12/08/2013
Bolivie : "l'horizon général de l'époque est communiste"
De quel pays est donc ce Président auquel les autorités françaises ont dû présenter des excuses pour l'interdiction de survol du territoire par son avion présidentiel ?
Les peuples des différents pays du continent latino-américain cherchent à sortir du néolibéralisme, de la privatisation, de la concentration des richesses, du libre marché à outrance. C’est commun à l’Argentine, au Brésil, à l’Équateur, à l’Uruguay, à sa façon.
La différence qu'assume la Bolivie, c'est qu'elle veut faire de l'après néolibéralisme une étape vers l'après capitalisme. Alors que d’autres voient dans seulement dans l'après néolibéralisme comme un capitalisme plus social.
La composante révolutionnaire la plus importante de ce qui se déroule en Bolivie, c'est la décolonisation de l'État
Cela signifie que les nations et les identités culturelles indigènes qui ont toujours été marginalisées dans les structures de pouvoir, assurent aujourd’hui la conduite de l’organisation politique, culturelle et, progressivement, de l’organisation économique du pays, en lien avec d’autres secteurs non indigènes de la société.
Et que le processus est engagé de transformation du système de l’enseignement, du système de valeurs rompant avec la logique de la couleur de peau comme capital : la couleur blanche, plus puissante, et la couleur plus sombre, plus dévaluée et opprimée. Cette logique de la race comme capital, qui est le propre des sociétés coloniales, est en train d’être démolie en Bolivie.
L'État de Bolivie est un État « plurinational » parce qu'il associe la présence – dans la structure étatique, dans son système politique, dans sa conception de l'histoire, dans la distribution des ressources – des différentes nations indigènes qui composent la société bolivienne. C’est la marque d’une vigueur et d’une mise en responsabilité politique des identités nationales indigènes à l’intérieur de l’État.
Par exemple, la forme d’élection des membres du Parlement. Une partie est élue au scrutin individuel, à bulletin secret. Une autre est élue par des assemblées (communautés ou syndicats).
Avec pour corollaire : la prise de décision. Les syndicats et les structures communautaires sont consultés directement par le gouvernement pour définir les stratégies d’investissements publics et de distribution des terres : il y a dix ans, un décret sur la terre a été écrit, en consultation avec le FMI et la Banque mondiale. Aujourd’hui, on les écrit avec les organisations sociales.
La deuxième composante de la transformation du pays,via la nationalisation et l’étatisation, l’extension des biens communs de la société, de la richesse commune.
Les secteurs stratégiques sont passés du privé au contrôle de l’État. Il s'agit d'un point de passage de la propriété de l’État à la propriété sociale. Car la propriété de l’État ne représente pas une propriété sociale. C’est un type de monopole qui permet, à l’étape actuelle, de redistribuer la richesse, d’améliorer les conditions de vie des plus humbles. Mais ce n’est qu’une étape.
La troisième composante de la révolution, c'est la volonté politique de construire une société communautaire,
pas seulement dans le champ politique, mais également dans la gestion de l’économie. Il s'agit d'associer les composantes pré-capitalistes de la production aux composantes d'accumulation capitaliste et étatique de redistribution des richesses (ce qui demeure capitaliste) et les composantes d'avant-garde encore dispersées d’une logique du travail agraire qui est en connexion avec la nature.
Cette révolution rencontre des contradictions qu'il s'agit de reconnaître afin de mieux trouver leurs solutions
Par exemple la nécessité de l'accumulation rencontre sur son chemin celle de la redistribution de la richesse pour mieux satisfaire les besoins. Valeur d'échange opposée à la valeur d'usage, donc. À terme, la valeur d'usage doit s'imposer. C’est une contradiction qui traverse l’État, la gestion de l’économie, les communautés, les usines.
Autre confrontation entre la lutte sociale pour l’extension des biens communs et la lutte sociale pour l’appropriation individuelle ou corporatiste de ces mêmes biens communs.
Au moment des mobilisations sociales – dans les années 2000 –, les paysans, les Indigènes, des plaines comme des plateaux, les ouvriers, ont brandi le drapeau universaliste de l’appropriation des biens collectifs : nationalisation du gaz et du pétrole, de l’électricité, récupération de l’eau. Aujourd'hui c'est le retour des corporatismes. Les paysans indigènes des plaines (2%de la population), les instituteurs, les mineurs de Huanuni qui travaillent pour une entreprise détenue par l’État, chacun demande que les surplus budgétaires servent à la satisfaction de leurs revendications propres, au lieu de porter des revendications universelles.
.Faut-il sanctuariser la Madre Tierra dans une logique de préservation , ou utilisera-t-on ses ressources (gaz, pétrole) pour permettre de construire des écoles, rendre l’eau potable, amener l’électricité, développer la situation sanitaire ? Une communauté indigène dit : il faut extraire le gaz parce que nous voulons des écoles et des hôpitaux. Une autre répond : non, car il ne faut pas toucher à la Madre Tierra. C’est une contradiction permanente.
Ce tissus de difficultés, mais aussi d'avancées ne suffit pas à faire oublier que d'une manière plus générale le capitalisme mondialisé et globalisé génère des forces productives chaque fois plus socialisées.
Pour conclure, laissons la parole à Álvaro Garcia Linera, vice-président bolivien.
La science n’est pas une force productive d’un groupe de quelques professeurs qui dans leurs laboratoires découvrent des choses. La science est de plus en plus une production de milliers de scientifiques, anciens et contemporains, qui a été appropriée de manière privée mais qui, dans son contenu, est produite socialement.
C'est la même chose pour la production : ce téléphone portable, il est le fruit du travail de 3 000 scientifiques qui travaillent pour Apple. Le plastique a été produit en Thaïlande. Les puces au Mexique. Et l’ensemble a été assemblé en Chine. D’où est ce téléphone portable ? De la planète. Mais dans le même temps, il est la propriété privée d’une société nord-américaine qui en fait des profits. Ce qui n’empêche pas que la production est à chaque fois plus socialisée. C’est un horizon : il y a un potentiel de production socialisée.
La nature maintenant : Le capitalisme développe, à chaque étape, les forces productives qui détruisent la nature, qui est un bien commun. La nature ne supporte pas la propriété. La nature est un produit total de la planète et de l’univers qui se trouve, actuellement, être graduellement détruite par cette forme d’appropriation individuelle. Pourtant, il y a un autre potentiel qui veut s’exprimer dans un autre type de société. Donc, il y a une base matérielle croissante, une tendance matérielle organisée et subjective d’une société gérée en commun, produite en commun, à une grande échelle. C’est le communisme.
C’est la contradiction fondamentale du capitalisme que de générer une possibilité de société future qui n’est pas le capitalisme. C’est la possibilité de l’horizon communiste qui pourra sauver l’humanité du désastre écologique, sauver les communautés paysannes de leur destruction, libérer la connaissance scientifique de la prison de l’appropriation individuelle. Ce n’est pas de la poésie, du lyrisme. C’est de la matière, une force organisée et même une nécessité historique naturelle. Voilà pourquoi je pense que l’horizon général de l’époque est communiste.
Source : http://www.humanite.fr/node/546612
Par Dxaabala, publié par Agoravox
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09/08/2013
RELIGION ET LAICITE, UNE LECON DE TOLERANCE !
09:15 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Front de Gauche, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marie george buffet, ramadan, laicité | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
08/08/2013
« Sécurisation de l’emploi » : un cas d’école dans le Puy-de-Dôme
Cadeau de vacances pour les 84 salariés de l’entreprise Elba à La Monnerie-le-Montel, dans le Puy-de-Dôme : le 8 juillet 2013, Eric Joan, PDG du groupe Hamelin, auquel appartient Elba, a annoncé la fermeture du site sur lequel ils travaillent.
Implanté dans 19 pays, avec un effectif de 4 200 salariés, ce groupe possède également les marques Oxford, Canson et Bantex. C’est au nom de la compétitivité qu’il veut fermer cette usine qui fabrique plus particulièrement des classeurs à anneaux, alors que le chiffre d’affaires du groupe a été multiplié par 10 en 20 ans, pour atteindre 700 millions d’euros aujourd’hui. Le magazine « Challenges » vient aussi de nous apprendre que la famille Hamelin figure en bonne place dans la liste des 500 plus importantes fortunes de France, avec un patrimoine de 85 millions d’euros.
Dans ces conditions, quel crédit peut-on accorder au motif du licenciement économique ? Les salariés, que j’ai immédiatement rencontrés, ne s’expliquent toujours pas cette annonce alors qu’il y a quelques semaines seulement, leur hiérarchie les félicitait pour la qualité du travail et la productivité du site.
La fermeture du site a été annoncée aux salariés sept jours seulement après la publication du décret précisant les nouvelles modalités d’application des procédures de licenciements collectifs pour motif économique, découlant de la loi dite de « sécurisation de l’emploi », initiée par le MEDEF. Ainsi, les opportunités offertes par la nouvelle législation afin de licencier sans entraves sont pleinement mises à profit dès leur publication, confirmant de façon magistrale les atteintes sans précédent au droit du travail que recèle cette loi, vigoureusement combattue, en avril dernier, par les parlementaires du Front de gauche.
D’une part, Hamelin ne disposant pas de comité central d’entreprise, le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) ne sera pas applicable au niveau du groupe mais dans chaque entreprise concernée par les restructurations : une aubaine qui aura l’avantage de limiter à deux mois le délai durant lequel le comité d’entreprise pourra donner un avis dans la mesure où les licenciements annoncés sont inférieurs à 99 sur chaque site.
D’autre part, en supprimant la possibilité d’intervention du juge des référés durant la procédure, la loi prive les représentants des salariés de mesures provisoires et rapides, destinées à sauvegarder leurs droits, ainsi que d’un jugement impartial et sérieux quant à la légalité du plan présenté par l’entreprise.
Enfin, le délai restreint de deux mois ne permet plus à l’expert désigné par le comité d’entreprise d’analyser sérieusement la validité du motif économique des licenciements comme cela était le cas précédemment. Désormais, seule l’administration donnera un avis, mais il se limitera à juger la qualité des reclassements des salariés, sans aucune possibilité de contester le bien-fondé du motif économique.
Le constat est amer : dès son application, la loi dite de sécurisation de l’emploi amplifie les reculs sociaux et les atteintes aux droits des salariés alors que le gouvernement refuse toute mesure législative pour mettre un terme aux licenciements abusifs. Face à cette situation, j’ai pu mesurer la colère et la désillusion des salariés d’Elba qui en font la douloureuse expérience. Leur lutte a notre soutien actif.
Chronique d'André Chassaigne, député Pcf du Puy de Dome, publiée dans le journal La Terre.
16:08 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elba, ani, andré chassaigne, puy de dome | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
07/08/2013
POUR UNE PRESENCE HUMAINE SUR LES PEAGES D’AUTOROUTE, POUR LA CREATION DE MILLIERS D’EMPLOIS !
Un rapport récent de la Cour des Comptes a constaté la manne d’or que représentait les autoroutes pour les gestionnaires .
Privatisées depuis 2006, les autoroutes sont gérées par des sociétés (principalement Vinci, APRR, Sanef, etc.) qui négocient désormais les hausses de tarif avec l’État..
Les usagers de la route en paient le prix en observant une imperturbable augmentation des tarifs aux péages. En 2013 par exemple, les tarifs des autoroutes ont augmenté de 2% en moyenne alors que l’inflation 2013 est de 1,7 %.
La sénatrice socialiste Mme Patricia Schillinger constatait dans une question posée alors au gouvernement de M. Sarkozy que le bénéfice total des sociétés d'autoroutes avait fait un bond de 30 % entre 2005 et 2009 ! Depuis leur privatisation, les trois sociétés d'autoroutes ASF, APRR et SANEF seules ont ainsi engrangé plus de cinq milliards d'euros de profits, sans compter les bénéfices pour 2011 et 2012 et 2013.
Le député communiste André Chassaigne dans une question de bon sens au gouvernement à constaté que tout cela c’est fait au détriment des usagers et du personnel en demandant une présence humaine à tous les péages ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Cela assurerait un meilleur service pour le public et également la création de plusieurs milliers d’emplois.
QUESTION DU DEPUTE COMMUNISTE ANDRE CHASSAIGNE AU MINISTRE
M. André Chassaigne interroge M. le ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur le déficit de présence humaine aux péages autoroutiers.
En cette période estivale, les autoroutes françaises connaissent une recrudescence de trafic. Différentes études montrent une augmentation substantielle des tarifs, ainsi qu’une inhomogénéité de ces mêmes tarifs ramenés aux kilomètres parcourus.En effet, il existe de fortes disparités de tarif, selon l’autoroute que l’on emprunte. Les sociétés régissant ces tronçons autoroutiers sont en permanence dans la recherche de profit. Cela se caractérise entre autres, par des péages sans plus aucune présence physique.
Dans certains péages, les usagers n’ont comme seuls moyens de paiement de leur carte bleue ou le numéraire, d’autres n’autorisent que les transactions par carte bancaire. Les automobilistes n’ont aucune obligation de détenir une carte bancaire. Cependant, dans ce cas, ils sont contraints d’attendre l’arrivée d’agents de la société autoroutière, attente dépassant fréquemment la demi-heure. Alors que les profits de ces sociétés ne cessent de grossir, sans que de grands investissements concrets ne voient le jour, les sociétés se bornant, dans la majorité des cas, à seulement avoir une politique d’entretien, les usagers se voient proposer un service a minima.
Il est intolérable que le fait d’emprunter une autoroute, oblige l’utilisateur à se prémunir d’une carte bancaire, qui la plupart du temps n’est pas gracieuse et ce tout simplement pour une réduction de la masse salariale des sociétés autoroutières.André Chassaigne demande à M. le ministre d’instaurer des règles obligeant les différentes sociétés concessionnaires à maintenir une présence humaine à chaque péage.
14:28 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Front de Gauche, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : autoroute, pcf, profit, andré chassainge | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
05/08/2013
LPM : Une mauvaise loi de programmation militaire sous contrainte de l’OTAN (PCF)
Le projet loi de programmation militaire 2014-2019 est sans surprise à l’image du livre blanc de la défense 2013.
Un mauvais livre blanc donne une mauvaise loi de programmation militaire.
En effet cette loi acte une armée à deux vitesses : d’un côté une force d’interventions extérieures qui bénéficie de toutes les attentions financières, et de l’autre le reste de l’armée qui doit se contenter de la disette budgétaire.
Il s’agit de privilégier les besoins stratégiques de l’OTAN au détriment de la protection du territoire national. La « sanctuarisation » de la force nucléaire ne peut constituer en aucun cas une réponse à la diversité et la complexité de l’ensemble des menaces qui peuvent peser sur l’indépendance de notre peuple.
On peut certes louer les efforts faits sur la cyber-défense mais comment les prendre au sérieux face à la pusillanimité du gouvernement devant les révélations de l’affaire Snowden. Les dernières révélations du Guardian indiquent la présence sur notre territoire de serveurs utilisés à des fins d’espionnage par la NSA, on ne peut sur cette affaire qu’être extrêmement étonné par le silence de l’exécutif.
Cette loi privilégie donc l’acquisition de matériels sur-sophistiqués et les externalisations dans des partenariats public-privé au détriment des hommes, de leurs formations, de leurs entrainements et de leurs conditions d’existence matérielle. On prétend ainsi gérer l’armée comme une entreprise privée en privilégiant l’accumulation de capital matériel au détriment de l’humain.
Enfin, le financement de cette loi se fonde en partie sur la vente des bijoux de famille : fréquences hertziennes, patrimoine immobilier et surtout de ventes d’actions de l’Etat d’entreprises stratégiques, comme Airbus ou SAFRAN, ce qui va encore amputer les moyens d’action de l’Etat en matière de politique industrielle. Ainsi, on brûle le plancher pour chauffer la maison France.
La protection de notre pays, la défense de l’indépendance des choix politiques, économiques et sociaux de notre peuple méritent une autre loi de programmation militaire, un autre livre blanc. C’est pourquoi le PCF demande que le gouvernement retire ce mauvais projet de loi et ce mauvais livre blanc, et qu’il initie un grand débat démocratique en France, en Europe et dans le bassin méditerranéen sur les enjeux de défense, de paix, de désarmement multilatéral.
15:51 Publié dans ACTUALITES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, armée française, hollande, otan | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
03/08/2013
LA QUESTION : LE FILM DE LAURENT HEYNEMANN, EST IL INTERDIT DE DIFFUSION SUR LES TELEVISIONS FRANCAISES ?
Quelques jours après la disparition de Henri Alleg, auteur du livre La Question, la question se pose toujours pourquoi le film de Laurent Heynemann qui a adapté ce roman à l’écran est il toujours interdit de diffusion sur toutes les chaines de Télévision françaises. Sa dernière diffusion sur la chaine feu, la Cinq, à minuit date de plus de 30 ans. Pourtant ce film qui avait obtenu le grand prix spécial du jury au festival de Saint-Sébastien est estimé de manière unanime par les critiques de cinéma comme étant un très beau film.
Peut être les télévisions ne veulent pas déplaire au Front National et à son électorat particulièrement opposés à ce témoignage unique sur la torture pratiquée en Algérie.
François Hollande avait pourtant rendu ainsi hommage le 18 juillet à Henri Alleg en saluant le journaliste militant qui "alerta sur la réalité de la torture en Algérie" et qui "toute sa vie lutta pour que la vérité soit dite". "A travers l'ensemble de son œuvre — jusqu'à son dernier livre, Mémoire algérienne, paru en 2005 —, il s'affirma comme un anticolonialiste ardent."
M. Hollande avait souligné aussi que, "toute sa vie, Henri Alleg lutta pour que la vérité soit dite", en restant "constamment fidèle à ses principes et à ses convictions".
Apparemment en France aujourd’hui toute vérité n’est pas bonne à dire sur les télévisions publiques et privés. La censure comme pendant la guerre d’Algérie est toujours aussi implacable.
LE FILM
La Question film de Laurent Heynemann sorti sur les écrans en 1977, est une adaptation du livre La Question d'Henri Alleg, avec Jacques Denis dans le rôle d'Henri Alleg, Nicole Garcia dans celui de sa femme, et notamment Jean Benguigui. Le film ne reprend pas à l'écran toutes les descriptions terribles d'Alleg mais était sorti avec une interdiction aux moins de 18 ans.
LE THEME
A Alger, en 1957, les paras font régner l'ordre. Henri Charlègue, le directeur d'un journal sympathisant avec le FLN, passe à la clandestinité. Il est arrêté avec son ami Maurice Oudinot. Tous deux subissent des tortures et ce dernier meurt au cours d'un interrogatoire. Tandis qu'il est derrière les barreaux, Charlègue écrit en cachette un récit sur les conditions de sa détention et réussit à le faire parvenir à son éditeur par l'intermédiaire de son avocat. À sa parution, le livre fait scandale. Charlègue est condamné à dix ans de prison pour atteinte à la sûreté de l'Etat.
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30/07/2013
Métropoles : modèle avancé de la « démocratie de basse intensité » (André Chassaigne)
C’est avec gravité et une colère contenue que j’ai pris la parole le 16 juillet dernier, à l’Assemblée nationale, pour une longue intervention sur le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles. Un projet de loi, poussé en force par le Gouvernement, dont bien peu de citoyens ont entendu parler, et qui s’attaque pourtant aux fondements de notre République.
Alors que ce texte porte un bouleversement institutionnel inédit de l’organisation de notre République, il a été examiné dans les pires conditions, en trois jours de temps programmé, en session extraordinaire, à la veille de la trêve estivale, sans préparation et sans concertation alors qu’il venait d’être largement réécrit en commission, après son passage au Sénat qui assure pourtant la représentation des collectivités territoriales de la République.
Un des principaux objectifs de ce texte est de remodeler de fond en comble la République, en créant une nouvelle institution, la métropole, territoire devant regrouper plus de 400 000 habitants, et qui se verrait confié l’essentiel des pouvoirs et compétences dévolus à la commune et au département. En réalité, il s’agit à la fois de vider les communes de leur capacité d’action et de programmer la disparition des départements. C’est cet état d’esprit qui est au cœur du projet, en particulier en transformant les communes en coquilles vides, en réduisant à presque rien ces foyers de démocratie, espaces de proximité sans égal, qui sont pour des millions de gens les lieux principaux et familiers de la République, des lieux où les habitants de tous âges et de toutes conditions se reconnaissent, parce qu’ils sont un maillon essentiel de l’accès aux services publics et à la vie de citoyen et de salarié. Le Gouvernement, loin de rompre avec l’œuvre entamée par la réforme territoriale engagée par la droite, en prolonge les traits les plus néfastes. Ce projet d’affirmation des métropoles aurait pu tout aussi bien s’appeler « projet d’affirmation de l’effacement des communes », tant ces superstructures qui vont disposer de pouvoirs considérables aspirent leurs compétences.
Ces transformations sont tellement lourdes de conséquences, d’abord pour la vie quotidienne de nos concitoyens, qu’il aurait été indispensable de les consulter. Mais cette indispensable consultation a-t-elle eu lieu ? Interrogez aujourd’hui n’importe quel habitant sur l’ensemble du territoire national, demandez-lui s’il sait que les parlementaires sont sur le point de prendre des décisions d’une telle importance pour les institutions de notre pays. Saura-t-il qu’ils vont peut-être créer des métropoles impactant la vie de 30 millions d’habitants ? Saura-t-il que les citoyens ne pourront plus intervenir dans leur commune sur les plans locaux d’urbanisme, mais qu’ils devront s’adresser à la communauté de communes, d’agglomération, voire à la métropole ?
Parce que cette réforme s’est orchestrée à bas bruit, seule une infime minorité de nos concitoyens savent ce qui se trame. Quant aux agents de la fonction publique, qu’elle soit d’État ou territoriale, que savent-ils des bouleversements en préparation les concernant, des perspectives de mises à disposition de services entiers d’une institution à l’autre ? Rien ou presque. Il y a de fortes chances que ces travailleurs du bien public tombent de l’armoire en apprenant les nouveaux objectifs de rationalisation de la dépense publique, contenus explicitement dans le projet de loi, qui se traduiront encore par des déménagements contraints, des regroupements technocratiques et des suppressions de postes.
Si les citoyens avaient été associés à ce projet de loi, alors les termes du débat en seraient bouleversés, et nous discuterions sous l’égide de l’intérêt général et du bien commun. Face à ce coup de force, le premier des combats n’est-il pas d’exiger à soumettre ces modifications à référendum, comme le propose l’Association nationale des élus communistes et républicains ?
Bien sûr, parmi les critiques relevées à l’encontre de l’opposition virulente à ce texte des parlementaires du Front de Gauche, j’ai pu retrouver un argument-massue : la mauvaise prise en compte des réalités des dynamiques urbaines d’aujourd’hui et des figures imposées de la mondialisation. Le réalisme de la « bonne gouvernance » libérale supposerait ainsi que les territoires de la République doivent inévitablement devenir de simples variables d’ajustement aux exigences du capitalisme mondialisé. Tout opposant est taxé de conservatisme. Quelle triste vision de la démocratie ! Quelle analyse dépassée de plus de 200 ans de construction républicaine, à l’heure où justement la crise démocratique atteint son paroxysme !
Ce n’est pas la première fois que je dénonce une recentralisation aux effets tragiques pour les territoires. J’utilise souvent une formule pour matérialiser les politiques avancées : à l’opposé de « l’irrigation territoriale » qui a structuré l’espace français, l’objectif est désormais d’organiser le « drainage » du territoire vers les centres les plus attractifs pour accroître leur compétitivité. « La compétitivité » : mot magique ! Cette réflexion fait d’ailleurs écho à l’excellent travail coordonné récemment par Eloi Laurent, dans son rapport commandé par le Ministère de l’Egalité des Territoires, qui n’a curieusement pas été convié à s’exprimer sur ce projet de loi.
Ce rapport complet dresse un portrait d’une France plus que jamais inégalitaire : inégalités devant l’emploi et l’accès à l’emploi (que confirme un article du Monde parue le 25 juillet dernier, intitulé : « La carte de France des pertes d’emploi ») ; inégalités de revenus ; inégalités culturelles et scolaires ; inégalités environnementales ; inégalités sociales au sens large. Parmi les nombreuses préconisations de ce rapport, revient très souvent le besoin de partir de la réalité scientifique - et non de l’imaginaire libéral ou républicain – des territoires, en redéfinissant de véritables politiques qualitatives et adaptées d’aménagement. Dans son introduction, Eloi Laurent précise d’ailleurs l’objectif central retenu pour la nouvelle politique d’égalité territoriale : « C’est bien un principe de justice (et de bien‑être) qui est réaffirmé comme supérieur (« bien davantage ») au seul principe d’efficacité territoriale ou d’optimisation économique de l’espace français ». Malheureusement, ces préconisations ne semblent pas avoir été entendues par les porteurs de ce projet de loi, tant ce texte est symptomatique du raisonnement inverse.
On nous oppose également le principe d’une meilleure organisation et planification territoriale, qui serait portée par les métropoles. Ou encore la nécessité de rompre une opposition stérile entre territoires urbains et ruraux, dans laquelle se complairaient des élus dont je suis. La faiblesse, voire la bassesse de ces critiques, me renforcent dans mon analyse : cette réforme vise avant tout à déposséder les citoyens de leur pouvoir d’action politique, à assécher les possibilités de citoyenneté active et de lutte contre les injustices et inégalités territoriales.
Le mécanisme principal en est le transfert de tous les pouvoirs vers des structures technocratiques, dirigées de main de maître pas des Présidents de métropoles, érigés en nouveaux potentats locaux à l’image des surintendants de l’ancien régime. Car quelles garanties apporte ce texte, pour s’affranchir des logiques de ghettoïsation spatiale, de relégation sociale et de spécialisation de certaines zones au sein des futures métropoles ? L’aménagement du territoire version « métropoles » renforcera inéluctablement de telles spécialisations, avec des élus toujours plus éloignés des citoyens, et toujours plus soumis aux analyses du prêt à penser territorial libéral ? Ce bouleversement caractérise selon moi une nouvelle étape du glissement de la société française vers un modèle de « démocratie de basse intensité », comme l’a défini Samir Amin, où les institutions démocratiques sont toujours plus déconnectées des forces sociales, « pour être mises au service du capital ».
Durant près de 40 minutes, la gravité de mon intervention à la tribune était donc, je crois, à la hauteur de l’imposture politique à laquelle se sont évertués les défenseurs de ce texte. Un texte qui contribuerait à creuser un peu plus les injustices territoriales et les inégalités de toutes sortes. Un texte faisant des métropoles de véritables cités technocratiques, hauts lieux de concentration des pouvoirs locaux et de tous les capitaux, nouveaux donneurs d’ordre de la République. Il resterait ainsi aux autres territoires le privilège de se transformer en sous-traitants disséminés entre territoires ruraux et pôles urbains secondaires, et à savoir faire preuve d’adaptation face aux injonctions des nouvelles féodalités économiques et politiques. L’ampleur de ce nouveau recul de civilisation doit, plus que jamais, pousser les citoyens et les élus locaux à la mobilisation pour en rejeter le contenu. Il est encore temps.
16:00 Publié dans ACTUALITES, Front de Gauche, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré chassaigne, métropoles, grand paris | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |