front de gauche ne fait pas un très haut score. Ajoutons, de manière un peu amère, que la vive protestation du PS français, face à la collaboration du PS grec avec l'extrême-droite au sein du même gouvernement, se fait encore attendre.
Et en cadeau Bonux, voici un onzième et dernier argument !
11. Et si c'était Sarkozy le troisième homme ?
Et puis, il faut bien se demander quelque chose : et si Sarkozy était honteusement surestimé dans les sondages ? Et si, en fait, on pouvait, en votant pour le Front de gauche dès le premier tour, foutre une raclée à la droite et à l'extrême-droite et leur barrer la route pour le second tour ? Est-ce que ça ne serait pas savoureux de pouvoir leur infliger cette défaite cuisante et cette humiliation publique, comme nous l'avons eue nous-mêmes en 2002 ?
Cette situation électorale permettrait en plus de régler un problème, de façon définitive, au sein de la gauche. En effet, un deuxième tour Hollande-Mélenchon (et de plus en plus de gens et de journalistes commencent à envisager cette hypothèse) permettrait de trancher la question : quel est le vrai visage de la gauche, le social-libéralisme ou le socialisme républicain ?
En votant pour le Front de gauche, dès le premier tour, nous donnons une chance à un vrai débat d'idées à gauche – ce que le PS esquive depuis le début de la campagne en agitant l'incantation du vote utile et en refusant toute discussion publique avec nous.
23:03 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Front de Gauche, Législatives Evry-Corbeil | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : front de gauche, vote utile, rouge | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
Henin-Beaumont contre le Front national , retourner au charbon, inauguration du nouveau siège du Pcf
Entre février et aujourd’hui, quelque chose a bougé à Hénin-Beaumont. La dynamique du Front de gauche vient bousculer le FN qui jusqu’ici paradait et pérorait. Désormais, un air de résistance flotte sur la ville.
Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), envoyée spéciale. «BHB ! » Bienvenue à Hénin-Beaumont, lance en riant Abdel Baraka, enfant d’une nombreuse fratrie, enfant de mineur grandi dans les corons. Abdel est animateur, comédien, touche-à-tout et, surtout, inquiet d’avoir vu sa ville estampillée un jour Front national. Un premier temps assommé, sonné, groggy, il a retroussé les manches pour « retourner au charbon », comme il dit.
Ce jour-là, sur la place du marché, un faible rayon de soleil ne nous réchauffe pas de la froidure de ce mois de février. La campagne présidentielle n’est pas encore parvenue jusqu’ici. C’est jour de marché. Rien de particulier. Soudain, débarquent des équipes de France 3, de M6, dépêchées pour recueillir des réactions suite à une énième polémique entre le maire de la ville et… Marine Le Pen. « On a l’impression que les journalistes viennent à Hénin comme on va au zoo », lâche Abdel, mi-amusé, mi-curieux. Pour se réchauffer, direction la Friterie Gonzalez. Marie-Françoise, la patronne, est une figure de la vie locale, pas une star, non, juste une femme qui ne s’est jamais résignée face à l’adversité. Fille d’immigrés espagnols républicains, elle porte sur la situation de sa ville un regard lucide et pertinent. En deux temps, trois mouvements, elle brosse un tableau de la vie politique locale édifiant. La mainmise totale du Parti socialiste sur la ville, qu’il dirige depuis 1947, clientélisme et corruption à tous les étages... Tout cela a fini par gangrener la vie politique. « Les gens se sont sentis abandonnés, humiliés, poursuit-elle. Pour le FN, ce fut une aubaine et ils ont su s’engouffrer dans la brèche. » Pour Chantal Lamarre, sociologue et directrice de la scène nationale de Loos-en-Gohelle dans le bassin minier, « la paupérisation s’accélère et ça durcit les clivages. On croise la souffrance, l’humiliation d’avoir été mineur, ouvrier… et de ne plus être. Alors les gens s’accrochent à des explications simplistes pour mettre des mots sur cette souffrance. Les délocalisations dans le bassin ont été vécues comme une double peine. Un ouvrier perd non seulement son emploi mais aussi son métier ».
