08/01/2014
DUMPING SOCIAL ET CODE DU TRAVAIL !
La visite à haute valeur médiatique ajoutée de Manuel Valls et Michel Sapin sur le chantier du terminal méthanier de Dunkerque ne remplacera pas les contrôles d’une inspection du travail défaillante faute de moyens et face à l’explosion du nombre de travailleurs détachés.
Ils sont aujourd’hui en France plus de 220 000, soit 30 % de plus qu’en 2012, dix fois plus qu’en 2004. L’opération de déminage de deux ministres du gouverne¬ment – et deux poids lourds, s’il vous plaît – ne concernait pas seulement Dunkerque, mais le débat qui monte en France et en Europe, à l’approche des élections euro¬péennes, sur ce qui s’avère être purement et simplement un dumping social faisant bon marché du Code du travail.
C’est aussi, bien entendu, le sens du tapage fait autour du projet d’accord inter¬venu entre les ministres du Travail euro¬péens, censé freiner les abus liés au déta¬chement. Quant à y mettre un terme, c’est une autre paire de manches, et il faut toute la conviction feinte de Michel Sapin pour affirmer qu’il s’agit d’« un progrès majeur pour lutter contre les fraudes », de « la démonstration que l’Europe peut avancer des propositions ambitieuses » et que « la combativité et la fermeté portent leurs fruits ». Car, quand bien même certains contrôles çà et là seraient renforcés, quand bien même ils se traduiraient par quelques menus progrès, ils ne régleraient pas la question posée de manière exemplaire, si l’on peut dire, sur le chantier de Dunker¬que et du groupe LNG, dont EDF est l’actionnaire majoritaire.
Le député communiste Jacky Hénin la pointait au Parlement européen, rappelant qu’un nouvel appel d’offres était sur le point d’être attribué à une société italienne 25 % moins chère, la différence se faisant sur le montant des cotisations sociales. « 75 % des salariés qui pourraient travail¬ler sur le chantier, disait-il, devraient être ainsi des travailleurs détachés dans une région où le taux de chômage oscille entre 15 et 18 %. »
Cette concurrence, poursuivait-il, « ne profite qu’aux affairistes et aux esclava¬gistes du XXIe siècle ». Au rang desquels il faut mettre les grands groupes du BTP, les filières de la restauration, les entrepri¬ses publiques et semi-publiques, comme dans le cas de la construction de l’EPR de Flamanville où interviennent une multi¬tude de sous-traitants et où une quaran¬taine d’accidents du travail n’auraient pas été déclarés…
C’est la logique même du détachement qui est en cause. Détachés, dit-on, oui, de leur famille, de leur région, de leur rattache¬ment à une collectivité sous toutes ses formes, du club sportif au syndicat, de leur citoyenneté, de toutes les solidarités qui se constituent lorsqu’on a un travail, un sta¬tut, une vie sociale. Le travailleur déta¬ché, c’est l’homme entièrement réduit à sa force de travail. Le travailleur détaché n’est pas un homme en déplacement, c’est un homme loué et déplacé.
La logique du détachement est celle du capital dans cette Europe libérale où le tra¬vail et les travailleurs sont des marchandi¬ses.
Que Manuel Valls et Michel Sapin visitent donc tous les chantiers qu’ils voudront, la question qui nous est posée, c’est celle d’une autre Europe, fondée sur les coopé¬rations et non sur la concurrence, sur l’harmonisation sociale et fiscale, et pas sur le dumping .
10:04 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dumping social, pcf, dunkerque, ministres | |
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04/01/2014
HISTOIRE : Raymonde Fiolet résistante, Maire communiste de Soissons
Raymonde Fiolet est née le 17 mai 1914 à Saint-Pol-sur-mer, près de Dunkerque.
Elle est la fille d’un docker du port de Dunkerque, mobilisé en août 1914 dès le début de la Première guerre mondiale tué en 1915. Après des études primaires et primaires supérieures à Malo-les-Bains, elle se marie en 1934. En 1937, elle a un fils, Serge DEGUETTE et divorce en 1938. En 1939, elle est secrétaire de mairie à Ecourt-Saint-Martin dans le Pas-de-Calais.
Puis, il y eut la Seconde guerre mondiale le 2 septembre 1939.
En mai-juin 1940, la France fut occupée par les Allemands. En août 1940, "Roberte" entra dans la Résistance et met toute son énergie à rassembler toutes celles et tous ceux qui refusent la défaite et l’humiliation. Elle avait été engagée comme interprète. Elle organise et dirige des groupes de résistants à la tête du réseau Libération-Nord du Soissonnais tout en continuant son activité publique.
Elle participe à la fabrication de faux papiers d'identité pour favoriser l'évasion de prisonniers français. Elle fait évader 32 prisonniers de guerre du Front, Stalag 101 de Cambrai.
En avril 1941, démasquée par les Allemands, elle réussit à s'enfuir et se rendit chez sa mère à Soissons. En septembre 1941, elle fut obligée de s'enfuir à nouveau car elle était suspectée par les Allemands qui fouillèrent son appartement, sans résultat Immédiatement recherchée par la Gestapo, elle est obligée de s’enfuir. Elle s’habille en officier allemand et gagne le Maquis. Véritable encyclopédie de la Résistance, elle connait les noms et adresses de tous ses correspondants résistants. Elle organise la résistance, prévoit des itinéraires, des replis, des cachettes. Elle camoufle dans un cimetière la ronéo d’où sortira le premier numéro : L’Aisne Libre.
Elle organise le sabotage de l’écluse de Vauxor, ce qui empêche les péniches de poursuivre leurs livraisons vers l’Allemagne.
En 1942, elle revint à Soissons et prit contact avec l'organisation de résistance "Libération-Nord". Raymonde Fiolet fut chargée de développer cette organisation dans l'arrondissement de Soissons. En 1943, elle développa les actions clandestines anti-allemandes dans le Soissonnais. En 1944, elle participe à la fondation du Comité de libération.
Elle devient chef de secteur du département de l’Aisne en 1944. Elle correspond par radio avec Londres qui lui envoie un poste émetteur (son code est REBEC), du matériel de guerre, etc ... Elle commande six cents hommes. Elle est capitaine FFI. Son pseudonyme est ROBERTE.
Après le débarquement des Alliés en Normandie, "Roberte" fut arrêtée, le 15 juin 1944 et transférée à la prison de la Gestapo, à Saint-Quentin, où elle fut interrogée et torturée sans jamais délivrer le moindre secret. La Gestapo invente des tortures inédites. Elle est couchée dans un cercueil, le couvercle cloué. Sortie du cercueil, d’autres tortures lui sont infligées. Rendue insensible à toute torture, la Gestapo la fait hospitaliser afin de reprendre après un semblant de guérison leurs interrogatoires : ce sera la chance de Roberte.
Un infirmier informe la Résistance de sa présence à l’hôpital. La décision de la faire évader est prise. Le 22 août 1944, elle s'évada de l'Hôtel-dieu de Saint-Quentin.
Le 20 août 1944, elle fut désignée pour les fonctions de maire de Soissons par le Comité de Libération clandestin.
Le 25 août 1944, la Libération de Paris eut lieu, et trois jours plus tard, ce fut celle de Soissons. Le 1er septembre 1944, elle prit officiellement ses fonctions de présidente de la Délégation municipale de Soissons.
Maire communiste femme de Soissons pendant quelques mois à une époque où le droit de vote des femmes n’était pas encore accordée, elle y déploie la même énergie que lorsqu’elle se trouvait à la tête se son réseau de Résistance. Elle est particulièrement préoccupée par la situation des familles des victimes de la répression nazie, multipliant les interventions destinées à alléger leurs difficultés. Elle crée un fond de solidarité propre à la région soissonnaise.
Très affaiblie par les souffrances endurées, atteinte de tuberculose, elle décède le 27 février 1947.
Aujourd'hui, une école et une avenue portent le nom de Raymonde Fiolet à Soissons : un hommage perpétuel à cette chef et âme de la Résistance.
Sources : Picardia, Héroiques : Femmes en résistance d'Antoine Porcu
12:17 Publié dans ELUS COMMUNISTES, Histoire, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : raymonde fiolet, soissons, communiste, maire, résistante | |
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31/12/2013
BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2014 A TOUS !
Notre Blog appartenant au groupe des sites internet, blogs et vidéos E-Mosaïque dont les pages ou vidéos ont été visitées par plus d’un million de personnes en une année, avec 12 000 visiteurs par mois est devenu en 2013 le premier blog politique de la région d’Evry.
Nous vous souhaitons, en ce début d’année 2014 une très bonne année à vous tous, à vos familles et à vos amis.
EVRY : BONNE ANNEE POLITIQUE !
En ce premier jour de l’année, la tête encore chaude de bulles de champagne, nous allons prendre de bonnes résolutions ; être plus gentils, plus sages, moins gourmands…
Résolutions que nous serons certain de tenir, au moins un mois ? Une semaine ? Un jour ? Moins ???
Il en est une que je vous propose qu’ensemble, nous tenions !
Débattre, débattre encore, et encore, pour avancer, pour le vivre ensemble, pour développer la démocratie citoyenne…
L’année 2014 verra deux échéances électorales, qui, comme toujours sont importantes ou du moins, qui devraient l’être pour tous ; en mars, les Municipales et en juin l’élection Européenne.
Deux moments qui orienteront une bonne part de notre devenir pour six ans. « Il n'est pas de sauveurs suprêmes, Ni Dieu, ni César, ni tribun ». Ne laissons personne décider pour nous, ni personne penser pour nous. Engager vous !
Vous le savez, avec mes camarades, nos amis communistes et républicains, nous avons choisi de soutenir et de participer à la liste qui sera menée par F Chouat.
Donnons-nous rendez-vous dans la rue, autour d’un café ou dans le supermarché du coin. Pour gérer une ville, un bon bilan, un projet qui tient la route, c’est çà qui doit compter Apostrophez, contestez, exigez, réclamez mais surtout ne restez pas indifférents !!!
Je vous souhaite pour vous et tous ceux que vous aimez une bonne et excellente année 2014 pleine de santé, de bonheur et de joie.
Christian Pigaglio, Président du Groupe des Elus communistes d’Evry
23:55 Publié dans ACTUALITES, Blog, ELUS COMMUNISTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf evry, bonne année 2014, e-mosaïque | |
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24/12/2013
JOYEUX NOEL A TOUS !
Il y a un peu plus de 2000 ans, aujourd’hui, si on en croit l’église, naissait un enfant, fils d’un menuisier et d’une mère que l’on suppose sans emploi. Humble parmi les humbles ! Pauvres parmi les pauvres ! Son destin, aurait été de racheter les fautes des hommes.
Si à présent, cet homme revenait, que verrait t-il de son message qui, parait-il, parlait d’amour, de fraternité et de justice ?
Que penserait-il de voir se multiplier les sans emploi, les précaires, qui même s’ils travaillent, n’ont même pas accès à une étable pour les protéger du froid Multiplierait-t-il à nouveau, les pains, pour nourrir ceux qui ont faim.
Accepterait-t-il, sans rien dire, que notre gouvernement se prive des marges de manœuvres pour relancer l’économie, sous le prétexte de rembourser une dette créée artificiellement par des personnes avides, cupides et incapables de travailler de leurs mains ?
Lui, le prolétaire, fils d’ouvrier ! Poser ces questions, c’est déjà y répondre !
Ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas, là n’est pas la question ! Ne culpabilisons pas sur notre foie gras ou notre bûche, nous n’avons rien pris à personne, nous ! Je suis certain qu’à notre table de ce jour de noël, nous garderons la place de l’étranger, de celui qui n’a rien, de ce voisin âgé qui n’a pas de visite..
La question est, que faisons-nous chaque jour pour nous organiser et lutter, ensemble et pour rappeler sans cesse à ceux que nous avons mandatés pour gouverner que nous restons les patrons ?
Redire sans trêve à ceux qui contrôlent notre entreprise, notre économie que, sans nous, sans nos bras, notre intelligence, leurs chiffres d’affaires ne seraient que virtuels.
Nous avons droit, nous aussi, à notre part de bénéfice. Nous l’avons créé. Alors en ce matin du 25, que vous souhaiter dans vos souliers ? Sûrement une carte syndicale et inévitablement, une carte électorale ! Pour les négligents, les têtes en l’air, vous avez jusqu’au 31 décembre pour vous inscrire sur les listes électorales !)
BON ET JOYEUX NOEL POUR VOUS, LES VOTRES ET TOUS CEUX QUI VOUS SONT PROCHES!
Christian Pigaglio
18:17 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Idées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pigaglio christian, noël | |
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19/12/2013
LES ELUS COMMUNISTES ET LES MILITANTS COMMUNISTES REPUBLICAINS AVEC FRANCIS CHOUAT ET SA LISTE DE RASSEMBLEMENT
A Evry, dans la perspective des élections municipales qui se tiendront en mars de l’année prochaine, plusieurs candidats se sont d’ores et déjà déclarés.
Bien évidemment sera représentée la Droite, dont l’objectif avoué reste de démanteler le service public municipal et d’imposer un recul de la solidarité dans notre ville. D’autres, à l’extrême gauche, ne visent qu’à profiter du climat politique actuel en cherchant à nationaliser l’enjeu de ces élections locales.
Preuve de leurs intentions et de leur mauvaise foi : l’incohérence voire l’inexistence de leurs programmes locaux, qui témoignent au mieux d’une méconnaissance navrante de la réalité évryenne, au pire d’une tentative de manipulation de l’opinion des habitants d’Evry par des propositions irréalistes et démagogiques.
Il s’agit pourtant de choisir un cap pour l’avenir de notre ville pour les 6 prochaines années, et le programme présenté aux Evryens se doit d’être à la fois ambitieux et sérieux, de répondre efficacement et concrètement à leur souhait d’amélioration de leurs conditions de vie.
Aujourd’hui une seule liste répond à cette exigence de sérieux et d’ambition: celle menée par Francis CHOUAT.
Cette liste, dont le programme est d’ailleurs conçu en concertation avec les habitants, sera une liste de large rassemblement et composée de militants socialistes, écologistes, de citoyens engagés ; elle représentera l’ensemble des quartiers de la ville et sa diversité
Sur cette base, les élus communistes et communistes républicains d’Evry ont décidé de participer à l’élaboration de ce programme municipal ainsi qu’à la liste qui le défendra.
Avec des propositions précises dans tous les domaines d’interventions de la ville et de l’agglomération (Transports, Logement, Culture, Education…), nous portons également des exigences fortes pour la justice fiscale et pour l’emploi.
Face à une Droite revancharde et une extrême-droite aux aguets, nous refusons de jouer le jeu dangereux de la division à gauche pour ces élections locales et de brader notre conception de la démocratie de proximité.
Notre participation ne modifiera pas, pour autant, notre opposition à la politique d’austérité menée par le gouvernement.
C’est la raison pour laquelle nous apporterons notre soutien total à la liste du Front de Gauche qui sera présentée lors des élections européennes de mai 2014.
Nous continuerons à militer pour une politique de consolidation de l’économie par des investissements créateurs d’emplois, le renforcement des politiques et des services publics, avec une attention particulière pour ceux qui sont les plus durement frappés par la crise.
Les élus communistes et les communistes Républicains d’Evry
Front populaire de Gauche
Parti de la Gauche Européenne
10:13 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francis chouat, evry, municipalité, communistes, élus | |
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15/12/2013
Congrès du PGE : une force et un espoir pour la gauche européenne et pour une Europe solidaire
Pleine réussite à Madrid, pour un congrès qui fera date dans l'histoire du Parti de la gauche européenne (PGE), de la gauche européenne et pour une Europe solidaire.
Le 4e Congrès du Parti de la gauche européenne (PGE) vient de s'achever à Madrid. Les 300 délégués venus de toute l'Europe, de pays membres ou non de l'Union européenne, ont décidé de faire du PGE dans les années qui viennent un acteur majeur du combat politique en Europe contre les politiques d'austérité, les régressions démocratiques et pour construire un front social et politique européen offrant aux forces sociales, politiques, de la culture, de la création et citoyennes du continent une alternative de gauche en Europe.
Un front qui permettra d'ouvrir les chemins du rassemblement et de l'espoir des peuples européens pour refonder une construction régionale de nations et de peuples souverains, libres et associés au plan régional pour le progrès social, démocratique, économique, écologique, la paix et fondée sur les principes des respects des souverainetés et de la richesse culturelle, politique et sociale.
Le PCF s'engage dans la réussite des trois grandes initiatives décidées par le PGE : 1- la grande campagne de sensibilisation et d’action pour mettre en échec le projet de Grand marché transatlantique (TAFTA) ; 2- en mars prochain à Bruxelles un sommet sur la dette ; 3- la tenue chaque année du « forum européen des alternatives », un nouvel espace politique ouvert à toutes les forces politiques, sociales et syndicales qui veulent travailler avec nous et dont la première édition pourrait se tenir à l’automne 2014
Le Parti communiste français salue la réélection de Pierre Laurent à la tête de la présidence collégiale du Parti de la gauche européenne (PGE) composée d'Alexis Tsipras (Syriza, Grèce), Marisa Mattias (Bloco, Portugal), Maïte Mola (PCE-IU, Espagne) et de Margarita Mileva (Bulgarian Left, Bulgarie), et du trésorier Diether Dehm (die Linke, Allemagne) dont le travail engagé en 2010 a permis, en 3 ans, de renforcer l'unité et l'action du PGE.
Le Parti communiste français se félicite du choix de présenter la candidature d'Alexis Tsipras, président de Syriza, député grec et vice-président du PGE, à l'élection de la présidence de la Commission européenne. « Alexis Tsipras portera la voix de la résistance et de l'espoir » de la gauche dans la dynamique des échéances électorales européennes du printemps 2014.
12:31 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre laurent, parti de la gauche européenne, pge, alexis tsipras | |
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14/12/2013
L'intervention d'André Chassaigne lors du débat à l'Assemblée nationale sur l'intervention en Centrafrique
Je m’associe bien évidemment, au nom de mon groupe, à l’hommage rendu aux soldats morts en Centrafrique.
A peine un an après l’engagement de la France au Mali, notre pays se lance dans une nouvelle opération sur le continent africain. En République Centrafricaine.
Après l’opération Serval, qui devait s’achever en juillet dernier, le président de la République vient, ainsi, de déclencher l’opération « Sangaris » qui se traduit par le déploiement de 1600 soldats français.
Il s’agit là de la cinquantième intervention française en Afrique subsaharienne depuis les indépendances d’il y a 50 ans.
Cette intervention en Centrafrique s’inscrit dans une longue lignée d’opérations menées par les troupes françaises dans cette colonie, indépendante officiellement depuis 1960, en proie à la pauvreté, à l’instabilité et aux conflits. Autant d’interventions qui n’ont jamais permis de répondre aux maux qui gangrènent la Centrafrique.
La Centrafrique, si elle n’est pas dénuée de ressources naturelles, est classée parmi les Etats les plus pauvres de la planète, occupant la 171ème place sur 177 selon le classement de l’Indicateur de développement humain du Programme des Nations-Unies pour le développement. La France y est le premier investisseur.
Il est impossible, dès lors, de prendre part à ce débat sur l’engagement des troupes françaises en Centrafrique sans ouvrir le dossier de la Françafrique.
Tous les 10 ans ou presque, un président de la République Centrafricaine chasse l’autre par un coup d’Etat, derrière lequel la France n’est jamais très loin. Le peuple Centrafricain a ainsi vu défiler des personnages insensibles à son sort, aussi corrompus qu’irresponsables. Les uns après les autres, les dictateurs ont été choisis et maintenus, au gré de « nos intérêts » entre guillemets, mais aussi pour protéger des bases militaires françaises dans ce pays considéré comme un « porte-avions » au centre de l’Afrique, utilisé lors des nombreuses interventions militaires dans la région.
La France n’est pas étrangère à la situation chaotique que connaît ce pays. Elle porte une lourde responsabilité historique dans la tragédie centrafricaine. Elle n’est donc pas la plus qualifiée pour intervenir. C’est un paramètre que nous ne pouvons ignorer même si, je le dis clairement, il n’est pas question de tergiverser pour la protection des populations civiles, premières victimes des violences sanglantes qui déchirent ce pays.
M. le ministre des Affaires étrangères a déclaré, face à la communauté française de Bangui le 13 octobre dernier – je cite : « sachez que l'amitié traditionnelle qu'a portée la France à la Centrafrique, nous voulons la manifester de nouveau pour aujourd'hui et pour demain ».
Pourtant, notre histoire commune est marquée par de sombres affaires. Nous gardons en mémoire le pitoyable sacre de l’ancien sous-officier de l’armée française devenu l’Empereur Bokassa 1er en présence de la diplomatie française. Malgré ce soutien, le président Valéry Giscard d’Estaing a décidé de débarquer son ancien ami devenu trop encombrant, incontrôlable, qui menaçait nos intérêts, pour réinstaller au pouvoir le président David Dacko, pour ensuite favoriser la dictature du général Kolingba. Il sera remplacé par le dictateur Ange Félix Patassé qui sera, quant à lui, chassé du pouvoir en mars 2003 par le général Bozizé. Un jeu de chaise musicale orchestré impunément par l’ancienne puissance coloniale.
En 2007, face à la multiplication des mouvements rebelles sous influence soudanaise et tchadienne, les parachutistes français sautent sur Birao, dans le nord de la République Centrafricaine.
C’est de ce nord musulman qu’est venue en décembre 2012 l’offensive des rebelles de la « Séléka » qui, le 24 mars dernier, porta au pouvoir Michel Djotodia. Dans un réflexe hérité de l’histoire, le président Bozizé a vainement appelé à l’aide la France avant de prendre la fuite.
C’est ainsi que l’actuel président centrafricain Michel Djotodia est arrivé au pouvoir avec le soutien des rebelles de la Séléka, qui sont devenus ses propres ennemis. Michel Djotodia qui en a appelé à la France après avoir dissout la coalition rebelle de la Séléka.
Aussi, au regard de notre Histoire en Centrafrique, on peut légitimement s’interroger sur les différentes motivations d’une énième intervention dans l’ancienne colonie.
L’ordre du jour réel du « Sommet pour la paix et la sécurité en Afrique » qui s’est tenu à Paris, il y a quelques jours, était clair : avant de parler de paix et de sécurité, Paris et ses alliés du continent africain se sont intéressés à leurs préoccupations économiques et financières. Ce sommet était avant tout une offensive diplomatique pour la sauvegarde des intérêts de la France en Afrique.
Riche de ses ressources naturelles – mines d’or, de diamants, de mercure, d’uranium, de fer, mais aussi culture de manioc, de bananes, de maïs, de café, de tabac, de coton, de canne à sucre, une forêt de 3,8 millions d’hectares aux essences précieuses – la République centrafricaine suscite l’intérêt du monde des affaires et du monde politique.
Pourtant, ce n’est pas de cet intérêt dont le peuple centrafricain a besoin. Le peuple centrafricain a besoin que nous l’aidions à profiter pleinement de ses richesses et que nous l’aidions à mettre fin à la situation de confiscation du pouvoir politique et économique aux mains de quelques-uns. Car, les germes de la crise actuelle sont aussi d’essence économique et sociale.
Le peuple centrafricain a besoin du soutien de la communauté internationale pour que cessent les massacres qui se multiplient, alors que les affrontements entre les milices Séléka et antibala-ka terrorisent la population civile.
La terreur et la misère ont déjà poussé un demi-million de réfugiés dans des camps de fortune.
Aussi, je le redis, il n’est pas question de tergiverser pour la protection des populations civiles.
Pour autant, il convient d’agir avec discernement pour ne pas reproduire les erreurs du passé. C’est pourquoi, dans les circonstances que je viens d’évoquer, il revient aux Africains et à la Communauté internationale de réagir pour aider ce peuple en danger.
Or, derrière le paravent de la résolution onusienne (autorisant le recours à la force), la réaction internationale est en réalité d’inspiration franco-française et sa teneur est purement militaire.
En effet, le texte, adopté à l'unanimité des 15 pays membres du Conseil sur proposition de la France autorise les soldats français en Centrafrique à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'accomplissement de son mandat ». Dans le cadre de l'opération Sangaris, la France va tripler son contingent sur place.
L’Afrique demeure donc un terrain d’actions militaires pour la France.
Ce qui fait d’ailleurs regretter à Amnesty International et à la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), qui ont pris acte de cette résolution, l'absence de mise en place plus rapide d'une véritable force de maintien de la paix des Nations unies.
Vous l’avez compris, nous avons, pour qualifier le sentiment qui nous anime, un réel malaise face à cette intervention.
Nous pensons, en effet, que la France n’a pas vocation à jouer le rôle de gendarme de l’Afrique. Les valeurs anticoloniales, toujours défendues par les communistes, nous l’interdisent.
Ces valeurs de solidarité doivent, au contraire, nous pousser à mettre sur pied un partenariat équitable et durable, un système d’aide au développement plus efficace, plus proche des populations. Elles nous obligent également à rompre définitivement avec la Françafrique et à encourager les démocrates africains et les diasporas militantes, pour faire tomber les honteuses tyrannies africaines qui n’ont que faire des peuples qui ne cessent de s’appauvrir. Ces dictatures qui préfèrent défendre les intérêts des firmes privées, tentaculaires, exploitant aujourd’hui 80 % des gigantesques gisements africains, et dont les bénéfices sont rapatriés dans des paradis fiscaux.
Notre pays a une dette morale considérable envers le peuple de Centrafrique. Une dette qui nous oblige à reconnaître que nous n’étions pas les mieux à même pour intervenir dans la situation dramatique qui le frappe.
Nous sommes attachés au multilatéralisme et donc favorables au recours à une force d'interposition sous l’égide de l'ONU. Mais une force qui soit multilatérale. Cela suppose que la France ne soit pas la seule à être impliquée, sur le terrain, aux côtés de la Misca. C’est la communauté internationale, dans son ensemble, qui doit être mobilisée. Cette force doit avoir pour mission de créer les conditions d'un cessez-le-feu, d'un secours organisé aux populations en détresse et d’ouvrir la voie à l'État de droit. Elle ne le pourra que si elle ne peut être soupçonnée d’agir au nom d’intérêts à préserver dans une ancienne colonie.
C’est en « lanceur d’alerte » que je m’adresse aujourd’hui à vous : les interventions militaires françaises vont à contre-courant de l’Histoire. La mission de la France, c’est de défendre la stabilité et la paix des peuples en Afrique. Notre pays n’a pas vocation à défendre des dictatures et des Etats artificiels. La mission de la France, pour être en harmonie avec ses valeurs et ses idéaux des Lumières, n’est pas d’être le gendarme de l’Afrique. Elle est de remiser les visions géo-stratégiques nées du temps de la colonisation pour en écrire d’autres, respectueuses des peuples, de leurs richesses et de leur souveraineté. C’est ainsi que la France se grandira.
12:27 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, International, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré chassaigne, centrafrique, opération sangaris | |
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