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19/08/2014

Langage de vérité !

pauvrete1.jpgEditorial de l'Humanité par Paule Masson

Demain, le Conseil des ministres entame la « rentrée difficile » annoncée par Manuel Valls. Sous prétexte d’opter pour le « langage de la vérité », le premier ministre s’emmure dans un fatalisme qui interdit la moindre question critique et renvoie dans le camp des « irresponsables » celle et ceux qui préconisent une autre politique.

Comme si le déclin de l’économie était dû à une panne mécanique de la croissance. Il est le résultat de l’entêtement à alimenter un couple mortifère : l’austérité budgétaire qui dégrade les services publics, assèche l’investissement, et la contraction du pouvoir d’achat qui alimente une chute de la consommation, donc de la demande.

Les chiffres de ce mois d’août sont terriblement révélateurs. Le chômage ne diminue pas. Les entreprises n’investissent pas. Les salaires sont drastiquement bas. Le PIB ne décolle pas. C’est l’échec.

S’afficher à l’université d’été du Medef, comme prévoit de le faire Manuel Valls, ou multiplier les appels à la patience n’amènera pas plus de résultats.

Il est bien illusoire de croire qu’en étant massivement aidées, les grandes entreprises vont jouer le jeu de l’investissement et de l’emploi. Le Financial Times a publié hier une étude révélant que, pour les mois d’avril, mai et juin 2014, temps fort des promesses gouvernementales sur la politique de l’offre, les sociétés françaises ont augmenté les dividendes versés aux actionnaires de 30 %.

La ponction sur les ménages pour financer le pacte de responsabilité ne sert qu’à gonfler les revenus du capital. Là sont tout le problème et la vraie source du « langage de vérité » qu’il faudrait tenir pour s’attaquer enfin au coût du capital.

Les sociétés du CAC 40 ont décidé, pour 2014, de distribuer la moitié de leurs profits en dividendes, soit presque 40 milliards d’euros. Exactement la somme que le gouvernement apporte sur un plateau aux entreprises afin de « restaurer leur marge », donc de soutenir leurs profits au détriment d’une politique d’investissement sociale, de gauche.

L'Humanité : http://www.humanite.fr/langage-de-verite-549441

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14/08/2014

Irak : ce sont des monstres mais ce sont vos monstres !

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"Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes" Jacques-Bénigne Bossuet écrit au XVII ème siècle.

Les djihadistes de « l’Etat islamique en Irak et au Levant » sont des monstres. Personne ou presque ne le conteste. Mais s’en tenir à ce constat et à la compassion pour les populations martyrisées relève de l’escroquerie. Ces monstres ont été enfantés par le prix Nobel de la paix Obama, Hollande et la plupart des dirigeants occidentaux.

 
D’ou vient l’argent ? D’où viennent les armes ? 
L’organisation terroriste dispose de moyens financiers considérables. L’argent provient de plusieurs pays du Golfe alliés de Washington et bien en vu à Paris, de braquages comme celui de la succursale de la banque centrale irakienne à Mossoul au début du mois de juin avec un butin de 425 millions de dollars, du commerce du pétrole avec la production de plusieurs raffineries comme celles de Tikrīt et Baiji et … du pillage d’antiquités vendus au prix fort en Occident par des réseaux mafieux.
 
D’où viennent les armes ? Un grand merci au grand Sam et à ses copains de Londres et de Paris. Le matériel fourni aux opposants à Bachar el Assad est passé à 90% entre les mains des Djihadistes avec en prime les reliquats des arsenaux libyens ainsi que des blindés, des tanks et de l’armement lourd de fabrication US pris à l’armée irakienne en déroute.
 
Les talibans en Afghanistan avaient été armés par Reagan au nom de la défense du « monde libre » avec les résultats que l’on connaît.
 
Les « contras » au Nicaragua avaient bénéficié des mêmes largesses.
Du temps du dictateur nicaraguayen Somoza, à Washington les officiels avaient pour habitude de dire : « Somoza est peut-être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute. » Les dirigeants occidentaux pourront désormais dire eux aussi  à propos des djihadistes : «  ce sont des monstres, mais ce sont nos monstres. »

Billet de José Fort publié par l'Humanité : http://www.humanite.fr/blogs/irak-ce-sont-des-monstres-ma...

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12/08/2014

Le troisième assassinat de Jaurès

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jauresfils1.jpgLouis Jaurès, fils de Jean Jaurès est né le 27 août 1898. L’adolescent s’engage par anticipation, fin 1915, parce que « quand on a l’honneur d’être le fils de Jaurès, on doit donner l’exemple. L’internationalisme philosophique n’est point incompatible avec la défense de la patrie quand la vie de celle-ci est en jeu. »

C’est presque mot pout mot cette pensée du père : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène ».

Le 3 juin 1918, aspirant au 10e bataillon de chasseurs à pied, il est gravement blessé à Chaudun, dans l’Aisne et il meurt quelques heures plus tard à Pernant.

En 4 ans, la guerre aura enlevé à Louise Jaurès, son mari et son fils.

Poursuivant en bloc les Jaurès jusque dans la tombe, le maire de la commune de Pernant refuse que le corps du jeune homme soit inhumé là où il est mort et qu’une stèle à sa mémoire soit érigée après-guerre. Car ce patriote mort au combat portait le nom de Jaurès. Jaurès, un socialiste authentique, un partageux, un ami des gueux.

Il faudra attendre le 15 novembre 1936 pour que le président du conseil, le socialiste Léon Blum puisse inaugurer une stèle à sa mémoire à Chaudun (Aisne), pas à Pernant.

100 ans après la mort de son père et le début de la première guerre mondiale, une poignée de militants sont venus lui rendre hommage. L'hommage rendu par un président socialiste en 1936, n'a pas été renouvelé par un autre président socialiste aujourd'hui en exercice qui n'a pas eu cette délicatesse, dommage et symbolique !

21/07/2014

Quand mon coeur pleure pour les palestiniens....

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Point de vue, par Inès Safi (1)
Nous sommes affligés par la tragédie qui se déroule sous nos yeux, sans oublier pour autant celles qui se déroulent en Syrie, Irak ou Birmanie. Et l'Irak nous donne un laboratoire grandeur nature des effets déasastreux de la colonisation.
 
La cause palestinienne a cependant des spécificités:
- Elle perdure depuis plus de soixante années.
-Le colonisateur ne reconnait même pas l'injustice flagrante commise en massacrant une population et d'en exiler 800000 personnes en 48.
- Il a des alliés solidaires, qui alimentent son arsenal militaire, qui sont nos propres gouvernements.
-Il a le soutien solennel et inconditionnel des représentants officiels de la communauté juive, du moins dans plusieurs pays européens. Qui sont donc nos compatriotes.

Accepter une telle injustice est un fait grave pour toute l'humanité. Il s'agit de principe de droit bafoué avec la complaisance de ceux qui disent faire les gendarmes dans le monde. Voila pourquoi cette cause devient universelle, un archétype de l'oppression du système impérialiste.

Je voudrais cependant que nous résistions aux sirènes des divisions ethniques. Je le rappelle encore et encore, ce qui va bien à l'encontre des préjugés, l'empire ottoman jusqu'à la fin du 19 ème siècle était bien séculaire. Et même auparavant, Dimitri Gutas (professeur de langue et de littérature Arabe à l’Université de Yale (USA)) évoque la "Pax Islamica", établie par les conquêtes musulmanes.
 
Il évoque ce fait « salutaire » et « bénéfique » ayant mis fin aux guerres intestines et désastreuses Perso-Byzantines.
Contrairement à la dictature religieuse des Byzantins, qui ne toléraient pas les différents schismes du christianisme, ces derniers ont bénéficié de leur liberté sous l’égide d’un « état islamique non-partisan » et ont pu être ainsi s’épanouir tout en étant épargnés de l’âge sombre où pataugeaient les Byzantins durant les 7ème et 8ème siècles!

La volonté de fonder un pays d'une religion homogène est un concept étranger à cette civilisation; il trouve des racines à Byzance et à Rome, il s'est manifesté à travers les guerres de religion en Europe, à travers l'inquisition, y compris celle qui a purifié l'Andalousie, et dont l'appellation "reconquête" est une erreur à corriger au plus vite.
 
Cette volonté a continué à se déployer à travers le projet colonial et ses déploiements récents, comme nous l'observons en Irak. Et à travers le projet sioniste, appuyé par des protestants européens qui voulaient accélérer l'arrivée du Christ.

Malheureusement, cette mentalité n'a pas épargné les musulmans, dont certains ont coupé le cordon avec leur tradition: l'intégrisme est un produit de la modernité, un phénomène néo colonial, une réaction en miroir qui s'amplifie par les injustices actuelles. Avec sa rationalité dogmatique et une volonté de créer des "états islamiques".
 
Je suis triste quand je perçois des appels à rendre la cause palestinienne purement islamique; quand c'est de la part de musulmans, évoquant la sacralité de Jerusalem, ils ne font que renforcer les préjugés répandus, font oublier les victimes chrétiennes palestiniennes, et agissent ainsi symétriquement à Israel quand elle s'approprie le nom d'état juif (et l'opposition arabe juif n'a même pas de sens.) Ils en oublient ainsi le sens de la prière symbolique de Mohamed avec tous les prophètes à Jerusalem.
 
Je suis aussi triste d'entendre des chrétiens d'Europe n'appellant qu'à prier pour les chrétiens d'Irak, alors que tant de victimes de toute confession n'ont cessé de tomber pendant tant d'années. Alors que la puissance qui a semé le chaos, établi un embargo ayant tué des millions d'enfants, détruit entièrement un pays multi ethnique, était motivé par un Bush inspiré par son protestantisme pro-sioniste et appelant aux croisades.

Quand mon coeur pleure pour les palestiniens, il ne fait aucune distinction entre les victimes musulmanes, chrétiennes, juives, ni athées. Quand je prie pour les Irakiens, je ne fais aucune distinction entre les sunnites, chiites ni chrétiens.

Nous ne saurons nous opposer aux injustices tant que nous nous renfermons dans des clans. Nous sommes capables d'éprouver de l'empathie pour ceux qui ne partagent ni nos croyance ni nos opinions. Il suffit de partager la même idée de justice et de la défendre main dans la main. Nous n'avons plus le choix, mes amis, ou alors nous ne ferions que renforcer ce projet impérialiste qui nous divise pour mieux régner.
 
Je vous invite donc à créer une organisation pour la paix qui ne serait formée ni de juifs ni de chrétiens ni de musulmans ni de gauche ni de droite exclusivement. Une organisation universelle qui réunit tous les êtres épris de liberté, sans opinions communes sur tous les sujets, hormis celle sur le sens de la justice et de la paix. Une assemblée qui laisse la place à la perplexité comme voie à l'humilité assurant l'altérité...

(1) Inès Safi
: Ancienne élève de l'école polytechnique, chercheuse CNRS en physique théorique et fondamentale, elle est reconnue sur le plan international dans le domaine des nanosciences.

Chanson de la fabuleuse Soeur Keyrouz chantant la sainte de l'Islam Rabiaa Al Adawiya:
 
 
Photo de UNE : L'Alhambra. Il est probable que les douze lions, représentant les douze tribus d’Israel, furent l'offrande du vizir poète et rabbin Abu Ishaq Isma'il ibn Nag'rila (993 -1055), signe de reconnaissance de ses coreligionnaires au sultan. Et dont le fils fut aussi vizir.
Photo issue de la page "Geometry in Arts of Islam"
 
 

inès safi,international,palestine,israël,religions
 Illustration d'un livre des jeux pratiqués en Andalousie et provenant du monde christiano-judéo-islamique (et autres ;)) 1283.
The Book of Chess, Dice, and Board Games (El Libro de Juegos: los libros de ajedrex, dados e tablas) by Alfonso X El Sabio, dated 1283

01/07/2014

La vie d'un jeune palestinien ne vaut-elle pas celle d'un jeune israélien ?

enfantpalestinien.jpgLes corps des trois jeunes israéliens disparus depuis plusieurs jours en Cisjordanie occupée ont été retrouvés lundi soir près de la ville palestinienne d’Hébron.

Les trois adolescents, Naftali Frenkel, 16 ans, Gilad Shaar, 16 ans, et Eyal Yifrach, 19 ans auraient été tués par balle. Leurs corps ont été retrouvés dans un champ, sous un tas de pierres, selon l'armée israélienne.

Ce drame provoque, comme il se doit, émotion et condamnation. Il a entraîné une violente réaction de l’armée israélienne bloquant plusieurs villes comme Hébron, tuant sept jeunes palestiniens, emprisonnant 400 hommes, femmes et enfants au cours du plus important déploiement militaire depuis dix ans.

A la disparition de jeunes israéliens a répondu une répression de masse. A l’annonce du meurtre de ces adolescents, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a affiché la volonté de « faire payer » le Hamas qu’il tient pour responsable. En fait, une nouvelle escalade se prépare contre le peuple palestinien.

Les trois jeunes étudiants, a déclaré Benyamin Nétanyahou « ont été enlevés et assassinés de sang-froid par des bêtes» tandis que son ministre de l’économie, Naftali Bennett ajoutait « Il ne peut y avoir de pardon pour les tueurs d'enfants et ceux qui les ont envoyés. Maintenant il est temps d'agir. »

Le Hamas met en doute la « version israélienne » de l'enlèvement, sans nier catégoriquement son implication, il a prévenu Israël que « si les occupants se lancent dans une escalade ou une guerre, ils ouvriront sur eux les portes de l'enfer ».

L'Autorité palestinienne soutient quant à elle que la disparition s'est produite dans une zone sous contrôle israélien et que « le gouvernement ne peut blâmer les Palestiniens pour des questions de sécurité » sur cette partie du territoire.

Dès lundi soir, le président américain, Barack Obama, a condamné « cet acte de terrorisme insensé commis contre de jeunes innocents ». De son côté, François Hollande qualifiait l'évènement de « lâche assassinat ». On remarquera que les mêmes et la plupart des dirigeants occidentaux ont gardé le silence ces derniers jours après les ratonnades en Cisjordanie occupée. Dans ces conditions, il n’est pas exagéré de se poser LA question : la vie d’une jeune palestinien ne vaudrait-elle pas celle d’un jeune israélien ?

Point de vue par l'ancien chef de la rubrique internationale de l'Humanité : José Fort

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14/06/2014

Brésil : imposture et aveuglement

bresil.jpgPoint de vue José Fort.

Ceux qui en Europe font grand cas de la colère d'une frange de la population brésilienne et s'emploient en France à vivement critiquer les cheminots, les gens de la culture et du spectacle sont-ils les mieux placés pour exprimer leur compassion ?"

Ce qui se dit et s'écrit sur le Brésil frôle l'imposture et l'aveuglement. Les mouvements sociaux, les revendications, les grèves correspondent bien entendu à la réalité dans cet immense pays en plein développement, souverain, non servile à l'égard des Etats-Unis et de l'Europe capitaliste. Et comment ne pas s'indigner devant les scènes de violences policières contre les manifestants.

Mais ceux qui en Europe font grand cas de la colère d'une frange de la population brésilienne (couches moyennes) et s'emploient en France à vivement critiquer les cheminots, les gens de la culture et du spectacle sont-ils les mieux placés pour exprimer leur compassion, eux qui oublient qu'après les années de dictature et grâce à la politique menée par Lula, des millions de Brésiliens sont sortis de la misère, tandis que la démocratie était rétablie, que le pays retrouvait sa dignité, gagnait en liberté, souveraineté, prestige et poids international?

Ces misérables médias euro centristes totalement recroquevillés sur leurs nombrils restent fidèles à leur posture de toujours concernant l'Amérique latine: ignorance et imbécillité crasse.

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12/06/2014

Dette : 1 077 milliards d’euros sont illégitimes

taxons.jpg

Le collectif pour un « audit citoyen de la dette publique » estime 
que 59 % de la dette publique est dû à des taux d’intérêt excessifs 
et aux cadeaux fiscaux aux plus aisés et aux multinationales.

«Au total, 59 % de la dette publique est illégitime. » Telles sont les conclusions d’une étude réalisée par le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique dévoilée hier et à laquelle ont participé Michel Husson (Conseil scientifique d’Attac, coordination), Pascal Franchet (CADTM), Robert Joumard (Attac), Évelyne Ngo (Solidaires finances publiques), Henri Sterdyniak (Économistes atterrés) et Patrick Saurin (SUD BPCE) sur une trentaine d’années.

Une expertise dont s’empareront probablement les citoyens qui débarqueront au Centquatre, à Paris, pour la fête de la dette. Une initiative co-organisée par le Secours populaire et le collectif avec la participation de Christophe Alévêque pour aborder cette question « avec humour et lucidité, pour que plus personne ne se dise qu’on n’y comprend rien », promettent-ils (voir encadré).

En attendant, ce rapport déconstruit la doxa néolibérale, selon laquelle la croissance soi-disant « excessive » des dépenses publiques nécessiterait la mise en place de politiques d’austérité budgétaires. Puisque, en trente ans, les dépenses publiques ont même reculé de 2 points. Pour les économistes du collectif, l’augmentation de la dette publique est en réalité due à deux autres facteurs : « Sur les 1 950 milliards d’euros de dette publique cumulée, (...) près de 600 milliards sont dus à des taux d’intérêt excessifs, et près de 500 milliards proviennent des cadeaux consentis principalement aux riches et aux actionnaires », note Attac dans son communiqué. Sans cela, le taux d’endettement public par rapport au PIB ne serait plus que de 43 %, contre 90 % actuellement, soit 1 077 milliards d’euros de dette en moins. L’impôt sur le revenu a été fortement baissé.

Au fil des réformes, le taux de taxation de la tranche la plus élevée a chuté de 65 % en 1982, à 45 % en 2013. Cette réduction a bénéficié majoritairement aux 10 % des ménages les plus riches et favorisé de nouvelles inégalités. Ainsi, le « ras-le-bol fiscal » observé chez les ménages actuellement s’explique par cette injustice, qui délégitimise aux yeux de ceux-ci le consentement à l’impôt, expliquent les auteurs. Dans le même temps, de nombreuses niches fiscales (c’est-à-dire des dérogations fiscales permettant aux bénéficiaires de payer moins d’impôts) ont vu le jour. Si certaines peuvent être utiles, la plupart sont juste onéreuses et favorisent l’optimisation, voire l’évasion fiscale. Plus de 500 niches sont comptabilisées, ce qui complexifie la fiscalité française, pour un coût annuel de 150 milliards d’euros. Sans cette perte estimée à 488 milliards d’euros, la dette serait inférieure de 24 points de PIB.

Mettre un terme à l'exode fiscal

Les auteurs identifient les taux d’intérêt auxquels se financent l’État français comme l’autre source d’augmentation de l’endettement. Selon les économistes, il existerait un « écart critique » entre le taux d’intérêt annuel réel (diminué de l’inflation) et le taux de croissance de son PIB. Si le premier est supérieur au second, la dette augmente plus que le PIB, et le taux d’endettement progresse. C’est ce que les spécialistes nomment « l’effet boule de neige ».

Il ressort que ces trente dernières années, les taux d’intérêt payés ont été trop élevés compte tenu de l’activité économique. La faute à un changement néolibéral de la politique monétaire en France pris en 1983. Un mouvement qui s’amplifie début 1990, avec la mise en place de la politique de « désinflation compétitive ». En clair, il s’agit de limiter la création monétaire, afin de contenir l’inflation. Ce qui implique automatiquement une hausse du taux d’intérêt pour le plus grand bonheur des détenteurs de capitaux qui voient leur rémunération progresser.

Si l’État, au lieu de se financer sur les marchés financiers, avait recouru à des emprunts directement auprès de la banque centrale à un taux d’intérêt réel de 2 % (niveau du taux de croissance moyen du PIB), son ratio d’endettement aurait été plus faible de 589 milliards d’euros à son niveau actuel. Pour mettre fin à cette dette illégitime, le collectif avance 12 propositions, comme annuler « tout ou partie » des 1 077 milliards d’euros, « mettre un terme à l’exode fiscal, aux paradis fiscaux », ou encore « l’extention du secteur bancaire public ».

Des solutions dont François Hollande devrait s’inspirer, plutôt que d’amplifier « les politiques d’austérité imposées aux populations au nom du remboursement de la dette », alors qu’elles « sont absurdes économiquement, dangereuses politiquement et injustifiables du point de vue de l’intérêt général », concluent les économistes.

Kevin Boucaud - See more at: http://www.humanite.fr/dette-1-077-milliards-deuros-sont-illegitimes-537286#sthash.inq6f9m4.dpuf