Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/07/2013

Métropoles : modèle avancé de la « démocratie de basse intensité » (André Chassaigne)

andré chassaigne, métropoles, grand ParisC’est avec gravité et une colère contenue que j’ai pris la parole le 16 juillet dernier, à l’Assemblée nationale, pour une longue intervention sur le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles. Un projet de loi, poussé en force par le Gouvernement, dont bien peu de citoyens ont entendu parler, et qui s’attaque pourtant aux fondements de notre République.

Alors que ce texte porte un bouleversement institutionnel inédit de l’organisation de notre République, il a été examiné dans les pires conditions, en trois jours de temps programmé, en session extraordinaire, à la veille de la trêve estivale, sans préparation et sans concertation alors qu’il venait d’être largement réécrit en commission, après son passage au Sénat qui assure pourtant la représentation des collectivités territoriales de la République.

 Un des principaux objectifs de ce texte est de remodeler de fond en comble la République, en créant une nouvelle institution, la métropole, territoire devant regrouper plus de 400 000 habitants, et qui se verrait confié l’essentiel des pouvoirs et compétences dévolus à la commune et au département. En réalité, il s’agit à la fois de vider les communes de leur capacité d’action et de programmer la disparition des départements. C’est cet état d’esprit qui est au cœur du projet, en particulier en transformant les communes en coquilles vides, en réduisant à presque rien ces foyers de démocratie, espaces de proximité sans égal, qui sont pour des millions de gens les lieux principaux et familiers de la République, des lieux où les habitants de tous âges et de toutes conditions se reconnaissent, parce qu’ils sont un maillon essentiel de l’accès aux services publics et à la vie de citoyen et de salarié. Le Gouvernement, loin de rompre avec l’œuvre entamée par la réforme territoriale engagée par la droite, en prolonge les traits les plus néfastes. Ce projet d’affirmation des métropoles aurait pu tout aussi bien s’appeler « projet d’affirmation de l’effacement des communes », tant ces superstructures qui vont disposer de pouvoirs considérables aspirent leurs compétences.

Ces transformations sont tellement lourdes de conséquences, d’abord pour la vie quotidienne de nos concitoyens, qu’il aurait été indispensable de les consulter. Mais cette indispensable consultation a-t-elle eu lieu ? Interrogez aujourd’hui n’importe quel habitant sur l’ensemble du territoire national, demandez-lui s’il sait que les parlementaires sont sur le point de prendre des décisions d’une telle importance pour les institutions de notre pays. Saura-t-il qu’ils vont peut-être créer des métropoles impactant la vie de 30 millions d’habitants ? Saura-t-il que les citoyens ne pourront plus intervenir dans leur commune sur les plans locaux d’urbanisme, mais qu’ils devront s’adresser à la communauté de communes, d’agglomération, voire à la métropole ?

andré chassaigne,métropoles,grand parisParce que cette réforme s’est orchestrée à bas bruit, seule une infime minorité de nos concitoyens savent ce qui se trame. Quant aux agents de la fonction publique, qu’elle soit d’État ou territoriale, que savent-ils des bouleversements en préparation les concernant, des perspectives de mises à disposition de services entiers d’une institution à l’autre ? Rien ou presque. Il y a de fortes chances que ces travailleurs du bien public tombent de l’armoire en apprenant les nouveaux objectifs de rationalisation de la dépense publique, contenus explicitement dans le projet de loi, qui se traduiront encore par des déménagements contraints, des regroupements technocratiques et des suppressions de postes.

Si les citoyens avaient été associés à ce projet de loi, alors les termes du débat en seraient bouleversés, et nous discuterions sous l’égide de l’intérêt général et du bien commun. Face à ce coup de force, le premier des combats n’est-il pas d’exiger à soumettre ces modifications à référendum, comme le propose l’Association nationale des élus communistes et républicains ?

Bien sûr, parmi les critiques relevées à l’encontre de l’opposition virulente à ce texte des parlementaires du Front de Gauche, j’ai pu retrouver un argument-massue : la mauvaise prise en compte des réalités des dynamiques urbaines d’aujourd’hui et des figures imposées de la mondialisation. Le réalisme de la « bonne gouvernance » libérale supposerait ainsi que les territoires de la République doivent inévitablement devenir de simples variables d’ajustement aux exigences du capitalisme mondialisé. Tout opposant est taxé de conservatisme. Quelle triste vision de la démocratie ! Quelle analyse dépassée de plus de 200 ans de construction républicaine, à l’heure où justement la crise démocratique atteint son paroxysme !

Ce n’est pas la première fois que je dénonce une recentralisation aux effets tragiques pour les territoires. J’utilise souvent une formule pour matérialiser les politiques avancées : à l’opposé de « l’irrigation territoriale » qui a structuré l’espace français, l’objectif est désormais d’organiser le « drainage » du territoire vers les centres les plus attractifs pour accroître leur compétitivité. « La compétitivité » : mot magique ! Cette réflexion fait d’ailleurs écho à l’excellent travail coordonné récemment par Eloi Laurent, dans son rapport commandé par le Ministère de l’Egalité des Territoires, qui n’a curieusement pas été convié à s’exprimer sur ce projet de loi.

 Ce rapport complet dresse un portrait d’une France plus que jamais inégalitaire : inégalités devant l’emploi et l’accès à l’emploi (que confirme un article du Monde parue le 25 juillet dernier, intitulé : « La carte de France des pertes d’emploi ») ; inégalités de revenus ; inégalités culturelles et scolaires ; inégalités environnementales ; inégalités sociales au sens large. Parmi les nombreuses préconisations de ce rapport, revient très souvent le besoin de partir de la réalité scientifique - et non de l’imaginaire libéral ou républicain – des territoires, en redéfinissant de véritables politiques qualitatives et adaptées d’aménagement. Dans son introduction, Eloi Laurent précise d’ailleurs l’objectif central retenu pour la nouvelle politique d’égalité territoriale : « C’est bien un principe de justice (et de bien‑être) qui est réaffirmé comme supérieur (« bien davantage ») au seul principe d’efficacité territoriale ou d’optimisation économique de l’espace français ». Malheureusement, ces préconisations ne semblent pas avoir été entendues par les porteurs de ce projet de loi, tant ce texte est symptomatique du raisonnement inverse.

On nous oppose également le principe d’une meilleure organisation et planification territoriale, qui serait portée par les métropoles. Ou encore la nécessité de rompre une opposition stérile entre territoires urbains et ruraux, dans laquelle se complairaient des élus dont je suis. La faiblesse, voire la bassesse de ces critiques, me renforcent dans mon analyse : cette réforme vise avant tout à déposséder les citoyens de leur pouvoir d’action politique, à assécher les possibilités de citoyenneté active et de lutte contre les injustices et inégalités territoriales.

 Le mécanisme principal en est le transfert de tous les pouvoirs vers des structures technocratiques, dirigées de main de maître pas des Présidents de métropoles, érigés en nouveaux potentats locaux à l’image des surintendants de l’ancien régime. Car quelles garanties apporte ce texte, pour s’affranchir des logiques de ghettoïsation spatiale, de relégation sociale et de spécialisation de certaines zones au sein des futures métropoles ? L’aménagement du territoire version « métropoles » renforcera inéluctablement de telles spécialisations, avec des élus toujours plus éloignés des citoyens, et toujours plus soumis aux analyses du prêt à penser territorial libéral ? Ce bouleversement caractérise selon moi une nouvelle étape du glissement de la société française vers un modèle de « démocratie de basse intensité », comme l’a défini Samir Amin, où les institutions démocratiques sont toujours plus déconnectées des forces sociales, « pour être mises au service du capital ».

Durant près de 40 minutes, la gravité de mon intervention à la tribune était donc, je crois, à la hauteur de l’imposture politique à laquelle se sont évertués les défenseurs de ce texte. Un texte qui contribuerait à creuser un peu plus les injustices territoriales et les inégalités de toutes sortes. Un texte faisant des métropoles de véritables cités technocratiques, hauts lieux de concentration des pouvoirs locaux et de tous les capitaux, nouveaux donneurs d’ordre de la République. Il resterait ainsi aux autres territoires le privilège de se transformer en sous-traitants disséminés entre territoires ruraux et pôles urbains secondaires, et à savoir faire preuve d’adaptation face aux injonctions des nouvelles féodalités économiques et politiques. L’ampleur de ce nouveau recul de civilisation doit, plus que jamais, pousser les citoyens et les élus locaux à la mobilisation pour en rejeter le contenu. Il est encore temps.

29/07/2013

Dernier hommage au journaliste franco-algérien Henri Alleg

	l'humanité, guerre d’algérie tortures, guerre d'algérie, livre, alger, maurice audin, colonialismePlusieurs centaines de personnes ont rendu lundi au cimetière du Père-Lachaise à Paris un dernier hommage au journaliste franco-algérien Henri Alleg, décédé le 17 juillet, trois jours avant ses 92 ans et qui fut l'un des premiers à dénoncer la torture pendant la guerre d'Algérie.

Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent qui a salué un militant dont le nom "restera irrémédiablement synonyme de justice, de courage et de vérité", le directeur de l'Humanité, Patrick Le Hyaric, le ministre du gouvernement Arnaud Montebourg, l'ambassadeur d'Algérie, Missoum Sbih, Willian Sportisse, représentant du PADS (ex-PCA), Bariza Khiari, vice-présidente au Sénat, Laurent Swartz, président du Comité Maurice Audin, le secrétaire des amis de l'Humanité, Charles Silvestre, Nils Andersen, qui édita La question en Suisse ou encore Henri Pouillot, président de "Sortie du colonialisme ainsi que ses proches, étaient présents au crématorium du cimetière du Père-Lachaise à Paris pour lui rendre un dernier hommage.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, dans un court message lu en son nom, a rappelé cette dénonciation de la torture par le militant communiste, estimant que son ouvrage "La Question" avait été "un texte majeur" dans la lutte anticoloniale.

28/07/2013

DISCOURS EXCEPTIONNEL, D’UN PRESIDENT EXCEPTIONNEL !

mujica1.jpgUN DISCOURS EXCEPTIONNEL !

Dans le cadre du 60 ème anniversaire de l’assaut donné à la caserne de Moncada à Cuba, début de la révolution Cubaine, le président de l’Uruguay, Pepe Mujica a prononcé en présence de plusieurs chefs d’Etat un discours exceptionnel qui marquera l’histoire :

« A l’occasion de ce 60 ème anniversaire permettez une pensée à tous ceux qui ont lutté et sont morts dans leurs combats dans les montagnes, les plaines et les bois d’Amérique Latinine.

Les changements sociaux ne disposent d’aucun laboratoire où la révolution peut s’expérimenter froidement. Les changements sociaux sont les expressions vives des luttes engagées avec les peuples, mille fois recommencées dans la douleur. Ils ne sont pas à la portée de la main mais le long cheminement d’une action constructive avec les peuples faite d’erreurs, de compromis, de sacrifices.

Cela a toujours ainsi. L’impossible à réaliser coûte toujours, un peu plus.

C’est pour cela qu’il n’y a jamais de défaite. Ceux qui sont défaits sont ceux qui cessent de lutter.

C’est pour cela que cette révolution, qui fut celle de la dignité, a donné l’espoir à toute l’Amérique Latine pour créer une société distincte. Les changements matériels sont plus simples que les changements culturels. Les changements culturels sont les véritables fondations du changement de l’histoire et la semence lente de génération en génération de la révolution Cubaine.

On nous a enseigné les valeurs que représentent la honte et la dignité. Nous sommes en présence d’une société équitable, collective avec une dimension universelle, et nous avons appris une chose que nous vivons dans notre Amérique Latine : seul un monde est possible où est respecté la diversité, seul l’avenir est possible si nous comprenons et nous nous habituons à ce que ce monde soit divers avec les mots respect, dignité tolérance et que personne n’a le droit parce qu’il est grand et fort d’écraser les petits et les faibles.

C’est la leçon d’or de cet anniversaire des 60 ans de cette révolution. Le monde riche devra comprendre que pour sa propre tranquillité que la vie humaine est courte, trop courte, et qu’il n’est pas possible de sacrifier la vie humaine de ceux qui sont encore vivants, parce que le vie cela doit être le bonheur et qu’il faut respecter la vie.

Nous sommes tous réunis dans ce temple, où ceux qui avaient attaqué cette caserne rêvaient et pensaient que cela auraient été plus simple. Le monde bouge et change parce qu’il y a des gens capables qui s’engagent et qui rêvent, et avec le rêve de ces jeunes Cubains c’est toute l’Amérique Latine qui a changée.

