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17/07/2012

Projet de loi de finances rectificative pour 2012 / Intervention des députés Front de Gauche

sansu.jpgNicolas Sansu est intervenu dans le cadre du débat sur le projet de loi de finances rectificative pour 2012 qui s’est ouvert le 16 juillet à l’Assemblée nationale.

Le projet de loi de finances rectificative dont nous entamons aujourd’hui l’examen met un coup d’arrêt à dix années d’une politique économique fiscale qui se fixait pour unique objectif d’alléger toujours plus l’imposition des plus fortunés et des grandes entreprises. Cette politique s’est avérée ruineuse pour nos finances publiques, ruineuse aussi pour notre économie et l’actualité est là pour nous le rappeler.

Jamais l’imposition des grandes entreprises n’a été aussi faible et inégalitaire. C’est ainsi que les entreprises du CAC 40 n’acquittent aujourd’hui que 8 % d’impôts, les entreprises de plus de 2000 salariés 13 %, tandis quand les entreprises de moins de 20 salariés sont imposées au taux de 30 %.

Jamais non plus l’imposition de nos concitoyens n’a été aussi injuste. Toutes les réformes intervenues depuis 2002 ont contribué à réduire le rendement et la progressivité de l’impôt sur le revenu. L’impôt de solidarité sur la fortune a été réduit à la portion congrue.

richesse.jpgUn constat s’impose : le taux effectif d’imposition des plus hauts revenus est très loin du taux marginal de l’impôt sur le revenu, fixé actuellement à 41 %. Il est de 25 % pour les 1 000 plus hauts revenus et tombe à moins de 20 % pour les dix plus hauts revenus. En cause, une défiscalisation massive des revenus du patrimoine qui a contribué à l’aggravation des inégalités. N’oublions pas en effet que les 5 % les plus riches possèdent un tiers de l’ensemble de la richesse du pays, tandis que la moitié des Français, des classes populaires ou moyennes, n’en possèdent que 7 % !

Tout au long de ces dix dernières années, réforme après réforme, la majorité de droite nous a expliqué que la baisse de l’imposition des ménages les plus aisés et des grandes entreprises renforcerait l’attractivité de notre pays, serait créatrice d’emplois, permettrait d’éviter que nos entreprises industrielles ne se délocalisent.

Les résultats sont malheureusement là, sous nos yeux : PSA annonce la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois et la suppression de 8000 emplois. Cette même entreprise a versé 200 millions d’euros de dividendes en 2011 ! Sanofi qui a réalisé 5 milliards d’euros de profits l’année passée et 2,5 milliards déjà cette année annonce un plan de restructuration.

Les sommes colossales qui ont été consenties en baisses d’impôts ne sont allées ni à l’emploi, ni à l’investissement et à la recherche, ni aux salaires, qui stagnent depuis des années.

Comme le soulignait l’International Herald Tribune en novembre dernier, jamais, dans les grands pays industrialisés, les actionnaires n’ont accaparé une part aussi importante de la richesse produite, tandis que la part des salaires dans cette même richesse rappelait l’OCDE, a chuté 10 % en 30 ans.

L’actionnaire s’est installé solidement au centre du partage de la valeur ajoutée.

Ces pratiques sont à l’origine de l’affaissement de la demande intérieure dans les pays avancés et du marasme économique que nous connaissons depuis des années.

Le règne de la finance exprime une véritable mutation culturelle par rapport aux Trente Glorieuses : c’est le triomphe de la préférence pour le présent et la dévalorisation de l’avenir.

L’exigence d’une rentabilité à court terme très élevée, parfois d’ailleurs au prix de risques considérables, l’abandon de projets d’investissement ou de recherche à horizon long, la déformation du partage du revenu ne peuvent que déboucher sur une croissance faible, par insuffisance de l’offre, qui manque d’investissements de long terme, comme par insuffisance de la demande, du fait de l’inutile compression des salaires.

L’accumulation des richesses dans les mains d’une poignée de privilégiés, voilà le cancer qui ronge nos économies et non le niveau de la dépense publique !

Il importe en effet de distinguer entre deux types de dépenses publiques : d’un côté, les dépenses publiques qui soutiennent de façon cumulative la croissance, génèrent de l’activité et permettent d’escompter au final un surcroît de recettes et la réduction des déficits initiaux et, de l’autre, les dépenses et déficits récessifs générés par les politiques libérales ou les politiques d’austérité budgétaire, qui creusent les déficits et la dette par défaut de recettes.

Le rapport publié en 2010 par l’actuel président de la Commission des finances était à cet égard édifiant. Il montrait qu’en annulant l’ensemble des baisses d’impôts votées depuis 2000, l’Etat aurait chaque année 100 milliards d’euros de plus de recettes, sans compter l’évasion et la fraude fiscale contre lesquelles les mesures annoncées en 2008 et 2009 se sont rapidement évanouies. Depuis novembre, la liste grise ne comporte plus que 9 pays. Il suffit aux Etats de signer des accords bilatéraux pour être blanchis : bon résumé du « capitalisme moral ». Or c’est un manque à gagner pour les finances de l’Etat estimé entre 30 et 50 milliards d’euros !

Le présent projet de loi de finances rectificative a le mérite, nous l’avons dit, de mettre un terme à ces graves errements et de réintroduire un peu de justice fiscale.

Et nous soutenons avec force la première mesure de ce budget rectificatif, à savoir la suppression de la TVA sociale, dispositif qui n’avait d’autre but que de permettre aux entreprises de se défausser de leur part de la solidarité nationale.

Votre texte, Monsieur le Ministre, revient ensuite à juste titre sur les mesures d’allègement de la fiscalité du patrimoine, votées dans le cadre de la loi TEPA en 2007, mais aussi et surtout sur la scandaleuse baisse de l’ISF votée l’an passé et que nous évoquions à l’instant. Nous espérons que la LFI pour 2013 permettra de revenir sur les niches fiscales de l’ISF.

Nous approuvons par ailleurs sur le principe la suppression du dispositif d’exonérations fiscales et sociales sur les heures supplémentaires dans les entreprises de moins de 20 salariés. Cette mesure au coût exorbitant (4.9 milliards d’euros, dont 3.4 pour la Sécurité sociale) a fait obstacle à la création de près de 90 000 emplois. La droite l’a maintenue, malgré la crise, malgré l’explosion du chômage, par pure posture idéologique.

Nous jugeons qu’en finir avec le leurre des heures non cotisées et défiscalisées implique que nous débattions conjointement de la revalorisation des salaires. Mes chers collègues de la majorité, il est urgent de redonner confiance aux salariés des classes modestes et moyennes. Il faut compenser ce dispositif inique d’exonération et de défiscalisation des heures supplémentaires par un vrai coup de pouce au SMIC, par des garanties contre les licenciements boursiers, contre les pratiques qui de PSA à SANOFI continuent de privilégier les revenus du capital sur l’emploi et les salaires. Le chômage de masse, l’emploi précaire, la faible progression en volume des salaires ont littéralement plombé le financement de notre protection sociale.

Nous accueillons bien sûr favorablement les mesures que vous proposez de hausse du forfait social et des prélèvements sociaux sur les revenus immobiliers comme sur les stocks options. Elles représentent, comme la mesure précédente, un premier pas en direction du rééquilibrage entre revenus du capital et revenus du travail, d’autant plus utile que la perte de recettes résultant des niches sociales se chiffre à plus de 9 milliards d’euros, sans compter le dispositif de réduction générale des cotisations patronales jusqu’à 1.6 SMIC dont le coût excède quant à lui 22 milliards d’euros !

Le débat sur l’élargissement de l’assiette du financement de la protection sociale ne doit donc pas occulter celui sur les salaires et leur revalorisation.

Cet élargissement ne doit pas se traduire par une hausse de la CSG, qui est un prélèvement proportionnel et de ce fait injuste. Nous formulerons, lors du prochain PLFSS, une série de propositions de financement de la protection sociale. Nous pensons que ce financement doit prendre appui sur la modulation des prélèvements des entreprises, en fonction de leurs stratégies d’investissement et d’emploi. C’est la création d’emplois, la réduction du sous-emploi et la revalorisation des salaires qui sont la clef du financement de notre système de protection sociale en général et des régimes de retraite en particulier.

Vous proposez ensuite toute une série de dispositions sur les optimisations abusives. Là encore, nous ne pouvons qu’y souscrire. Je pense en particulier à l’encadrement des transferts de déficits, qui sont un des leviers de l’évasion fiscale. Il y aura probablement nécessité d’aller plus loin, d’engager un véritable plan de lutte contre les paradis fiscaux et de ne pas en demeurer, comme la majorité précédente, au stade des incantations. Nous accueillons de même favorablement le doublement du taux de la taxe sur les transactions financières qui est défendu de longue date sur les bancs de notre groupe.

Nous reviendrons au cours du débat sur les mesures d’aide à la Grèce comme sur la façon dont le gouvernement entend mettre en œuvre les engagements pris dans le secteur de l’éducation. Vous avez judicieusement décidé de financer par l’impôt sur le capital le relèvement de l’allocation de rentrée scolaire. Il aurait pu en être de même pour les 1000 postes ouverts à la rentrée prochaine.

Dans l’urgence, ce texte comporte nombre de mesures attendues. Au sein des députés Front de gauche du groupe GDR, nous le prenons comme un encouragement à poursuivre sur le chemin du rééquilibrage du partage de la richesse. Nous afficherons cette volonté lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2013, au cours duquel nous formulerons un ensemble de propositions concrètes sur le barème de l’impôt sur le revenu, durement mis à mal par la précédente majorité au détriment des classes moyennes, sur l’assiette de l’ISF, la taxation du capital au service de l’économie réelle, la suppression des niches qui bénéficient aux plus hauts revenus et mitent nos prélèvements…

Vous pouvez compter sur notre détermination et le soutien de notre groupe au présent projet de loi.

11/07/2012

Hausse des tarifs du gaz : « coup de canif dans le pouvoir d’achat des français »

gaz1.jpgAprès la très faible revalorisation du SMIC, la hausse des tarifs du gaz, même limitée à 2% comme l'a annoncé Jean-Marc Ayrault, est un coup de canif dans le pouvoir d’achat des français. Elle aggrave la situation déjà alarmante de 3.8 millions de familles en précarité énergétique.

Déjà depuis 2004, à l’ouverture du capital de Gaz de France, le prix du gaz a augmenté de 60 % dont 20% entre avril 2010 et avril 2011. Pourtant le groupe GDF Suez a versé 3.3 milliards de dividendes en 2012 à ses actionnaires, ce qui représente un taux de distribution de 83 %. Actionnaire à 35 % l'État peut s’opposer, au conseil d’administration, aux décisions abusives et contraires au développement d’un vrai service public et aux besoins des populations.

pcf.pngLe PCF rappelle que les sénateurs communistes ont fait voté en décembre dernier un amendement visant à ce qu’une commission pluraliste composée d’élus, d’usagers, de représentants des salariés du secteur et du ministre chargé de l’énergie soit créée afin d’étudier la formule tarifaire du gaz. Cette commission fixerait les tarifs réglementés afin de pouvoir mesurer les écarts entre les coûts réels d’approvisionnements et les formules de fixation des tarifs. Le PCF revendique donc un gel des tarifs d’ici là.

Communiqué du Parti communiste français

17:57 Publié dans ACTUALITES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, gaz, hausse | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

09/07/2012

SOMMET EUROPEEN : C'EST TOUJOURS LES BANQUES QUI GAGNENT !

europbank.jpgLes chefs d'Etat de nos pays reviennent du sommet européen en déclarant bien fort qu'ils ont arraché des victoires pour leurs peuples, des inflexions de la part de la Chancelière Merkel, de Mario Draghi ou de Jean-Claude Junker. Ils auraient, pour la 19ème fois depuis le début de la crise, « sauvé l'Europe ». François Hollandé déclare même que l'Europe est « réorientée » dans le bon sens. C'est de la publicité mensongère.

Le projet de pacte budgétaire sort intact de ce qui devait être une « renégociation » et le volet croissance de François Hollande n'a aucune valeur juridique. Qu'elles soient directes ou indirectes, financées par le MES ou non, toutes les soi-disantes «aides financières» seront une nouvelle fois payées par les citoyens européens, via les coupes budgétaires et les attaques aux droits des travailleurs. Toutes les dispositions adoptées au nom de la solidarité avec l'Italie et l'Espagne ne sont que des mesures de socialisation massive des pertes. S'ajoutent la perte de la souveraineté des peuples et le recul de la démocratie parlementaire.

La vérité est la suivante : les négociations dans l'UE libérale se jouent à 27, mais c'est toujours les banques qui gagnent. Nous appelons toutes les femmes et les hommes de gauche, tous les élus qui sont dans les parlements, à se mobiliser pour empêcher la ratification de ce pacte funeste dans nos pays.

Seule une refondation de l'UE peut permettre une sortie de crise. Nous le répéterons tant qu'il faudra : l'austérité amène la récession. Il ne peut y avoir de croissance dans ce cadre. Nous proposons une alternative:

  • Une solution européenne pour les insoutenables dettes publiques existantes, qui prévoie une réduction importante de leur volume
  • changer le rôle et les missions de la BCE pour encourager la création d'emplois et la formation, pas les spéculateurs.
  • créer une nouvelle institution : une banque publique européenne, financée par la BCE et la taxation des transactions financières, dont les fonds serviraient exclusivement a favoriser l'investissement public dans les services publics et le développement industriel durable
  • harmoniser par le haut les droits des travailleurs et tous les droits sociaux

     

pcfeurope.jpgPierre Laurent, Secrétaire National du PCF, Président du PGE (France),
Paolo Ferrero, Secrétaire national de Rifondazione communista (Italie),
Alexis Tsipras, Président de Syriza, Vi-Président du PGE (Grèce),
Cayo Lara, Porte parole d'Izquierda Unida (Espagne),
Jose-Luis Centella, Secrétaire général du PCE (Espagne),
Katja Kipping & Bernd Riexinger, Coprésidents de Die-Linke (Allemagne),
Olga Athaniti, Secrétariat exécutif d'AKOA (Grèce),
Attila Vajnai
, Président du parti des travailleurs 2006 (Hongrie),
Norberto Crivelli, Président du Parti suisse du travail (Suisse),
Francisco Louçà, Coordinateur du Bloco de Esquerda (Portugal),
Yrjö Hakanen, Président du Parti communiste finlandais (Finlande),
Milan Neubert, Président
du Parti du socialisme démocratique (République Tchèque),
Fabienne Lentz et David Wagner, porte-parole de déi Lénk (Luxembourg),
Constantin Rotaru, Président du
Parti de l'Alliance Socaliste (Roumanie).

02/07/2012

BRIGNOLES : LE FN BATTU, LE COMMUNISTE ELU, UNE VICTOIRE HAUTEMENT SYMBOLIQUE !

ump, pcf, pierre laurent, parti socialiste, front de gauche, fn, jean-françois cope, var, brignoles, Harlem Désir,

Pierre Laurent et Harlem Désir ont fait part de leur satisfaction après l’élection, ce dimanche, du maire communiste de Brignoles au second tour de l’élection cantonale partielle qui l’opposait au candidat FN Jean-Paul Dispard.

Le Secrétaire National du Parti Communiste voit dans la victoire de Claude Gilardo face au candidat frontiste ce dimanche 1er juillet « #HYPERLINK "http://www.humanite.fr/fil-rouge/election-de-claude-gilardo-dans-le-var--symbole-de-la-lutte-contre-le-fn-pierre-laurent"un symbole de la lutte contre le FN » et la preuve que, face au danger que représente l’extrême droite, « l’union de toutes les forces de la gauche est la garantie de la victoire ». Une « victoire des républicains » dont s’est également réjoui le numéro deux du PS, Harlem Désir, qui a félicité « chaleureusement » le nouveau conseiller général.

Le candidat du Front de Gauche a remporté de 13 voix son duel face à Jean-Paul Dispard, dont l’élection en 2011 avait été invalidée pour « irrégularités ». Il était arrivé en tête au premier tour avec 40% des suffrages contre 34.9% pour le candidat du Front National, et bénéficiait du soutien de l’ensemble de la gauche mais pas de celui de l’UMP. Aux dernières législatives pourtant, socialistes et communistes avaient appelé à voter UMP pour faire barrage au FN, mais la droite a décidé une fois de plus d’appliquer dans le Var la règle du « ni-ni », et a refusé tout désistement républicain.

Une « attitude détestable » qui « en dit long sur les passerelles désormais bien visibles entre l’UMP et le FN », estime Pierre Laurent, qui célèbre donc la « très belle victoire » de Claude Gilardo malgré la persistance de l’UMP à refuser toute différenciation entre extrême gauche et extrême droite. Harlem Désir qualifie quant à lui d’« irresponsable » ce « manque de courage » du parti dirigé par Jean-François Copé.

Article publié par l’Humanité

 

Faire barrage à l'extrême droite»

ump, pcf, pierre laurent, parti socialiste, front de gauche, fn, jean-françois cope, var, brignoles, Harlem Désir, Dimanche dernier, Gilardo qui contrairement à 2011 avait rassemblé toute la gauche, est arrivé en tête avec 39,6% des suffrages, devant Dispard qui totalisait 34,9%.

La candidate UMP, Annie Giusti, n'a pas pu se maintenir au second tour malgré un score de 25,4%, en raison du très faible niveau de participation qui ne lui a pas permis d'atteindre la barre des 12,5% des inscrits. Le vote de deuxième tour de ces électeurs était donc la clé de ce dimanche.

Un enjeu incertain puisque Giusti s'est refusée à toute consigne de vote. «Les votes extrêmes n'ont pas de place dans un débat démocratique. Je ne peux appeler à voter ni pour l'extrême gauche, ni pour l'extrême droite», a-t-elle expliqué.

Devant cette situation, Harlem Désir, le numéro deux du PS, est venu, la semaine dernière, soutenir le candidat de gauche. Il a appelé les électeurs de droite à «faire barrage à l'extrême droite dans le canton de Brignoles».

Il n'était pas sûr qu'il soit entendu sur ces terres favorables à la droite où 58,06% des électeurs avaient voté pour Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle et à 60,54% pour l'UMP Josette Pons lors des législatives. Dispard espérait un bon report des voix sur lui: «Les électeurs UMP ne veulent plus d'un maire communiste et Gilardo a fait le plein des voix de gauche au premier tour».

Article publié par le Figaro

29/06/2012

Lettre ouverte à François Hollande « Ne signez pas pour l'austérité ! »

EuropeNOnCapital-j.jpgPAR PIERRE LAURENT SECRETAIRE NATIONAL DU PCF

Monsieur le président de la République,

Le sommet européen des 28 et 29 juin auquel vous vous apprêtez à participer est d'une extrême importance. L'Union européenne, toujours dans la tourmente, « doit être réorientée », comme vous l'avez souligné dans votre campagne électorale. L'élaboration de mesures nouvelles, rompant avec les logiques d'austérité qui s'avèrent chaque jour plus injustes et plus désastreuses, demeure un impératif pour sortir durablement de la crise.

C'est aussi le premier sommet où vous engagerez la parole et la politique de la France. Il s'agit maintenant de traduire, dans les actes, le changement pour lequel les Français vous ont élu.

À l'occasion de votre discours le 22 janvier au Bourget, vous avez pris l'engagement de « renégocier le traité européen, issu de l'accord du 9 décembre », c'est-à-dire le traité élaboré par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Cinq mois plus tard, le respect de cet engagement paraît plus nécessaire que jamais.

Les Français ont décidé de tourner la page de la politique de Nicolas Sarkozy. Il serait donc incompréhensible que nos politiques budgétaires continuent à être dictées par ce traité, et pire, qu'elles soient soumises à un contrôle accru de Bruxelles au mépris de la démocratie parlementaire et de la souveraineté populaire.

Nos concitoyens ont déjà été floués après leur « non » au TCE en 2005. Aujourd'hui, le maintien en l'état du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) serait un nouveau déni de démocratie.

Ensuite, et surtout, les développements de la crise au sein de l'UE montrent qu'aucun assainissement de la situation financière des États membres ne sera obtenu en s'entêtant dans la voie actuelle.

Sans une politique de relance construite sur de nouveaux modèles de développement, sans dégager nos grands choix d'investissements de la dépendance et des injonctions de rentabilité des marchés financiers, la sortie de crise fuira comme la ligne d'horizon au fur et à mesure des prétendues avancées de la coordination économique européenne. Celles-ci, au contraire, tendent à transformer l'Europe en champ clos dominé par les grands groupes, comme l'ont souhaité dans une récente tribune les PDG de Telecom Italia, Axa et Siemens.

Ce qui se profile à l'ouverture du sommet européen nous inquiète au plus haut point.

europesos.jpgLe pacte budgétaire, ou TSCG, sortirait intact du Sommet. Il serait le seul texte considéré comme contraignant, et donc, avec les Mécanismes européens de stabilité qui conditionnent l'octroi de fonds au respect des injonctions du traité budgétaire, le seul soumis à ratification des États.

À la demande d'Angela Merkel, le « pacte de croissance » que vous avez souhaité lui adjoindre ne figurerait q

ue dans un protocole annexé aux conclusions du Sommet. Il n'aurait aucune valeur de contrainte et sa portée réelle serait en tout point contredite par les mesures imposées par le Pacte budgétaire. Cela ne conduirait probablement qu'à un nouveau gâchis de fonds. Le carcan de l'austérité serait resserré, rien ne serait changé sur les points décisifs, ni la mutualisation de la dette, ni le rôle de la Banque centrale européenne (BCE). L'Union bancaire dont il est question ne changerait rien aux critères actuels du crédit. En France, l'investissement public de l'État, comme celui des collectivités locales, serait étouffé.

Si tout cela se confirmait, vous devez la vérité aux Français. Rien ne vous oblige à entériner de telles conclusions.

Je comprends parfaitement, monsieur le président, qu'un changement d'orientation des politiques européennes ne se décrète pas. Il se négocie. Et la chancelière Merkel résiste à cette réorientation, et marchande même, en contrepartie de la moindre concession, une part de domination plus grande encore. La France n'est pas obligée de céder.

Nous ne sommes pas les seuls, au Parti communiste français, au Front de gauche, à nous inquiéter.

Quatre dirigeants d'organisations de jeunes socialistes en Europe (de France, d'Autriche, d'Espagne et d'Allemagne) vous ont demandé solennellement, dans une tribune publiée il y a une semaine, de rejeter ce pacte budgétaire. Pour leur part, Bernadette Ségol et Ignacio Fernandez Toxo, deux principaux responsables de la Confédération européenne des syndicats (CES), ont à leur tour mis en garde sur « le contenu de la croissance et les moyens de la relancer », sur la dégradation des conditions sociales dans l'Union et sur la mise en péril du cadre démocratique européen, soulignant explicitement : « Nous ne croyons pas que les réformes structurelles du marché de l'emploi créent de l'emploi et encore moins de la croissance. »

Je vous le demande par conséquent : ne signez pas les conclusions du sommet si elles devaient en rester là. Rendez publiques ces décisions et ouvrez le débat dans le pays et en Europe sur ses limites. Ne forcez pas le train de la ratification du Pacte budgétaire au Parlement français, comme a décidé de le faire Angela Merkel devant le Bundestag dès le 29 juin.

Sinon, vous le savez, nous ne ratifierons pas ce texte. Nous appellerons tous les parlementaires de gauche à en faire de même. Nous inviterons les Français à manifester leur opposition à une ratification contraire à votre propre engagement de renégociation.

Une autre voie est possible. Nous proposons que la France prenne l'initiative d'« Etats généraux de la refondation européenne » pour porter, notamment :

  • la réorientation du statut et des missions de la BCE, pour moduler le refinancement des banques privées afin d'encourager les investissements qui programment plus d'emplois et de formation, et de pénaliser les crédits aux spéculateurs,
  • la création d'une banque publique européenne axée sur le développement social, écologique et solidaire, financée par la création monétaire de la BCE, la taxe sur les transactions financières et une part du budget communautaire, et chargée de soutenir l'essor des services publics, d'investissements publics socialement efficaces et de projets industriels novateurs et créateurs d'emplois,
  • la relance par l'élévation des standards sociaux et écologiques en Europe.


Je vous prie d'agréer, monsieur le président, l'expression de mes salutations distinguées.

09:59 Publié dans ACTUALITES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : europe, pierre laurent, pcf, pacte | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

25/06/2012

UN GROUPE FRONT DE GAUCHE A L'ASSEMBLEE NATIONALE

aassemblenationale.jpg

Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) portera la voix du Front de gauche et des députés ultramarins dans la nouvelle Assemblée nationale.

Comme sous la précédente législature, il s’agira d’un groupe technique constitué de deux composantes autonomes: celle du Front de gauche et celle des Ultramarins. Il sera présidé par André Chassaigne."

Ce groupe est donc composé des dix députés du Front de gauche: François Asensi (Seine-Saint-Denis), Alain Bocquet (Nord), Marie-George Buffet (Seine-Saint-Denis), Jean-Jacques Candelier (Nord), Patrice Carvalho (Oise), Gaby Charroux (Bouches-du-Rhône), André Chassaigne (Puy-de-Dôme), Marc Dolez (Nord), Jacqueline Fraysse (Hauts-de-Seine), Nicolas Sansu (Cher). Cinq députés ultramarins les rejoignent: Huguette Bello (La Réunion), Alfred Marie-Jeanne (Martinique), Jean- Philippe Nilor (Martinique), Gabriel Serville (Guyanne), Bruno Nestor Azerot (Martinique).

chassaigne2.jpgPour André Chassaigne, l’existence, dès le début de cette nouvelle législature, d’un tel groupe est vital, car « il y aura des textes importants dès le mois de juillet » sur les questions sociales comme budgétaires, et « nous voulons les faire évoluer, les muscler. Il nous faut être opérationnels », poursuit-il. Chose impossible si les députés Front de gauche sont sans groupe et siègent donc comme non-inscrits car, alors, leur temps de parole serait plus que limité.

André Chassaigne a précisé ce que sera l’attitude des députés du Front de gauche dans cette nouvelle majorité. « Nous ne nous considérons pas comme des opposants de gauche, on ne va pas passer notre temps à dégoupiller des grenades dans les jambes des ministres de ce gouvernement », affirme-t-il d’emblée.

« Considérant que la réussite du changement, donc de la gauche, est conditionnée par la mise en œuvre de réformes courageuses, par le refus de l’austérité », l’action des députés Front de gauche « sera constructive avec la volonté de déplacer le centre de gravité vers la gauche ». Ni « opposition stérile » ni « repli idéologique », mais démarche « constructive faite d’amendements pour améliorer tout ce qui peut l’être, et de propositions législatives ».

24/06/2012

Pierre Laurent : "Le PCF n'a pas besoin d'un sauveur" Entretien

laurent001.jpgPourquoi n'y aura-t-il pas de ministres communistes au gouvernement ?

Nous avons clairement dit que la prise en compte de nos propositions était un des critères de notre éventuelle entrée au gouvernement. Or, il y a eu une fin de non-recevoir à ces appels, qui m'a été répétée dimanche soir par le Premier ministre. Nous le regrettons, et nous allons donc peser sur la politique gouvernementale, en continuant à travailler avec les forces sociales et citoyennes que nous avons mobilisé durant la campagne.

Le Front de gauche avait 19 députés, il n'en a plus que 10. Cela remet-il en cause sa stratégie ?

Non. nous avons progressé en voix et en pourcentage dans l'élection présidentielle et dans les législatives, mais nous avons moins de députés. Cela révèle une anomalie démocratique très grave : la présidentialisation favorise le bipartisme. Nous sommes pénalisés, mais notre influence dans le pays n'est pas diminuée pour autant.

En février, François Hollande affirmait qu'"il n'y a plus de communistes en France. Ou plus beaucoup"...

Quand on a fait 4 millions de voix à l'élection présidentielle et quasiment 2 millions aux législatives, c'est difficile de dire que nous avons disparu du paysage politique. D'ailleurs, plus personne ne le dit, y compris au PS. La question est de savoir si on tient compte de ces forces. Le Front de gauche, pour nous, est plus que jamais un espace d'intervention populaire pour peser sur le cours de la politique gouvernementale.

Qui est le leader du Front de gauche aujourd'hui ?

Il n'y a jamais eu un seul leader du Front de gauche. C'est une construction originale, qui rassemble plusieurs plusieurs partis et maintenant, grâce à la campagne présidentielle, des citoyens non encartés. Il y a donc forcément un visage collectif du Front de gauche. Jean-Luc Mélenchon en est devenu une des voix fortes à l'occasion de la présidentielle. Mais notre président de groupe à l'Assemblée, André Chassaigne, en sera une aussi, comme je l'ai été durant la campagne et comme d'autres responsables du Front de gauche le seront.

Un de vos députés, Alain Bocquet, a déclaré dimanche dans le JDD qu'il n'avait "jamais pensé que Mélenchon était une chance pour le PCF". Qu'en pensez-vous ?

En ce qui me concerne, je n'ai jamais conçu la désignation de Jean-Luc Mélenchon comme le sauvetage du Parti communiste, car je n'ai jamais cru ni à la mort ni au déclin de celui-ci. C'est une force en plein renouveau, qui a fait 6 000 adhésions depuis le début de la campagne électorale. Nous n'avons pas besoin d'un sauveur pour le Parti communiste. Cela n'a jamais été le sens de notre démarche à la présidentielle.

Nicolas Hulot a annoncé qu'il avait voté Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. C'est inattendu...

Pas tant que cela. Le Front de gauche a porté avec beaucoup de conséquence notre engagement écologique, qui suppose pour être efficace la mise en cause des mécanismes du marché capitaliste. Avant sa non-désignation, Nicolas Hulot lui-même avait fait le chemin vers cette critique. Et je crois qu'il n'est pas le seul militant écologiste qui ait voté pour nous à l'élection présidentielle.