Lettre à l'Ambassadeur d'Israël en France
Paris, le 27 octobre 2011
Monsieur l’Ambassadeur,
Notre compatriote Salah Hamouri, 26 ans, qui est emprisonné depuis le 13 mars 2005 en Israël a été condamné à une peine de 6 ans, 8 mois et 15 jours de prison – ainsi qu’en atteste formellement un document officiel du CICR remis à sa famille (document joint). Salah Hamouri est donc libérable le 28 novembre prochain.
Le 25 octobre dernier, vous avez rencontré le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé qui, selon ses dires, est de nouveau intervenu auprès de vous pour que Salah Hamouri sorte de prison le « plus vite possible ».
Or, le lendemain de cette rencontre, la porte-parole de l’administration pénitentiaire israélienne, Madame Sivan Weizman, indiquait que Salah Hamouri ne sortirait pas avant le 12 mars 2012.
La « raison » invoquée est proprement incroyable : les prisons israéliennes ne seraient plus, du fait de la libération de 1.027 prisonniers palestiniens, en situation de surpopulation carcérale ! Et donc Salah Hamouri pourrait faire 7 ans de prison et non pas 6 ans, 8 mois et 15 jours comme strictement indiqué.
Cette annonce, totalement injuste et arbitraire, soulève une profonde indignation en France.
Israël déclare hautement être un « Etat de droit ». Il ne peut laisser bafouer ce même droit de manière aussi éclatante. Dans un Etat de droit l’administration pénitentiaire ne peut dicter le droit mais doit l’appliquer.
Au nom du « Comité national de soutien à Salah Hamouri » qui regroupe au plan politique toutes les sensibilités qui existent en France, je vous demande donc instamment d’intervenir auprès de vos autorités afin que le droit soit respecté et que notre compatriote sorte à la date qui est formellement prévue, c'est-à-dire le 28 novembre prochain afin qu’il regagne enfin ses foyers à Jérusalem.
Pour terminer, je me permets de souligner une évidence qui n’est pas seconde : l’image de votre pays, en France et dans le monde où le cas de Salah Hamouri est connu, sera affectée et aura à souffrir sérieusement si les responsables israéliens ne font pas appliquer le droit.
Dans l’attente, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de mes salutations distinguées.
M. Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Coordinateur du Comité de soutien
SALAH, PRISONNIER POLITIQUE DEPUIS PLUS DE CINQ ANS
Gilad Shalit, ce soldat de nationalité franco-israélienne libéré après 5 ans de détention. À la différence de Shalit, enlevé par le Hamas, Salah Hamouri a été condamné par la justice israélienne. Il est détenu dans ce pays depuis.
Né en 1985 à Jérusalem d'un père palestinien et d'une mère française, originaire de Bourg-en-Bresse, Salah a passé son adolescence dans la ville sainte. Parfaitement francophone, il a été scolarisé au collège des «Frères de Lasalle», une école privée catholique de garçons située à Jérusalem-Est. Ses premiers démêlés avec la justice ont lieu en 2001 quand, à l'âge de 16 ans, il est arrêté alors qu'il distribue des tracts contre la colonisation israélienne. Condamné à cinq mois de prison pour «propagande anti-israélienne», il réintègre son lycée après sa détention et obtient son baccalauréat en juin 2003.
«Salah a toujours été actif au point de vue politique»
Il décide alors de poursuivre des études de sociologie à l'université de Bethléem. Mais en 2004, il est arrêté une seconde fois au cours de sa scolarité au motif d'avoir fréquenté un activiste. Thèse réfutée par ses proches selon lesquels le Franco-palestinien se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment : une soirée où l'armée israélienne a fait une descente pour arrêter un homme recherché et où Salah se trouvait également.
Il va passer de nouveau quatre mois sous les verrous. «Salah a toujours été actif au point de vue politique à l'université», reconnaît sa mère dans un documentaire d'Eric Biesseintitulé «Salah, mon fils, mon frère». «Il voulait simplement finir ses études et travailler en Palestine afin d'aider la cause palestinienne», précise, quant à lui, son père qui décrit son fils comme quelqu'un de «simple» et de très «sociable».
La vie de Salah bascule le 13 mars 2005, quand le jeune homme de 19 ans est arrêté sur la route de Ramallah par les forces de sécurité israéliennes après une dénonciation anonyme. Le jeune homme, qui a été vu passant dans la rue où vit le rabbin Obadia Yossef, un chef du Shass, parti religieux d'extrême droite israélien, est accusé d'avoir fomenté un complot pour l'assassiner. On le soupçonne également d'être membre d'une association proche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).
Salah plaide coupable de «complot»
Des faits contestés par Salah, qui se définit comme un simple sympathisant de l'organisation palestinienne. Il va pourtant rester trois ans en détention administrative sans avoir été jugé. En avril 2008, il est finalement condamné par un tribunal militaire israélien à sept années de prison pour «complot et appartenance aux jeunesses du FPLP» après avoir plaidé coupable. Un compromis, décidé sur les conseils de son avocate, qui lui permet de voir sa peine réduite aux quatorze ans de détention dont il est menacé.
Depuis, les proches de Salah n'ont cessé d'appeler à sa libération. En 2008, un comité national de soutien à Salah Hamouri, dont font notamment partie des personnalités aussi diverses que Stéphane Hessel, Marie-George Buffet ou encore Jack Lang, a été créé pour faire connaître son cas et obtenir sa libération. Le 16 mai 2009, Salah Hamouri a été fait citoyen d'honneur de la ville de Grigny. Et au mois de juin de la même année, sa mère avait été reçue à l'Elysée par un conseiller du chef de l'État sans toutefois rencontrer Nicolas Sarkozy en personne.
La France a pourtant demandé la libération de Salah à plusieurs reprises.
Demande notamment rejetée en août 2009 par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, dont la coalition gouvernementale comprend le parti Shass.
Le 11 octobre, la mère du jeune détenu a annoncé à l'Humanité.fr que son fils était à l'isolement et interdit de visite jusqu'au 5 novembre. Dans le même temps, il a été transféré dans une autre prison. Cette mesure aurait été prise après une grève de la faim entamée par des prisonniers palestiniens pour dénoncer l'isolement carcéral. Avant cet épisode, la famille de Salah pouvait lui rendre visite deux fois par mois en détention. «Il lit et écrit beaucoup en prison. Il s'est adapté à cohabiter avec les prisonniers et a déployé beaucoup d‘énergie pour s'adapter», déclarait alors son père
Article publié par le Figaro
PRISON A REPETITION
Le Franco-Palestinien Salah Hamouri, qui purge une peine de prison en Israël, n'est libérable que le 12 mars 2012, vient d’indiquer la porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne. La famille de Salah Hamouri avait cité à plusieurs reprises le 28 novembre comme "date de sortie légale" du jeune homme.
La dernière période de chaque peine de prison, baptisée "période de libération administrative", d'une durée variable, vise à permettre à l'administration pénitentiaire de libérer des condamnés avant le terme de leur peine en cas de surpopulation carcérale, a expliqué la porte-parole, Sivan Weizman. Or, après la libération de 1.027 prisonniers palestiniens en échange du soldat Gilad Shalit, ni Salah Hamouri ni aucun détenu ne bénéficiera de cet allègement, a-t-elle précisé.
"Par le passé, les libérations administratives étaient la norme en raison de la pression sur le système. Mais en raison de la récente vague de libérations, aucune libération administrative n'est prévue", a-t-elle ajouté.