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11/06/2025

Protection de l’enfance : Pour un grand service public unifié

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PCF enfance2.png« Rien ne révèle mieux l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants ». C’est sur cette citation de Nelson Mandela que Fabien Roussel a ouvert les assises du PCF de la protection de l’enfance le 7 juin à Colonel-Fabien.

Pour une première initiative sur cet enjeu de société, tant pour la participation que la qualité, la réussite de ces assises aura fait date. Une des toutes premières interventions de la salle exprime son enthousiasme que son parti s’empare pleinement de cette question.

Ces Assises ont mis en lumière que la protection de l’enfance est un enjeu de justice sociale, un enjeu de dignité, et profondément un enjeu de classe.

Fort de son apport pour l’enfance et la jeunesse dans l’écriture des Jours heureux par le CNR, c’est peu dire que le Parti communiste, parti du commun et de l’humain d’abord, est attendu par tous les acteurs de la protection de l’enfance.

L’objectif de cette journée avait pour ambition de vérifier la pertinence des dix propositions mises en débat par le PCF, de les enrichir afin d’obtenir, sur la durée, dans une démarche programmatique et donc transpartisane, une politique de l’enfance apte au plus tôt à soulager le dispositif de protection de l’enfance et à apporter les réponses urgentes et pérennes à la crise que traverse ce dispositif.

Sans énumérer ici ces dix propositions consultables sur le site du PCF, il est question d’une loi de programmation avec un plan massif de moyens humains et financiers : titularisation des personnels, revalorisation des métiers, une formation continue digne de ce nom, plafonnements du nombre des situations par travailleur social, développement de la prévention dans tous les territoires.

Construire un grand service public unifié de l’enfance, reposant sur la coopération entre les collectivités, l’Éducation nationale, la santé, la justice et les associations, dans un cadre 100 % public, gratuit et transparent. Redonner du sens aux métiers du social. L’ensemble de ces propositions ne peut exister sans être basé sur un socle clair des responsabilités et des moyens. L’État doit fixer un cadre national garantissant des standards de qualité, tout en laissant aux départements la mise en œuvre adaptée aux réalités locales.
Notre projet politique est d’inscrire dans la Constitution la protection de l’enfance comme un principe fondamental de la République, car il est temps d’affirmer haut et fort que chaque enfant a droit à la protection, à la santé, à l’éducation, à la sécurité, à la culture, aux loisirs et à la dignité.

Ce droit doit être opposable, garanti et non négociable. L’enfance doit être sanctuarisée, être un pilier constitutionnel de notre République sociale.

Ce que nous nous sommes dits tout au long de cette journée, échangé, construit, enrichi, ici, ensemble, ce n’est pas seulement un constat partagé mais un appel à l’action.

Nous appelons chacune et chacun à construire des Assises départementales avec tous vos acteurs locaux, pour décliner, développer et amplifier sur vos territoires l’initiative d’aujourd’hui.

Véronique Sanchez

19:43 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Idées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, enfance | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

19/05/2025

L’erreur stratégique de la gauche « radicale » en France

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Depuis plusieurs années, une partie de la gauche, LFI singulièrement, semble s’être éloignée de son socle historique : la critique radicale du capitalisme et la défense du monde du travail. À mesure que s’imposaient dans le débat public les thématiques identitaires – qu’elles soient ethniques, religieuses, culturelles ou de genre – le rapport capital/travail s’est vu relégué au second plan. Le langage de l’exploitation a cédé la place à celui de la diversité ; l’ouvrier a été remplacé par la figure de la victime symbolique ; la solidarité de classe s’est effacée derrière une cartographie morcelée des oppressions.

Or ce glissement n’est pas neutre. Il n’est pas seulement une erreur stratégique ; il constitue un renoncement aux idéaux fondamentaux de la gauche. En mettant l’accent sur les identités plutôt que sur les rapports sociaux fondamentaux, cette gauche a paradoxalement désarmé politiquement les classes populaires et les a divisées. Elle a détourné leur colère vers des conflits secondaires, souvent montés en épingle par les médias ou les élites, pendant que les inégalités réelles – celles qui structurent la société – continuent de se creuser.

Le capitalisme n’est pas aveugle : il sait très bien intégrer les discours d’inclusion et de reconnaissance, tant qu’ils ne remettent pas en cause ses fondements. Il peut repeindre ses murs aux couleurs de toutes les minorités, tant qu’on ne touche pas à ses coffres. Il peut promouvoir des chartes de diversité dans des entreprises où l’on surexploite, invisibilise ou précarise des femmes, des immigrés, des jeunes. C’est ce que Patrick Tort a nommé l’idéologie « progressiste » dominante, faisceau complexe de contestations internes tolérées, voire stimulées par la gestion politique et idéologique du capitalisme, car sectorielles et hautement propices au brouillage et au fractionnement des solidarités et des luttes. Et c’est ce que la philosophe Nancy Fraser nomme le progressisme néolibéral : un vernis inclusif sur un fond inégalitaire.

Cela ne signifie pas qu’il faille mépriser ou ignorer les luttes contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, l’islamophobie ou toute autre forme de discrimination. Ces combats sont justes et nécessaires. Mais à une condition essentielle : qu’ils ne soient pas coupés de la lutte sociale, qu’ils ne deviennent pas des causes autonomes, flottant au-dessus du réel, facilement récupérables par ceux-là mêmes qui perpétuent l’exploitation. Car toutes les formes d’oppression que la gauche doit combattre s’enracinent dans un système économique et social qui a besoin d’exclure, de diviser, de hiérarchiser pour se maintenir.

Mais la classe dominante a développé une stratégie encore plus élaborée : l’utilisation cynique des revendications intersectionnelles. Détournées de leur objectif originel, ces dernières ont pris souvent une forme caricaturale et même ridicule, poussée à l’extrême pour aggraver les divisions sociales. Cette instrumentalisation consiste à exacerber les différences identitaires pour isoler les catégories populaires, les accuser de manquer de tolérance ou de sensibilité aux luttes « modernes ». Cela a pour effet d’atomiser les luttes sociales, de dépolitiser les revendications et de faire passer les classes populaires pour archaïques, dépassées, voire réactionnaires. En faisant ainsi monter des stéréotypes et en alimentant des débats secondaires, cette manipulation empêche une véritable solidarité entre ceux qui partagent la condition commune des exploités.

Pour parvenir à ce but, la classe dominante, qui contrôle les moyens modernes de diffusion de l’information (chaînes d’information continue, réseaux sociaux, presse et médias en général), a sélectionné les représentants les plus caricaturaux de la gauche pour les mettre en avant et en faire les représentants de la gauche tout entière. Et Même si Jean-Luc Mélenchon s’est défendu d’abandonner la classe ouvrière à l’extrême droite, c’est bien là le résultat que son organisation n‘a pas su empêcher, et auquel elle a même participé, pour les raisons exposées plus haut.

Le défi pour une gauche fidèle à ses principes n’est pas de choisir entre la classe et l’identité, ou de donner la priorité à l’une sur l’autre, mais de les articuler. D’inscrire la lutte contre le racisme dans la lutte contre l’exploitation. De relier l’égalité femmes-hommes à celle des salaires, du soin, du logement. De comprendre que l’émancipation ne peut être fragmentée sans devenir impuissante.

Recentrer la critique de gauche sur le rapport Capital/Travail, ce n’est pas nier les autres combats : c’est leur donner un sol, une cohérence, une force. C’est reconstruire un vrai front populaire où toutes les voix des opprimés peuvent se rejoindre, non dans la concurrence des douleurs, mais dans la solidarité des résistances.

Par Bertrand Mertz, avocat

12:55 Publié dans Front de Gauche, Idées | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, gauche | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

05/07/2021

CLIMAT : AGIR !

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Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCFF

Le Haut Conseil pour le Climat vient de sortir son rapport annuel visant à évaluer les politiques climatiques de la France et émettre des recommandations. Nous voulons tout d'abord saluer le travail des scientifiques de cet organisme indépendant, véritable juge de paix concernant le respect des objectifs de l'accord de Paris de 2015.

Comme les années précédentes, il est très critique vis-à-vis des politiques gouvernementales, et constate que les objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas respectés. Ainsi, de 2015 à 2018, la France a émis près de 65 millions de tonnes de CO2 au-delà de ce qu'elle avait prévu dans sa première stratégie nationale bas carbone (SNCB1). Plus grave, ces émissions en excès, doivent être compensées par des efforts accrus reportés pour les autres périodes de références (de 2019 à 2023 et de 2023 à 2027). Ainsi, à partir de 2021, les émissions devront baisser à un rythme environ 3 fois supérieurs que la période précédente (une baisse de - 3% /an contre - 1,1% constaté pour la période 2015-2018) : la marche est donc très haute !

Le gouvernant est maintenant au pied du mur et  doit cesser cette procrastination consistant à renoncer systématiquement aux efforts, pour mieux les reporter aux décennies futures, s'ajoutant ainsi aux efforts déjà programmé : c'est un cercle vicieux. Au contraire, il doit prendre ses responsabilités et engager dès maintenant les transformations structurelles profondes pour dé-carbonner les secteurs clés du bâtiment et des transports, qui progressent très peu, au lieu de capituler face aux profits à courts termes et aux habitudes bien établies et confortables des entreprises.

Aussi, comme le pointe le rapport, l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050, bien qu'ambitieux ne se limite qu'aux émissions territoriales et ne tient pas compte de l'empreinte carbone qui reflète vraiment les émissions totales de la France (incluant le différentiel de carbone contenu dans les produits et service importés, ainsi que les émissions du transport maritime et aérien international).

50% de notre empreinte carbone provient de biens importés. Si nos émissions de gaz à effet de serre ont bien diminué entre 1995 et 2019 ( -25% ), les émissions issues de biens importés ont considérablement augmentés ( + 72% ).

Le PCF vise l'objectif ambitieux d'une empreinte carbone nulle d'ici 2050, et rejoint ainsi les recommandations du rapport d'accorder plus d'importance à cet indicateur.

Dans les mois qui viennent, le Parti communiste veillera à ce que les préconisations de ce rapport soient vraiment entendues et appliquées, en particulier son appel à des transformations profondes de tous les secteurs de l'économie par un investissement public ambitieux. Le PCF propose d'ailleurs pour réussir une telle transformation, une réorientation des financements des entreprises par les banques sur des critères favorisant les mesures efficaces pour le climat.

C'est avec cet ambition que nous pourrons espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d'ici 2100.

 

01/06/2021

Ne pas se raconter d’histoires

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Ne pas se raconter d’histoires : c’est un point de départ quand on est décidé à vraiment changer les choses. Fleurissent pourtant en ce moment méditations privées, conversations entre amis et tribunes de presse autour d’un thème : la nécessité de l’unité de la gauche pour faire face aux périls historiques qui nous guettent l’an prochain. L’air tient souvent de la lamentation : la salvatrice unité de la gauche serait essentiellement entravée par des egos de grenouille (celle de la fable, vous savez) ; crevez-les et pourrait alors s’ouvrir un chemin de victoire. Qu’il y ait des egos et des calculs de mesquine tactique ici ou là, c’est indéniable mais disons-le tout net : on se raconte des histoires en plaçant là les problèmes principaux : ego des uns ; unité des partis politiques de gauche.
Un. « La gauche », il faut s’y faire, c’est toujours des millions de personnes mais ce n’est plus que quelques millions de personnes. Les intentions de vote pour des formations de gauche ? Moins de 30 %, en allant de Arthaud (LO) à Jadot (EELV) – étant entendu que ce dernier se réclame de la gauche un jour sur deux… Combien de bataillons pour le « peuple de gauche » ? Prenez tous les sondages, c’est la bérézina : on navigue entre 13 et 20 % de personnes se déclarant de gauche. Rien d’étonnant quand la gauche déçoit crescendo, de Mitterrand en Jospin et de Jospin en Hollande. Croire que le rassemblement de ces 13-20 % est la clé de tout, c’est nager entre le rêve et la nostalgie.

« Quand la gauche déçoit crescendo, de Mitterrand en Jospin et de Jospin en Hollande, croire que le rassemblement de ces 13-20 % est la clé de tout, c’est nager entre le rêve et la nostalgie. »

Deux. Le problème d’unité n’est pas tant celui de dirigeants qui ne parviendraient pas à se mettre d’accord : c’est dans ce qu’il reste du « peuple de gauche » lui-même que les divisions sont extrêmement profondes. La question n’est pas nouvelle : se pose toujours l’enjeu des reports de voix au second tour face à la droite. Les électeurs socialistes des années 1970 n’aimaient pas toujours les communistes et, dans un second tour opposant un communiste à la droite, des voix pouvaient manquer à l’appel, quelles que soient les consignes de vote officielles. Il pouvait également y avoir de la perte (souvent moindre, il est vrai) dans l’autre sens : certains électeurs communistes n’allant pas voter socialiste au second tour face à la droite. Reste qu’on n’arrive pas à imaginer une déperdition de voix significative si l’adversaire à battre avait été non pas de droite mais d’extrême droite. Face à pareil danger, on voit mal le « peuple de gauche » se refuser à soutenir le candidat de gauche le mieux placé. Bref, division il y a depuis longtemps – et c’est heureux car les projets ne sont pas les mêmes : rêver d’une gauche sans division aucune, c’est signer la mort des familles idéologiques et politiques différentes qui la composent – mais une division qui, pendant plusieurs décennies, ne s’est pas révélée complètement insurmontable. Nous n’en sommes plus là.
On a beaucoup commenté, mi-avril, le fait qu’en cas de second tour d’un candidat de gauche face à Le Pen (hypothèse sans fondement au vu des intentions de vote de premier tour), la victoire du RN était au bout du chemin, Le Pen faisant 60 % face à Mélenchon, 53 % face à Jadot, 50 % face à Hidalgo(1). On en est resté là, et il est vrai que c’était déjà pas mal. Mais si on entre dans les détails, on trouve un paysage qu’il vaut la peine de regarder en face. En cas de deuxième tour Mélenchon-Le Pen, la majorité absolue des électeurs du PS (ici, dans l’hypothèse d’une candidature Hidalgo de premier tour) choisirait l’abstention (54 %) plutôt que le vote FI (42 %) ! La réciproque est un peu moins vraie mais le report d’électeurs FI du premier tour vers Hidalgo au second serait à peine majoritaire (53 %). Comment dire avec plus de netteté la profondeur des divisions, non pas entre ténors égocentriques, mais dans ce « peuple de gauche » lui-même ! On se paie de mots quand on cite paresseusement les enquêtes indiquant que les électeurs de gauche aspirent à un candidat unique. Oui, ils veulent un candidat unique : celui qu’ils portent dans leur cœur, mais surtout pas le voisin ! À aucun prix. Même face à Le Pen !

« Le monde qui nous attend après la pandémie ne sera pas de tout repos et ne laissera guère la place à des demi-mesures et des non-choix. »

Résumons : le « peuple de gauche » a fondu comme neige au soleil ; ce qu’il en reste est lourdement divisé, indépendamment des consignes des uns et des egos des autres.
Trois. S’il faut considérer PCF, FI, EELV, PS, qui peut sincèrement soutenir que ces formations portent un projet commun pour la France, viable et alternatif à ce qui se fait aujourd’hui et ce qui se promet du côté des libéraux et de l’extrême droite ? Prenons les grandes questions économiques, sociales : écoutons les uns et les autres, et mesurons la polyphonie (si on veut habiller de ce nom les contradictions d’une cacophonie politique). Prenons les institutions. Prenons la laïcité. Prenons même, comme y invitait récemment Serge Halimi, les questions internationales. Une chose est de gérer ensemble une commune, un département, une région ; autre chose est de gouverner un pays. Ajoutons car, décidément, il ne faut pas se raconter d’histoires. Déjà quand elles sont dans l’opposition et en campagne, les forces les plus timides de la gauche ne s’engagent pas sur des changements significatifs, alors on n’ose imaginer ce que cela pourrait donner au pouvoir face aux vents violents qui soufflent sur notre monde. Combien de semaines, de jours avant d’annoncer la « pause », avant d’amorcer un virage de rigueur ?
Car c’est bien là le – quatrième – problème, on ne s’en sortira pas avec un accord minimaliste façon plus petit dénominateur commun. Le monde qui nous attend après la pandémie ne sera pas de tout repos et ne laissera guère la place à des demi-mesures et des non choix. Alors qu’une hausse forte du chômage est à redouter, on entend déjà les musiques libérales, venues de Bruxelles, de Bercy ou du siège du MEDEF : il va falloir réformer rudement le pays. Le capital a faim et ne restera pas doux spectateur. Encore n’osé-je ici sortir de la dimension la plus conjoncturelle. Si on doit considérer avec sérieux les défis qui se posent à l’humanité, non dans mille ans mais pour ce siècle même, on ne peut pas penser un instant que trois ou quatre mesurettes feront l’affaire. Non, tout accord minimaliste mènera dans le mur et risque si sûrement d’installer, le coup d’après, Le Pen au pouvoir. Rappelons tout de même que ce n’est pas pure fiction. 1981 : l’extrême droite est microscopique. La gauche déçoit. Voici la percée du FN en 1983-1984 ; en 1988, Le Pen pèse déjà 15%. Quand est-ce que le même Le Pen arrive au second tour ? Juste après l’amère expérience de la gauche plurielle. Quand est-ce que Le Pen revient au second tour et dépasse, pour la première fois, les 7,5 millions de voix et les 20 % ? Au lendemain du désastre Hollande. Un petit accord à gauche sur base étroite et c’est le mur garanti.

« Tout accord minimaliste mènera dans le mur et risque si sûrement d’installer, le coup d’après, Le Pen au pouvoir. »

Que conclure après ces lignes aux allures d’apocalypse ? Il ne s’agit pas de pleurer en estimant qu’il n’y a pas d’issue. Il n’y a pas d’issue… dans l’addition des maigres forces en présence. L’issue, nous en connaissons le chemin : il faut se battre comme des chiens pour faire grandir la force et la perspective communistes dans notre pays, dans les combats électoraux et dans tous les autres. Cela ne veut pas dire refuser tout accord à gauche, bien au contraire, mais faire grandir le rapport de forces populaire pour arracher un pacte d’engagements qui soit au niveau des attentes, des besoins et des défis, un accord qui soit appuyé sur des millions de personnes conscientes déterminées à prendre en mains leur destin.

Guillaume Roubaud-Quashie, directeur de Cause commune.


(1). Sondages à prendre avec mille pincettes, dans le cas d’un second tour face à Le Pen car une chose est de dire aujourd’hui, par téléphone, sans conséquences, ce qu’on ferait dans l’hypothèse où… ; une autre est, quinze jours après le premier tour, dans un climat politique tout autre, de faire effectivement tel ou tel choix électoral, avec toutes les conséquences réelles que cela peut impliquer.

02/04/2021

Voter pour un candidat communiste, en pensant à l’avenir.

PCF, Fabien Roussel

Yvon Quiniou Philosophe

Face au délabrement idéologique de la scène politique. L’indispensable affirmation du communisme

La situation politique est compliquée pour les communistes, alors que des élections importantes approchent, et ce pour une raison de fond, à la fois historique et médiatique. Car ce qui pèse sur la conscience collective est le discrédit de l’idée communiste, dont l’origine se trouve dans ce qui s’est fait en son nom dans l’Union soviétique, qui n’était pas du communisme. Je rappelle que Marx assignait, pour le passage à celui-ci, des conditions matérielles et sociales liées au capitalisme développé, sans quoi on virait à l’utopie et son échec inévitable, ce qui s’est révélé exact. D’où une identification erronée de l’expérience soviétique avec le projet marxien, qui est entretenue scandaleusement par les médias et qui empêche de souhaiter un dépassement du capitalisme.

Il n’empêche que ce qu’il se passe aujourd’hui dans le monde le rend impératif : un capitalisme transnational s’impose aux peuples dans tous les domaines, les appauvrit, creuse les inégalités, crée du chômage, attaque les services publics, nous impose une « civilisation » du fric et de la consommation marchande, pollue la culture et abîme les rapports interhumains en fractionnant la société et en générant une violence inédite, y compris interreligieuse. À quoi s’ajoute une crise écologique planétaire dont tous les scientifiques affirment qu’elle menace à terme notre vie et dont la source ne se trouve pas dans les seuls comportements de consommation, mais dans la logique libérale du profit qui, par un productivisme mercantile, abîme la nature et donc l’homme qui en est une partie.

Face à cela, que devient la gauche non communiste ? Une partie s’est convertie au libéralisme économique, perdant tout ce qui pouvait lui rester d’identité progressiste. Quant aux insoumis, ils surfent sur un populisme peu clair dans divers domaines. C’est pourquoi, face à ce délabrement idéologique de la scène politique, il nous faut revenir à l’inspiration communiste, quitte à l’enrichir, la moderniser ou même la rectifier, mais sans modifier ses principes directeurs.

Je pense en priorité à la propriété collective d’une grande partie de la production, parce que c’est le seul moyen de maîtriser notre économie, de l’orienter vers des fins utiles à tous et de garantir à ses agents des conditions de travail gratifiantes et qui n’aliènent pas leur personnalité : car il ne suffit pas de supprimer l’exploitation, il faut aussi abolir l’aliénation qui les mutile. D’où le rôle que peut jouer la culture pour tirer les êtres humains vers une vie riche en besoins de qualité . Mais aussi l’éducation : il s’agit de transmettre des valeurs centrées sur l’universel, le bien de tous et le vivre-ensemble harmonieux, et, comme l’entendait Gramsci, de constituer un nouveau « sens commun » à teneur éthique.

Dans cette perspective exigeante, quelle stratégie électorale les communistes doivent-ils adopter ? L’union « à gauche » me paraît indispensable dans les élections locales et, s’agissant de la présidentielle, faute malheureusement d’une unité face à la droite, il faudra voter pour un candidat communiste, en pensant à l’avenir.

Tribune publiée par le journal l'Humanité

12:21 Publié dans Idées, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pcf, fabien roussel | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

12/03/2019

Tribune : Propositions contre l'évasion fiscale

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« Que les multinationales paient leurs impôts là où elles font leur chiffre d’affaires ! »

Tribune. C’est l’autre affaire du siècle, vile et insidieuse. Elle corrompt tout, sape les Etats, instille le soupçon, alimente les inégalités, affaiblit nos modèles sociaux, dévore l’avenir. Les paradis fiscaux de quelques-uns sont l’enfer de tous les autres. Quand les plus grandes fortunes mondiales et les multinationales échappent à l’impôt, quand les petits paient pour les gros, avec parfois la complicité coupable des Etats, les milliards manquent à la santé, à l’éducation, à l’environnement. La maison brûle et on regarde ailleurs.

Les rapports des ONG s’ajoutent aux travaux des experts pour donner l’ampleur du scandale. 8 % du patrimoine financier mondial est détenu dans les paradis fiscaux, soit près de 7 900 milliards d’euros. 40 % des profits des multinationales sont déclarés dans des paradis à fiscalité faible ou nulle, soit près de 650 milliards de dollars chaque année. Leurs profits croissent et pourtant leurs impôts baissent… Il manque à la France et à l’Union européenne 20 % de leurs recettes au titre de l’impôt sur les sociétés. Et que dire de la fortune des milliardaires qui continue année après année de croître trois fois plus vite que la richesse moyenne par tête ?

« Une réforme permettant de lutter contre l’optimisation fiscale agressive des multinationales est non seulement souhaitable, mais elle est possible »

Devant l’ampleur de l’injustice, qu’aucune équation simpliste suggérant moins de services publics pour moins d’impôts ne viendra résoudre, le consentement à l’impôt chancelle, la démocratie vacille, la rage gronde. Comme pour le réchauffement climatique, la crise n’est désormais plus devant nous, elle est là, déjà. Enorme. L’heure n’est plus aux plaidoyers, aux formules alambiquées et prétendument savantes, aux déclarations d’estrade à Davos ou ailleurs. On ne peut plus laisser les multinationales se moquer des Etats et des peuples, faire leurs lois au détriment de la loi, opposer leur volonté à la volonté générale. Il faut agir.

Après la Grande-Bretagne et l’Autriche, la France, prenant acte de l’échec des négociations européennes, vient ainsi d’annoncer son intention de taxer les géants du numérique en France, Google, Apple, Facebook, Amazon (GAFA)… Le gouvernement envisage une taxe assise sur le chiffre d’affaires digital, sans lien avec les bénéfices, qui laisse un peu circonspect certes, une taxe au rendement faible et incertain sans doute, mais un acte politique important qui ouvre une voie. Une voie qui pourrait n’être qu’une impasse cependant, si le gouvernement devait continuer d’ignorer la situation de tant de grandes entreprises qui échappent à l’impôt, prenant ainsi le risque du solde de tout compte.
Un phénomène généralisé

C’est pourquoi nous interpellons le gouvernement. Encore un effort ! Pourquoi ne taxer que les GAFA ? McDonald’s, Nike, Fiat et Total n’utilisent-ils pas eux aussi les paradis fiscaux à grande échelle ? Les chiffres sont clairs : la délocalisation artificielle des profits est un phénomène généralisé, qu’on trouve aussi bien chez les géants du numérique que dans l’industrie pharmaceutique, la finance ou l’agroalimentaire. La mesure du gouvernement va dans le bon sens, mais reste, à ce stade, anecdotique. Or une réforme permettant de lutter contre l’optimisation fiscale agressive des multinationales est non seulement souhaitable, mais elle est possible.

Nous proposons que chaque société domiciliée à l’étranger vendant des biens ou des services en France, pour un montant excédant 100 millions d’euros, paie l’impôt sur les sociétés en France, qu’elle possède un établissement stable en France ou non. Les bénéfices imposables seraient ainsi calculés en multipliant les bénéfices mondiaux consolidés du groupe par la fraction de ses ventes mondiales effectuées en France. Cette solution a le mérite de dissocier la répartition de l’assiette taxable de celle des implantations physiques et donc de garantir la pérennité de notre base industrielle. Le principe est simple : les multinationales doivent payer leurs impôts là où elles font leur chiffre d’affaires.

Ce principe simple, l’Europe devrait l’adopter, en faire son combat acharné en instituant un impôt commun sur les sociétés finançant un budget de l’Union européenne géré démocratiquement. C’est notre aspiration. Mais sans attendre, la France peut dès à présent montrer le chemin.

Des solutions existent et des amendements jusqu’alors repoussés ont été déposés, le gouvernement peut les reprendre à son compte. Lutter pour la justice fiscale et le réarmement des Etats appelle plus qu’une taxe sur les GAFA. Encore un effort pour que nos enfants jamais ne nous disent : « Vous aviez semblé faire, mais vous aviez fait semblant ».

Signataires : Lucas Chancel, économiste, codirecteur du World InequalityLab ; Olivier Christin, historien, université de Neuchâtel, Suisse ; Anne-Laure Delatte, économiste, chargée de recherche au CNRS ; Gilles Dorronsoro, politiste, université Paris-I Panthéon-Sorbonne ; Olivier Faure,député, premier secrétaire du Parti socialiste ; Marion Fontaine, historienne, maître de conférences à l’université d’Avignon ; Ulrike Guérot, politiste, professeure à l’Université du Danube, Autriche ; Stéphanie Hennette, juriste, professeure à l’université Paris-Nanterre ; Régis Juanico, député, membre de Génération.s ; Pierre Laurent, président du Conseil national du Parti communiste ; Michel Lussault, géographe, ENS Lyon ; Frédérique Matonti, politiste, professeure à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne ; Alexandre Ouizille, président de la plate-forme Hémisphère gauche ; Thomas Piketty, économiste, directeur d’études à l’EHESS ; Christophe Prochasson, historien ; Xavier Ragot, économiste, Sciences Po ; Dominique Rousseau, constitutionnaliste, université Paris-I Panthéon-Sorbonne ; Guillaume Sacriste, politiste, maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne ; Laurence Scialom, économiste, professeure à l’université Paris-Nanterre ; Boris Vallaud, député, membre du Parti socialiste ; Antoine Vauchez, politiste, directeur de recherche au CNRS ; Frédéric Worms, philosophe, ENS Paris ; Loïc Blondiaux, politiste, Sciences Po Paris ; Gabriel Zucman, économiste, professeur à l’université de Berkeley, Etats-Unis

26/09/2017

Allemagne, Espagne, tristes images de l’Europe

josé fort.pngLa chronique de José Fort sur Radio Arts Mada en direct tous les lundi à 19h que vous pouvez retrouver en différé le lundi suivant sur Chansons Rouges Mosaik Radio à 12h, 18h, 23h et 8h}}}

Au lendemain des élections en Allemagne, avant le référendum en Catalogne et les incroyables opérations policières à Barcelone et dans toute la région, une constatation : l’Europe est malade, gravement malade.

Dans le premier pays, l’extrême droite pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale fait son entrée au Parlement fédéral, dans le second, arrestations, perquisitions, interdictions rappelant la période franquiste se déroulent sans la moindre protestation de l’Union européenne si friande pourtant d’interventions sur d’autres continents notamment au sud des Amériques.

Avant d’aller plus loin, souvenez-vous de la plupart des commentaires entendus ces derniers jours à propos des élections allemandes. Mme Merkel allait remporter une nouvelle fois un grand succès basé sur les excellents résultats de sa politique. C’était comme ça et pas autrement.

Je n’ai pas pour habitude de me référer au journal « Le Figaro » mais je ne peux m’empêcher de le citer. Ce matin, il titrait sur « l’amère victoire » de Mme Merkel, s’inquiétait de « l’ombre sur une victoire étriquée » et poursuivait sur le score « au goût amer » de la chancelière. La plupart des « spécialistes » de la politique allemande et autres commentateurs ou trices des « grands » médias se sont plantés. Une fois de plus.

Voici les résultats définitifs : CDU/CSU : 33% ; SPD :20,5 ; AFG (extrême droite) :12,6 ; FDP (ultra libéraux) :10,7 ; Die Linke ( communistes et alliés) :9,2 ; Verts :8,9.

CDU/CSU et sociaux démocrates subissent un net recul, l’extrême droite enregistre une forte percée, les ultra libéraux du FDP reviennent dans le jeu politique. Quant à Die Linke et les Verts, il résistent plutôt bien au grand chamboulement.

De nombreux commentaires attribuent le score non attendu de Mme Merkel à la xénophobie. C’est une des raisons du résultat de l’extrême droite mais pas seulement. La colère se nourrit actuellement en Allemagne de la politique d’injustice sociale, de précarité et de misère que les sociaux démocrates ont mis en place des 2002 lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mme Merkel a poursuivi et amplifié cette politique d’austérité pour les plus faibles avec le zèle qu’on lui connaît. Résultat ? Les fascistes s’installent au Bundestag.

Alors que les extrêmes droites européennes fleurissent ici et là, il était courant de brandir « l’exception allemande ». C’est terminé. La tragédie est toujours suspendue au-dessus de la tête des hommes et il faut toujours s’attendre à la voir ressurgir.

Du côté de l’Espagne, on croit faire un mauvais rêve, un retour à la période noire du franquisme. La ministre de la Défense vient de déclarer : « Le gouvernement empêchera par terre, air et mer le référendum » annoncé en Catalogne. Rien de moins après le débarquement de 4000 gardes civiles en renfort de ceux déjà sur place et le déferlement répressif de la semaine dernière.
Loin de moi l’idée de formuler une opinion définitive sur le thème de l’indépendance de la Catalogne, tellement des forces contradictoires s’expriment sur ce sujet, de la droite la plus conservatrice toujours prête à s’allier avec la droite de Madrid, aux forces de gauche annonçant un nouvel espace de liberté. Ce que je sais par contre c’est que le droit à l’autodétermination figure dans la Constitution espagnole et qu’on ne règle jamais un problème politique en utilisant la force.

Franco s’était déjà illustré en Catalogne en allant jusqu’à interdire la langue catalane provoquant une résistance massive. Quant à Rajoy, l’homme au pouvoir à Madrid, plus il crache sa haine et sa violence, plus il entraîne de nouveaux partisans dans le choix de l’indépendance.

Les temps sont sombres pour l’Europe. La chanson de Michel Fugain « La bête immonde» est plus que jamais d’actualité. Ecoutons.
José Fort