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25/10/2012

Le Sénat reconnaît la répression du 17 octobre 1961

histoire, François Hollande, guerre d'algérie, 17 octobre 1961, maurice papon, françois mitterrand, république française, david assouline,Six jours après la déclaration de François Hollande rompant le silence officiel sur la "répression sanglante" de la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961, le Sénat a adopté une résolution, proposée par le groupe communiste, demandant que "la France reconnaisse ces faits" avec 174 voix pour, et 168 contre.

"C'est un acte important, tant attendu, auquel il nous revient aujourd'hui de donner toute sa portée par un vote solennel de notre assemblée", a jugé devant la Haute assemblée Pierre Laurent au nom du PCF à l'origine de la proposition de résolution. Ce "premier pas" doit être "suivi des actes nécessaires à l'établissement définitif de la vérité et à la reconnaissance des crimes coloniaux, dont le 17 octobre 1961 constitue, avec d'autres, un épisode tragique", a-t-il jugé. Le sénateur communiste a demandé ainsi l'ouverture de toutes les archives concernant les guerres coloniales. "Ne serait-il pas souhaitable à ce sujet que les archives de l'Etat soient soumises à des règles communes en matière d'archives conformes au fonctionnement d'un Etat démocratique?", a-t-il demandé. Selon lui, cela aurait "le mérite de contribuer à faire la lumière sur les agissements de la France et de son armée dans les pays africains notamment".

>>> Lire l'allocution de Pierre Laurent au Sénat

La résolution, votée avec 174 voix pour, et 168 contre, avait été proposée par le groupe communiste, qui l'a votée, tout comme les socialistes et les écologistes. En revanche, l'UMP et les centristes ont voté contre. "Je suis disposé à ce qu'on ouvre les archives", a affirmé pour sa part l'ancien ministre UMP Roger Karoutchi. "Tout le monde est d'accord pour rétablir la vérité absolue". Mais, a-t-il poursuivi, "mettons en cause les responsabilités de ceux qui ont dérapé, mais pas celle de la République".

"Plus que l'érection d'un lieu de mémoire", Esther Benbassa (écologiste) a demandé que "le 17 octobre 1961 trouve sa juste place dans l'histoire de notre pays". Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement, a apporté le soutien du gouvernement à la résolution, jugeant qu'"il faut que la vérité soit dite, sans repentance, ni accusation particulière".

La déclaration de François Hollande avait été critiquée à droite, l'ex-Premier ministre François Fillon, par exemple, s'élevant contre "la culpabilité permanente" assénée dans une France "en dépression nerveuse quasi permanente".

Publié par l'Humanité

21/10/2012

DE LA COMMUNE DE PARIS A LA CATHEDRALE D'EVRY !

zahia.jpgLa réunion des deux orchestres que Zahia Ziouani dirige régulièrement a valeur de symbole : celui du dialogue entre la France et l'Algérie.

Zahia Ziouani était ainsi l'invité exeptionnelle de la Municipalité d'Evry pour un concert magnifique interprété à la cathédrale d'Evry.

Elle y a notamment dirigée la Mélodie Mauresque de Tunis de Francisco Salvador Daniel (1831-1871) qui a contribué, par ses collectes ethnomusicologiques et ses orchestrations, à faire connaître la musique arabe sous le Second Empire, avant d’être fusillé pour sa participation à la Commune de Paris.

Ce concert était ainsi placé sous un double symbole, celui de la France et de l'Algérie, et celui d'Evry ville symbole de la Commune puisque c'est la ville qui porte le plus de noms en rapport avec cet évènement historique et la musique.

BIOGRAPHIE DE FRANCISCO SALVADOR DANIEL

Francisco, après avoir été initié à la musique par son père, entre au conservatoire. Il devient un excellent pianiste. Il est engagé dans l’orchestre du théâtre lyrique ; il y fait la connaissance du compositeur Léo Delibes qui le guide dans ses débuts. Mais il est surtout sensible à l’influence de Félicien David, l’auteur du « Désert ». Il partage l’idéal social de ce musicien saint-simonien. Sur le plan politique, il s’écarte donc résolument de l’orientation très réactionnaire prise par son père.

Félicien David lui inculque également l’amour de l’Orient. Francisco, qui veut élargir l’horizon de ses connaissances, part en 1853 pour Alger où il va enseigner le violon. Il apprend rapidement l’arabe et peut traduire les traités anciens de musique arabe.

La musique arabo-andalouse s’étant constituée à partir des apports de l’Orient et de l’Occident, Francisco Salvador Daniel va démontrer les analogies nombreuses entre la musique andalouse et le chant grégorien.

 

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Il publie à ce sujet un ouvrage très remarqué : La musique arabe, ses rapports avec la musique grecque et le chant grégorien (Alger - 1863). Cette œuvre était d’abord parue dans La revue africaine dont il était l’un des collaborateurs.

Il traduit en français des chansons algériennes, tunisiennes et kabyles, adapte la musique arabe aux instruments occidentaux. Très épris de la fille d’un marchand d’Alger, il s’apprête à l’épouser mais la veille de la cérémonie, la fiancée tombe malade et meurt quelques temps après. Francisco est terriblement affecté par le décès de la femme aimée et il retourne à Paris, très déprimé.

