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09/08/2009

CETTE SEMAINE DANS L'HUMANITE DIMANCHE

DOUBLE HD SPECIALE 06 AOUT AU 19 AOUT

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07/08/2009

ANTONELLE, LE PREMIER MAIRE COMMUNISTE D'ARLES

antonelle0001.jpg1747-1817 . Né chevalier d’Antonelle, il prit le parti de la Révolution. Athée, humaniste, et convaincu qu’il fallait abattre l’ordre ancien, Pierre-Antoine Antonelle siégea au tribunal révolutionnaire. Proche de Babeuf, il est emprisonné après l’échec de la conspiration des Égaux. Sous l’Empire, il se retira dans une dissidence silencieuse.

Longtemps, Pierre-Antoine Antonelle, qui renonça à toute particule dès le printemps 1790, quelques mois avant même la loi abolissant tout signe distinctif de noblesse parmi les citoyens, fut appelé faussement « marquis d’Antonelle » par ses historiographes amateurs, lui qui n’était que chevalier, certes de fort vieille famille arlésienne anoblie au XVIe siècle. Cette erreur répétée de génération en génération exprimait sûrement le décalage spectaculaire entre le rang, la richesse, les manières nobiliaires dont cet homme ne se départit jamais et l’intensité, la générosité, l’intégrité de son engagement, depuis le premier jour de la Révolution jusqu’à la fin de sa vie, auprès des plus défavorisés, pour la cause de l’insurrection contre toute forme d’injustice, qui l’ont fait surnommer - injustement, mais de façon révélatrice - au début du XXe siècle, dans - l’« encyclopédie » des Bouches-du-Rhône, « le premier communiste provençal ».

Jusque dans sa mort en 1817, cet homme portait le refus de l’ordre ancien fondé sur l’alliance de la force arbitraire et de la foi révélée. Lors de ses obsèques, le clergé arlésien, qui allait refuser de décerner les honneurs à sa dépouille, faillit provoquer une émeute du petit peuple d’Arles et de son quartier populaire de la Roquette, offusqué que l’on ne célèbre avec dignité celui qui avait toujours vécu parmi les petites gens de la cité, refusant de s’installer dans le quartier huppé de la Hauture et dont la bonté et l’altruisme avaient provoqué la naissance d’un proverbe provençal pour signifier l’affabilité : « Es moussou d’Antonello, lou capeu à la man » (C’est monsieur d’Antonelle le chapeau à la main).

La bonne société bourgeoise du XIXe siècle allait s’occuper de son cas, effaçant de la mémoire collective ce personnage dérangeant et sulfureux, faisant tache dans le tableau collectif des élites conservatrices arlésiennes. Antonelle ? Une arlésienne au masculin. Il aura fallu attendre plus de cent soixante ans ans et toute l’inventive curiosité de mon maître, Michel Vovelle, qui me confia alors la redoutable tâche d’étudier, d’analyser puis de comprendre le destin étonnant de cet homme hors du commun, pour que le révolutionnaire d’Arles retrouve une place plus juste dans la Révolution française.

Antonelle naquit en 1747, cadet d’une famille ancienne et destiné au métier des armes, métier dans lequel il ne brille guère, bien plus préoccupé de lire les systèmes de l’abbé de Condillac, constructeur du système de pensée sensualiste qui eut une importance cruciale dans la France de la seconde moitié du XVIIIe siècle, parmi les élites en plein éloignement des dogmes du catholicisme dominant. C’est un matérialisme politique que se construit Antonelle, une philosophie point seulement athée mais surtout conséquente au moment de penser les systèmes de domination de l’Ancien Régime comme le résultat d’une idéologie à abattre.

Dans ces conditions, l’année 1788, déjà très agitée en Provence, le trouve préparé à l’action. Dès lors, il devient, au grand dam de la bonne société arlésienne, un renégat, désormais attaché et sans la moindre faille à la cause du petit peuple d’Arles, pas seulement le tiers-état, mais le peuple qu’il appelle du « quatrième ordre », pêcheurs, agriculteurs et artisans composant cet étranger mais riche microcosme arlésien.

Antonelle est d’abord le premier maire élu de la ville d’Arles en février 1790, grand artisan du rattachement du Comtat-Venaissin et de la ville d’Avignon au printemps 1791, puis député des Bouches-du-Rhône à la Législative en 1791 et 1792. Il est pourtant bien plus connu pour son rôle de juré de tribunal révolutionnaire. L’étude précise des Archives nationales montre qu’il a participé à 53 procès, prononçant 38 peines de mort, et qu’il fut un juré implacable lors des grandes affaires de l’automne 1793, notamment au moment de la condamnation des Girondins et de la veuve Capet, ce qui n’a pas peu contribué, comme on peut l’imaginer, à la construction de sa légende noire. Encore faut-il ne pas oublier qu’il fut, des 60 jurés de la Terreur, le seul à faire publier les justifications de ses prises de position, ce qui lui valut d’ailleurs d’être emprisonné sur ordre de Robespierre, avant les grands procès du printemps 1794, Antonelle étant proche à la fois des dantonistes et des hébertistes.

Libéré en Thermidor, il se rend bien compte que la Révolution a changé : la décapitation du mouvement populaire au printemps 1794, continuée au printemps 1795, a considérablement transformé une histoire initiée en 1789, qui ne passe plus par la transformation sociale comme garantie du changement heureux de la société, mais par la stabilisation institutionnelle de la République, par une bourgeoisie aux commandes de l’État.

Antonelle connaît ses élites nouvelles et peut apprécier la misère dans laquelle se trouve le peuple parisien : seule la voie de la clandestinité s’offre à lui et à quelques démocrates, dont Babeuf, en 1795 et 1796. Proche du Tribun du peuple, il en diffère par son analyse politique de la crise, ne croyant pas à une solution de partage économique comme horizon d’idéalité, mais défendant une éducation politique du plus grand nombre pour mettre en adéquation la Révolution avec ses principes d’égalité et de fraternité.

Après le fiasco de la conspiration des Égaux et le suicide de Babeuf, Antonelle sort de nouveau de prison avec une nouvelle idée : conquérir l’opinion publique en devenant le rédacteur en chef de l’organe de la gauche radicale : le Journal des hommes libres. C’est dans les colonnes de cette feuille fort lue qu’Antonelle va inventer une expression galvaudée depuis et devenue banale aujourd’hui mais qui à l’époque, en 1797, fait l’effet d’un choc dans le monde politique en réunissant deux concepts difficilement conciliables : la « démocratie représentative ». Antonelle est bien le concepteur et le divulgateur dans son journal du nom de ce système politique qui conçoit la gouvernance possible d’un vaste État par délégation de pouvoir, à la seule condition qu’elle soit fondée sur le suffrage le plus large possible, masculin à l’époque. Mais pour que ce système politique fonctionne, des exigences sont sans cesse rappelées en 1798 et 1799, jusqu’à la veille du coup d’État des militaires : éducation populaire du plus grand nombre, liberté totale d’expression mais surtout de réunion, ateliers de travail pour les plus démunis, fraternisation avec les peuples européens et non conquêtes des espaces limitrophes de la République, ouverture de la France vers une République fédérative des peuples européens. Toutes ces idées doivent constituer le fondement de la démocratie représentative selon Antonelle, dont les articles ne contribuent pas peu au succès relatif de cette gauche aux élections de l’an VI et de l’an VII (1798 et 1799) jusqu’à ce que la bourgeoisie, affolée par ces victoires, ne recherche avidement un bras armé pour imposer un nouvel ordre méritocratique, construit sur une République conservatrice.

Après que Bonaparte se fut emparé du pouvoir illégalement, il ne reste plus à Antonelle et ses compagnons qu’à se retirer dans une opposition vouée à l’échec en ces temps de République autoritaire ou à une résistante silencieuse. C’est cette voie que choisit Antonelle, à partir de 1802, décidant de consacrer une bonne part de sa fortune à la bienfaisance philanthropique, « Es moussou d’Antonello, lou capeu à la man », s’exerçant à une dissidence inattaquable, celle du partage de son bien avec les plus démunis, mais impardonnable pour les nouveaux notables de l’Empire, ne pouvant supporter ce partageux et s’acharnant ensuite sur sa mémoire, le faisant passer pour un illuminé, évidemment.

Il y a encore quelques années, à l’emplacement de la maison des Antonelle à Arles, le thésard curieux avait pu trouver un foyer de qualité pour travailleurs immigrés… L’occupant des lieux de 1817 n’aurait pas désavoué cette destination.

 

Publié par l'Humanité

 

Pierre Serna professeur de l’université de Paris-I Panthéon-Sorbonne,

Directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française. Auteur d’Antonelle, aristocrate révolutionnaire 1747-1817, Paris, Éditions du félin, 1997.

 

 

VOIR EGALEMENT NOTRE MINI-SITE WEB CONSACRE A LA REVOLUTION FRANCAISE

 

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05/08/2009

La réalité crue de l’Europe protectrice…

Une déclaration de Patrick Le Hyaric, député au Parlement européen, vice-président du groupe GUE-NGL.

fruitprod.jpgIl n’aura fallu que quelques semaines, après les élections européennes, pour que les producteurs de fruits et de légumes découvrent une facette de la réalité de cette « Europe protectrice » sur laquelle se sont faits élire les députés UMP et bien d’autres. Le pouvoir de droite veut aujourd’hui faire rembourser par les agriculteurs des aides publiques qui servaient depuis 1992 à amortir les rudes crises que n’ont cessé de subir les producteurs.

Pourquoi ne pas avoir dit avant le scrutin européen que la Commission de Bruxelles avait intimé un ordre de paiement à la France le 28 janvier dernier ? Cela aurait permis d’éclairer le débat européen. Pourquoi le ministre de l’Agriculture, Monsieur Bruno Le Maire, s’empresse de vouloir faire payer les paysans aujourd’hui et déclare que le gouvernement découvre ce problème maintenant, alors que son prédécesseur, Monsieur Barnier, a déposé un recours devant la Cour de justice européenne, le 8 avril dernier ?

Assez de fébrilité. Assez de tartufferie.

La Commission européenne de M. Barroso invoque le fait que les aides provoquaient des distorsions de concurrence. La vérité est toute autre. C’est parce que nos producteurs ont subi chaque année des importations abusives qui ont fait chuter les cours à la production qu’ils se sont battus pour obtenir des compensations partielles de leurs pertes de revenus. La concurrence selon le droit communautaire issue du traité de Maastricht et confirmée par celui de Lisbonne consiste à obliger les paysans à accepter les prix les plus bas possibles. Voilà qui les mènent, les uns après les autres, à la ruine.

C’est contraire à l’emploi, au développement territorial, à la préservation de l’environnement.

Et les institutions européennes sont les premières responsables, ce sont elles qui ont refusé de mettre en place une coordination des calendriers de production et d’importation au sein de la Communauté européenne, c’est ce refus qui a placé les producteurs français, espagnols, portugais, italiens dans une concurrence qui a fait chuter les prix au seul profit des grands négociants et de la distribution.

Non seulement les agriculteurs doivent refuser de rembourser, mais la France doit combattre et refuser cette injonction à payer. Elle est déjà contributrice nette au budget européen.

Notre pays doit s’opposer avec force à cet ukase, y compris en faisant appel à l’opinion publique et aux producteurs agricoles, et protester contre le comportement de la Commission européenne. Cette affaire dévoile une nouvelle fois la véritable nature des traités européens.

Ne laissons pas faire.

15:20 Publié dans PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : producteur, europe, fruits | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

02/08/2009

EMPLOIS : L’ETE NOIR

LE PREMIER JOURNAL DU GROUPE DES ELUS COMMUNISTES D'EVRY VIENT DE PARAITRE. LE PREMIER ARTICLE QUI SERA DIFFUSE EGALEMENT DANS LE MAGAZINE MUNICIPAL EST CONSACRE A L'EMPLOI.

journal0001.jpgAprès Altis qui a annoncé plusieurs milliers de suppressions d’emplois sur notre région, cela a été au tour d’Accor (150), Avantis au Génopole, la Poste à Bondoufle (350).

Notre agglomération n’échappe pas à la dégradation générale de la situation de l’emploi dans notre pays qui compte plus de 4 millions de chômeurs (4000 à Evry), dont le plus fort taux se situe chez les jeunes au même moment où le gouvernement envisage de reculer le droit au départ à la retraite à plus de 70 ans.

Le fond du débat se situe là, M. Sarkozy et son gouvernement n’ont aucune volonté d’agir contre le chômage, bien au contraire ils l’encouragent et l’amplifient.

Ils suppriment par exemple des dizaines de milliers de postes dans la fonction publique, et particulièrement dans l’enseignement ce qui s’est traduit, dès cette année par une diminution de plus de 20 % du taux de remplacement des enseignants malades, en formation, ou en congé maternité, en laissant ainsi des dizaines de milliers d’enfants sans maître, tout cela d’ailleurs dans un silence médiatique étourdissant.

Lutter, agir contre la précarité, le chômage doit être la priorité des priorités. Nous ne pouvons pas construire une société, des familles, des vies, sur du sable même sans carbone.

Les communistes sont porteurs à ce sujet de plusieurs propositions dont l’objectif essentiel est de réorienter les profits financiers considérables vers les hommes, et construire ainsi des parcours professionnels pour tous sécurisés.

 

A Evry nous proposons aussi la mise en place à l’échelle de l’agglomération d’un conseil économique et social  (1) chargé de proposer des solutions pour remédier aux suppressions d’emplois annoncées.

Le droit pour tous à un emploi stable et bien rémunéré est fondamental. Nous ne lâcherons pas sur ce dossier pendant tout notre mandat électif.

 

(1)     Proposition reprise dans le programme municipal de la majorité, non encore réalisée

11:35 Publié dans ELUS COMMUNISTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emplois, evry, élus communistes | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

31/07/2009

La sphère culturelle malmenée

Intervention d’Hervé Bramy dirigeant national du PCF à la rencontre des acteurs culturels de Seine- Saint- Denis au festival d’Avignon

theatre.jpgQuatre exemples montrent que la sphère culturelle est dans l’œil du cyclone de la révision générale des politiques publiques :
 la baisse confirmée des crédits du ministère de la culture notamment pour les DRAC et les équipements culturels,
 la réorganisation du ministère en trois directions avec à la clé plusieurs centaines de licenciements ce qui prolonge la suppression systématique des postes dans la fonction publique dont la moitié à l’Education nationale
 l’abandon de l’enseignement artistique par l’Etat et son transfert aux villes, départements, régions ce qui est la remise en cause de l’égalité républicaine,
 la mainmise résolue des puissances financières sur la sphère culturelle et l’information : une poignée de groupes (Bouygues, Lagardère, Dassault, De Wendel, Bolloré) contrôlent 90% de l’édition, la production , la diffusion dans le cinéma, la télévision, la communication , l’édition , la musique. Mainmise relayée par le retour sous tutelle directe de l’Elysée de France télévision et Radio France

Ce n’est pas par hasard si ces groupes militent pour la remise en cause de la subvention du spectacle vivant dans ses modalités actuelles alors que le gouvernement et le chef de l’Etat se font ouvertement partisans de l’irruption des fonds privés et du resserrement de l’appareil d’Etat au nom de l’efficacité des fonds publics, par exemple avec la création d’un conseil de la création artistique et la nomination à sa tête d’un entrepreneur du cinéma.

Je crois qu’aujourd’hui ce que l’on appelle la culture c’est à dire l’ensemble des éléments par lesquels un peuple construit son identité, sa singularité, son désir, est devenue la cible principale du marché, à la fois source de profit et outil de promotion du marché comme modèle indépassable.

 

18:28 Publié dans ACTUALITES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, pcf, evry | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

30/07/2009

CETTE SEMAINE DANS L'HUMANITE DIMANCHE

jeudi 30 juillet 2009

EN KIOSQUE, CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX


Le modèle, promu hier par Tony Blair, est aujourd’hui en déroute dans toute l’Europe.

L’HUMANITÉ DIMANCHE EN VENTE TOUS LES JEUDIS

N° 172 . SEMAINE DU 30 JUILLET AU 5 AOÛT 2009

Et aussi…

SOLEIL EN BERNE C’est l’été, mais le soleil hiberne depuis 13 ans. Les explications de l’astrophysicien Michel Cassé.

PRIX DU LAIT. Rencontre dans le Massif central avec Chantal Cor, qui se bat contre l’industrie laitière.

RACKET À LA FAC « On te paye 20 heures et t’en fais 40 ou tu vires » : Comment l’OFUP profite de la précarité des étudiants qu’il embauche.

SOCIAL. Dans l’Oise… Reportage auprès des lutteurs de l’été.

POLITIQUE. Quand Villepin joue au meilleur ennemi de Sarkozy…

RÉGION. DANS L’AUBE, on stocke les déchets radioactifs de faible activité.

CINÉMA. Entretien avec Elia Suleiman, réalisateur palestinien.

FÊTE DE L’HUMANITÉ The Kooks, quatre jeunes dans le vent de la brit-pop.

PROCHE-ORIENT. Israël refuse de libérer Salah Hamouri. La mobilisation continue.

PLANCHE À VOILE. Entretien avec le quadruple champion du monde, le Français Antoine Albeau.

TELEVISION En septembre Laurent Bignolas succède à Audrey Pulvar aux manettes d’un 19/20 remanié et allongé. Entretien.

IL ÉTAIT UNE FOIS 1989. L’appel de La Haye contre le réchauffement climatique.


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29/07/2009

« Le dernier jour de se donner la main » ?

Christine Boutin, ministre du logement, a mis en place l’instauration du surloyer dans les HLM. Jack Ralite s’interroge sur la mixité sociale et le droit au logement, en train de disparaître.

Par Jack Ralite, sénateur de Seine-Saint-Denis

ralite.jpgLe 21 août 2008, au moment de la grande dispersion, le gouvernement, par un décret de sa ministre du Logement de l’époque, madame Boutin, a décidé que des résidents étaient devenus indésirables dans les HLM. Ce décret, en effet, établit une nouvelle norme pour le droit à un logement HLM. Cette norme décide d’augmenter, en fonction des revenus, le loyer de locataires qui ne sont pas considérés comme pauvres, d’expulser ceux d’entre eux n’ayant pas 70 ans refusant de s’y soumettre, et d’abaisser le plafond de ressources pour accéder à un logement HLM avec effet rétroactif, c’est-à-dire en bafouant des contrats de location. Ainsi, le décret Boutin considérait que les HLM ne doivent être habités que par des « hommes à part », des « hommes dépréciés », qui sont supposés ne pouvoir vivre qu’entre eux, sans autre voisinage que leur double, des êtres à qui il est demandé de se faire oublier, des êtres entrés par force dans des histoires closes, que l’on oblige à rester à quai comme assignés à résidence dans une portion de l’espace social à échanges et responsabilités limités, des êtres privés du « risque de vivre », comme tout le monde, seul moyen pourtant d’avoir le « risque de guérir ». Non, non et non ! Ces êtres que le président de la République a osé appeler « racailles » à Argenteuil, a menacés du Karcher à La Courneuve quand leurs souffrances les ont conduits à des actes désespérés, a trouvé indignes de lire la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, ces êtres ne sont pas des gens « à part » et sont même sources d’innovations à la mesure des déchirements dont ils sont victimes. Ces êtres souvent précaires et comme suspendus ainsi dans le vide paraissent à ceux qui ne les rencontrent jamais, étranges (l’étrange pauvre et le pauvre étranger) alors qu’ils avaient créé un lien d’intimité, d’humanité, de sociabilité avec leurs quelques voisins ayant une situation nettement meilleure que la leur et qui ne les rejetaient pas. Ils avaient réussi une alchimie sociale où l’inhospitalité était exclue, où la tendresse n’était pas interdite. Certes, depuis un certain temps, ces rapports étaient déjà devenus moins fréquents, parfois même rares, et souvent était prononcée l’expression : « On va devenir un ghetto. » Le décret du 21 août 2008, dont madame Boutin ose dire qu’il va donner des logements pour les plus pauvres, alors qu’elle en construit trop peu et en tout cas pas assez, trouve sans doute que ce compagnonnage de proximité était de trop puisqu’elle tente avec son décret de lui porter un coup fatal tout en répétant son attachement à la mixité sociale. Madame Boutin et le gouvernement nous mettent à un « moment brèche » qui nécessite un refus à l’étage voulu. Il faut dire la vérité : ce ne sont pas des occupants riches que la ministre du Logement, au nom du gouvernement et du président de la République, veut chasser des HLM, ce sont des gens modestes qui ont lutté, appris et réussi à avoir un statut décent, ce sont des personnes originaires de la ville où sont leurs HLM, y vivant depuis longtemps et ayant participé à l’histoire de ce lieu.

Apportons la preuve de leur supposée richesse et de l’intraitabilité gouvernementale, par ailleurs si douce aux spéculateurs.
À Aubervilliers, où il y a près de 8 000 HLM publiques, 14 locataires étaient jusqu’à présent concernés par le surloyer. Une dérision caricaturale existante dans beaucoup d’autres offices HLM. Pour que ça n’atteigne pas une nuance comique, révélant l’opération gouvernementale, le décret du 21 août 2008 a diminué le plafond de ressources pour avoir accès à un logement HLM et fait que des gens qui étaient jusqu’ici normalement locataires deviennent des locataires anormaux : avec les 14 historiques, l’office HLM d’Aubervilliers a 154 locataires devenus sans droits !

Quelques exemples significatifs : Vous êtes logés depuis 1980 dans 84 mètres carrés. Les enfants sont partis depuis quelque temps, vous restez à deux personnes, vos retraites s’élèvent à 3 700 euros par mois. Vous payez actuellement 402 euros de loyer (700 euros avec les charges). Si la loi est appliquée vous devrez payer 296,10 euros de surloyer, soit un total de 996,10 euros. Vous êtes un jeune ménage dans 70 mètres carrés, vous travaillez tous les deux et gagnez chacun 1 584 euros par mois. Vous êtes éligibles au surloyer, car vous gagnez 20 % de plus que le plafond et allez devoir payer 47,25 euros de plus. L’un de vous deux obtient une augmentation de 100 euros par mois, vous devrez payer un surloyer de 89,25 euros. Si l’autre obtient la même augmentation, le surloyer sera alors de 131,25 euros. Bref, plus vous allez croire gagner plus, plus vous allez devoir payer plus : avec 200 euros de plus par mois, vous aurez 131,25 euros de surloyer. Veuve depuis un an, vous occupez un logement de 65 mètres carrés, votre retraite est de 1 500 euros par mois, vous touchez depuis un an la pension de réversion de votre mari, vous payez actuellement 311 euros par mois de loyer. Votre surloyer serait de 258,37 euros, soit avec les charges 769 euros par mois. Vous êtes un ménage avec deux enfants de 18 et 21 ans, logés dans un 86 mètres carrés, avec 5 600 euros par mois pour 4 personnes, vous ne payez pas de surloyer. Mais l’un de vos enfants trouve un travail comme stagiaire à 1 000 euros par mois, vous devrez alors payer 58,05 euros par mois de surloyer. Pas de chance ! Votre deuxième enfant trouve aussi un travail à 1 000 euros par mois, votre surloyer sera alors de 367,65 euros par mois, avec les charges cela fera 1 067 euros par mois. Si l’un de vos enfants a le malheur de gagner plus de 1 776,50 euros par mois, il ne pourra même pas s’inscrire pour demander un HLM. On pourrait prendre d’autres exemples dans d’autres villes. En Seine-Saint-Denis, et particulièrement dans les huit villes de Plaine Commune, le décret Boutin multiplie les proscrits d’HLM par 10. Dans le parc de l’office départemental HLM du 93, 42 payaient le surloyer, 500 devront le payer…

Vous ne savez pas tout ! Une modification de la loi de finances, votée le 30 décembre 2008, offre un dégrèvement fiscal à celui qui investit dans le logement dont on sait que le loyer de sortie est supérieur au logement social. Le dégrèvement est de 75 000 euros par logement. C’est une niche fiscale débouchant sur des loyers inaccessibles aux expulsés soi-disant riches des HLM. C’est une réédition de la loi de Robien qui avait créé une démarche semblable et dont beaucoup des logements ainsi construits avec un avantage fiscal n’ont pas trouvé preneurs. On est vraiment dans le règne de l’insensé, de l’arrogance, de la pollution des rapports humains, de l’analphabétisme social, de l’absence d’une pensée, même restreinte de l’« en-commun » et du « vivre-ensemble ». C’est à se demander si madame Boutin et son circonvoisinage politique et gouvernemental ne souhaitaient pas qu’arrive « le dernier jour de se donner la main » (Aragon). Le processus est d’ailleurs commencé. Autrefois, un pauvre menacé d’expulsion s’en allait à « la cloche de bois ». Aujourd’hui, pendant l’année de répit qui a été arrachée pour appliquer le décret, ces ouvriers qualifiés, ces cadres moyens sont en train de partir un à un, en silence, du logement où ils étaient heureux de vivre. C’est d’autant plus inacceptable que les logements privés de la Ville de Paris qui ont tant fait parler en leur temps, avec des loyers bas pour des personnes à hauts revenus, ont été exonérés du décret du 21 août 2008.
Continue toujours parallèlement la résistance des maires ne voulant pas de logements sociaux et n’appliquant pas la loi Gayssot qui exige que chaque commune construise 20 % de logements sociaux.

Finalement, en France, il n’y a que les très riches qui sont fiers de l’être. Les pauvres et les couches moyennes sont culpabilisés par la politique du pouvoir. Les premiers parce qu’ils sont accusés de ne pas faire d’efforts, les seconds parce qu’ils ont l’audace de gagner un peu plus. Une bataille parlementaire a eu lieu où les groupes communistes ont joué un grand rôle, non sans succès. Mais la charitable madame Boutin a rattrapé, par un vote nocturne, l’essentiel de ce qui avait été gommé. Il n’y a pas d’autre solution que de se battre et de se battre ensemble, en voisinage de lutte, comme on vivait jusqu’ici en voisinage de palier. On doit pouvoir faire reculer le gouvernement soit en remettant en cause le décret, ce qui serait le mieux, soit en faisant en sorte, dans une ville comme Aubervilliers, que tout le territoire soit classé en ZUS, ce qui rendrait le décret inapplicable.
Il faut en finir avec la ségrégation sociale, et il n’est pas question de faire des accommodements. Ne nous limitons pas à sa constatation lucide, transformons-la en un mouvement, et le mot n’est pas trop grand, de civilisation, puisqu’il s’agit du respect et de la dignité d’hommes et de femmes, ceux et celles qui sont chassés, ceux et celles qui vont rester avec le risque de la ghettoïsation.

PUBLIE DANS L'HUMANITE

 

REACTIONS

Posté le mardi 28 juillet 2009

« Le dernier jour de se donner la main » ?
C'est curieux cet article de Jack Ralite décrit exactement ce que je viens tout juste de vivre : Locataire depuis 31 ans d'un appartement HLM d'une ville de la banlieue sud de Paris dans laquelle le père de ma grand-mère est né, dans laquelle mes grands parents maternels sont nés et ont exercé toute leur vie une carrière d'employés municipaux, une ville où vit encore ma propre mère (82 ans),une ville où ma fille a grandi, j'ai reçu en début d'année une lettre de l'office m'informant que je serai, début 2010, redevable, dans le cadre de la Loi Boutin d'un sur-loyer de 1089 € !! Ce qui correspondrait à un loyer total (charges comprises) de plus de 1600 € pour 70 m2 en HLM ! J'ai trouvé rapidement une charmante maison de 3 ans dans les Yvelines pour moins que la somme qui me sera demandée ; je précise que nous sommes un couple de fonctionnaire et cadre moyen qui a eu une carrière normale et qui sera à la retraite l'année prochaine nous ne sommes donc pas de riches résidents. La Loi Boutin m'a chassé de chez moi ( je peux même dire de la terre de mes ancêtres) ; nous sommes plusieurs locataires à avoir décidés de quitter nos appartements fortement motivés également et il faut le souligner, par la dégradation de l'environnement et par le climat d'insécurité qui commence à y régner (plus de mixité = création de ghetto = délinquance).
Posté le mardi 21 juillet 2009 par ALAIN FACCINI
« Le dernier jour de se donner la main » ?
MERCI M RALITE,POUR CETTE TRIBUNE . je pense qu'elle pourrait meme ètre reprise pour un tract, soit pour la rentrèe ou pour lafete de l'huma, car elle parle de la premiere préoccupation d' une grande partie de la population a savoir comment demain je vais pouvoir payer mon loyer et surtout comment je vais le garder mon logement, car derière la loi iBoutin Sarkozy et tous les decrets qui vont avec c'est la mort du logement social en Fance , il ne faut pas oublier aussi le hold up qui va ètre effectué sur le 1% logement, ainsi que ce désengagement de l'etat sur l'ANRU ,ainsi que sur l'ANAH, et la baisse des crédits accordés au logement social qui ont chuter de 30 a 40% pour cette année

10:55 Publié dans Point de vue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : logement, surloyer | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!