14/01/2014
Conférence de presse de Hollande : « Un pacte d'irresponsabilité sociale » (Pierre Laurent)
C’est un véritable « pacte d’irresponsabilité sociale» qu’a présenté François Hollande au cours de sa conférence de presse. Ses annonces sont une attaque profonde, un dynamitage en règle du modèle social et républicain français. En proposant la fin des cotisations familiales patronales.
Le Président de la République a répondu à une vieille exigence de classe du MEDEF et fait un nouveau cadeau de 30 milliards au patronat après les 20 milliards du CICE. Les contre-parties exigées, elles, sont du vent, pire elles ne révèleraient que de négociations de branche que le Parlement a déjà appelé à entériner. Autrement dit, c’est la fin de toute législation sociale nationale !
La méthode proposée est, elle aussi, inacceptable. Le Président se donne 6 mois pour mettre en œuvre son pacte. Le Parlement et les organisations de salariés sont sommées de se soumettre aux exigences du patronat. La réforme institutionnelle dessinée par le Président est un profond coup porté à la démocratie.
Les communistes avec le Front de gauche seront mobilisés pour faire échouer le plan présidentiel. Je réitère ma proposition de pacte de solidarité à l’ensemble des militants de gauche pour créer les conditions de mise en œuvre d’une politique de gauche que le Président a décidé d’abandonner.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
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VOEUX DE PIERRE LAURENT POUR LE PCF
Je voudrais, à toutes et tous vous adresser mes vœux les plus chers pour 2014 en commençant par l'ensemble des journalistes présents ce soir. Que 2014 soit une année prolixe pour la presse d'information politique et générale, pour le débat démocratique, pour sa diversité, son pluralisme, son audience et sa diffusion.
Je sais que la vie de plusieurs grands titres est en péril en 2014. Or, sans l'information et le débat éclairé des citoyens, sans le pluralisme, pas de démocratie.
C'est un combat auquel je suis très attaché. C'est le devoir des pouvoirs publics d'assurer le pluralisme et d'empêcher le monopôle des puissances d'argent sur l'information.
Mes pensées vont également aux quatre journalistes détenus en otage en Syrie, et à tous les otages français privés de liberté.
Pluralisme et liberté donc. Mais j'ajouterai, en ces moment troublés, éthique et qualité du débat politique. Soyons clairs, les révélations de Closer sont inadmissibles. Elles franchissent un pas grave dans la dégradation du débat public. La tentation du caniveau et la peopolisation de la vie politique transforment le palais présidentiel en palais princier. Ce nouvel abaissement est inacceptable.
Ceux qui emboîtent le pas à Closer en ont-il conscience ? La France regarde, atterrée, ce déballage affligeant à mille lieux des urgences du pays.
Je réaffirme pour ma part que la protection de la vie privée, la distinction entre la vie privée et l'exercice d'un mandat public doivent être préservés. La France, ce n'est pas la principauté de Monaco !
J'entends déjà certains nous dire pour se dédouaner, que la dérive, même s'il la regrettent, est inévitable. Non, en cette matière comme en tout autre, nous avons tous le choix. Journalistes comme responsables politiques.
Moi je dis stop. De Gaulle disait que la politique de la France ne devait pas se faire « à la corbeille ». Aujourd'hui, elle ne doit pas se faire dans les poubelles de certaines rédactions.
Nous avons bien mieux à faire pour notre pays, pour la France, pour la démocratie. La politique n'a vraiment pas besoin de cette nouvelle dérive. Respectons les citoyens, le débat public et revenons à l'essentiel.
***
L'essentiel, c'est ce que vivent nos concitoyennes et nos concitoyens. Nous aimons la France. La France est un grand pays qui dispose de tous les atouts nécessaires pour sortir de la crise et construire un nouvel avenir de progrès humain.
Je sais que, par millions, les Français ont fêté le nouvel an en nourrissant au fond d'eux-mêmes un espoir au cœur. Je veux leur souhaiter le meilleur et le bonheur dans leurs projets.
Ces espoirs, petits ou grands, vous me les confiez au cours de toutes nos rencontres à travers la France.
Vous me parlez de votre vie, de votre quotidien, de ce dont au final on ne vous parle plus. Vous me dites vos espérances, quelques fois faites de petites choses, quelques fois de rêve très audacieux. En somme, vous exprimez tout simplement le besoin de donner un sens à notre vie.
A vous toutes et tous, je déclare sans ambage : C'est vous qui êtes dans le vrai.
Vous avez raison d'espérer.
Vos espoirs sont la solution pour redresser notre pays.
Oui, vos espoirs isolés sont une force rassemblés !
Alors pourquoi tout semble tellement difficile, impossible, hors de portée, que tant d'entre vous, à l'opposé de tout ce qu'ils souhaitent pour leur vie en commun, le vivre ensemble, se disent finalement : Et si ce n'était pas possible ?
Moi je vous dis : c'est possible et vos espoirs sont une force. Ils sont la solution.
***
Le problème, c'est que la France, l'Europe, restent sous la domination de logiques financières étrangères à l'intérêt général. La vérité, c'est que les profiteurs de ce système sont arcboutés pour empêcher qu'on les dessaisisse de leurs pouvoirs et de leurs privilèges. C'est à cela qu'il convient de s'attaquer en y consacrant toutes nos forces.
Oui, nous devons lever ces entraves, libérer la France et l'Europe des privilèges des actionnaires et de la finance. C'est plus que jamais l'urgence !
La France de 2013 aura été celle des 1000 plans de licenciements, de la non inversion de la courbe du chômage avec plus de 5 millions de chômeurs, de la loi sur l'ANI qui facilite aujourd'hui la tâche des licencieurs, d'un nouveau recul du droit à la retraite, des 20 milliards de cadeaux nouveaux pour le patronat avec le CICE, de l'augmentation injuste de la TVA.
2013 aura été pour le gouvernement l'année de tous les renoncements.
Et tout ça pour quel résultat ?
Que nous annonce François Hollande lors de ses vœux ?
Que cela va continuer de plus belle.
Des commentateurs ont parlé de « tournant » social-libéral. Le porte-parole du PS à l'AN Thierry Mandon vient de dire qu'il n'y avait pas de tournant mais seulement un « outing » autrement dit un aveu public. Tout est dit.
Lors de ses vœux, François Hollande a oublié les Français. Il n'avait d'attention que pour le MEDEF. Tout a été dit pour lui donner des gages : plus d'allègements, toujours plus d'allègements, moins de dépenses publiques, moins de sécurité sociale, moins de moyens pour les collectivités locales, moins de droits sociaux, moins de droits pour le Parlement avec le recours aux ordonnances.
Le MEDEF est d'ailleurs le seul à avoir vraiment applaudi. Toutes les organisations syndicales de salariés se sont inquiétés ou ont demandé des explications. Il y a en effet de quoi s'alarmer. Car il faut être fou pour signer au bas du pacte Gattaz. Un vrai pacte de dupes.
100 milliards ! Il demande 100 milliards pour – dit-il - créer 1 million d'emplois ! Les chiffres ronflent mais les comptes ne tournent pas rond. 100 milliards pour 1 million d'emplois, ça fait 100 000 euros l'emploi. Ce n'est plus de l'aide, c'est du racket !
L’État paie les salaires du privé avec nos impôts, les profits, eux, rentrent dans les poches des patrons, et pour les remercier de ce geste, ils touchent une prime sur chaque emploi. C'est du grand art ! Non, c'est du vol ! Dans le grand loto patronal, tout le monde verse au pot mais il n'y que les actionnaires qui participent au tirage.
Non, François Hollande ne nous vendra pas ça pour une politique de gauche. C'est injuste, inefficace, générateur de monstrueux gâchis financiers. La capitalisation mondiale a atteint la somme record 62 000 milliards de dollars! Soit un doublement en dix ans.
François Hollande croit moderniser la social-démocratie française et lui faire rattraper son retard. Il fait du Blair et du Shroeder avec dix ans de retard, en oubliant que le krach de 2008 a signé l'impasse de cette troisième voie.
Aux militants socialistes, je dis : ne faites pas avec retard les mêmes erreurs que les socialistes anglais et allemands. Aux écologistes, je dis : n'accompagnez pas ce mouvement qui ne fait de l'écologie qu'une variable d'ajustement, qu'un segment juteux du capitalisme vert.
Je le dis avec des mots simples et solennels, le cap choisi par François Hollande amène à coup sûr la France dans le mur du chômage, de la précarité, de la désespérance. Disant cela je n'étonne malheureusement personne. Je ne fais qu'exprimer le sentiment profond qui gagne le pays.
Mais je m'y résous pas une seconde. Oui, je le dis : accélérer dans cette voie, ce serait signer avec le diable de la finance un pacte d'irresponsabilité.
La vraie responsabilité c'est d'emprunter au plus vite un autre chemin. Le temps viendra irrévocablement du rassemblement national pour sortir de cette ornière et redresser le pays. Car, je le dis sans me réjouir, avec cette politique l'échec est assuré. Ceux qui font miroiter des illusions nous font perdre un temps précieux que le plus grand nombre de nos concitoyens paient cher.
George Sand a écrit : « les déceptions ne tuent pas et les espérances font vivre » . Des erreurs du gouvernement ne naîtra rien de bon. Du désespoir peuvent jaillir des monstres, du désarroi revivre des fantômes bruns. De l'espoir par contre, peuvent fleurir des printemps.
***
Alors je propose une autre voie, un autre pacte aux Françaises et aux Français. A toutes celles et ceux qui, ayant déjà pris conscience du fiasco ou dont les doutes s'amplifient chaque jour, je tends la main et je dis : travaillons à autre chose sans tarder, travaillons à une politique de gauche qui saura allier justice sociale, nouveau modèle productif, transition écologique et nouvelle ère démocratique.
Soyons solidaires ! Au-delà de nos différences, de nos débats, nous qui voyons venir le pire sans nous y résoudre, travaillons ensemble à un pacte de solidarité.
Ce pacte de solidarité, en quoi pourrait-il consister ?
En un cap politique, d'abord, pour tracer les grandes lignes d'une politique alternative de gauche.
En une méthode, ensuite, celle qui consiste à rassembler au-delà de nos différences quand l'essentiel nous unit : sauver la France, sauver la gauche !
C'est le moment. L'heure n'est plus à attendre ce qui ne viendra pas. Il ne suffit pas non plus de décrire et de commenter la catastrophe annoncée.
2013 a été pour beaucoup l'année de la déception et de l'amertume. Tournons cette page et repasser à l'offensive. En 2014, soufflons ensemble et soufflons très fort pour que les vents tournent vers la gauche.
Et je le dis clairement aux travailleurs de ce pays, n'attendez rien pour cela du côté de Marine Le Pen, qui n'endosse que le costume de la contestation populaire et sociale pour mieux diviser, opposer, semer la haine et maintenir la loi des plus forts.
Assez de haine ! Assez de violences sociales, sexistes, racistes ! C'est la France avec toutes ses couleurs, c'est l'Europe de tous les travailleurs, qu'il faut remettre en marche.
***
Les chantiers ne manquent pas.
Face à ceux qui préconisent le saccage de la dépense publique, de nos services publics et qui prônent l'irresponsabilité sociale des entreprises en les dégageant du financement de la protection sociale, nous voulons construire une autre voie. Braquons pour cela le projecteur sur les coûts exorbitants du capital : 300 milliards d'euros de frais financiers, d'intérêts bancaires et de dividendes versées aux actionnaires prélevés chaque année sur les richesses crées dans les entreprises ; 50 à 60 milliards d'euros d'évasion fiscale, 30 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales sans effet sur l'emploi... Si Pierre Gattaz et Pierre Moscovici veulent des pistes de travail, nous en avons. Et d'ailleurs, à l'un comme à l'autre, je dis débattons de cela, à visage découvert, à la télévision, partout où vous le voulez, nous sommes prêts.
Nous voulons la vérité sur la fiscalité. Jean-Marc Ayrault avait annoncé une remise à plat. Mais la grand débat public a été aussitôt enterré. Et c'est entre gens sérieux, Élysée, Bercy et MEDEF, que les discussions déjà se mènent. Nous n'acceptons pas ce huis-clos à haut risque. Je réaffirme ici que nous tiendrons avant l'été des États généraux de la justice fiscale ouverts à tous. Toutes celles et ceux qui souhaitent en être partie prenante pour construire dans la transparence les propositions d'une grande réforme fiscale de gauche sont les bienvenus. En février, nous voulons instaurer un comité préparatoire largement ouvert qui en sera le lieu d'organisation. L'invitation est donc lancée. D'ici là nous poursuivrons la bataille engagée contre la hausse de la TVA. L'attaque en règle contre le « pouvoir d'achat » qui s'amplifie chaque jour à coup de taxes n'est plus supportable.
Notre pacte de solidarité, c'est aussi celui qui dit non à la haine, à toutes les formes de racisme et de discrimination. La crise qui mine toute l'Europe est propice au réveil de tous les monstres et ce danger est décuplé par la disqualification systématiquement orchestrée de tous les principes de solidarité. L'affaire Dieudonné nous enseigne sur tous les pièges tendus, et je veux dire ma conviction profonde.
Le combat politique, idéologique et juridique contre tous les racismes doit redoubler. Nous faisons nôtre l'appel lancé à l'occasion de la marche antiraciste du 30 novembre dernier : « face à ceux et à celles qui veulent aviver les souffrances sociales, les peurs et les colères, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle » !
Les provocations antisémites de Dieudonné sont l'odieux témoignage de cette menace grandissante. Avant cela, les attaques répétées à l'encontre de Christiane Taubira, la dédiabolisation du Front national, la banalisation dans le discours politique de thèses racistes contre l'islam ou les roms, ont constitué de sérieuses alertes. Nous réfutons la compétition des racismes, on ne combat un racisme par un autre. La machine à diviser est en marche et nous avons la responsabilité de l'enrayer. C'est pourquoi, le PCF propose que la lutte contre le racisme soit déclarée grande cause nationale en 2014.
Quant à l'affaire Dieudonné, nous avons dénoncé avec la plus grande fermeté la dérive raciste et antisémite de ce multirécidiviste de la haine en appelant à sa condamnation par la justice notamment dans le cadre des lois Gayssot. L'interdiction des spectacles quant à elle est une voie que nous avons considéré juridiquement dangereuse et politiquement contre productive. Elle ne peut être qu’absolument exceptionnelle. Nous avons également appelé les jeunes qui croient voir en Dieudonné un combattant anti-système à ouvrir les yeux. Attention à ceux qui manipulent la dénonciation de la colonisation et de l'esclavage pour nourrir une dangereuse spirale de la concurrence mémorielle. Aux jeunes nous disons, ne tombez pas dans ce piège, contre tous les racismes le PCF est décidé à mener ce combat à vos côtés.
***
Le combat européen sera lui aussi cette année une priorité avec les élections européennes. Le congrès de la Gauche européenne en décembre à Madrid a été une très bonne nouvelle. Les forces de la gauche européenne, celles qui refusent l'austérité et les diktats de la troïka sont rassemblées comme jamais pour cette bataille. Le travail mené depuis trois ans porte ses fruits.
Ainsi, Syriza, Die Linke, la Gauche unie d'Espagne, l'alliance rouge verte danoise, le Front de gauche, les communistes de Bohème Moravie, la gauche bulgare, le parti de la gauche suédoise et tant d'autres, vont à la bataille ensemble avec un porte-parole symbolique, Alexis Tsipras, leader de cette gauche grecque qui résiste avec courage depuis quatre ans et qui est aujourd'hui aux portes du pouvoir.
L'enjeu de ces élections européennes : rassembler la gauche européenne, toutes les forces anti-austérité pour dire STOP au massacre démocratique et social, à la tutelle des marchés financiers, et OUI à la refondation d'une Europe solidaire.
Des progrès sensibles sont possibles dans un grand nombre de pays dont la France. La GUE-NGL peut devenir un groupe incontournable au Parlement européen. Les batailles récentes, celle victorieuse pour sauver le plan d'aide alimentaire aux plus démunis, celle des marins de la SNCM pour le pavillon du premier registre, celle qui s'engage pour la défense des droits des femmes après la scandaleuse décision de la droite espagnole sur l'avortement, montrent le chemin.
J'ai travaillé samedi encore avec Alexis Tsipras, nous serons prochainement ensemble en Italie et en République Tchèque – et je l'espère le plus rapidement possible à Paris. J'étais hier à Berlin pour les commémorations d'hommage à Rosa Luxembourg et Karl Liebnecht. Je sens les forces de gauche prêtes au combat. Le 10 avril, nous tiendrons à Bruxelles un sommet européen sur la dette. Et une semaine avant, le 4 avril, à l'appel de la CES, le monde syndical interpellera les candidats lors d'un grand rendez-vous de mobilisation sociale. Nous en serons, évidemment.
Notre devoir est d'être en campagne rapidement. Le PCF œuvre à cela activement dans le Front de gauche et se rendra vendredi à la rencontre avec le Parti de gauche avec la volonté d’accélérer notre entrée en campagne. Elle devient urgente.
***
C'est avec la même détermination que nous sommes engagés dans les échéances municipales. Vous le savez nous y accordons une très grande importance. A l'heure où le gouvernement prétend imposer la programmation de 50 milliards de recul des dépenses publiques et fait des collectivités locales une de ses cibles prioritaires, nous savons pour notre part le prix qu'il en coûterait aux populations si on le suivait dans cette voie. Depuis toujours, nous avons mis notre énergie transformatrice au service des conquêtes ouvrières dans les municipalités populaires. Nous avons inventé socialement, culturellement, écologiquement, urbanistiquement, démocratiquement, dans des centaines de communes. Ce « communisme municipal » marque non seulement les villes que nous gérons, mais l'ensemble du paysage communal national qui est le lieu d'un investissement public massif et souvent audacieux. Nous ne laisserons pas détruire ce tissu d'innovation communale.
Et ceux qui veulent réserver aux communes le sort qu'ils réservent au budget de l'Etat nous trouverons sur leur route. Car ce qui se joue ce sont des transports publics, des crèches, des renouvellements urbains, du logement social de qualité, de l'innovation écologique...
Voilà le sens très clair de notre engagement. Poursuivre d'ambitieuses et innovantes politiques publiques de gauche au service des populations.
Nos maîtres-mot sont clairs. Service public de proximité, justice et solidarité, innovation et développement, ville pour tous, démocratie avec tous. Cette bataille va être rude dans les années à venir. Nous entendons la mener avec le maximum de forces. Déserter ces positions serait une grave erreur. L'heure est à leur renforcement.
C'est donc en toute transparence et en toute conscience des enjeux, en considérant nos responsabilités pour les populations, pour l'avenir du Front de gauche et notre ambition de refondation de la gauche, que nous avons fait ces choix.
Commune par commune, mais avec une même ambition, les communistes ont pris leur décision. La diversité des situations locales est connue. Mais non, le Front de gauche n'est pas en lambeaux comme je l'ai lu. Il est au travail, il est en débat et aujourd'hui dans toutes les communes il est au combat.
Là où toutes les forces du Front de gauche n'ont pas dans cette échéance fait le même choix, le respect des uns et des autres doit prévaloir à la base comme au sommet du Front de gauche. Pour ma part, je m'y suis toujours tenu.
Pour ces élections municipales, je souhaite à tous les militants du Front de gauche, de convaincre, de mener campagne pourvu que l'objectif commun soit de battre la droite et l'extrême droite.
Je leur souhaite aussi de se rassembler au second tour pour faire prévaloir à gauche des objectifs de politiques publiques progressistes.
Le temps des choix a eu lieu. Le temps de la bataille est venu. Viendra le temps de tirer les leçons.
Permettez-moi de conclure en adressant mes vœux, à tous les militants de la gauche sociale, syndicale, politique, associative, représentés ici dans sa diversité. A tous, je dis ma conviction, une autre voie s'emparera tôt ou tard à gauche pour sortir de l'austérité. C'est dès maintenant qu'elle se construit.
Aux militants du Front de gauche je dis : « Nous avons encore tant de belles choses à construire ensemble ». Ma conviction est que l’œuvre entreprise il y a cinq ans est plus nécessaire que jamais, et que les débats qui nous animent ne doivent prendre le pas sur cette exigence.
Nous allons mener deux batailles électorales décisives. Ensemble nous en tirerons les leçons et nous construirons de nouvelles étapes pour le Front de gauche, son fonctionnement, son avenir. Personne ne peut se passer des autres pour avancer.
Aux communistes enfin, je veux dire que dans leurs engagements, dans ces heures passées à débattre, à coller des affiches, à taper aux portes, à manifester, à lutter sans faiblir pour que demain soit meilleur qu'hier, à se révolter face à l'injustice et à être des éternels insoumis, dans ces moments là, mes camarades, vous donnez le plus beau visage du Parti communiste français. Je connais la dureté de la lutte, la violence des défaites et la fragilité des victoires. Je connais aussi la beauté de l'insoumission, la force de l'espoir.
Nous sommes une force en plein renouveau.
Le communisme nouvelle génération prend petit à petit toute son épaisseur. Cette année encore, nous avons enregistré plus de 5000 adhésions. De nombreux jeunes rejoignent nos rangs, heureux d'intégrer une organisation qui sans jamais renier son idéal a toujours eu à cœur de se mêler de la vie de la cité. A presque 100 ans, le Parti communiste français est en marche a très belle allure.
***
Nous fêterons cette année le centenaire de la disparition de Jean Jaurès et du déclenchement de la première guerre mondiale. Ces années terribles qui annoncèrent la naissance du Parti communiste français. Aujourd'hui plus qu'hier, gardons toujours à l'esprit le combat pacifiste dont Jean Jaurès reste la grande figure. Gardons aussi notre indéfectible attachement à la solidarité internationale. Cette année, notre parti lance une grande campagne de libération des prisonniers palestiniens, au premier rang desquels Marwan Bargouthi. Nous y consacrerons toutes nos forces.
***
Pour conclure, j'emprunterai les derniers mots de ce discours à ce grand artiste que fut Jacques Brel. Il les prononça un 1er janvier 1968...comme une promesse de printemps :
« Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns. Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer et d'oublier ce qu'il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil et des rires d'enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l'aventure, à la vie, à l'amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d'être vous, fier de l'être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable ».
09:04 Publié dans ACTUALITES, ACTUes-Vidéos, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : voeux, directs, live, pierre laurent | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
12/01/2014
La soif de justice, un an après l'assassinat des 3 militantes kurdes
Ce samedi à Paris, 30.000 manifestants, dont une délégation du Parti communiste français avec Pierre Laurent, ont réclamé la "vérité et la justice" sur l'assassinat des trois militantes kurdes un an plus tôt.
Des milliers de personnes ont défilé samedi à Paris pour demander la "vérité et la justice" sur l'assassinat il y a un an de trois militantes kurdes. Partis en début d'après-midi des abords de la Gare du Nord, les manifestants ont marché jusqu'à la place de la République. "Justice et vérité, identifiez les commanditaires", proclamait une banderole de la "fédération des associations kurdes de France", des pancartes évoquant elles un "assassinat politique" et les manifestants brandissant aussi de nombreux portraits des militantes assassinées.
Geste fort
Les associations kurdes souhaitent "un geste fort du président de la République" et qu'il demande "des comptes au gouvernement turc lors de son prochain voyage en Turquie fin janvier". Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez étaient retrouvées tuées par balles dans les locaux du Centre d'information kurde (CIK), 147 rue Lafayette (Xe) près de la Gare du Nord. Un homme, Ömer Güney, a été arrêté huit jours après l'assassinat des militantes, et mis en examen le 21 janvier 2013 pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste".
Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour expliquer ce triple homicide : règlement de comptes interne au sein de la mouvance kurde dans un contexte d'ouverture de pourparlers de paix entre le PKK et Ankara, acte du mouvement turc d'extrême droite des "Loups Gris", assassinat politique (thèse privilégiée dans la mouvance kurde), voire crime crapuleux ou différend personnel.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF dans son allucation a notamment déclaré : "7000 Kurdes continuent à croupir dans les prisons, dont des élus des journalistes...J'ai fait 3 propositions à François Hollande qui doit se rendre en Turquie : Qu'il demande des comptes sur le triple assassinat, qu'il pèse de tout son poids pour une solution politique au Kurdistan, qu'il demande la libération d'Ocalan, le chef du PKK, et de tous les prisonniers politiques."
L'Humanité. Photos Association de Solidarité France Kurdiistan et ActuKurde
La délegation du Pcf était composée notamment de Pierre Laurent, président du parti de la gauche européenne, secrétaire national du PCF, sénateur, Lydia Samarbackhsh, chargée des relations internationales, Patrick le hyarric, directeur du journal l'Humanité et député européen, Dominique Adenot, maire de Champigny et président de l'Anecr, nadine Garcia, conseillère générale, Joel dutto, conseiller général des bouches du rhone, danielle lebail, conseillère régionale de rhone alpes, didier bourotte, adjoint au maire de la ville de Nevers, Nathalie vasseur, jules rondeau de l'union des étudiants communistes....
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Un an après le triple meurtre de Paris...
Kendal Nezan « L’ébauche de solution politique était visée »
19:46 Publié dans ACTUALITES, International, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, kurdistan, françois hollande, ankara, abdullah Öcalan, fidan dogan, recep tayyip erdogan, omer guney, kendal nezan, diaporama l'humanité, leyla saylemez | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
10/01/2014
NOUVEAU TOURNANT LIBERAL ! par PATRICK LE HYARIC
On n’a sans doute pas assez mesuré à gauche la nature de l’exposé des vœux du Président de la République.
Il s’est agi de la déclinaison d’un programme politique, marquant un nouveau tournant à droite, pleinement assumé. F Hollande n’a même pas pris le temps de se référer à ses concitoyens qui travaillent dur, à celles et ceux qui sont privés d’emploi ou qui galèrent entre précarité et chômage, aux jeunes, inquiets pour leur avenir. Il ne leur a demandé que « plus d’efforts » parce que paraît-il, « la crise s’est révélée plus longue et plus profonde que nous l’avions nous-mêmes prévu ». Ah bon ! Curieuse révélation ! S’il a été élu, ce n’était pas pour mesurer la longueur de la crise, mais pour en sortir en tournant le dos aux politiques d’austérité de la droite sarkozyste, qui, partout en Europe, font tant de mal aux populations.
Sans rire, le Président s’est permis de déclarer que « les impôts sont devenus trop lourds, à force de s’accumuler », la veille où il faisait augmenter le plus injuste d’entre eux : la TVA cette sorte de racket d’état, non pas pour remplir les caisses de l’Etat, mais pour financer son fameux « pacte de compétitivité » qui n’est que l’autre nom d’un cadeau annuel de vingt milliards d’euros transférés aux grandes entreprises, sans contrepartie.
En vérité, durant cette cérémonie des vœux, le Président, F. Hollande a poursuivi son inquiétante mue du socialisme vers le libéralisme. Certains qualifient ces choix de social-démocrate. On en est plus là. Ce n’est même plus du social-libéralisme car le « social » a disparu. Il a fini de tourner le dos au fameux discours du Bourget contre la finance pour commencer à expliciter la mise en œuvre des orientations des institutions de l’Europe ultralibérale : baisse des crédits publics de l’Etat, de la sécurité sociale et des collectivités territoriales, poursuite du démantèlement du droit du travail, nouvel abaissement de la fiscalité des entreprises. « Nous devons faire des économies partout où ce sera possible. C’est vrai pour l’Etat, pour les collectivités locales…et pour la sécurité sociale, qui doit en terminer avec les excès et les abus ». Dans son élan il a failli reprendre le vocabulaire de la droite qui parle des « assistés » Bref, il s’agissait bien plus d’aveux sur la réalité d’une politique libérale que de vœux pour faire vivre la solidarité et la justice sociale et fiscale.
Ce programme va être explicité tout au long de ce mois de janvier. Et F. Hollande envisage même de l’appliquer par « ordonnances ». Ainsi il ne veut aucun débat à gauche au sein du Parlement. C’est le passage accéléré à l’acte de ce que P. Moscovici a qualifié il y a un an de « révolution copernicienne » du parti socialiste. En vérité, les militants socialistes ne sont en rien associés à tous ces reniements qu’ils apprennent comme tout le monde à la télévision. Après le « crédit d’impôt compétitivité », c’est un nouveau pacte avec le grand patronat qui va répondre du nom fumeux de « pacte national de responsabilité », une trouvaille qui « va très bien » au président du Medef. Ce dernier s’est empressé, le surlendemain de cette annonce, de courir à l’Elysée pour en définir les modalités. Il s’agit d’exonérer à terme le patronat du paiement de sa part des cotisations famille et maladie de la protection sociale. Nouveau cadeau de 37,7 milliards d’euros pris sur les droits des salariés. Le projet à terme est de parvenir à ce que les employeurs ne participent plus au financement de la protection sociale. C’est ce que veut Mr Gattaz qui, tout en félicitant F. Hollande, réclame un allègement des contributions patronales de 100 milliards d’Euros qui ne sont en réalité que du salaire différé. Ceci aboutira évidemment à mettre à bas l’une des avancées phare du programme du Conseil national de la résistance, mise en place sous l’égide du général De Gaulle par le ministre communiste Ambroise Croizat, dans un pays ruiné. Pour combler les déficits ainsi créés, on imagine en haut lieu une nouvelle augmentation de la TVA ou de la contribution sociale généralisée.
Avec de nouvelles réductions des dépenses publiques, c’est la solidarité nationale qui subirait de nouveaux coups de boutoir. Tout le monde sait pourtant que le marché proposé par F. Hollande au patronat et à la grande oligarchie est un marché de dupes : « moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur les activités » en contrepartie de « plus d’embauches et plus de dialogue social ». Cela fait près de quarante ans que cette logique est à l’œuvre avec les désastreux résultats que l’on connaît.
Que les baisses des coûts du travail d’aujourd’hui soient les profits de demain de l’oligarchie est incontestable. Mais il est totalement faux de laisser penser qu’ils feront les emplois d’après demain. Dans ce monde de la « concurrence » tous les salaires et les droits sociaux sont attaqués partout. Le Président de la République tourne définitivement le dos à tout idéal socialiste pour inscrire encore plus la France dans la « compétitivité » de la loi de la jungle du capitalisme mondial au lieu de faire ce qu’il avait annoncé il y a deux ans dans son discours du Bourget. Sa mue intervient sans proposer de débat au sein du parti socialiste et encore moins dans la gauche, sans les syndicats, mais avec le président du Medef. Il a annoncé une initiative européenne avec Mme Merkel. Quelle initiative lorsque l’on sait que la chancelière allemande se bat pour un nouveau traité après les élections européennes pour instaurer un système de pilotage automatique des budgets d’austérité nationaux depuis Bruxelles ?
L’heure est à développer sans attendre la contre offensive contre ce nouveau tournant libéral. Cela passe par des explications, des débats, des actions unitaires, populaires, larges pour changer de politique avec le retour aux idéaux de la gauche. Ceux de la justice, de la solidarité, qui passent par une égale répartition des richesses. Ensemble, militants syndicaux, associatifs, du Front de gauche mais aussi socialistes, écologistes ou républicains, attachés à l’égalité et la justice, unissons-nous et tournons nous hardiment vers nos concitoyens pour avec eux sortir le pays de l’ornière des inégalités et du chômage dans laquelle il s’enfonce.
Patrick Le Hyaric, député au Parlement Européen, directeur de l'Humanité
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08/01/2014
DUMPING SOCIAL ET CODE DU TRAVAIL !
La visite à haute valeur médiatique ajoutée de Manuel Valls et Michel Sapin sur le chantier du terminal méthanier de Dunkerque ne remplacera pas les contrôles d’une inspection du travail défaillante faute de moyens et face à l’explosion du nombre de travailleurs détachés.
Ils sont aujourd’hui en France plus de 220 000, soit 30 % de plus qu’en 2012, dix fois plus qu’en 2004. L’opération de déminage de deux ministres du gouverne¬ment – et deux poids lourds, s’il vous plaît – ne concernait pas seulement Dunkerque, mais le débat qui monte en France et en Europe, à l’approche des élections euro¬péennes, sur ce qui s’avère être purement et simplement un dumping social faisant bon marché du Code du travail.
C’est aussi, bien entendu, le sens du tapage fait autour du projet d’accord inter¬venu entre les ministres du Travail euro¬péens, censé freiner les abus liés au déta¬chement. Quant à y mettre un terme, c’est une autre paire de manches, et il faut toute la conviction feinte de Michel Sapin pour affirmer qu’il s’agit d’« un progrès majeur pour lutter contre les fraudes », de « la démonstration que l’Europe peut avancer des propositions ambitieuses » et que « la combativité et la fermeté portent leurs fruits ». Car, quand bien même certains contrôles çà et là seraient renforcés, quand bien même ils se traduiraient par quelques menus progrès, ils ne régleraient pas la question posée de manière exemplaire, si l’on peut dire, sur le chantier de Dunker¬que et du groupe LNG, dont EDF est l’actionnaire majoritaire.
Le député communiste Jacky Hénin la pointait au Parlement européen, rappelant qu’un nouvel appel d’offres était sur le point d’être attribué à une société italienne 25 % moins chère, la différence se faisant sur le montant des cotisations sociales. « 75 % des salariés qui pourraient travail¬ler sur le chantier, disait-il, devraient être ainsi des travailleurs détachés dans une région où le taux de chômage oscille entre 15 et 18 %. »
Cette concurrence, poursuivait-il, « ne profite qu’aux affairistes et aux esclava¬gistes du XXIe siècle ». Au rang desquels il faut mettre les grands groupes du BTP, les filières de la restauration, les entrepri¬ses publiques et semi-publiques, comme dans le cas de la construction de l’EPR de Flamanville où interviennent une multi¬tude de sous-traitants et où une quaran¬taine d’accidents du travail n’auraient pas été déclarés…
C’est la logique même du détachement qui est en cause. Détachés, dit-on, oui, de leur famille, de leur région, de leur rattache¬ment à une collectivité sous toutes ses formes, du club sportif au syndicat, de leur citoyenneté, de toutes les solidarités qui se constituent lorsqu’on a un travail, un sta¬tut, une vie sociale. Le travailleur déta¬ché, c’est l’homme entièrement réduit à sa force de travail. Le travailleur détaché n’est pas un homme en déplacement, c’est un homme loué et déplacé.
La logique du détachement est celle du capital dans cette Europe libérale où le tra¬vail et les travailleurs sont des marchandi¬ses.
Que Manuel Valls et Michel Sapin visitent donc tous les chantiers qu’ils voudront, la question qui nous est posée, c’est celle d’une autre Europe, fondée sur les coopé¬rations et non sur la concurrence, sur l’harmonisation sociale et fiscale, et pas sur le dumping .
10:04 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dumping social, pcf, dunkerque, ministres | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
05/01/2014
Smic : "le gouvernement est enfermé dans sa logique dévastatrice de baisse du coût du travail"
Le gouvernement a osé le faire. Il n'y aura pas de coup de pouce pour les Smicards cet hiver, jugeant la hausse légale du SMIC de 1,1 % suffisante puisque 2 fois supérieure à l'inflation.
Cette "hausse" se traduira par une augmentation réelle du Smic horaire brut de 0,1 euro. Soit pour un smicard à plein temps, une augmentation de son salaire brut de 15 euros par mois. Heureux smicards qui pourront donc profiter pleinement d'un salaire net mensuel de 1113 euros.
C'est d'autant plus scandaleux que les arguments avancés par le gouvernement reprennent directement le refrain patronal. D'un côté, la conjoncture ne serait pas favorable, la croissance serait trop faible -cette même croissance qui était pourtant, il y a 10 jours, favorable à la baisse du chômage- De l'autre, les smicards français seraient des privilégiés face à leurs concurrents occidentaux. Deux arguties qui ne tiennent pas la route. Les smicards français ne sont pas privilégiés par rapport à leur homologue européens : Irlande, Belgique, Pays-Bas font mieux que la France.
En réalité, le gouvernement est enfermé dans sa logique dévastatrice de baisse du coût du travail et de défense des profits des entreprises qu'il confond avec leur compétitivité.
Il fait semblant d'oublier que les entreprises sont exonérées de cotisations sociales patronales pour les salaires versés au SMIC et de manière dégressive jusque 1,6 SMIC.
Il refuse obstinément de comprendre que cette recherche frénétique de la baisse du coût du travail est une cause essentielle de la crise dans laquelle le pays est plongé. Qu'elle participe pleinement à l'écrasement des salaires et à l'explosion du chômage et des travailleurs pauvres, comme au gonflement de ses déficits publics et sociaux.
Pire, il nie que ce n'est pas le coût du travail qui plombe les entreprises françaises mais le coût du capital, qui ponctionne sur la richesse produite par le travail.
Ce n'est donc pas en mettant sous pression les Smicars que le gouvernement travaillera à une sortie de crise par le haut. Au contraire, sans attendre un hypothétique retour de la croissance tiré par d'autres, il doit œuvrer concrètement au développement des salaires et de l'emploi dans les entreprises, et de leur sécurisation réelle, en soulageant les entreprises des prélèvements du capital qui développent emplois et salaires et en pénalisant celles qui choisissent la rentabilité financière immédiate contre l'emploi et les salaires. Certes, cela suppose de mener des combats en France et en Europe pour une transformation en profondeur de l'Union européenne, de la BCE et de l'Euro. Et non de s'aligner sur les décisions de Bruxelles et de Francfort, et de Merkel.
18:12 Publié dans ACTUALITES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : smic, salaire, capital, pcf | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
02/01/2014
Vœux de Hollande. Dix minutes de discours, trois citoyens indignés
Militants syndicaux, animateurs d’associations qui luttent sur le terrain contre l’injustice et les discriminations, ils ont écouté les vœux du chef de l’État. Ils ont confié leurs réactions à chaud à l'Humanité.
- Cristel Coste, militante CGT à l’hôpital, l’une des cinq de Roanne relaxés en décembre : «Pas de changement pour nous, les petits»
« Ce que l’’on comprend bien en écoutant François Hollande, c’est que le changement, c’est pas pour maintenant ! En tout cas pas pour nous, les petits ! Il nous a encore annoncé une politique de droite, dans la continuité de Nicolas Sarkozy, avec des économies sur les dépenses publiques. Pour l’hôpital où je travaille, cela voudra dire encore des suppressions d’emplois. François Hollande déclare vouloir lutter contre le chômage, mais sur le terrain, il faut voir comment ça se passe. Dans le Roannais, on a l’exemple d’une entreprise menacée de liquidation, c’est la CGT qui se bat depuis des mois pour sauver les emplois, mais les politiques ne suivent pas. Le président de la République me donne l’impression d’être dans sa bulle, pas dans la réalité des gens qui ont des problèmes d’argent, avec des factures qui augmentent. Après, ce n’est pas étonnant que les Français n’aient pas envie d’aller voter ou que le vote FN monte. C’est dur de leur faire comprendre qu’il y a d’autres alternatives en politique et que le problème n’est pas la crise, mais le capitalisme. Pour 2014, je reste motivée, il faudra qu’on soit nombreux dans la rue. L’année commence au moins par un soulagement puisque notre affaire est terminée. Le procureur a annoncé qu’il ne ferait pas appel de notre relaxe. »
- Josée Pépin, membre du collectif de défense du centre ivg de l’hôpital Tenon (Paris) : « Il y aura moins de services de santé pour les gens»
« Je suis révoltée par les vœux de François Hollande. Des choses graves ont été dites, notamment la continuité de la réduction des dépenses publiques. Cela signifie moins de services de santé pour les gens. On va continuer à fermer les hôpitaux, maternités, les centres d’IVG... D’une certaine manière, on fait des économies sur le droit des femmes. Il est plus facile de trouver un accord sur un plan d’austérité que sur des questions sociales. C’est aussi ce qu’Hollande a dit lorsqu’il a parlé de “relancer l’Europe” avec Angela Merkel. Il aurait au moins pu dire aussi un mot sur le droit des femmes en Europe, et notamment en Espagne où le droit à l’avortement a été récemment remis en question. Il n’a pas non plus parlé de la dérive du Parlement européen où la “résolution Estrela”, qui visait à renforcer le droit à l’avortement en Europe, a été repoussée. Quand François Hollande parle dans ses vœux de défendre la “dignité” des femmes, cela ne veut rien dire. J’ai trouvé son discours affligeant et même parfois honteux, comme ses propos méprisables sur la Sécurité sociale. Il dit vouloir en terminer avec les excès et les abus, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Cela me fait honte. Les Français ont le droit de se soigner, et pourtant ils éprouvent de plus en plus de mal à le faire. Il ne faut aucune complaisance envers ce gouvernement. »
- Jean-Louis Betoux, représentant de la CGT à l’Union locale d’Évry : «Tout est fait pour simplifier la vie des patrons»
« Dans le discours de François Hollande tout est fait pour simplifier la vie des patrons. Cela n’apporte aucun espoir aux salariés, aux chômeurs, aux retraités pour 2014, mais pour les entrepreneurs et la finance ! Si J’ai bien entendu les mensonges du président sur la baisse du chômage, il en appelle à la mobilisation générale et évoque un pacte de responsabilité pour les entreprises, mais cela va aboutir à des baisses de charges soi-disant pour créer des embauches. Il persiste à leur attribuer des milliards de fonds publics sans contrepartie. Et la négociation sur la formation professionnelle, dans la foulée de celle dite de sécurisation de l’emploi, permettra encore aux patrons de faire des économies. Il devrait plutôt donner un coup de pouce à des salariés comme chez Fralib pour qu’ils redémarrent leur activité. Le président a dit qu’il souhaitait sanctionner les abus des dépenses de la Sécurité sociale, mais il oublie que des boîtes détournent cet argent en ne versant pas les cotisations. On a aussi eu le droit au couplet sur la crise en Europe, mais rien sur l’Europe sociale. Et encore moins sur les travailleurs détachés. Chez AT France à Bondoufle (Essonne), nous avons soutenu la grève des travailleurs égyptiens et marocains qui étaient employés illégalement. On ne peut pas continuer à laisser des gens se faire exploiter. Plutôt que d’évoquer ce dumping social, le président a préféré ressortir le vieux refrain du Medef, “investir aujourd’hui pour créer les emplois de demain”. Une recette qui n’a jamais fait ses preuves. »
16:22 Publié dans ACTUALITES, Idées, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ump, ps, françois hollande, dialogue social, gauche au pouvoir, bilan hollande, cristel coste, jean-louis betoux, pacte de responsabilité, josée pépin, sécrét lazar | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |