Marie-Claude Pietragalla, experte
dans toutes les disciplines de son art, dansera pour la Fête le dimanche 18 septembre avec sa compagnie.
Marie-Claude Pietragalla et sa compagnie seront sur la scène Zebrock dimanche 18 septembre. Cette danseuse étoile, belle comme une déesse grecque, connaît depuis son plus jeune âge la discipline de la danse classique. Elle entre à neuf ans à l’École de danse de Paris.
À seize ans, elle intègre le Ballet de l’Opéra national de Paris avant d’être sacrée étoile en 1990, à l’issue de la représentation de Don Quichotte, où elle interprète le rôle de Kitri. Curieuse de tout, elle ne se contente pas de l’esthétique académique et se risque volontiers à d’autres styles.
Elle opère d’audacieux virages du côté de la danse contemporaine en devenant notamment interprète de chorégraphes aussi prestigieux et singuliers que Carolyn Carlson, Mats Ek et William Forsythe… Ce dernier, résolu à torpiller les codes de la danse, initiateur d’un décentrement majeur du ballet classique narratif, avec ces corps à bout de nerfs, ces jambes soumises à des torsions baroques, ne manque pas d’exercer sur elle une influence notoire.
C’est en 1998 que Marie-Claude Pietragalla est nommée à la tête du Ballet national de Marseille, succédant ainsi au créateur de cette institution, Roland Petit, récemment disparu.
"Ce qui m'intéresse, c'est le monde ouvrier dans sa globalité,
les rapports homme-femme, une corporation très soudée."
Elle y régnera cinq ans avant de créer en 2004 la compagnie qui porte son nom. Partisane d’une danse très expressive, souvent d’un romantisme échevelé, Marie-Claude Pietragalla n’hésite pas à s’attaquer à des sujets dramatiques.
Par exemple, en 2006, en partenariat pour trois ans avec la région Nord-Pas-de-Calais, elle crée Conditions humaines, un ballet sur la catastrophe de Courrières (voir notre mini-site exclusif consacré à cet événement), qui tua 1 099 mineurs le 10 mars 1906. « Ce qui m’intéresse, déclarait-elle dans un entretien paru sur le Web, c’est le monde ouvrier dans sa globalité, les rapports homme-femme, une corporation très soudée, un collectif très fort. Les témoignages de plusieurs anciens mineurs nous ont amenés vers l’idée de parcours de vie différents, individuels derrière ce groupe solidaire. Le parallèle avec le rapport quotidien au corps dans le travail, chez les mineurs et chez les danseurs, fut immédiat. » La pièce sera présentée à la Maison de l’art et de la communication de Sallaumines pour commémorer cette épouvantable tragédie de la mine.
Pierre Cardin lui commande en 2008 un ballet pour les jeux Olympiques de Pékin. Le thème en est Marco Polo. La même année, elle crée Sade, le théâtre des fous. L’an dernier, elle s’attelle à un solo intitulé la Tentation d’Ève, une pièce qui mêle la danse, le théâtre et la manipulation d’objets.
Marie-Claude Pietragalla s’attache cette fois à la condition féminine à travers les symboles que celle-ci véhicule dans l’inconscient collectif : muse, inspiratrice, créatrice. Cet autoportrait en creux de l’artiste investit l’espace du mythe pour dire les forces qui nous dirigent et tentent de nous manipuler.
Muriel Steinmetz, l'Humanité