Retour chez Mme Gonzalez : « J’ai vu le tissu social se désagréger. Quand tu es au chômage, tu es tout seul. Le FN a bien calculé son coup. Nous n’avons rien vu venir. Mais ici, les gens sont plus fâchés que fachos. » Alors quand elle entend sur France Culture que « le citoyen lambda qui vote FN est prolo et habite Hénin-Beaumont », son sang ne fait qu’un tour. « Dans le bassin minier, on a souffert des fermetures à tour de bras. Le coup le plus dur fut celle de Metaleurop. Le jour le plus triste, ce fut le lendemain des élections européennes : tout Hénin-Beaumont était recouvert d’affiches de Le Pen… »
Alors microclimat ou laboratoire national selon les vœux de la candidate du FN ? « Le FN a progressé là où l’industrie a foutu le camp, explique Hervé Poly, responsable communiste du département et candidat aux législatives sur Hénin-Beaumont. Quand le FN a décidé de faire main basse sur la ville, il a concentré là tout son appareil militant. Une quarantaine de frontistes venus d’ailleurs ont arpenté la ville. Mais très vite, le FN a dû faire appel à des sociétés ou payer des chômeurs pour distribuer ses tracts. C’est un colosse aux pieds d’argile. » Quid de cette antienne répétée sur tous les tons à propos du glissement de l’électorat communiste vers l’extrême droite ? « En 1995, la droite à Hénin-Beaumont faisait 20 %. En 2001, 10%. En 2008, 5%, calcule Hervé Poly. Le FN a littéralement siphonné l’électorat de droite. Qu’une partie du vote ouvrier se soit tournée vers le FN, c’est un fait. Mais de là à dire que c’est l’électorat communiste… » Pour Caroline Troy, adjointe au maire (MRC) dans l’actuelle municipalité, l’électorat FN provient en partie « d’anciens électeurs socialistes qui n’en pouvaient plus de la corruption, de l’augmentation des impôts locaux (+ 85%), du bradage des terres agricoles pour édifier des centres commerciaux à perte de vue. Soudain, ils ne reconnaissaient plus leur ville ».
Quelques semaines ont passé. Retour à Hénin, dimanche dernier. Ce jour-là, la candidate frontiste tient meeting à l’espace François-Mitterrand. Mille cinq cents personnes, pour un meeting national dans ce que d’aucuns qualifient un peu trop facilement de « fief » de Marine Le Pen, ça ne fait pas lourd. Dans l’assistance, des familles, quelques bourgeois propres sur eux en loden ou veste de chasse venus de Douai, quelques jeunes aux cheveux ras… Majoritairement très mâle, la salle agite sagement des drapeaux bleu-blanc-rouge. J’ai croisé Jean-Marc, ouvrier, cinquante ans, on lui en donne dix de plus ; Malika, quarante-trois ans, gardienne ; Quentin, vingt ans, ouvrier-boulanger. Ils sont perdus, en veulent aux immigrés qui viennent soit « leur piquer leur travail », soit « nuire à ceux qui sont déjà là ». Quant à Dany, jeune homme fringant, vingt-sept ans, entrepreneur, il fustige « l’insécurité, l’immigration » et pense « comme Marine, qu’il faut se débarrasser des syndicats ». Quinze minutes de discours, plus d’une heure de questions-réponses triées sur le volet à la manière des Grosses Têtes : « Question de Louise, chante l’animateur au micro : mon fils s’est fait agresser par une bande de lâches d’origine immigrée. Que comptez-vous faire contre l’insécurité ? »
La ficelle est si grosse que même les plus convaincus s’en étranglent de rire. École, hôpitaux, retraites, prix de l’essence, handicap, corruption, délocalisations et toujours une seule et même réponse : l’immigration, source de tous les maux. Sourire carnassier, le discours de la candidate est rodé qui maintient son auditoire dans l’asservissement, la peur, la frustration. Besoin de respirer un grand bol d’air. On retrouve Marie-Françoise Gonzalez.
Elle a moins le moral dans les chaussettes que lors de notre première rencontre. « Je suis contente que Mélenchon en soit là, je ne vois que le Front de gauche pour mettre KO Marine Le Pen et je souhaite que cette dynamique se poursuive aux législatives et aux municipales. » Marie-Françoise s’est rendue en famille au meeting de Lille et en est repartie « boostée ! ». « Il rassemble une gauche qui ne savait même plus pourquoi elle devait exister. Il fait appel à l’intelligence des plus humbles.
Le FN a pourri la vie politique alors on votait par défaut mais là… Restons unis contre le Front de la connerie ! », plaisante-t-elle. Non loin de sa Friterie, à côté de l’hôtel de ville, le local flambant neuf du Parti communiste. David Noël, enseignant, secrétaire de section, est fier de me le faire visiter. Sur la façade, « l’Humain d’abord ».
Tout un symbole. Depuis 2009, le seul local politique était celui du FN, légèrement camouflé au premier étage d’une maison du centre-ville. « Hénin-Beaumont n’est pas le fief du FN. C’est devenu insupportable de s’entendre dire ça. Notre objectif, c’est d’avoir un local ouvert aux habitants de la ville avec des permanences pour accueillir les gens, parler, les aider, les écouter. » Inauguré hier en présence de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, il portera le nom de Nestor Caloone, brigadiste en Espagne, l’un des chefs de la Résistance dans le bassin minier, interné, maire communiste d’Hénin-Beaumont de 1945 à 1947. À la Libération…
12:10 Publié dans ACTUALITES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : front de gauche, fn, jean-luc mélenchon, présidentielle 2012, front de gauche info, henin-beaumont | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
17/04/2012
FRONT DE GAUCHE : LE VOTE PAR PROCURATION, COMMENT FAIRE ?
Le gouvernement Sarkozy semble tout faire pour que le taux d’abstention soit massif, notamment dans les quartiers populaires tellement il craint le vote rejet de sa politique. Pour la première fois, aucune campagne digne de ce nom n’a été menée pour inciter à l’inscription sur les listes électorales !
Le choix même de la date du premier tour, en pleine période de vacances scolaires sur toute la France, en dit long du mépris qu’il peut avoir de l’exercice de la souveraineté du peuple. Il est à parier qu’aucune campagne ne sera menée pour informer les électrices et les électeurs de leur droit et de ses modalités pour voter par procuration !
Vote par procuration, comment ça marche ?
Vous pouvez donner procuration à la personne de votre choix, inscrite sur les listes électorales dans la même commune que vous. Pour cela, il vous suffit de vous rendre dans votre commissariat, brigade de gendarmerie ou tribunal d’instance muni d’une pièce d’identité pour établir votre procuration. Vous attesterez des raisons pour lesquelles vous ne pouvez pas être là (vacances, déménagement, etc.) et indiquerez prénom, nom, adresse, bureau de vote, date et lieu de naissance de la personne que vous avez choisie
Pour plus de renseignements n’hésitez pas a` consulter le site du ministe`re de l’Intérieur :
http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/ele...
Vous ne pouvez pas aller voter le 22 avril ou le 6 mai ?
Si vous ne connaissez personne pour porter votre procuration, les militants du PCF peuvent vous mettre en relation avec un électeur Front de Gauche près de chez vous. Attention, s'inscrire sur le site ne dispense pas de faire les démarches administratives pour établir la procuration une fois votre mandataire trouvé.
09:19 Publié dans ACTUALITES, Front de Gauche | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : élections, front de gauche, procuration | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
16/04/2012
Embaucher des enseignants dès la rentrée 2012
Les mesures en matière d’éducation de François Hollande paraissent parmi ses plus radicales. L’annonce ce matin dans Libération qu’il renonce par avance à revenir sur les 14.000 suppressions de postes annoncées dans l’éducation pour la rentrée de septembre 2012 étonne donc. Le changement c’est maintenant ? A priori le candidat socialiste parait ne pas savoir l’appliquer dès cette année. Pourtant l’Education nationale ne peut attendre un an de plus.
Au Front de Gauche, on sait faire : dès le 7 mai, nous romprons avec la RGPP et ferons une loi de finance modificative.
La casse des RASED sera interrompue, les postes ouverts aux concours 2012 devront tous être pourvus, y compris les listes complémentaires.
Parallèlement, un vaste plan de titularisation devra être engagé avec examen national dès le mois de septembre.
Le signal devra aussi être donné, afin de pourvoir tous les postes que nous restaurerons dans la mandature, en lançant tout de suite les pré-recrutements pour les étudiant-es admissibles au concours en 2012.
Si vous ne savez pas faire, vous savez maintenant que c’est vers Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche qu’il faut se tourner.
Communiqué du Front de Gauche
12:38 Publié dans ACTUALITES, Front de Gauche | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : front de gauche, école, emplois, enseignants | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
15/04/2012
FRONT DE GAUCHE : BARBECUE CITOYEN !
Initiative originale des militants du Front de Gauche de la première circonscription de l’Essonne (Evry, Corbeil) d’organiser un barbecue citoyen pour soutenir la candidature de Jean Luc Mélenchon et des deux candidats à l’élection législative du Front de Gauche Ulysse Rabaté et Elise Yagmur.
Au lendemain du rassemblement géant et sous le soleil du Front de Gauche avec Jean Luc Mélenchon à Marseille devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, c’est dans le froid mais dans la bonne humeur que plusieurs centaines de militants se sont retrouvés à Corbeil dans la fraternité.
«Beaucoup de jeunes présents, de militants politiques mais également de nombreuses personnes non adhérentes d’un parti politique mais engagé avec le Front de Gauche », a pu remarquer le jeune candidat titulaire du Front de Gauche Ulysse Rabaté heureux de cette participation.
Bruno Piriou conseiller général communiste de Corbeil avait tenu à être présent avec d’autres élus communistes d’Evry dont Diego Diaz, Maire adjoint, et Elise Yagmur, conseillère municipale à cette manifestation.
Prochain rendez vous : le rassemblement du Front de Gauche le jeudi 19 avril à 19h au Parc des Expositions de Versailles.
19:09 Publié dans ACTUALITES, Front de Gauche, Législatives Evry-Corbeil | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : front de gauche, corbeil, evry, barbecue citoyen | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
14/04/2012
LA FRANCE TERRE DE METISSAGE !
Le Front de gauche a gagné son pari marseillais. Ils étaient plus de 100.000 à avoir répondu à l'appel de "la Plage au Peuple" lancé par Jean-Luc Mélenchon, autant que lors de la "reprise de la Bastille" du 18 mars. Les plages du Prado et l'avenue du Prado étaient noires de monde ce samedi après-midi.
LA France TERRE DE METISSAGE, extraît du discours de Jean Luc Mélenchon
Ecoutez le murmure de l'histoire longue qui travaille en nous, il vous dit à tous pourquoi Marseille est la plus française des villes de la République. Ecoutez Marseille qui vous parle et vous dit la leçon qu'elle porte.
Ici, il y a 2600 ans, une femme a fait le choix de prendre pour époux l'immigré qui sortait d'un bateau, c'était un Grec. Et de ce couple est né Marseille. Depuis 2600 ans, nous sommes du parti de ceux qui sont contents d'être mélangés, fier d'être le peuple qui compte le plus grand nombre de mariage mixte en Europe."
... "Nous continuons de refuser cette idée paranoïaque du choc des civilisations. Nous pensons à ces 50.000 arabes et berbères qui sont venus libérer le sol des Nazis. Si les Marseillais ont donné à la France parce qu'ils la chantait la chanson de l'armée du Rhin, alors il faut en tirer toute la leçon. Non, la France n'est pas une nation occidentale vouée à suivre le char des Etats-Unis d'Amérique. La France ne peut être la nation qu'elle est, qu'à la condition d'être une nation universaliste qui dit à ses enfants ce qu'elle croit bon pour le monde entier."
... "Il ne faut jamais oublier que le socle de l'identité républicaine de la patrie est dans la Méditerranée… Il faut se souvenir que les gens du Maghreb sont nos frères et nos soeurs, qu'il n'y a pas d'avenir pour la France sans nos frères et soeurs du Maghreb"
19:09 Publié dans ACTUALITES, Front de Gauche | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : métissage, front de gauche, jean luc mélenchon | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |