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12/10/2013

Le clémencisme, l'édictorial de Claude Cabanes

syrie, israël, Etats-Unis, mouvement de la paix, François Hollande, jean jaurès, bachar al assad, jean-yves le drian, chypre, raoul villain, georges clémenceau, journée internationale de la paix, C’est un mot nouveau et énigmatique : le « clémencisme ». Il désigne un mal lui-même nouveau à gauche : la mutation des héritiers de Jean Jaurès en disciples de Clemenceau. Autrement dit le renoncement à l’ardente bataille permanente pour la paix au profit de l’acceptation de la force et de la guerre. C’était l’objet de la confrontation de ces deux figures historiques au début du dernier siècle, avant l’assassinat du grand pacifiste : la boucherie de la Première Guerre mondiale pouvait alors commencer…

François Hollande est donc un de ces nouveaux convertis au « clémencisme » en uniforme. Il est vrai que son ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avait ouvert la voie : il écrivait dans un ouvrage récent « mon choix est fait, je choisis Clemenceau contre Jaurès », s’agissant cette fois de la problématique du progrès et de l’ordre… (1). Pour couvrir la glissade des fondations mêmes de la pensée historique de la gauche vers les sables mouvants de l’opportunisme armé, on susurre dans certains cercles « savants », que Jaurès, avant de tomber sous les balles de Raoul Villain, aurait fait mouvement vers la résignation à la guerre. C’est une canaillerie. « Les morts sont sans défense », écrivait Elsa Triolet…

Donc aujourd’hui, Jaurès. Pas seulement par fidélité. Mais par urgente nécessité. On a froid dans le dos à prendre connaissance des forces navales qui s’organisent en Méditerranée orientale : cinq destroyers américains armés de missiles Tomahawk qu’accompagne un nombre indéterminé de sous-marins ; des navires de débarquement russes flanqués de deux patrouilleurs et d’un croiseur lance-missiles ; une dizaine de bâtiments de guerre français ; quelques avions espions britanniques stationnés à Chypre, chargés de « guider » les flottes aériennes de combat considérables… Et ce n’est que la partie connue et visible du dispositif.

Chaque jour, aussi, filtrent des informations de plus en plus précises sur la nature même des opérations militaires programmées dans les états-majors occidentaux. Les scénarios se dévoilent petit à petit, depuis que l’option diplomatique a pris la main pour éradiquer toute possibilité d’usage d’armes chimiques en Syrie. Il ne s’agit pas de quelques innocentes frappes un peu bruyantes, de gros pétards en somme, mais d’atteindre le cœur de l’appareil militaire et politique de Bachar Al Assad. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne tourne pas autour du pot : « Il s’agit de dégrader le système de commandement et de production des agents chimiques syriens. » Autrement dit de frapper le pouvoir… lui-même. Un spécialiste des États-Unis observe que cela peut conduire à la destruction totale de la Syrie. Et même à l’invasion généralisée pour, à la fois, chasser le dictateur de Damas et se débarrasser des extrémistes qui le combattent… Une longue enquête de l’ONU indique en effet que, sur les 600 fractions armées qui luttent contre l’équipe au pouvoir, 350 environ sont affiliées à la mouvance salafiste ou djihadiste.

On avait coutume de dire autrefois que quand l’Amérique se mouchait, le monde tremblait… Ce temps est révolu… Oh ! certes, on a bien compris, au-delà des pieuses intentions contre les atroces crimes de guerre, que s’était constitué un axe États-Unis-Arabie Saoudite-Israël face à l’axe Syrie-Iran-Russie pour redessiner toute la région. Mais pourtant, la Maison-Blanche hésite toujours. Et il semble que, pour la première fois depuis trente ans, les autorités iraniennes et américaines ont pris langue dans un esprit nouveau…

Oui, Jaurès…

(1) Lire la Victoire de Jaurès, par Charles Silvestre, Éditions Privat.

L'Humanité en version numérique

16/08/2012

Le massacre oublié des communistes indonésiens

etats-unis,indonésie,massacre,communistesUne commission nationale des droits de l’homme a présenté, fin juillet, à Djakarta, un rapport qualifiant de « crimes contre l’humanité » la sanglante répression anticommuniste de 1965.

Pour la première fois, en Indonésie, un pas a été franchi vers la reconnaissance officielle des massacres anticommunistes de 1965-1966, qui coûtèrent la vie à un million d’hommes et de femmes, probablement davantage, membres et sympathisants réels ou supposés du Parti communiste indonésien (PKI). Une commission nationale des droits de l’homme a présenté, fin juillet, un rapport évoquant, à propos de cette sombre séquence historique, des « violations flagrantes des droits humains » et des « crimes contre l’humanité ». Le document revient longuement sur ces crimes de masse, supervisés par le « commandement pour la restauration de la sécurité et de l’ordre » du général Suharto. Avant d’exhumer d’autres aspects de la répression : esclavage, disparitions forcées, déportations dans des camps de concentration, torture, viols, prostitution forcée.

Force politique de premier plan dans l’archipel avant cette mise à mort, le PKI comptait 3,5 millions de membres et une quinzaine de millions de sympathisants. Alliés au nationaliste Sukarno, les communistes devinrent la cible d’un déchaînement de violence inouïe lorsqu’en septembre 1965 des généraux réputés proches du PKI furent accusés d’avoir ­fomenté une tentative de putsch. Suharto, appuyé par les États-Unis, prit alors la tête de cette sanglante répression, en mobilisant le camp réactionnaire et la droite religieuse.

En 1966, Suharto écartait Sukarno du pouvoir, mettant un terme définitif à l’expérience politique originale initiée par cette figure du tiers-mondisme et des non-alignés. Le pays sombra alors dans une longue nuit, jusqu’à la chute du dictateur, chassé par la rue en 1998, avant de mourir de sa belle mort en 2008, sans répondre de ses crimes.

Pour les rescapés des massacres de 1965 comme pour les familles des victimes, la mise au ban et les discriminations se ­perpétuent, jusqu’à nos jours. « Comme ex-détenus politiques, il nous est difficile d’obtenir un crédit bancaire, une aide au logement.

Les emplois de fonctionnaires nous sont interdits (…), nous ne pouvons pas enseigner, ni être médecin », témoigne Bedjo Untung, survivant d’un camp de concentration, interrogé par la chaîne anglophone Channel News Asia. Nur Kholis, le ­président de la commission ­nationale des droits de l’homme, a enjoint le gouvernement indonésien à présenter aux victimes des excuses officielles, assorties de réparations. Mais dans un pays où la culture de l’impunité et l’amnésie collective ­prévalent encore, les défenseurs des droits de l’homme doutent des suites qui seront données à ces recommandations. ­Certains survivants, eux, ­n’excluent pas de recourir à la justice internationale.

Rosa Moussaoui

REVELATIONS SUR UN MASSACRE

etats-unis,indonésie,massacre,communistesDes révélations du Washington Post en 1990 font état de déclarations d'un ancien membre de la section politique de l'ambassade américaine à Jakarta, Robert J. Martens. Ce dernier explique qu'il y dirigeait un groupe de fonctionnaires du département d'État et de la CIA, qui, précise-t-il, ont consacré deux ans à la constitution de ces listes de communistes. Cette révélation confirme que, dès 1963, Washington préparait une action subversive en Indonésie.

Le silence qui s'est abattu depuis quatre décennies sur les événements du 30 septembre 1965 a contribué à épaissir le mystère de l'origine du déclenchement de cette action.

Il y aurait eu une tentative de putsch par une poignée d'officiers proches du PKI, voulant " protéger le président Sukarno " contre des éléments réactionnaires de l'armée préparant un coup d'État.

En 2000, le colonel Latief, commandant une brigade d'infanterie implantée dans la capitale Jakarta et qui fut incarcéré en 1965 et libéré en 1999, témoigne que Suharto, alors commandant des forces stratégiques de l'armée, avait été mis au courant du complot contre Sukarno, dans lequel trempaient sept généraux. Ces derniers ont été enlevés dans la nuit du 30 septembre et assassinés. Débute alors une campagne de propagande minutieusement préparée accusant les communistes d'être les auteurs du rapt. S'enchaîne alors une méthodique et sanglante chasse aux " athées ".

L'Indonésie vécut une sorte de génocide dans la quasi-indifférence mondiale. Le PKI, et toutes les organisations qui lui étaient proches : syndicats, fédération des enseignants, organisations de jeunesse, des femmes, etc., furent anéantis en quelques semaines.

En mars 1966, Sukarno fut écarté officiellement du pouvoir par Suharto. Dans un rapport datant de 1983, la CIA a estimé qu'il y eut 250 000 morts. Des généraux indonésiens comme Sudomo et Sarwo Edhie, proches de Suharto, ont avancé des chiffres allant de 500 000 à 2 millions de tués.

LA LISTE MAUDITE

etats-unis,indonésie,massacre,communistesToujours selon les révélations du Washington Post, les listes dressées par les fonctionnaires américains ont concerné des milliers de personnes, " allant des responsables communistes indonésiens, depuis les échelons supérieurs jusqu'aux cadres locaux dans les villages ".

Ces listes ont, par la suite, été remises aux militaires indonésiens pour perpétrer leurs massacres. En retour, l'ambassade recevait des putschistes la liste des personnes assassinées, permettant " un pointage systématique par la direction de la CIA à Washington, des exécutions qui avaient été menées à bien ".

" Vers la fin de janvier 1966, les noms rayés sur les listes étaient si nombreux que les analystes de la CIA ont conclu à la destruction de la direction du PKI ", a expliqué au journal Joseph Lazarsky, ancien chef adjoint de la CIA en Indonésie. Le quotidien précise qu'il n'a jamais pu être prouvé que les communistes indonésiens aient été impliqués dans l'assassinat des généraux. Tout au long des trente-trois années de dictature, la répression n'a jamais faibli.

Entre 1985 et 1990, Suharto a fait exécuter dans la clandestinité 22 dirigeants communistes, syndicalistes et militaires progressistes, qui croupissaient en prison depuis vingt-cinq ans.

Condamnés à mort après la prise du pouvoir du dictateur, aucune grâce ne leur fut accordée.

Il y eut aussi plus d'un million de personnes incarcérées ou déportées dans l'île de Buru.

Emprisonnées sans jugement durant dix à quinze ans. Estampillées ensuite " ex-prisonniers politiques " (les tapols), elles restèrent complètement marginalisées au sein de la société indonésienne.

Ce sont des millions d'Indonésiens qui furent frappés par cette exclusion durant trois décennies en vertu, du décret de 1966 pris par l'Assemblée constituante interdisant le " communisme ".

Tous les condamnés politiques pour " faits de communisme ", leur famille et leurs descendants sont frappés d'indignité nationale et interdits de recrutement dans aucun des postes de la fonction publique et dans de nombreuses activités relevant du secteur privé.

Ces victimes ont représenté une catégorie de " sous-Indonésiens ", exclus de la citoyenneté, juste autorisés à survivre comme ils le pouvaient dans le cadre d'une étroite et permanente surveillance.

Dominique Bari

Articles publiés par l'Humanité

24/02/2011

AFGHANISTAN : FRANCAIS ET AMERICAINS OPPOSES A LA GUERRE

afghan.jpgLe sondage IFOP publié dans le journal l’Humanité du 23 février est passé inaperçu dans les médias de notre pays. La censure sur ce sujet, comme sur d’autres semble de plus en plus impitoyable.

En France où déjà plus de 50 de nos soldats sont morts, ce sujet mériterait autre chose que du mépris de la part de ceux qui dominent l’information, où plutôt ici la propagande.

Comment faire accepter de la part des français notre présence guerrière en Afghanistan ? Cela semble difficile, et le mieux semble-il est de ne pas traiter ce sujet.

Ces sondages réalisés conjointement en France et aux Etats-Unis 09 au 14 février 2011 auprès de 2 échantillons représentatifs de 1000 personnes sont sans appel.

En France 72 % des français se déclarent défavorables à l’intervention militaire français (contre 64 % en août 2009), 35 % seulement considèrent que cette présence a permis de faire progresser le pays vers la démocratie (42 % en août 2009). Le soutien à la présence française dans ce pays s’érode d’année en année. En 2001, 55 % des français y étaient favorables, aujourd’hui ce pourcentage tomba à 28 %.

Aux Etats Unis pour la première fois 50 % des américains disent être opposés à cette guerre (43 % en août 2009), 50 % s’y déclarent favorables, par contre 60 % indiquent en même temps que cette présence est utile pour lutter contre le terrorisme, 54 % que cela a permis une progression de la démocratie.

Le débat est donc loin d’être clos. Le PCF en respectant le rôle tenu par nos soldats dans ce pays s’est déclaré opposé à la présence militaire de la France en Afghanistan.