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28/02/2011

FEMME LIBRE : MARIE GEORGE BUFFET

manifretmgb007.jpgDans une série de portraîts publiée à l'occasion du 8 mars et de la journée de la femme, nous vous présentons celui de Marie George Buffet.

Marie George Buffet est d’abord une combattante et une militante fidèle à ses idées.

Combattante pour les droits des femmes et des hommes à plus de justice, plus de liberté, à la dignité. Féministe engagée, présidente des parlementaires pour la lutte contre le SIDA, elle se bat sur tous les fronts, aussi bien pour que les femmes Afghanes soient respectés, contre les expulsions, récemment encore pour la démocratie en Tunisie, que pour l’emploi et le service public. Elle est partout disent de nombreux militants.

altispiriou.jpgDans l’Essonne elle a été aussi bien présente à Corbeil avec les salariés d’Altis, à Lisses avec ceux de l’EDF, à Bondoufle pour rendre hommage au sport féminin et à ses équipes de foot et à bien d'autres occasions.

buf4.JPGPrésente comme dirigeante nationale, comme députée, comme ministre lorsqu’elle était venue par exemple inaugurer un maison de quartier à Evry, et rencontrer des jeunes de cette citée.

Il n’y a pas une région en France où Marie George Buffet a été absente pour soutenir les plus humbles et apporter la solidarité de son Parti où de la nation lorsqu’elle était membre du gouvernement de la France.

Militante fidèle à son idéal aussi. Habitante un F3 à Blanc Mesnil, reversant ses indemnités d’élue à son parti elle a toujours vécue modestement, militante parmi les autres, citoyenne comme les autres, c’est cela la noblesse de la politique.

SA BIOGRAPHIE

buffetaltis.jpgMarie-George Buffet est née la 7 mai 1949 à Sceaux, au sein d'une famille nombreuse de sept enfants. Après avoir obtenu son baccalauréat, elle fait des études d'histoire à la Sorbonne. C'est en tant qu'étudiante, suite aux événements de mai 1968 et de la guerre du Viet-Nam qu'elle décide de s'engager en politique. Elle adhère alors au Parti communisme en 1969. Entre 1970 et 1972, elle préside la fédération des résidences universitaires de France.

Ses premiers pas en politique

C'est en 1977 qu'elle commence sa carrière politique : elle est élue adjointe au maire de Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine. Elle est chargée des affaires sociales. Elle lutte alors contre les expulsions et milite pour le droit de vote des résidents étrangers. Elle gravit les échelons pour devenir conseillère municipale du Plessis Robinson puis conseillère régionale jusqu'en 1993. A ces différents postes, elle défend les immigrés, les femmes et les minorités.

En 1987, elle est élue au comité central du 26ème congrès du Parti communiste. Elle est nommée au Bureau national en 1994 tandis que Robert Hue y est secrétaire national. Deux ans plus tard, elle est elle aussi secrétaire, chargée de la vie du parti. Elle peut vraiment imposer ses idées : en particulier la règle de la parité entre hommes et femmes. A Draveil, elle dirige l'école des cadres du parti qu'elle souhaite « ouvrir aux non-communistes ». Son objectif est de faire du PC un parti ouvert aux autres.

Au gouvernement et dirigeante nationale du PCF

buffetfabien1.jpgEn juin 1997, elle remporte très largement la 4ème circonscription de Seine-Saint-Denis où depuis elle est réélue constamment contre les candidats de droite au deuxième tour, et devançant largement ses partenaires de gauche, y compris socialiste au premier tour, comme tous les députés communiste élus.

La même année, Lionel Jospin la nomme ministre de la Jeunesse et des Sports où son dynamisme est remarqué.

marie george buffet,biographie,femmeElle devient secrétaire nationale du PCF en 2001 où elle impose un fonctionnement collectif de son parti et une ouverture de pensée notable. En 2010 Pierre Laurent lui succède.

Elle se présente courageusement à l'élection présidentielle de 2007 dans des conditions politiques difficiles en obtenant un résultat décevant lié à la désunion du mouvement antilibéral.

Elle continue ensuite sa démarche de rassemblement et contribue à la création du Front de Gauche qui obtient de bons résultats aux élections Européennes et Régionales.

Photos et vidéos exclusives E-Mosaïque


LA FIERTE D'UNE DEPUTEE
envoyé par E-Mosaique. - L'info video en direct.

03/02/2011

PETITION POUR L'EGYPTE

egypte.jpgDes millions d'Egyptiens courageux font face en ce moment à un choix fatidique. Des milliers d'entre eux ont été emprisonnés, blessés et certains tués ces derniers jours. Mais s'ils persistent dans leur soulèvement pacifique, ils pourraient mettre fin à des décennies de tyrannie.

Les manifestants on lancé un appel à la solidarité internationale, mais la dictature en place a conscience de la puissance d'une telle union en cette période – ils essaient désespérément d'empêcher les Egyptiens de communiquer entre eux et avec le reste du monde, et ont pour cela coupé l'accès à internet et aux réseaux de téléphonie mobile.

Les réseaux par satellite et radio permettent encore de percer le black-out mis en place par le régime -- à nous d'inonder ces ondes par un gigantesque cri de solidarité montrant aux Egyptiens que nous sommes à leurs côtés, et que nous demandons à nos gouvernements de prendre leurs responsabilités en les soutenant à leur tour. La situation a atteint un point critique -- chaque heure compte -- cliquez ci-dessous pour signer le message de solidarité et faites suivre ce courriel:

https://secure.avaaz.org/fr/democracy_for_egypt_fr

Le pouvoir du peuple déferle au Moyen-Orient. En quelques jours, des manifestants pacifiques ont renversé la dictature tunisienne vieille de 30 ans. A présent, les soulèvements s'étendent en Egypte, au Yémen, en Jordanie et au-delà. Le monde arabe pourrait être en train de vivre sa chute du mur de Berlin. Si la tyrannie s'effondre en Egypte, un raz-de-marée démocratique pourrait déferler dans toute la région.

Le dictateur égyptien Hosni Moubarak a tenté d'étouffer la contestation. Mais avec un courage et une détermination incroyables, les manifestants continuent de descendre dans la rue.

Certaines pages de l'histoire sont écrites non pas par les puissants, mais par le peuple. Une de ces pages est en train de s'écrire. L'action des citoyens égyptiens dans les heures à venir aura un impact massif dans leur pays, la région et le monde entier. Encourageons-les en prenant l'engagement de nous tenir à leurs côtés dans cette lutte:

https://secure.avaaz.org/fr/democracy_for_egypt_fr

Les proches de Moubarak ont quitté le pays, mais celui-ci a fait appel à l'armée pour rétablir l'ordre dans la rue. Il a fait la promesse effrayante d'appliquer la tolérance 0 face à ce qu'il appelle le "chaos". Quelle qu'en soit l'issue, l'histoire va s'écrire dans les prochains jours. A nous d'aider à en faire un moment décisif qui montrera à tous les dictateurs de la planète qu'ils ne peuvent résister longtemps au courage d'un peuple uni.

10:49 Publié dans ACTUALITES, Histoire, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : egypte, pétition, manifestation | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

03/04/2010

Elisabeth Eidenbenz : une grande pionnière de l’humanitaire

eidenbenz2.jpgL’engagement de cette institutrice suisse, née en 1913, débute à Madrid durant la guerre d’Espagne. 
À Elne, « son » premier bébé s’appellera Pepita…

« Quoi vous dire de plus  ? Je suis très heureuse et contente du travail 
accompli, ça a été très important dans ma vie. Je n’ai jamais pensé qu’ils nous devaient la vie grâce à notre travail » (1).

Quelque soixante ans plus tard, Elisabeth Eidenbenz parle toujours avec modestie d’un engagement exceptionnel, le sien, dans un contexte aussi dramatique. Elle le dit avec des mots qui en disent long sur la noblesse de cœur et d’esprit de cette grande dame (2).

Fille de pasteur protestant, elle naît en Suisse, à Wila, le 12 juin 1913. Institutrice, le Service civil international lui propose de partir en Espagne pour une mission humanitaire durant la guerre civile. Elle distribue des vivres aux personnes âgées dans des cantines républicaines à Madrid, s’occupe des enfants à Valence près du Front. Elle rencontre des brigadistes internationaux qu’elle retrouve plus tard au camp d’Argelès.

Avec l’appui du Secours suisse aux enfants, elle fonde la maternité d’Elne. Aujourd’hui, Elisabeth vit dans une résidence pour personnes âgées à Zurich.

Dans un des témoignages vidéo figurant dans l’exposition (1), elle se souvient de la première naissance. « C’était la nuit. La sage-femme est venue me chercher. Quinze minutes plus tard, le premier bébé est né. C’était une fille, aux belles boucles noires.

Elle s’appelait Pepita. » La première d’une solidaire aventure. « Pour nous toutes, mêmes si les circonstances étaient déplorables, chaque naissance était un événement émouvant. » Elle témoigne de la vive solidarité féminine. « Beaucoup de mères arrivaient dans un état horrible. Grâce aux mamans espagnoles très généreuses pour donner le sein à d’autres nouveau-nés, nous avons pu en sauver beaucoup. »

Nous avions prévu avec le maire d’Elne de rendre visite à Elisabeth le 14 février dernier. Hospitalisée la veille pour un malaise, nous avons annulé notre voyage. Aujourd’hui, elle se repose de nouveau chez elle. Avec le printemps revenu, nous lui souhaitons de bien belles et paisibles journées à venir.

A.R pour l'Humanité

(1) Vidéo produite par la Generalitat de Catalunya. (2) Elisabeth Eidenbenz est médaillée des Justes parmi les Justes entre les nations, de l’ordre civil de la solidarité, de la Creu de Sant Jordi, de la Légion d’honneur


Elisabeth Eidenbenz
envoyé par manuelhuerga. - Découvrez des vidéos faites entre amis ou en famille.

20:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elisabeth eidenbez | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

03/01/2010

AMBROISE CROIZAT

Ministre des travailleurs et créateur de la sécurité sociale
AMBROISE CROIZAT (1901-1951)



croizat.jpgAmbroise Croizat naît un 28 janvier 1901 comme naît alors un fils d'usine.
Entre l'éclat des fours et la lumière des coulées, son père, Antoine, est manœuvre.
Douze heures par jour à enfourner des bidons de carbure pour huit sous de l'heure. À peine le prix du pain...

En cette aurore de siècle, dans la cité ouvrière des Maisonnettes à Notre-Dame-de-Briançon, en Savoie, on vit encore la misère qui court les pages de Germinal. Accidents de travail quotidiens, pas de Sécu, pas de mutuelle, pas de retraite.
Le niveau zéro de la protection sociale. L'espoir, c'est le père qui l'incarne. En 1906, il lance la première grève en Savoie. Une grève pour vivre, pour être digne.

Dix jours de bras croisés pour la reconnaissance du syndicat et de la caisse de secours. Une grève pour le droit à la santé, tout simplement. Il l'obtient mais de vieilles revanches l'invitent à s'embaucher ailleurs. 1907. Ugine.
Une autre grève, un autre départ obligé, l'errance vers la région lyonnaise. C'est là qu'Ambroise prend le relais du père qui part vers les tranchées et la guerre.
À treize ans, il est ajusteur, et derrière l'établi résonnent les mots du père : " Ne plie pas petit. Marche dignement. Le siècle s'ouvre pour toi. " Le chemin va s'ouvrir par une manifestation contre la boucherie des hommes. Ambroise adhère à la CGT puis à la SFIO. À dix-sept ans, il est sur tous les terrains de lutte.
Il anime les grandes grèves de la métallurgie lyonnaise. Reste à faire le pas. Celui du congrès de Tours, où il entre au PCF en 1920. " On le voyait partout, dit un témoin d'époque, devant les usines, au cour d'une assemblée paysanne ou d'une cellule de quartier. Il était là dans son élément, proche des gens, proche du peuple d'où il venait. "

Antimilitarisme, anticolonialisme, les deux mots tissent les chemins du jeune militant, entre une soupe populaire et les barreaux d'une prison de passage. 1927. Il est secrétaire à la fédération des métaux CGTU. La route à nouveau, " militant ambulant ", un baluchon de VO à vendre pour tout salaire. Commence un long périple en France, où il anime les grèves de Marseille et de Lorraine, les comités de chômeurs de Lille ou de Bordeaux.
Sur le terreau de la crise germe le fascisme. " S'unir, plus que jamais s'unir, disait-il, pour donner à la France d'autres espoirs. " Ces mots, il va les laisser aux abords des usines, au cour des luttes où " l'infatigable unitaire " comme l'appelait François Billoux, ouvre avec d'autres l'ère du Front populaire.

Pain, paix, liberté ; en 1936, Ambroise est élu député de Paris. À la tête de la fédération des métaux CGT réunifiée, et derrière les bancs de l'Assemblée, il impose la première loi sur les conventions collectives et donne avec Benoît Frachon aux accords Matignon la couleur des congés payés et des quarante heures. Mais la route s'ennuage.
À Munich, le soleil de mai décline. Hitler pose ses mains sur les frontières. Arrêté le 7 octobre 1939, avec d'autres députés communistes, il est incarcéré à la prison de la Santé. Fers aux pieds, il traverse quatorze prisons françaises avant de connaître les procès truqués, la déchéance de ses droits civiques et les horreurs du bagne à Alger.

Les coups, les cris, la dysenterie qui dévore. Trois ans d'antichambre de Cayenne. Libéré en février 1943, il est nommé par la CGT clandestine à la commission consultative du gouvernement provisoire d'Alger. Là, mûrissent les rêves du Conseil national de la Résistance et les grandes inventions sociales de la Libération. La sécurité sociale, bien sûr, dont Ambroise dessine les premières moutures dès la fin 1943. " En finir avec la souffrance et l'angoisse du lendemain ", disait-il à la tribune le 14 mars 1944.

secu.jpgReste à bâtir l'idée. Le chantier commence en novembre 1945 quand il entre au ministère du Travail. 138 caisses de Sécurité sociale édifiées en deux ans par des anonymes d'usine après leur travail ou sur leurs congés payés, " pour en terminer, selon les mots du ministre, avec l'indignité des vies dans l'angoisse de l'accident, de la maladie, ou des souffrances de l'enfance ".
Mais là ne s'arrête pas l'héritage de celui que tous appellent déjà " le ministre des travailleurs ". De 1945 à 1947, il laisse à l'agenda du siècle ses plus belles conquêtes : la généralisation des retraites, un système de prestations familiales unique au monde, les comités d'entreprises, la médecine du travail, le statut des mineurs, celui des électriciens et gaziers (cosigné avec Marcel Paul), les classifications de salaires, la caisse d'intempérie du bâtiment, la loi sur les heures supplémentaires, etc.

Une oeuvre de titan pour une vie passée au service des autres.

 

croizat.JPG En 1950, alors que la maladie ronge, ses derniers mots à l'Assemblée nationale sont encore pour la Sécurité sociale : " Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. " Un cri, une adresse vers nous comme un appel pour que la Sécurité sociale ne soit pas une coquille vide livrée au privé, mais reste ce qu'il a toujours voulu qu'elle soit : un vrai lieu de solidarité, un rempart contre le rejet, la souffrance et l'exclusion. Ambroise Croizat est mort à Paris le 10 février 1951. Ils étaient un million pour l'accompagner au Père-Lachaise. Le peuple de France, " celui qu'il avait aimé et à qui il avait donné le goût de la dignité ", écrivait Jean-Pierre Chabrol dans l'Humanité du jour.

 

Michel Etievent, L'Humanité

11:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ambroise croizat, sécurité sociale | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

05/10/2009

L’AFFICHE ROUGE DE M. DASSAULT

stalinecorbeil.jpgL’affiche rouge de M. Dassault et de son équipe diffusée entre les deux tours des élections municipales à Corbeil date de 1934, et avait été commanditée à Henri Petit par les Républicains nationaux groupe d’extrême droite dont la plupart des membres sombrèrent dans la collaboration nazie 6 ans plus tard et la chasse, la torture et l’assassinat de plusieurs dizaines de milliers de juifs, de communistes, de non communistes, de femmes et d’hommes de toutes les origines.

A cette époque le rapprochement des communistes et des socialistes qui devait aboutir par la victoire du Front Populaire inquiète beaucoup l’extrême droite qui mène alors une campagne de haine, de violence, et d’anti-communisme hystérique.

Cette affiche qui représente Staline sur fond rouge avec des oreilles pointus qui indiquent la fourberie et symbolisent le diable. Les socialistes et les francs maçons sont des laquais signalés par le couteau entre les dents et des sigles repris sur les manches de la faucille et du marteau.

 

contre-ca-voytez-communiste-300x202.jpgLes communistes à l’époque répliquèrent avec la diffusion d’une autre affiche montrant Hitler avec des croix gammées  dans les yeux et une moustache en forme d’aigle impérial qui porte le couteau entre les dents.

L’Histoire a donné raison aux communistes contre M. Dassault Serge, ses amis, et ses idées nauséabondes.

La diffusion de cette affiche rouge a probablement joué le même rôle que celle diffusée en 1944 pour dénoncer le Groupe Manouchian de la part des nazis, des collaborateurs, et de la police de Pétain en troublant l’esprit de certains et en faisant appel à l’instinct primaire.

Même s’il s’agit d’une très petite minorité, en gagnant de 27 voix cela a été probablement suffisant pour permettre la victoire de la liste UMP.

Mais là aussi tôt ou tard l’histoire tranchera.

18:07 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : affiche rouge, dassault, anti-communisme, haine, pcf, ump | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

16/08/2009

RENE ANDRIEU : TEMOIN DE SON SIECLE

andrieu0001.jpgL’Humanité de René Andrieu. Espace Zadkine-Prax à Caylus dans le Tarn et Garonne, jusqu’au 30 août. Exposition témoignage sur un homme qui a marqué son siècle.

 

« Dans mon enfance, mon père avait été blessé deux fois à la guerre de 14 et j’avais fait ce rêve que la guerre n’existe plus. Puis l’arrivée de Hitler en 33, de Mussolini. Du pacifisme intégral j’ai compris l’absolu nécessité de lutter. Ce qui m’a amené à rejoindre la lutte armée dans le Lot ».

 

Lutteur infatigable, journaliste talentueux, polémiste redoutable (les archives de l’INA sont là pour le démonter), écrivain marquant, et dirigeant communiste dévoué, fidèle et lucide René Andrieu a sans doute marqué son siècle comme témoin et aussi acteur. Oublié dans cette période trouble de recomposition politique et historique, lui rendre aujourd’hui hommage et honneur n’est que justice, et avec lui tous ses compagnons de lutte et de souffrance.

 

Licencié en lettres et titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur sur Stendhal et la philosophie au 19 ème siècle, René Andrieu abandonne ses études à khâgne pour rejoindre très jeune la résistance à l’occupation Nazi,  dans le Lot. Il devient alors le « Capitaine Alain », un des responsable des FTP.

 

Après la Résistance il devient journaliste au quotidien Ce Soir dirigé par Louis Aragon, puis est nommé rédacteur en chef et directeur adjoint de l’Humanité de 1958 à 1984.

 

Témoin privilégié et actif, il a vécu la guerre d’Espagne « Ceux qui ont éveillé mon attention ce sont les espagnols chassés de leur pays par la guerre. Ils étaient réfugiés dans mon village. Malheureux. J’étais devenu ami avec eux. Ce sont les mêmes que j’ai retrouvé dans les maquis ». Il a vécu la Résistance, l’après guerre, la guerre d’Algérie et ses horreurs. « La Guerre d’Algérie n’a pas eu lieu – 8 ans et 600 000 morts », par défi c’est le titre de son livre d’essai historique qu’il a écrit, plus tard en 1992.

Il a vécu la 3 ème, la 4 ème et la 5 ème République et la prise du pouvoir par le Général de Gaule en 1958 suite à un putsch de paras en Algérie, souffert lors des massacres des manifestants à Charonne. Il a participé aux événement de mai 1968, à l’accession de Georges Pompidou à la Présidence de la République en 1969 élu par le tiers des inscrits et (surnommé par René Andrieu Monsieur Tiers en référence au résultat obtenu et à la Commune de Paris), à l’élection de François Mitterrand.

Il a voyagé beaucoup, vu la décolonisation, la défaite américaine au Viêt-Nam, la Palestine, Cuba, le massacre de plusieurs millions de communistes en Indonésie, au Soudan, en Irak…dans l’indifférence générale des médias (déjà), les tragédies et coups d’états successifs en Amérique Latine, en Argentine, au Chili, au Paraguay et ailleurs alimentés par les Etats Unis d’Amériques (les archives aujourd’hui sont sans appels sur ces faits). Avec l’Humanité dès son incarcération il a lutté malgré l’hostilité de toutes les autres forces politiques et médiatiques pour la libération de celui qui est resté longtemps le plus vieux prisonnier politique du monde avant de devenir le premier Président noir d’Afrique du Sud, symbole de la lutte contre l’apartheid : Nelson Mandela.

 

Les procès de Moscou, l’intervention en Tchécoslovaquie, l’écroulement des pays de l’Est, comme la plupart des communistes l’ont beaucoup affecté sans remettre en cause sa conviction profonde dans ces idées, « Nous pensons que nous  avons raison pour l’essentiel et fondamentalement ». Ajoutant, « après il ne faut pas obliger tout le monde à penser comme nous, ni oublier précisément que tout le monde ne pense pas comme nous ».

C’est dans cette logique et cette cohérence que René Andrieu est resté critique et n’a pas hésité à intervenir, avec Louis Aragon pour demander plus de démocratie et de liberté dans les ex pays dits socialiste. Ici aussi ses écrits et ses interventions à la télévision face à Philippe Tesson par exemple, et diffusé par l’INA en témoigne pour l’histoire.

 

La fin de sa vie a été doublement douloureuse, politiquement avec les doutes, et personnellement avec ce cancer qui l’a dévoré et la mort tragique de sa fille, à l’intelligence vive et qu’il a tant aimé. 

 

Pourtant la flamme est resté allumé jusqu’au dernier moment et dans « Un rêve fou » écrit en 1996, il dit « Alors, ce combat a-t-il été inutile, était-ce un rêve fou de lutter pour un monde plus juste et de sacrifier quelquefois sa propre liberté à celle des autres ?

C’est une tâche immense qui ne pourra être remplie que par une large rencontre de tous ceux, au-delà de leurs différences et même de leurs oppositions actuelles, que révolte la cruauté du monde ».

 

Jacques Vandewalle, ami personnel des dernières années de René Andrieu, non communiste a été impressionné par sa personnalité hors du commun. C’est lui, qui avec le soutien de Jeanine Andrieu et Eline Rausenberger a organisé cette exposition dans des locaux qui lui appartiennent et en la finançant intégralement. Il envisage pour la suite de mettre en valeur les 2000 documents exceptionnels appartenant à la collection de René Andrieu et de créer un musée en sa mémoire et à tous ceux qui mènent le combat pour la dignité et les droits de l’homme et de la femme.

 

E-Mosaïque

Documents utilisés : archives de l’INA, l’Humanité, entretien de René Andrieu à Regards, la Dépêche du Midi, exposition de Caylus, témoignage de Jacques Vandewalle, Encyclopédie  Wikipédia.

 

 

 

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07/08/2009

ANTONELLE, LE PREMIER MAIRE COMMUNISTE D'ARLES

antonelle0001.jpg1747-1817 . Né chevalier d’Antonelle, il prit le parti de la Révolution. Athée, humaniste, et convaincu qu’il fallait abattre l’ordre ancien, Pierre-Antoine Antonelle siégea au tribunal révolutionnaire. Proche de Babeuf, il est emprisonné après l’échec de la conspiration des Égaux. Sous l’Empire, il se retira dans une dissidence silencieuse.

Longtemps, Pierre-Antoine Antonelle, qui renonça à toute particule dès le printemps 1790, quelques mois avant même la loi abolissant tout signe distinctif de noblesse parmi les citoyens, fut appelé faussement « marquis d’Antonelle » par ses historiographes amateurs, lui qui n’était que chevalier, certes de fort vieille famille arlésienne anoblie au XVIe siècle. Cette erreur répétée de génération en génération exprimait sûrement le décalage spectaculaire entre le rang, la richesse, les manières nobiliaires dont cet homme ne se départit jamais et l’intensité, la générosité, l’intégrité de son engagement, depuis le premier jour de la Révolution jusqu’à la fin de sa vie, auprès des plus défavorisés, pour la cause de l’insurrection contre toute forme d’injustice, qui l’ont fait surnommer - injustement, mais de façon révélatrice - au début du XXe siècle, dans - l’« encyclopédie » des Bouches-du-Rhône, « le premier communiste provençal ».

Jusque dans sa mort en 1817, cet homme portait le refus de l’ordre ancien fondé sur l’alliance de la force arbitraire et de la foi révélée. Lors de ses obsèques, le clergé arlésien, qui allait refuser de décerner les honneurs à sa dépouille, faillit provoquer une émeute du petit peuple d’Arles et de son quartier populaire de la Roquette, offusqué que l’on ne célèbre avec dignité celui qui avait toujours vécu parmi les petites gens de la cité, refusant de s’installer dans le quartier huppé de la Hauture et dont la bonté et l’altruisme avaient provoqué la naissance d’un proverbe provençal pour signifier l’affabilité : « Es moussou d’Antonello, lou capeu à la man » (C’est monsieur d’Antonelle le chapeau à la main).

La bonne société bourgeoise du XIXe siècle allait s’occuper de son cas, effaçant de la mémoire collective ce personnage dérangeant et sulfureux, faisant tache dans le tableau collectif des élites conservatrices arlésiennes. Antonelle ? Une arlésienne au masculin. Il aura fallu attendre plus de cent soixante ans ans et toute l’inventive curiosité de mon maître, Michel Vovelle, qui me confia alors la redoutable tâche d’étudier, d’analyser puis de comprendre le destin étonnant de cet homme hors du commun, pour que le révolutionnaire d’Arles retrouve une place plus juste dans la Révolution française.

Antonelle naquit en 1747, cadet d’une famille ancienne et destiné au métier des armes, métier dans lequel il ne brille guère, bien plus préoccupé de lire les systèmes de l’abbé de Condillac, constructeur du système de pensée sensualiste qui eut une importance cruciale dans la France de la seconde moitié du XVIIIe siècle, parmi les élites en plein éloignement des dogmes du catholicisme dominant. C’est un matérialisme politique que se construit Antonelle, une philosophie point seulement athée mais surtout conséquente au moment de penser les systèmes de domination de l’Ancien Régime comme le résultat d’une idéologie à abattre.

Dans ces conditions, l’année 1788, déjà très agitée en Provence, le trouve préparé à l’action. Dès lors, il devient, au grand dam de la bonne société arlésienne, un renégat, désormais attaché et sans la moindre faille à la cause du petit peuple d’Arles, pas seulement le tiers-état, mais le peuple qu’il appelle du « quatrième ordre », pêcheurs, agriculteurs et artisans composant cet étranger mais riche microcosme arlésien.

Antonelle est d’abord le premier maire élu de la ville d’Arles en février 1790, grand artisan du rattachement du Comtat-Venaissin et de la ville d’Avignon au printemps 1791, puis député des Bouches-du-Rhône à la Législative en 1791 et 1792. Il est pourtant bien plus connu pour son rôle de juré de tribunal révolutionnaire. L’étude précise des Archives nationales montre qu’il a participé à 53 procès, prononçant 38 peines de mort, et qu’il fut un juré implacable lors des grandes affaires de l’automne 1793, notamment au moment de la condamnation des Girondins et de la veuve Capet, ce qui n’a pas peu contribué, comme on peut l’imaginer, à la construction de sa légende noire. Encore faut-il ne pas oublier qu’il fut, des 60 jurés de la Terreur, le seul à faire publier les justifications de ses prises de position, ce qui lui valut d’ailleurs d’être emprisonné sur ordre de Robespierre, avant les grands procès du printemps 1794, Antonelle étant proche à la fois des dantonistes et des hébertistes.

Libéré en Thermidor, il se rend bien compte que la Révolution a changé : la décapitation du mouvement populaire au printemps 1794, continuée au printemps 1795, a considérablement transformé une histoire initiée en 1789, qui ne passe plus par la transformation sociale comme garantie du changement heureux de la société, mais par la stabilisation institutionnelle de la République, par une bourgeoisie aux commandes de l’État.

Antonelle connaît ses élites nouvelles et peut apprécier la misère dans laquelle se trouve le peuple parisien : seule la voie de la clandestinité s’offre à lui et à quelques démocrates, dont Babeuf, en 1795 et 1796. Proche du Tribun du peuple, il en diffère par son analyse politique de la crise, ne croyant pas à une solution de partage économique comme horizon d’idéalité, mais défendant une éducation politique du plus grand nombre pour mettre en adéquation la Révolution avec ses principes d’égalité et de fraternité.

Après le fiasco de la conspiration des Égaux et le suicide de Babeuf, Antonelle sort de nouveau de prison avec une nouvelle idée : conquérir l’opinion publique en devenant le rédacteur en chef de l’organe de la gauche radicale : le Journal des hommes libres. C’est dans les colonnes de cette feuille fort lue qu’Antonelle va inventer une expression galvaudée depuis et devenue banale aujourd’hui mais qui à l’époque, en 1797, fait l’effet d’un choc dans le monde politique en réunissant deux concepts difficilement conciliables : la « démocratie représentative ». Antonelle est bien le concepteur et le divulgateur dans son journal du nom de ce système politique qui conçoit la gouvernance possible d’un vaste État par délégation de pouvoir, à la seule condition qu’elle soit fondée sur le suffrage le plus large possible, masculin à l’époque. Mais pour que ce système politique fonctionne, des exigences sont sans cesse rappelées en 1798 et 1799, jusqu’à la veille du coup d’État des militaires : éducation populaire du plus grand nombre, liberté totale d’expression mais surtout de réunion, ateliers de travail pour les plus démunis, fraternisation avec les peuples européens et non conquêtes des espaces limitrophes de la République, ouverture de la France vers une République fédérative des peuples européens. Toutes ces idées doivent constituer le fondement de la démocratie représentative selon Antonelle, dont les articles ne contribuent pas peu au succès relatif de cette gauche aux élections de l’an VI et de l’an VII (1798 et 1799) jusqu’à ce que la bourgeoisie, affolée par ces victoires, ne recherche avidement un bras armé pour imposer un nouvel ordre méritocratique, construit sur une République conservatrice.

Après que Bonaparte se fut emparé du pouvoir illégalement, il ne reste plus à Antonelle et ses compagnons qu’à se retirer dans une opposition vouée à l’échec en ces temps de République autoritaire ou à une résistante silencieuse. C’est cette voie que choisit Antonelle, à partir de 1802, décidant de consacrer une bonne part de sa fortune à la bienfaisance philanthropique, « Es moussou d’Antonello, lou capeu à la man », s’exerçant à une dissidence inattaquable, celle du partage de son bien avec les plus démunis, mais impardonnable pour les nouveaux notables de l’Empire, ne pouvant supporter ce partageux et s’acharnant ensuite sur sa mémoire, le faisant passer pour un illuminé, évidemment.

Il y a encore quelques années, à l’emplacement de la maison des Antonelle à Arles, le thésard curieux avait pu trouver un foyer de qualité pour travailleurs immigrés… L’occupant des lieux de 1817 n’aurait pas désavoué cette destination.

 

Publié par l'Humanité

 

Pierre Serna professeur de l’université de Paris-I Panthéon-Sorbonne,

Directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française. Auteur d’Antonelle, aristocrate révolutionnaire 1747-1817, Paris, Éditions du félin, 1997.

 

 

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