Ayant beaucoup de talent mais peu d’esprit d’intrigue, il n’occupe pas dans le domaine musical la place qu’il mérite et d’ailleurs ses idées avancées, ses conceptions d’une musique « sociale et démocratique » sont fort éloignées de l’idéologie officielle.

Il rédige en collaboration avec son père un cours de plain-chant, dédié aux élèves-maîtres des écoles normales primaires (Paris - P. Dupont - 1864).

- A propos de chansons - le personnage régnant, première lettre à Mademoiselle Thérésa, de l’Alcazar - Paris - Noirot - 1867

- La chanson guerrière - 18ème et 19ème siècles.

- La Complainte de l’Ogre - 1867.

- Album de chansons arabes, mauresques et kabyles.

Il donne des concerts à la Maison pompéienne aux Champs Elysées mais il est surtout passionné par la direction des concerts populaires fondés par Pasdeloup.

En 1869, il devient critique musical au journal républicain d’opposition à l’Empire La Marseillaise de Rochefort.

JPEG - 18.9 ko Pendant le premier siège, il participe aux journées révolutionnaires du 31 octobre 1870 et du 22 janvier 1871. Délégué des Comités de vigilance et Membre du Comité central Républicain des 20 arrondissements de Paris, il signe la fameuse affiche rouge du 6 janvier 1871.

Sous la Commune, il est délégué communal du VIème arrondissement, il est même amené à accomplir des missions dans le VIIème arrondissement.

C’est ainsi qu’il fait une perquisition dans la Maison des frères des écoles chrétiennes, rue Vaneau. Accompagné d’un secrétaire, il a pour mission d’inventorier les objets et meubles de la Maison. Le frère qui le reçoit n’a aucune sympathie pour La Commune, il dépeint pourtant ainsi Francisco : « Salvador avait la physionomie douce et aimable, si ces apparences n’étaient pas menteuses, il avait dû se faire de grandes violences pour accomplir son rôle odieux […] »

Le frère directeur « lui demande le départ libre pour tous ses frères. Réponse lui est faite qu’il peut sortir quand bon lui semblera et que cette autorisation est aussi donnée aux frères que leur âge ne comprend pas dans l’enrôlement » [1] (dans la Garde Nationale).

Le 15 mai 1871, Francisco Salvador Daniel est nommé, par la délégation de l’enseignement, à la direction du conservatoire de musique, en remplacement du compositeur Auber décédé le 12 mai.

En prenant ses fonctions, Salvador tente une réorganisation de l’établissement et convoque quelques professeurs restés fidèles à leur poste. Le bibliothécaire adjoint lui dit « Vous savez que vous risquez votre vie » et Salvador répond : « je sais que je risque d’être fusillé, mais j’agis selon mes convictions ».

Malgré ses nombreuses occupations, il continue à assumer ses activités journalistiques. Il collabore à L’Homme libre, organe politique et quotidien de la fédération universelle (ce journal se définit comme l’organe scientifique, philosophique et littéraire du triple développement physique, intellectuel et moral de l’Humanité.)

Dans le journal officiel du 20 mai 1871, on peut lire le communiqué suivant :

« Les citoyens et citoyennes artistes, attachés aux théâtres ci-après : Opéra, Opéra comique et théâtre lyrique, et comptant à un titre quelconque dans le personnel du chant, de l’orchestre, des chœurs, de la danse ou de la régie, sont invités à se réunir dans la salle du conservatoire, mardi 23, à deux heures, à l’effet de s’entendre avec le citoyen Salvador Daniel, délégué par la délégation de l’enseignement, sur les mesures à prendre pour substituer au régime de l’exploitation par un directeur ou une société, le régime de l’association ».

Hélas, cette réunion ne peut avoir lieu et Francisco devait être appelé à exercer des fonctions plus dramatiques durant la Semaine Sanglante.

Le 22 mai 1871 au matin, Varlin, élu du VIème arrondissement, assure la défense de son secteur. Il envoie l’ordre à Salvador Daniel « de faire exécuter une série de barricades rue de Rennes, rue de Vaugirard, pour assurer la protection du carrefour ».

Le 23 mai, Francisco combat rue de l’Université. Le 24 mai au matin, il commande la barricade dressée à l’angle de la rue Jacob et le la rue Bonaparte, sept hommes font le coup de feu avec lui. Ils luttent désespérément jusqu’à midi. Ils sont alors contraints de se replier devant des forces nettement supérieures.

Réfugié dans une maison appartenant à des amis, Salvador Daniel est dénoncé aux Versaillais par des voisins. Un officier avec une dizaine de soldats cernent la maison hospitalière. Après avoir enfoncé la porte d’un appartement ils sont stupéfaits du calme de l’insurgé qui, allongé sur un divan, fume tranquillement une cigarette en les attendants. Il sait qu’il va être fusillé sans jugement.

Amené par les lignards sur le lieu où il a combattu, il rectifie la position de sa cravate et demande d’être visé au cou. Une salve l’abat immédiatement. Trois heures plus tard, son corps sera jeté à la fosse commune.

Il avait manifesté, maintes fois, le désir qu’on jouât à ses obsèques l’andante du second quintette de Beethoven. Ce vœu ne devait pas être exaucé. Cependant, ses amis, en souvenir de lui, appelèrent plus tard ce morceau L’enterrement de Salvador.

Marcel Cerf

31/08/2012

Madeleine Riffaud : des toits de Paris 
aux rizières du Vietnam

série des journalistes et des combats, madeleine riffaudRésistante, 
devenue journaliste, la grand reporter de l’Humanité a couvert les guerres coloniales. Poète, écrivain, 
elle a été la première femme à repousser aussi loin les limites 
de l’investigation.

Lorsque Madeleine Riffaud devient journaliste, Elsa Triolet lui donne ce conseil : « Pour ce métier, pas besoin d’aller à l’école, mais il faut lire deux textes, Choses vues, de Victor Hugo, et le Nouveau Testament. » C’est la Libération. La fin de la clandestinité est douloureuse pour celle qui se faisait appeler Rainer au sein de la Résistance.

En 1940, l’adolescente, fille unique d’un instituteur revenu amputé de la boucherie de 1914-18, se fait agresser par des soldats allemands. Un soudard aux gestes déplacés l’humilie en public. « C’était la première fois qu’un acte violent était commis sur moi par un soldat ennemi. Je ne l’ai pas admis. » Elle rejoint les FTP et écrit ses premiers poèmes. « En parachutage, on recevait des armes et, sur papier bible, des poèmes d’Éluard. La poésie de cette époque a su se rendre tellement persuasive qu’elle nous poussait en avant. »

Début 1944, elle entre en même temps au Parti communiste et dans la lutte armée. Elle apprend le massacre d’Oradour-sur-Glane, village de sa jeunesse. « Je pensais à cela quand je pédalais dans Paris, aux brûlés vifs que je connaissais. Éluard parlait des “armes de la douleur”. C’était exactement cela. J’ai roulé jusqu’à ce soldat allemand sur le pont de Solferino. J’ai voulu qu’il me regarde. Il a tourné son visage vers moi. À ce moment-là, je lui ai tiré deux balles dans la tempe gauche. » Le 23 juillet, ce visage d’ange qui n’a pas encore vingt ans exécute un officier SS en plein Paris.

Un milicien la rattrape et la livre inconsciente à la Gestapo. Elle se réveille rue des Saussaies. « Un endroit dont on ne peut pas parler tranquillement », confie-t-elle encore aujourd’hui, et qui décidera du reste de son existence. Privée de sommeil, soumise à des décharges électriques, elle assiste aux tortures de ses camarades. Elle est promise au poteau, puis à la déportation, avant d’être libérée in extremis grâce à un échange d’otages. Sitôt libérée, elle participe à la libération de Paris.

Loin des clichés sur l’euphorie de la liberté retrouvée, la sortie de la clandestinité s’avère douloureuse pour Madeleine Riffaud. Les souvenirs des geôles nazies la hantent. « Après ça, j’ai essayé de vivre comme tout le monde mais je n’ai pas pu », confie-t-elle au réalisateur Philippe Rostan, dans le documentaire qu’il lui a consacré en 2010. Durant ces mois difficiles, elle comprend que seules l’intéressent désormais « les situations limites et l’extrême danger ». Jusqu’à ce jour où on la présente à un certain Paul Éluard. « Il m’a soulevé le menton et m’a dit : “Tu veux bien me regarder ?” Ce qu’il a vu dans mes yeux, c’était une détresse sans borne. Il m’a tendu une carte de visite.

Ma vie en a été changée. » Pour son premier recueil de poèmes, le Poing fermé, Picasso lui tire le portrait pour la couverture du livre. On lui suggère le journalisme, elle y voit l’occasion de partir au bout du monde. C’est lui qui vient à elle pour la conférence de Fontainebleau, en 1946. On la présente à Hô Chi Minh.

série des journalistes et des combats, madeleine riffaudC’est le début d’une longue histoire avec le Vietnam. Et l’Oncle Hô de lui dire : « Si tu viens dans mon pays, je te recevrai comme ma fille. » Ce qu’il fera. Devenue grand reporter pour l’Humanité, après avoir travaillé à la Vie ouvrière et Ce soir, elle couvre la fin de la guerre d’Indochine, puis du Vietnam. Elle est la première à dénoncer, dès 1955, un an après leur signature, la violation des accords de Genève par les États-Unis.

Car, à partir de 1964, Madeleine Riffaud devient Chi Tam, la 8e sœur. Elle est l’une des rares occidentales à être acceptée dans les maquis viêt-cong, et devient une combattante à part entière de la résistance vietnamienne. « Ce que j’ai vu au Sud-Vietnam » affiche la une de l’Humanité en novembre 1970, dont le reportage révèle au monde l’horreur de la répression. « Con Son, Tan Hiep, Thu Duc, Chi Hoa… Il nous faut retenir ces noms car, jadis, pour les résistants victimes des nazis, l’enfer a duré cinq ans. Or au Sud-Vietnam, le même enfer dure depuis quinze ans », écrit-elle en 1972, au cœur d’un papier qui dénonce les atrocités commises par l’administration américaine. « Voilà la démocratie de Nixon, conclut-elle. Voilà la paix que les vaincus, en s’en allant, voudraient accorder à des hommes, des femmes estropiés à vie par les tortures sans fin… » Et elle sait de quoi elle parle : « Le drame est d’être passée de la Résistance aux guerres coloniales.

J’ai été correspondante de guerre pour dire mon horreur des conflits. » « On disait des Viêt-cong : ce sont des hommes sans visage. » Ces combattants de l’ombre retrouvent le sourire devant l’objectif de Madeleine Riffaud, qui s’attache à leur redonner une identité. Dans ces déluges de violences qu’elle décrit, la poésie n’est jamais loin, derrière une description des rizières vietnamiennes ou des images de typhons, autant de métaphores de la mort, omniprésente. La couverture de la guerre d’Algérie la ramène rue des Saussaies, où la police française torture les militants du FLN, là même où elle a connu l’enfer.

série des journalistes et des combats, madeleine riffaudLe 7 mars 1961, l’Humanité sort avec une page blanche, marquée en son centre de ce seul mot : « Censuré ». À l’origine de la saisie, un article de Madeleine Riffaud sur les tortures pratiquées à Paris, qui déclenche la fureur du préfet de police, Maurice Papon, qui porte plainte en diffamation et demande des dommages et intérêts. Elle réchappe de peu à un attentat de l’OAS et passe plusieurs mois à l’hôpital.

En 1973, Madeleine Riffaud emprunte une nouvelle identité et repousse toujours plus loin les limites de l’investigation. Elle devient Marthe, se fait embaucher dans un hôpital parisien comme aide-soignante. Elle récure les sols, prodigue les soins aux patients, veille la nuit des mourants anonymes.

De cette expérience, elle en tire un récit lucide et tendre sur l’univers hospitalier, les Linges de la nuit, sur ce qui se joue sous les draps blancs, quand l’imminence de la mort rebat les cartes des rapports humains. Car comme le disait d’elle Jean Marcenac, « Madeleine Riffaud est un poète qui a pris résolument le parti de s’exprimer par le journal… Elle a toute seule créé ce qu’il faut bien nommer un genre et, finalement, elle a parfaitement réussi ».

Article publié par l'Humanité dans la série : des journalistes et des combats

16/08/2012

Le massacre oublié des communistes indonésiens

etats-unis,indonésie,massacre,communistesUne commission nationale des droits de l’homme a présenté, fin juillet, à Djakarta, un rapport qualifiant de « crimes contre l’humanité » la sanglante répression anticommuniste de 1965.

Pour la première fois, en Indonésie, un pas a été franchi vers la reconnaissance officielle des massacres anticommunistes de 1965-1966, qui coûtèrent la vie à un million d’hommes et de femmes, probablement davantage, membres et sympathisants réels ou supposés du Parti communiste indonésien (PKI). Une commission nationale des droits de l’homme a présenté, fin juillet, un rapport évoquant, à propos de cette sombre séquence historique, des « violations flagrantes des droits humains » et des « crimes contre l’humanité ». Le document revient longuement sur ces crimes de masse, supervisés par le « commandement pour la restauration de la sécurité et de l’ordre » du général Suharto. Avant d’exhumer d’autres aspects de la répression : esclavage, disparitions forcées, déportations dans des camps de concentration, torture, viols, prostitution forcée.

Force politique de premier plan dans l’archipel avant cette mise à mort, le PKI comptait 3,5 millions de membres et une quinzaine de millions de sympathisants. Alliés au nationaliste Sukarno, les communistes devinrent la cible d’un déchaînement de violence inouïe lorsqu’en septembre 1965 des généraux réputés proches du PKI furent accusés d’avoir ­fomenté une tentative de putsch. Suharto, appuyé par les États-Unis, prit alors la tête de cette sanglante répression, en mobilisant le camp réactionnaire et la droite religieuse.

En 1966, Suharto écartait Sukarno du pouvoir, mettant un terme définitif à l’expérience politique originale initiée par cette figure du tiers-mondisme et des non-alignés. Le pays sombra alors dans une longue nuit, jusqu’à la chute du dictateur, chassé par la rue en 1998, avant de mourir de sa belle mort en 2008, sans répondre de ses crimes.

Pour les rescapés des massacres de 1965 comme pour les familles des victimes, la mise au ban et les discriminations se ­perpétuent, jusqu’à nos jours. « Comme ex-détenus politiques, il nous est difficile d’obtenir un crédit bancaire, une aide au logement.

Les emplois de fonctionnaires nous sont interdits (…), nous ne pouvons pas enseigner, ni être médecin », témoigne Bedjo Untung, survivant d’un camp de concentration, interrogé par la chaîne anglophone Channel News Asia. Nur Kholis, le ­président de la commission ­nationale des droits de l’homme, a enjoint le gouvernement indonésien à présenter aux victimes des excuses officielles, assorties de réparations. Mais dans un pays où la culture de l’impunité et l’amnésie collective ­prévalent encore, les défenseurs des droits de l’homme doutent des suites qui seront données à ces recommandations. ­Certains survivants, eux, ­n’excluent pas de recourir à la justice internationale.

Rosa Moussaoui

REVELATIONS SUR UN MASSACRE

etats-unis,indonésie,massacre,communistesDes révélations du Washington Post en 1990 font état de déclarations d'un ancien membre de la section politique de l'ambassade américaine à Jakarta, Robert J. Martens. Ce dernier explique qu'il y dirigeait un groupe de fonctionnaires du département d'État et de la CIA, qui, précise-t-il, ont consacré deux ans à la constitution de ces listes de communistes. Cette révélation confirme que, dès 1963, Washington préparait une action subversive en Indonésie.

Le silence qui s'est abattu depuis quatre décennies sur les événements du 30 septembre 1965 a contribué à épaissir le mystère de l'origine du déclenchement de cette action.

Il y aurait eu une tentative de putsch par une poignée d'officiers proches du PKI, voulant " protéger le président Sukarno " contre des éléments réactionnaires de l'armée préparant un coup d'État.

En 2000, le colonel Latief, commandant une brigade d'infanterie implantée dans la capitale Jakarta et qui fut incarcéré en 1965 et libéré en 1999, témoigne que Suharto, alors commandant des forces stratégiques de l'armée, avait été mis au courant du complot contre Sukarno, dans lequel trempaient sept généraux. Ces derniers ont été enlevés dans la nuit du 30 septembre et assassinés. Débute alors une campagne de propagande minutieusement préparée accusant les communistes d'être les auteurs du rapt. S'enchaîne alors une méthodique et sanglante chasse aux " athées ".

L'Indonésie vécut une sorte de génocide dans la quasi-indifférence mondiale. Le PKI, et toutes les organisations qui lui étaient proches : syndicats, fédération des enseignants, organisations de jeunesse, des femmes, etc., furent anéantis en quelques semaines.

En mars 1966, Sukarno fut écarté officiellement du pouvoir par Suharto. Dans un rapport datant de 1983, la CIA a estimé qu'il y eut 250 000 morts. Des généraux indonésiens comme Sudomo et Sarwo Edhie, proches de Suharto, ont avancé des chiffres allant de 500 000 à 2 millions de tués.

LA LISTE MAUDITE

etats-unis,indonésie,massacre,communistesToujours selon les révélations du Washington Post, les listes dressées par les fonctionnaires américains ont concerné des milliers de personnes, " allant des responsables communistes indonésiens, depuis les échelons supérieurs jusqu'aux cadres locaux dans les villages ".

Ces listes ont, par la suite, été remises aux militaires indonésiens pour perpétrer leurs massacres. En retour, l'ambassade recevait des putschistes la liste des personnes assassinées, permettant " un pointage systématique par la direction de la CIA à Washington, des exécutions qui avaient été menées à bien ".

" Vers la fin de janvier 1966, les noms rayés sur les listes étaient si nombreux que les analystes de la CIA ont conclu à la destruction de la direction du PKI ", a expliqué au journal Joseph Lazarsky, ancien chef adjoint de la CIA en Indonésie. Le quotidien précise qu'il n'a jamais pu être prouvé que les communistes indonésiens aient été impliqués dans l'assassinat des généraux. Tout au long des trente-trois années de dictature, la répression n'a jamais faibli.

Entre 1985 et 1990, Suharto a fait exécuter dans la clandestinité 22 dirigeants communistes, syndicalistes et militaires progressistes, qui croupissaient en prison depuis vingt-cinq ans.

Condamnés à mort après la prise du pouvoir du dictateur, aucune grâce ne leur fut accordée.

Il y eut aussi plus d'un million de personnes incarcérées ou déportées dans l'île de Buru.

Emprisonnées sans jugement durant dix à quinze ans. Estampillées ensuite " ex-prisonniers politiques " (les tapols), elles restèrent complètement marginalisées au sein de la société indonésienne.

Ce sont des millions d'Indonésiens qui furent frappés par cette exclusion durant trois décennies en vertu, du décret de 1966 pris par l'Assemblée constituante interdisant le " communisme ".

Tous les condamnés politiques pour " faits de communisme ", leur famille et leurs descendants sont frappés d'indignité nationale et interdits de recrutement dans aucun des postes de la fonction publique et dans de nombreuses activités relevant du secteur privé.

Ces victimes ont représenté une catégorie de " sous-Indonésiens ", exclus de la citoyenneté, juste autorisés à survivre comme ils le pouvaient dans le cadre d'une étroite et permanente surveillance.

Dominique Bari

Articles publiés par l'Humanité

11/08/2012

HISTOIRE : LES MENSONGES DU FRONT NATIONAL !

cordoba 049.jpgLe 2 août le journal Midi Libre titre : Profanation de la mosquée de MONTAUBAN Tarn et Garonne dans la nuit du 1 août. Une profanation en plein ramadan, un acte islamophobe, une provocation inacceptable.

Comment ne pas rapprocher ce fait scandaleux de l’islamophobie dont fait preuve le sieur COLLARD lorsqu’il dit : "Je suis islamo-négatif. L’islam n’a rien de commun avec la civilisation européenne. Il n’a jamais rien apporté à la France, pas un écrivain, rien créé, aucune œuvre d’art."

Je ne suis pas historien*, ni philosophe, mais avec le peu que j’ai appris, j’estime que de tels propos ne peuvent rester sans réponses car ils sont inspirés par la haine et la démagogie.

COLLARD ignore volontairement l’histoire de l’humanité en général et l’histoire de l’art en particulier. Il s’inscrit dans une démarche idéologique qui tend à faire apparaitre « la supériorité de la culture judéo-chrétienne ».

Cette démarche recoupe celle de N SARKOZY qui voulait inscrire cette notion dans les traités européens et qui considérait que les civilisations Africaines avaient accumulé trop de retard pour espérer s’intégrer à l’évolution du monde moderne. COLLARD est dans la lignée des réactionnaires qui mettent en avant les bienfaits de la colonisation pour mieux en camoufler les conséquences désastreuses.

En ALGERIE par exemple, durant 130 ans, le régime colonial s’est acharné à priver le peuple algérien des moyens de connaître son propre passé et sa culture.

Durant la conquête coloniale, les conquérants français ont détruit de nombreux témoignages et des vestiges précieux. Une attitude criminelle et barbare à l’exemple des soudards du duc d’AUMALE qui détruisirent la riche bibliothèque d’Abdel KADER lors de la prise de sa Smala.

D’après P. AZAN l’historiographe de l’ Emir, Abdel KADER éprouva une violente douleur à suivre la trace de la colonne française retournant à MEDEAH, par les feuilles arrachées des livres qui lui avaient coûté tant de peine à réunir et qui constituaient la plus grande bibliothèque d’AFRIQUE.

Plutôt que de livrer à l’étude tous les trésors culturels du Maghreb, l’armée coloniale les détruisait, les gaspillait ou les éliminait à plaisir. C’est très symbolique.

La vérité historique est subversive et c’est pour cela que COLLARD, comme les soudards, veut l’ignorer ou la dévoyer. Cette vérité, aujourd’hui encore, on veut l’étouffer car elle pourrait saper les préjugés entretenus par la droite et l’extrême droite, qui défendent l’idée de « l’apport du colonialisme » et de la supériorité de la civilisation européenne.»

En 2003, les américains en IRAK n’ont-ils pas eu la même attitude à l’égard de la culture irakienne et mésopotamienne en laissant piller le musée national de BAGDAGD, un des plus célèbres musées du monde?

Ce musée était inscrit au patrimoine de l’humanité avec une importante collection d’objets mésopotamiens et notamment des exemplaires d’écriture cunéiforme. Cette écriture qui permis de rédiger les plus anciens textes de l’humanité 3300 ans avant JC.

BUSH avait-il intérêt à laisser voir au monde entier qu’une civilisation évoluée avait existé avant la nôtre ? Saddam HUSSEIN ne lui donnait-il pas l’occasion de montrer la supériorité de l’AMERIQUE…. et du capitalisme ?

COLLARD pratique le mensonge par omission en contestant que la civilisation arabe dans son plein épanouissement au moyen - âge s’est montrée largement ouverte notamment vers l’EUROPE pour l’échange des biens et des idées, accueillante à toute pensée neuve. Une civilisation qui allait se développer de l’Espagne aux frontières de la chine. De nombreux historiens n’hésitent pas à affirmer que les ARABES disposaient d’une technique supérieure à celle de l’EUROPE. Ils introduisirent ou développèrent dans les différents pays de leur empire des cultures nouvelles : l’irrigation, les industries de la soie, du coton, du verre, du papier de chiffons.

Pour avoir visité MURCIA, j’ai constaté combien était efficace et judicieux, le système d’irrigation que les ARABES avaient créé au 13 ème siècle et combien ils avaient contribué à l’urbanisation harmonieuse de cette ville espagnole où la présence de l’histoire est très perceptible.

ENGELS constate que les « rudiments de la science exacte de la nature ne sont développés que par les grecs de la période Alexandrine et plus tard, au moyen- âge, par les ARABES »

La langue arabe servit de véhicule aux conquêtes intellectuelles de l’Orient, elle permit la diffusion de nouvelles connaissances allant plus loin que les découvertes des Grecs.

Les astronomes arabes établirent les tables de longitude et de latitude ; les mathématiciens découvrirent les logarithmes, la solution de nouvelles équations algébriques, introduisirent les chiffres actuels et la numération décimale ; les médecins arabes créèrent la médecine clinique et firent faire de grands progrès à la chirurgie ; les chimistes et les physiciens, découvrirent de nouveaux corps et de nouveaux procédés industriels.

Les savants, les philosophes, les historiens arabes, tels AVICIENNE, AVERROES, Ibn KALDLOUM, firent avancer l’humanité dans sa connaissance de l’univers et du développement des sociétés humaines. Ils consolidèrent les fondements de la pensée matérialiste.

C’est tout cela que veut ignorer COLLARD pour mieux établir que la civilisation arabe et musulmane n’a en rien contribué à notre propre développement.

A vrai dire, en cette période, notre civilisation organisait les croisades contre les infidèles !

Et que penser de l’art musulman qui imprègne les villes de MURCIA, ALMERIA, MALAGA, CORDOU (voir photo), CADIX, GRENADE pour ne parler que de ce que j’ai vu en Espagne ?

Le grand architecte Suisse LE CORBUSIER pouvait dire que l’ALHAMBRA de GRENADE lui avait permis de concrétiser la définition de l’architecture moderne.

Si nos cathédrales sont des chefs-d’œuvre du gothique flamboyant, elles s’inscrivent dans une évolution continue de l’art de construire en EUROPE avec le lègue des autres civilisations et de la civilisation arabe en particulier.

Avant le gothique existaient la voûte sarrasine, le pisé, la brique crue, les arcs éléments majeurs de l’architecture islamique, les mosaïques, les moucharabiehs, les coupoles notamment la coupole de la grande mosquée de KAIROUAN en TUNISIE édifiée en 836.

Durant les années 1970 à 1980, un architecte décorateur annécien nommé PACCARD, faisait réapprendre les anciens métiers des artisans maghrébins pour construire et décorer des résidences et des hôtels luxueux au MAROC. La présence coloniale française avait étouffé ces savoir-faire ancestraux qu’il fallait remettre en action pour réaliser des ouvrages somptueux bien que très éloignés des besoins du peuple.

En matière littéraire, bien qu’il faille distinguer la religion islam et la civilisation islamique, peut-on laisser entendre qu’il y a un vide complet et que rien n’est à retenir ?

Et pourtant, à l’institut du monde Arabe à PARIS, les rayons des bibliothèques regorgent d’ouvrages dont certains remontent au 7 ème siècle, témoignages d’une culture Arabe très forte.

Les contes des mille et une nuits, les histoires d’ALADIN, de SINBAD le marin est-ce à ignorer ?

Et que dire des auteurs contemporains instruits et inspirés par cette culture ancienne.

Naguib MAHBOUZ prix NOBEL de littérature en 1988

Mais aussi Tahar BEN JELLOUN, Kaceb YACINE, Amin MAALOUF, Yasmina KHADRA et tant d’autres que COLLARD préfère ignorer pour développer son fonds de commerce raciste et xénophobe.

Voilà bien modestement ce que m’inspirent les propos tenus par le député FN suite au comportement d’un iman irresponsable.

Le recul des idées du FN sera long et difficile. Il s’agit de reconquérir le terrain culturel et cela ne relève pas seulement des militants politiques. Cela nécessite la participation de tous ceux qui refusent le racisme et les discriminations et ils sont nombreux.

Hommes et femmes de culture, enseignants, artistes, syndicalistes, humanistes, ne laissons pas les racines du mal se développer.

Dans le sud gardois et sur la 2 ème circonscription en particulier, notre responsabilité collective est grande.

*Point de vue par André GENOT, secrétaire de la section du PCF, de Petite Camargue (2 eme circonscription du Gard)

Photo de Cordoba exclusive E-Mosaïque

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29/07/2012

ACELOR, DOW CHEMICAL : JO DE LONDRES SPONSORISES PAR DES FAISEURS DE MORTS !

orangevietguerre3.jpgMorts sociales, mais aussi morts physiques, l'attitude de deux entreprises partenaires des JO de Londres scandalise en France, en Inde et au Viet Nam.

Les salariés du groupe ArcelorMittal ont manifesté à Florange. Alors que les hauts-fourneaux sont quasiment à l'arrêt, leur patron Lakshmi Mittal a porté la flamme olympique à Londres.

 En Inde, des enfants victimes de la catastrophe de Bhopal en 1984 dénoncent eux la présence aux Jeux de Dow Chemical.

Hélène Luc, ancienne sénatrice du Val de Marne, présidente de l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne est elle intervenue auprès des organisateurs des jeux Olympiques de Londres en dénonçant les atrocités liés à l’utilisation du produit défoliant orange de ce groupe par les américains au Viet Nam dont le nombre de victimes est estimé à près de 2 millions dont de très nombreux enfants, appuyée par des courriers envoyés par les députés communistes P. Le Hyarice, de N. Borvo et de MG Buffet.

Mesdames, Messieurs,

dow chemical,produit défoliant orange,jo de londres,hélène luc,acélor,florangeC’est avec une grande perplexité que nous avons appris que Dow Chemical fait partie des sponsors des jeux Olympiques d’été et des Paralympiques 2012 et que, de ce fait, le stade olympique sera flanqué de gigantesques panneaux publicitaires de cette entreprise.

Dow Chemical n’est pas n’importe quelle firme  : Dow Chemical a apporté mort, dévastations et d’indicibles souffrances à des millions d’êtres humains, un comportement en profonde contradiction avec l’idée olympique.

Dow Chemical est l’un des fabricants du produit défoliant agent orange  : 80 millions de litres ont été épandus par l’armée des États-Unis de 1961 à 1971 sur le sud du Vietnam, au Laos et au Cambodge. Cette quantité énorme contenait 400 kg de dioxine. Les études du groupe de chercheurs dirigé par le professeur Jeanne M. Stellman de la Columbia University apportent la preuve que 4,8 millions de personnes ont été contaminées par cette substance hautement toxique. Des centaines de milliers en sont mortes.

dow chemical,produit défoliant orange,jo de londres,hélène luc,acélor,florangePour 3 millions de personnes, ce contact a eu des effets graves, comme des maladies cancéreuses et des malformations à la naissance.

Ces dernières persistent jusqu’à ce jour (troisième génération de victimes contaminées). Les atteintes causées à l’environnement sont gigantesques.

Dow Chemical était également le producteur du Napalm. Les tapis de feu déployés par les bombes incendiaires ont produit mort, dévastations et d’horribles brûlures au Vietnam, au Laos, au Cambodge, ainsi que dans les autres pays ayant souffert de la guerre. Nombreux sont ceux parmi nous qui se souviennent toujours avec horreur de ces images.

Enfin, la société Union Carbide, responsable de la catastrophe monstre de 1984 à Bhopal, en Inde, a été rachetée par Dow Chemical et fait partie depuis 2001 de ce groupe industriel.

Dow Chemical persiste dans son refus de prendre ses responsabilités  : ni les victimes des guerres ni les victimes de la catastrophe chimique n’ont été indemnisées. Rien n’a été entrepris pour décontaminer leur terre.

Des millions de personnes de par le monde sont indignées de l’absence totale de scrupules de Dow Chemical et des autres entreprises complices (par exemple Monsanto). Elles réclament enfin justice pour les victimes. C’est aussi ce qu’exigent les organisations signataires.

En conséquence, nous attendons des porte-flambeaux de l’idéal olympique qu’ils manifestent aux victimes un minimum d’égards et leur témoignent respect et compassion. Nous vous invitons à vous joindre à ceux qui s’engagent en faveur des revendications justifiées des personnes contaminées. Il s’agit aussi de ne pas offrir une plate-forme publicitaire à Dow Chemical aussi longtemps que cette société se dérobe devant ses responsabilités envers les victimes.

Hélène Luc

orangeb52.jpg

 

L’HISTORIQUE

Le 30/11/1961 le Président John F.Kennedy donne le feu vert à l'opération "Ranch Hand" (ouvrier agricole), c'est à dire le bombardement massif du Viet Nam de défoliants dits "agents rose, vert et surtout orange". Il s'agit de dégarnir le couvert végétal de ce pays et pouvoir ainsi faciliter les frappes aériennes.

L'objectif est ainsi d'aider le Président Sud Vietnamien Dinh Diêm à se maintenir au pouvoir et à refuser l'application des accords de Genève et d'élections destinées à réunifier le Nord et le Sud, élections dont les résultats sont trop incertains pour les Américains.

La guerre chimique ainsi déclenchée s'avère rapidement une véritable catastrophe écologique pour le pays et la population.

orangebombe.jpgEntre 30 000 et 2 millions de victimes, selon les sources, sont ainsi recensées, dont de nombreux enfants qui souffrent aujourd'hui encore de malformations (absence de certains membres), de cancers, de retard mentaux.

C'est en 1975 seulement, que le Président Gérarld Ford arrête ce véritable massacre face à la pression des scientifiques qui indiquent que les effets destructeurs sont considérables tant pour la planète (la moitié des mangroves (1) du Viet Nam détruits) que pour la santé des habitants.

Aux Etats Unis mêmes les vétérants de la guerre engagent, et gagnent des procés contre les fabiquants de défoliants, en prouvant que 100 000 anciens GIS seraient ainsi atteints d'un cancer à la dioxine, et 3000 de leurs enfants souffriraient de graves malformations.

Sources des articles (l'Histoire 263 et 286).

(1) Mangrove : Groupement de végétaux se développant dans la zone de balancement des marées le long des côtes tropicales à lagunes ou aux embouchures des fleuves.

 

25/04/2012

LE PREMIER MAI APPARTIENT A CEUX QUI LUTTENT POUR LA DIGNITE HUMAINE

fetedutravail.jpgEn France, dès 1890, les manifestants du 1er mai ont pris l'habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge. Celui-ci symbolise la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs.

Le triangle est quelques années plus tard remplacé par la fleur d'églantine. En 1907, à Paris, le muguet, symbole du printemps en Île-de-France, remplace cette dernière. Le brin de muguet est porté à la boutonnière avec un ruban rouge (*).

Le 23 avril 1919, le Sénat français ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant, à titre exceptionnel, une journée chômée.

fetedutravail1936.jpgLes manifestations du 1er mai 1936 prennent une résonance particulière car elles surviennent deux jours avant le deuxième tour des élections législatives qui vont consacrer la victoire du Front populaire et porter à la tête du gouvernement français le leader socialiste Léon Blum.

C'est pendant l'occupation allemande, le 24 avril 1941, que le 1er mai est officiellement désigné comme la Fête du Travail et de la Concorde sociale et devient chômé. Cette mesure est destinée à rallier les ouvriers au régime de Vichy. Son initiative revient à René Belin. Il s'agit d'un ancien dirigeant de l'aile socialiste de la CGT (Confédération Générale du Travail) qui est devenu secrétaire d'État au Travail dans le gouvernement du maréchal Pétain.

À cette occasion, la radio officielle ne manque pas de préciser que le 1er mai coïncide avec la fête du saint patron du Maréchal, Saint Philippe (aujourd'hui, ce dernier est fêté le 3 mai) !

En avril 1947, sur proposition du député socialiste Daniel Mayer et avec l'accord du ministre du Travail, le communiste Ambroise Croizat, le 1er Mai devient dans toutes les entreprises publiques et privées un jour chômé et payé. Cependant le 1er Mai ne sera pas assimilé à une fête légale.

1884 : congrès de l'American Fédération of Labor

Au cours de leur congrès de 1884, les syndicats étasuniens se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures.

Ils choisissent de débuter leur action le 1er mai parce que beaucoup d'entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable.

LA NAISSANCE DANS LE SANG DE LA FETE DU TRAVAIL, DE LA FETE DES TRAVAILLEURS

fetedutravailcanuts.jpg1886 : la grève de Chicago

En 1886, le Congres National du Travail, aux Etats-Unis, marque la volonté d'obtenir le résultat de : 8 heures de travail, 8 heures de repos, 8 heures d'éducation.

Le 1er mai 1886, la pression syndicale permet à environ 200.000 travailleurs d'obtenir la journée de huit heures.

D'autres travailleurs, moins chanceux, entament une grève. Ils sont environ 340.000 dans tout le pays.

Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago.

Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.

C'est alors qu'une bombe explose devant les forces de l'ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.

Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines.

Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l'un des condamnés, Augustin Spies : "Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui".

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19:42 Publié dans ACTUALITES, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fête du 1er mai, chicago, 1936 | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!