Nous sommes persuadés que les hommes ont la capacité de construire un monde meilleur, qui défend la vie, et la révolution aujourd’hui à un caractère universel. Lorsque le monde se globalise, lutter pour un monde meilleur c’est lutter pour la vie, pour le respect, l’égalité pour un monde sans porte-avions, sans avions sans pilotes capables de frapper aveuglement partout.

Oui c’est possible que l’homme sorte de la préhistoire, le jour où les casernes seront remplacées par les écoles et les universités.

Merci pour tout ce que vous nous avez donné, pour tout ce que vous nous avez laissé, et surtout pour la dignité donnée à tout un peuple. Merci ! »

 

UN PRESIDENT EXEPTIONNEL !

mujica_sn635.jpgJosé Mujica Cordano, surnommé « Pepe Mujica » né à Montevideo le 20 mai 1935 a été élu président le 29 novembre 2009.

Né dans une famille modeste de fermiers , José Mujica devint l'un des dirigeants de la guérilla des Tupamaros.

Sous la dictature militaire (1973-1985), il fut fait prisonnier-otage de la junte , étant détenu dans des conditions sordides (deux ans au fond d’un puits) où il était alors continuellement torturé .

Candidat présidentiel du Front large pour la présidentielle d'octobre-novembre 2009, il l'a remporté au second tour contre le candidat du Parti national, Luis Alberto Lacalle, avec 52,9 % des voix contre 42,9 % 1. Il a pris ses fonctions le 1er mars 2010.

Président de la République il reverse 87 % des 250 000 pesos mensuels (9 400 euros) de son salaire de chef d'État à des organismes d'aide au logement social.

12:11 Publié dans ACTUALITES, Idées, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pepe mujica, uruguay, cuba, amérique latine | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

26/07/2013

Pierre Laurent préconise un "grand plan de relance" à la rentrée

Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, s'est prononcé vendredi sur I Télé pour "un grand plan de relance social, industriel, écologique" à la rentrée pour sortir le pays de la récession et des "difficultés sociales".

"Il faudrait à la rentrée un grand plan de relance social, industriel, écologique avec des projets d'avenir extrêmement importants si on veut sortir de la récession", a déclaré le sénateur communiste de Paris dans l'émission de Christophe Barbier sur I Télé. "Pour le moment, ce qu'on voit sur le terrain et dans le pays, c'est pas la reprise, c'est les difficultés sociales qui grandissent", a-t-il ajouté, jugeant illusoire d'affirmer que "les emplois d'avenir ou les contrats de génération vont suffir".

A la question de savoir comment serait financé un tel plan de relance, le numéro un communiste a répondu que "de l'argent, il y en a énormément". Selon lui, "dans les banques françaises, il y a quatre fois le Produit intérieur brut, donc il y a de l'argent à mobiliser". "Il faut (...) diriger les circuits de financement vers le développement de l'économie, ce qu'on ne fait pas aujourd'hui", a-t-il dit sans être plus précis.

S'agissant de la légère baisse du chômage des jeunes, Pierre Laurent n'y a rien vu de durable. "Il y a un peu d'emploi aidé et (...) à cette période-là, il se met à y avoir un développement du travail saisonnier, mais on sait que c'est quelque chose d'extrêmement précaire", a-t-il analysé.

Quant à la réforme des retraites, qui sera discutée à la rentrée, il s'est dit "vigilant", notamment sur la piste d'un allongement de la durée de cotisation que semble privilégier le gouvernement. "On sait qu'un allongement de la durée de cotisation signifierait évidemment une baisse des pensions pour ceux qui partent à la retraite", a-t-il répété, affirmant "attendre" les premières mesures "publiées début août par le gouvernement", puis "des arbitrages à la fin du mois". D'ores et déjà, il envisage "des mobilisations sociales importantes parce qu'il faudra obtenir des mesures qui, semble-t-il, ne sont pas envisagées", en particulier "la contribution des revenus financiers du capital au financement des retraites".

25/07/2013

Tunisie : « L'assassinat de Mohamed Brahmi est une infamie » (Pierre Laurent)

brahmi mohamed,tunisie,pcf,pierre laurentL'assassinat, en ce jour anniversaire de la république tunisienne, de Mohamed Brahmi, député, coordinateur général du Mouvement populaire et dirigeant du Front populaire, est une infamie.

En abattant l'opposant au gouvernement islamiste d'Ennahda, ses assassins et leurs commanditaires veulent instaurer un climat de terreur et atteindre la démocratie tunisienne dans sa chair.

L'inaction des autorités depuis le lâche assassinat de Chokri Belaïd permet à ces commanditaires d'agir en toute impunitéCe crime odieux vient s'ajouter aux constantes menaces et attaques dont sont la cible les militants, les dirigeants des forces démocratiques et de progrès, les syndicalistes, mais aussi les citoyens parmi lesquels de très nombreuses femmes qui s'opposent avec courage à l'obscurantisme et à une politique qui n'a fait qu'aggraver les inégalités.

 Le gouvernement et le président tunisiens sont responsables d'une telle situation et ont des comptes à rendre au peuple. Les assassins et les commanditaires de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi doivent être arrêtés et condamnés. La sécurité des citoyens doit être garantie en commençant par démembrer les ligues qui font régner la violence dans le pays.

Le PCF réaffirme sa totale solidarité avec le peuple tunisien et toutes les forces sociales, citoyennes et politiques démocratiques qui combattent pour une Tunisie libre, indépendante, juste et démocratique.

24/07/2013

FETE DE L'HUMA 2013 : Une campagne pour libérer Marwan Barghouti

palestine,fatah marwan barghouti,prisonnier palestinen,fadwa barghouti,fête de l'humanité 2013

Fadwa, épouse du leader palestinien, sera l’invitée d’honneur de la Fête de l’Humanité, aux côtés d’Ahmed Kathrada, compagnon de prison de Mandela, a annoncé Patrick Le Hyaric samedi, à Aubervilliers. 

Le «Mandela palestinien». Alors que Madiba reste hospitalisé dans un état sérieux, cette expression a résonné, samedi soir, à Aubervilliers, dans les paroles de tous les participants à une rencontre dédiée à Marwan Barghouti et aux prisonniers politiques palestiniens. Dans le décor iconoclaste de la villa Mais d’Ici, à l’initiative de Patrick Le Hyaric, député européen (GUE/NGL) et directeur de l’Humanité, plusieurs dizaines de personnes – militantes, élues – se sont retrouvées dans l’objectif d’initier une grande campagne pour la libération du député palestinien embastillé depuis onze ans.

Dans le sillage de la conférence internationale pour les prisonniers palestiniens d’avril, il s’agissait de mettre en lumière ce révoltant aspect de l’arbitraire qui accompagne l’occupation israélienne : 4 500 prisonniers politiques, dont 15 députés, 118 femmes et… 376 enfants. « Au delà du symbole de Marwan Barghouti, la Palestine incarne une grande injustice de notre monde. C’est une lutte pour la justice, la dignité et les droits de l’homme », expliquait Fernand Tuil, de l’association des villes jumelées avec des camps de réfugiés palestiniens. « Marwan Barghouti est le Mandela de notre temps. Nous avons le devoir de mener la même lutte acharnée, patiente, que celle que nous avons menée pour Mandela. Tous deux sont des hommes d’exception. Barghouti n’est pas un terroriste, c’est un homme d’État, capable de fédérer les factions palestiniennes qui se disputent et de contribuer à une issue politique au conflit, pour soustraire le peuple palestinien à l’apartheid qui lui est imposé », exposait, de son côté, Patrick Le Hyaric. A l’occasion de la Fête de l’Humanité, a-t-il annoncé. Fadwa Barghouti, épouse et avocate du leader palestinien, s’exprimera aux côtés d’Ahmed Kathrada, compagnon de combat et de prison de Nelson Mandela et Walter Sisulu.

Dans les prochaines semaines, un «comité pluraliste» pour la libération de Barghouti sera lancé. Partie prenante de cette initiative, l’ambassadeur de Palestine en France, Hael Al Fahoum, est longuement revenu sur les dangereux soubresauts qui menacent d’embraser tout le Proche-Orient. « Rien ne sera résolu dans la région sans résoudre la question palestinienne», a-t-il insisté.

À cette occasion, le diplomate a annoncé la décision de l’Autorité palestinienne et du président Abbas de faire de Patrick Le Hyaric un citoyen d’honneur de la Palestine. Une reconnaissance de son engagement comme député européen pour une paix juste et durable, mais aussi un hommage aux combats portés par l’Humanité.

Les conditions des détenus palestiniens en Israël

palestine,fatah marwan barghouti,prisonnier palestinen,fadwa barghouti,fête de l'humanité 2013Le directeur du quotidien l’Humanité et député européen du Front de Gauche, Patrick Le Hyaric, est à l’origine d’une campagne pour la libération de Marwan Barghouti, le célèbre leader palestinien emprisonné par Israël.

L’occasion de l’interroger sur les conditions des plus de 4000 détenus palestiniens.

Mais d’abord, que pense-t-il de la libération prochaine de 80 prisonniers palestiniens, comme l’a annoncé Israël ?

Propos recueillis par Loïc Barrière pour Radio Orient : Écouter

22/07/2013

Louis aragon Des articles majeurs 
à (re)découvrir

les lettres françaises,littérature,louis aragon,série des journalistes et des combatsPoète, romancier, résistant, communiste… Aragon était aussi un grand journaliste qui combattit avec panache Pétain et l’occupant nazi. De Ce soir aux Lettres françaises, 
il est l’auteur de centaines d’articles importants.

Quand on parle d’Aragon, on évoque le poète, le résistant, le communiste, le romancier, le surréaliste, l’amoureux d’Elsa, mais presque jamais le journaliste. Or, Aragon a aussi été un grand journaliste. Ses écrits journalistiques, qui comptent des centaines de pages, constituent une sorte de contrepoint à son œuvre.

Des années 1920 à sa mort en 1982, Aragon collabore à Paris journal, Littérature, la Révolution surréaliste, Clarté, Commune, Europe, l’Humanité, Ce soir, les Étoiles, les Lettres françaises. Dans cette liste, Ce soir et les Lettres françaises ont un statut particulier puisqu’il les a longtemps dirigés.

Si on met de côté les quelques semaines passées à la tête de Paris journal, que lui confie Jacques Hébertot en 1923, ses véritables débuts de journaliste ont lieu quand il entre à l’Humanité, en 1933, sur proposition de Vaillant-Couturier. D’abord, confiné aux rubriques sur les chiens écrasés (histoire de l’éprouver), il accède vite à des sujets de plus grande ampleur, notamment pendant les événements de février 1934.

En 1936, Maurice Thorez décide de lui confier la direction d’un nouveau quotidien qui soutiendra le Front populaire : Ce soir.

les lettres françaises,littérature,louis aragon,série des journalistes et des combats

 Aragon accepte à la condition d’y associer Jean-Richard Bloch, dont il connaît la rectitude intellectuelle et les qualités littéraires. Bloch, qui ne faisait jamais les choses à moitié, redoutait d’y compromettre son activité d’écrivain. Au terme d’une nuit de discussion, Aragon arrache son accord. L’un comme l’autre sont alors hantés par la montée du fascisme. Le premier numéro de Ce soir paraît en mars 1937, grâce au talent d’organisateur de Gaston Bensan. Les deux directeurs travaillent en parfaite intelligence et imposent d’emblée une ligne éditoriale. Ils font appel à des collaborateurs très variés. On y trouve des photographes comme Cartier-Bresson, Capa, Gerda Taro, les signatures de Robert Desnos, Jean Cocteau, du futur acteur Alain Cuny, de Fernand Léger, de Boris Taslitzky, de la journaliste Andrée Viollis, des écrivains Louis Parrot, Édith Thomas, Pascal Pia, Elsa Triolet, etc. Paul Nizan y couvre la politique étrangère.

Ce soir est ouvert aux menus événements de la vie quotidienne, tout en sachant les relier aux problèmes majeurs de l’époque. Chaque fois que son orientation est trouvée dérangeante, Maurice Thorez apporte son soutien aux deux directeurs.

Le journal atteint rapidement des ventes de l’ordre de 250 000 exemplaires. Aragon contribue au rayonnement du journal par de nombreux articles, notamment ceux de la série Un jour du monde, qui commente brillamment l’actualité au jour le jour. Il poursuit à temps volé le roman les Voyageurs de l’impériale, qu’il a commencé en 1936. Ce soir combat avec panache pour la réussite du Front populaire, pour l’Espagne républicaine, contre Munich et la politique d’apaisement envers Hitler. Il sera brutalement interdit, comme toute la presse communiste, en août 1939, à la suite du pacte germano-soviétique.

Les Lettres françaises naissent en 1941, lors d’une discussion entre Aragon, Jacques Decour et Georges Politzer, qui menaient depuis 1940 le combat clandestin des communistes dans les milieux intellectuels. L’objectif est de parvenir à un large rassemblement des intellectuels, dans le cadre du Front national contre Pétain et l’occupant nazi. C’est pourquoi Aragon veut que Jean Paulhan fasse partie de l’équipe des Lettres. Decour ne verra pas le premier numéro, il sera pris et fusillé, comme Politzer. Claude Morgan est alors chargé de reprendre le projet. Pendant ce temps, Aragon fonde, en zone sud, un journal similaire, les Étoiles. Le premier numéro des Lettres sort en septembre 1942, celui des Étoiles en février 1943. Ces petites feuilles mal imprimées, distribuées au péril de la vie des militants, portent très haut la parole de la France et sont l’expression de l’intelligence en guerre contre la barbarie (1).

À la Libération, fatigué et surchargé de travail, Aragon revient brièvement à la direction de Ce soir, avant qu’elle soit confiée à Jean-Richard Bloch, à sa satisfaction. Au décès de celui-ci, en 1947, il reprend ses fonctions jusqu’à la fin du journal, en 1953. Il succède alors à Morgan à la direction des Lettres françaises.

 Trois semaines plus tard, Staline meurt. Lecœur, qui dirige le PCF en l’absence de Thorez, mène une politique de caporalisation des intellectuels. Il reproche à Aragon d’avoir piétiné la douleur des communistes en publiant un portrait iconoclaste de Staline, signé de Picasso, et déclenche une violente campagne contre lui. Quelque temps auparavant, il s’en était pris à Moussinac. À partir de cette expérience, avec l’appui de Thorez, Aragon tisse les fils qui lui permettront de faire des Lettres françaises le meilleur hebdomadaire culturel français. André Wurmser, George Besson, Georges Sadoul, Elsa Triolet font régulièrement des chroniques. Accordant un intérêt toujours renouvelé aux jeunes talents, Aragon les présente généreusement. Parmi eux : Philippe Sollers, Lionel Ray, Bernard Vargaftig, Jacques Roubaud, Maurice Regnaut, Pierre Lartigue, Jean Ristat…

 Il s’élève de plus en plus fortement contre les mesures qui briment la liberté de création en URSS et dans les autres pays socialistes. Il le fait au nom du communisme, dont il ne cesse de se réclamer. Les polémiques qu’il mène sont retentissantes, dépassant parfois les capacités de gestion de la direction du PCF.

Ces mêmes années sont celles qui voient mourir ses amis : Éluard, Tzara, Breton, Courtade, Moussinac… Il leur consacre des textes qui resteront parmi les plus beaux. L’automne de sa vie a, pour ses lecteurs, le goût d’un merveilleux printemps.

Lorsque la fin des Lettres françaises est programmée, en 1972, il publie la Valse des adieux, dans laquelle se trouvent ces mots : « J’ai gâché ma vie. » Certains ont voulu y lire l’aveu enfin exprimé de l’échec de son engagement communiste, voulant à toute force qu’Aragon n’ait fait que porter un masque. Si elle exprime l’usure des espérances, la douleur des coups reçus des siens, l’inquiétude sur l’avenir, cette Valse ne traduit aucunement le désaveu du chemin qu’il avait pris jadis et qu’il a suivi jusqu’au bout. Lui qui disait : « Nous sommes les gens de la nuit qui portons le soleil en nous », n’a cessé d’intervenir sur l’histoire des hommes pour que le peuple cesse d’être l’ennemi de lui-même et que vienne le temps du chant pour tous.

(1) Les Lettres françaises et les Étoiles dans la clandestinité ont été rééditées aux éditions 
Le Cherche-Midi.

François Eychart pour l'Humanité