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28/06/2013

PCF, LA MEME CENSURE ! Le fuchsia plus près du rose que du violet ?

l'humanité,pcf,front de gauche,jean-luc mélenchon,france télévisions,chronique médiatique de claude baudry,david pujadas,louis laforge,patricia loisonFranchement, on a beau le dire et le répéter, le pluralisme 
en particulier à la télé, mais la remarque peut valoir pour certaines radios, est une valeur constitutionnelle ignorée. Les mêmes journalistes débattent de chaîne en chaîne des mêmes questions.

Se demandent parfois si le fuchsia est plus près du rose que 
du violet. Ont plutôt tendance à mépriser ceux qui ne pensent pas comme eux. Ou à les ignorer. Il est plus facile de débattre sans contradicteur des finances publiques, de l’austérité ou 
des retraites. Dans ces rendez-vous, on n‘invite jamais (ou presque) de journalistes de l’Humanité…

l'humanité,pcf,front de gauche,jean-luc mélenchon,france télévisions,chronique médiatique de claude baudry,david pujadas,louis laforge,patricia loisonConcernant les représentants politiques, si l’on trouve facilement des interlocuteurs du PS, de l’UMP ou du Front national, on invite un peu moins ceux du Front de gauche, ayant comme certains communiqués de chaîne considéré que Jean-Luc Mélenchon est le président du Front de gauche, alors qu’il est le coprésident du Parti de gauche et l’un des chefs de file du Front de gauche.

Mais on a bien des peines à trouver des représentants du PCF, parti qui a pourtant un groupe autant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, et qui est l’une des forces importantes du Front de gauche. Et qui peut, en outre, délivrer à leurs téléspectateurs ou auditeurs une parole, une réflexion sans doute un peu différente du ton habituel.

On se souvient par exemple que Thierry Thuillier, directeur de l’information du groupe France Télévisions, avait au côté de Pascal Golomer directeur de la rédaction de France 3, promis l’expression du pluralisme pour le Grand Soir 3, présenté par Patricia Loison et Louis Laforge chaque soir sur France 3.

l'humanité,pcf,front de gauche,jean-luc mélenchon,france télévisions,chronique médiatique de claude baudry,david pujadas,louis laforge,patricia loisonDe la même façon, il avait affiché son engagement pluraliste lors d’un entretien à l’Humanité Dimanche. Or, sauf erreur, nul n’a vu un dirigeant du PCF invité de ce journal dont la plage horaire a été élargie à une heure. Remarquez, toujours sauf erreur, on n’a pas vu de dirigeant communiste invité chez David Pujadas sur France 2, pas plus que sur C politique ou C dans l’air sur France 5.

On finit par se poser la question : pourquoi cet ostracisme ? Y a-t-il des consignes données aux responsables des journaux ? On ne veut pas croire que les téléspectateurs qui ont des sympathies pour le PCF ou veulent aussi savoir ce que dit ce parti, qui acquittent leur redevance désormais appelée contribution à l’audiovisuel public, n’intéressent pas les chaînes… Mais on se fait des idées.

Claude Baudry, l'Humanité

09/02/2012

LIBEREZ L’INFORMATION ! MEDIAS, LES PROPOSITIONS DU FRONT DE GAUCHE

audiovisuel public , front de gauche, presse écrite, Quotidiens, france télévisions,Le Front de Gauche, et plus particulièrement le Parti communiste Français, ses dirigeants, ses parlementaires, ses militants sont pratiquement interdits d’antenne, et depuis des années. Une règle d’or est aujourd’hui inscrite sur les frontons des radios et télévisions publique : la quasi interdiction d’accès à ce parti.

A titre d’exemples citons RTL, première radio de France : 250 invités politiques, un communiste, le Grand Jury, en un an, 50 invités, 0 communiste. Europe 1, 62 invités, 1 communiste. France Inter, 95 invités, 1 communiste. France Télévision, la télévision publique, aucun invité dans aucune des ces grandes émissions depuis des années, et ne parlons pas des autres émissions ou débats où l’interdiction d’expression est totale. Le journal l’Humanité, et ses journalistes subissent le même sort que cela soit dans les revues de presse ou la participation à des débats relève de la censure la plus impitoyable contrairement par exemple au Figaro appartenant au sénateur UMP Serge Dassault omniprésent.

Pour ce qui concerne le Front de Gauche les derniers chiffres publiés par le CSA pour le mois de janvier sont aussi éloquents.

Le Front de Gauche est largement pénalisé après avoir été « réduit » en 2011 à un temps d'antenne inférieur à 3 % . Le Front de Gauche a disposé en janvier de la moitié du temps de parole qui devrait lui être attribué. Pire, il est réduit à la marginalité sur la plupart des principaux médias. Citons par exemple France Inter (2,7% du temps pour le Front de Gauche), France Info (2,9%), Europe 1 (1,8%) TF1 (3,7%), France 3 (3,82 % des émissions d'information), M6 (moins de 1% tandis que le FN atteint 60% !), BFM-T(3 %) !

audiovisuel public , front de gauche, presse écrite, Quotidiens, france télévisions,POUR LIBERER LES MEDIAS ET PERMETTRE LA LIBRE EXPRESSION DANS NOTRE PAYS bafouée quotidiennement le Front de Gauche a proposé dans une tribune une série de propositions :

 Les médias et le projet du Front de Gauche, pour une alternative démocratique par Jean-François Téaldi - journaliste,syndicaliste, coordinateur du Front de Gauche Médias (PCF) ; Jean Bigot- producteur, Responsable médias Convergence et Alternative ; Claude Michel - syndicaliste Spectacle, Responsable Médias GU ; Daniel Matias-journaliste, Responsable Médias PG.

De la situation de notre pays et de la crise systémique en cours, les médias dominants donnent une image souvent déformée : en véhiculant une culture de la peur par une « surmédiatisation » des faits divers sur toutes les chaines, en invitant les économistes de « la pensée de marché » et très peu les « économistes atterrés », en donnant peu d’audience à la question sociale et aux conflits du travail, ils entretiennent un sentiment de fatalité.

audiovisuel public , front de gauche, presse écrite, Quotidiens, france télévisions,Ainsi se forge une opinion commune, un discours partagé par la quasi-totalité des commentateurs où seules les solutions libérales, quelque soit la variante, sont données comme raisonnables, crédibles, renvoyant les nôtres du côté de l’aventurisme. Le pluralisme des idées et des conceptions du monde reste donc très réduit surtout dans les grands médias audiovisuels. Des réformes profondes devront être mises en œuvre si on veut un « saut qualitatif » en matière de démocratie et faire vivre le pluralisme.

Une perception diffuse de ces réalités existe pourtant car la confiance déclarée par les français envers les médias reste faible depuis de longues années. L’impact médiatique sera d’autant plus dilué que des sources alternatives d’informations seront accessibles permettant une « écoute oblique » de résistance et de distanciation ; or, l’accès à une presse « engagée » ou aux médias offrant une information différente, reste très réduit, alors que la crise de la presse écrite est marquée par le recul du lectorat de la presse d’opinion, faiblement compensée par les nouveaux médias sur internet.

audiovisuel public , front de gauche, presse écrite, Quotidiens, france télévisions,Cette situation n’est pas le fruit d’une génération spontanée : La plupart des grands organes de presse et d’information sont des entreprises capitalistes dirigées comme telles dans l’intérêt financier de leurs actionnaires, et par conséquent dans une recherche prioritaire de rentabilité (l’information est traitée comme un produit de consommation courante). Les grands groupes industriels, principalement ceux qui vivent de la commande publique (Bouygues, Lagardère, Dassault, etc.), ont investi dans les médias audiovisuels et les grands titres de presse, provocant une très forte concentration capitalistique que l’on retrouve aussi dans les quotidiens régionaux.

LES PROPOSITIONS

De nouveaux dispositifs anti-concentration

Nous proposerons une loi contre les concentrations dans la presse, les médias et l’audiovisuel, pour les libérer des logiques financières et du diktat de l’audimat, afin de leur permettre d’accomplir leurs missions au service du pluralisme de l’information et de la culture. Des dispositifs anti-concentration précis devront être mis en place en prenant en compte à la fois des critères quantitatifs ( nombre de canaux ou titres possédés) et d’audience. En ce qui concerne TF1 qui bénéficie d’une concession et ne respecte pas le cahier des charges, nous relancerons un appel d’offre pour l’exploitation de la concession.

Refonder le service plublic

On aimerait constater des différences notables entre le privé et le public : ce n’est pas toujours le cas en matière de pluralisme de l’information. Peu de différence donc sur les lignes éditoriales entre le public et le privé même si sur certains journaux de Radio – France, de France 3 ( régionaux et nationaux) ou d’Arte, une place pour le pluralisme est de mise. Depuis de longues années le service public de l’audiovisuel est maintenu dans une situation de sous financement qui ne lui permet pas un véritable développement. Mais les raisons économiques ne sont peut-être pas les seules : course à l’audimat pour arracher des parts du marché publicitaire certes mais également manque d’audace dans la programmation qui contribue au formatage des esprits.

Une gauche digne de ce nom devra revenir sur la régression démocratique que représente la nomination des Présidents de chaines publiques par le Président de la République ; mais au-delà, la démocratisation du service public passe par une autre composition des Conseils d’administration, avec une place centrale pour les représentants des salariés et des usagers, mais aussi par d’autres choix éditoriaux et de programmes permettant une véritable différentiation avec le privé.

Nous créerons un Pôle Public des Médias qui rassemblera les réseaux de diffusion, de communication et les moyens de production de France télévisions, Radio France, l'audiovisuel Extérieur de la France (RFI, TV5 Monde, France 24), CFI, Euro news, l’INA et l’AFP.

Les médias associatifs et coopératifs ont toute leur place au sein du service public : nous devons leur garantir les moyens de leur indépendance économique et idéologique.

Les « décrets Tasca » seront abrogés et nous reconstituerons un pôle public de production au service du Pôle public des médias, autour des moyens de France télévisions, notamment ceux de France 3 et des Outremers 1ere/RFO.

La pérennité de financement de l’audiovisuel public sera inscrite dans la Constitution comme le préconisait le Rapport Clément. L e niveau de la redevance sera porté par étapes au niveau moyen européen, modulé en fonction des revenus, avec assujettissement des résidences secondaires ; un élargissement du prélèvement sur les recettes publicitaires des chaînes privées et sur le chiffre d’affaires des opérateurs de télécommunications sera assuré pour alimenter un fonds de répartition géré par l’État, en faveur du Pôle public des médias, de la presse écrite d’information générale à faibles ressources publicitaires et de l’AFP.

Autre motif d’inquiétude, l’état actuel de la production de l’information. Les menaces qui pèsent sur le statut de l’AFP mettent en péril l’indépendance – déjà bien entamée par les pressions du pouvoir – du principal pourvoyeur d’informations pour les médias hexagonaux. Dans notre programme, l’AFP conservera son statut et sera associée dans un GIE avec France télévisions pour développer des projets communs.

Création du Conseil National des médias

La Constitution garantira l’indépendance des médias à l’égard du pouvoir politique et des puissances de l’argent. Nous créerons un Conseil National des Médias, en lieu et place du CSA, composé d’élus, de représentants des professionnels et des usagers, chargé de veiller au respect de la responsabilité publique et nationale, et de favoriser la création de coopératives de presse.

Des états généraux des médias

audiovisuel public , front de gauche, presse écrite, Quotidiens, france télévisions,Constitués de professionnels, de parlementaires, de syndicats et d’associations, ils seront un espace de suivi de l’activité des médias Les EGM pourront interpeller le Conseil National des Médias ou les Conseils d’administration des entreprises du pôle public.

Internet et les réseaux de diffusion et de communication

Nous abrogerons la loi Hadopi, créerons des plateformes publiques de téléchargement, et engagerons une concertation pour garantir les droits, moraux et à rémunération, des auteurs par une mise à contribution des fournisseurs d’accès, des opérateurs de télécommunications et du marché publicitaire.

Nous assurerons la maîtrise publique des infrastructures, des centres de production, de diffusion, de recherche et des réseaux d’information.

Nous reconstituerons un pôle public industriel de télécommunication dont le noyau sera constitué par TDF et France Telecom/Orange re-nationalisées, qui géreront les infrastructures financées par les fonds publics.

De nouveaux droits pour les salariés

Il serait vain et injuste de s’en prendre aux journalistes comme tous complices des dominants du champ ; non qu’un journalisme de connivence constitué d’une « élite » de quelques éditorialistes, de quelques « grands noms » (« les nouveaux chiens de garde », pas tous très nouveaux d’ailleurs !), ne soit à l’œuvre comme messager des dominants et de la pensée de marché mais parce que le monde journalistique ne lui est pas réductible. Les journalistes sont frappés par une précarité croissante (un rapport parlementaire récent parle même de paupérisation), des conditions de travail qui ne laissent que rarement le temps de l’approfondissement et du recul par rapport aux faits bruts, rentabilité de l’information oblige ! Déjà en décembre 1995, Pierre Bourdieu intervenant auprès des grévistes du mouvement social d’alors indiquait : « La précarisation entraine des formes de dépendance et de soumission particulièrement funestes dans les entreprises de diffusion culturelle, radio, télévision ou journalisme, par l’effet de censure qu’elles exercent ».

C’est pourquoi nous agirons pour améliorer les conditions de travail des journalistes, pour « déprécariser », afin de permettre une information indépendante, pluraliste et de qualité. Nous souhaitons donner un statut légal aux entités rédactionnelles et légiférer pour assurer une étanchéité entre les actionnaires et les rédactions. Les droits des salariés et de leur représentation dans les Conseils d’administration seront accrus dans toutes les sociétés. Une réforme de l’imposition des groupes privés de communication sera instaurée en fonction de leur politique de l’emploi en CDI (moins de 5% de précaires), de leur respect des conventions collectives et de la Charte des droits et devoirs des journalistes ; les aides régionales y seraient conditionnées [mise en place dans chaque Conseil Régional d’une Commission tri-partite (élus, employeurs, syndicats) d’attribution et d’utilisation des aides s’appuyant sur les Comités d’entreprises de presse ou DP].

Pour relancer la presse écrite et le pluralisme

audiovisuel public,front de gauche,presse écrite,quotidiens,france télévisionsLa situation de la presse écrite suscite une réelle inquiétude : La baisse des revenus publicitaires a fragilisé l’ensemble des acteurs, et le recul de la diffusion, qui n’est pas nouveau, s’aggrave. Nous devons relever le défi d’une relance de la presse écrite et du pluralisme. A cet effet, nous lancerons de véritables Etats Généraux de la Presse en collaboration avec les partis politiques, les syndicats, les associations spécialisées.

Nous créerons une structure de régulation démocratisée qui aura autorité sur toute la chaîne depuis la fabrication jusqu’à la distribution.

Nous conforterons les principes coopératifs de distribution mis en place à la Libération par un soutien accru au réseau de distribution et de vente des journaux. Nous recapitaliserons Presstalis avec des apports de la Caisse des dépôts, voire de La Poste.

Il faudra refonder le système des aides directes et indirectes à la presse qui bénéficient en premier lieu aux plus grands groupes, à l’inverse de ce que propose le Rapport Cardoso. En ce qui concerne les aides directes, le nouveau Fonds stratégique de développement de la presse doit aider en priorité à la modernisation des titres qui n’ont pas les moyens de le faire ; l’aide aux transports (réduction tarifaire SNCF), l’aide au portage et l’aide à la distribution, doivent être attribuées en priorité aux titres indépendants des grands groupes. Pour les aides indirectes, nous devons revoir le régime spécial de provisions pour investissement qui n’intéresse que les titres bénéficiaires ; revoir les tarifs postaux préférentiels en ne les accordant qu’en fonction des volumes de publicité et en privilégiant les journaux à faibles revenus publicitaires ; revenir sur le régime dérogatoire des cotisations de Sécurité sociale des porteurs de presse et revoir le statut des correspondants locaux de presse

Les quelques imprimeries restantes sont menacées de disparition et sont quasiment toutes situées en région parisienne. Il faudra créer un pôle national public d’impression avec des antennes en régions.

L’Education nationale lancera un plan d’abonnement aux quotidiens nationaux et quotidiens régionaux pour chacune des 180.000 classes de lycées et collèges. Ils serviront à la mise en place d’un programme de lecture de la presse écrite en collaboration avec le CLEMI.

Des ruptures s’imposent donc car nous considérons les enjeux médiatiques comme des enjeux décisifs, profondément politiques car touchant à la « bataille de l’imaginaire » et s’inscrivant dans notre projet culturel et d’émancipation humaine. Encore faut-il que nos propositions puissent être entendues et débattues : gageons que cet article y contribue !

(Forum Médias du Front de Gauche-1er février 19h-Salle des Fêtes-Malakoff)

Jean-François Téaldi, Jean Bigot, Claude Michel, Daniel Matias

 

15/12/2011

L'INTERDICTION SUR FRANCE TELEVISIONS DU PCF, L'INSULTE CONTRE SES MILITANTS : CELA SUFFIT !

francetelevisions.jpg« C dans l'air » du 13 décembre sur le communisme : Pierre Laurent écrit à Yves Calvi

Mardi 13 décembre, France 5 diffusait un « C dans l'air » dont le thème était « le communisme 20 ans après ». Yves Calvi recevait à cette occasion, Stéphane Courtois et Alexandre Adler sur le plateau. Suite aux propos scandaleux tenus par certains sur le plateau, vous trouverez ci-dessous le courrier de Pierre Laurent, Secrétaire national du PCF, envoyé ce jour à Yves Calvi.

Depuis maintenant des mois, la discrimination à l’égard du Parti communiste français dans les émissions politiques dont vous avez la charge, et plus globalement dans celles du groupe France Télévisions, est une constante. Toutes nos demandes pour qu’il y soit mis un terme sont - plus ou moins poliment - mais systématiquement écartées.

Mais cette fois, trop c’est trop. Le mardi 13 décembre, l’émission « C’est dans l’air » avait pour invité Stéphane Courtois, dont la seule fonction historique reconnue est l’anticommunisme professionnel. C’est votre choix éditorial, je n’ai pas à le contester. Toutefois, au cours de cette émission, cet invité, qui ne m’a jamais rencontré de sa vie, s’est livré à une violente attaque personnelle en déclarant je cite « Pierre Laurent (…) un fils d'apparatchik qui a mis les pieds dans les chaussons de son papa et qui prend la direction du parti, quelque part ça fait presque pitié».

Cette pitoyable déclaration est restée sans réponse. Insultante et diffamatoire, elle ne mériterait de ma part que le mépris. Elle s’inscrit dans le registre des poncifs anticommunistes dont Monsieur Stéphane Courtois s’est fait une spécialité, en lieu et place de celle d’historien dont il s’affuble à propos du Parti communiste français.

Je ne peux me taire car cette déclaration intervient alors que la discrimination à notre égard est un scandale qui n’a que trop duré. Élu secrétaire national du PCF en juin 2010, je n’ai été invité à aucune émission politique importante dont vous avez la responsabilité, et quasiment aucune sur l’ensemble des antennes de France Télévisions. Ce boycott est en contradiction avec toutes les règles déontologiques en matière de pluralisme du débat d’idées, et avec toutes les règles du CSA qui invitent à respecter l’ «équité» des temps de parole des formations politiques, singulièrement celles qui disposent d’une représentation politique parlementaire.

Cette situation devient plus insupportable encore depuis que nous sommes entrés, de fait, dans la campagne présidentielle. Le Front de gauche, dont le Parti communiste français est totalement partie prenante, et son candidat Jean-Luc Mélenchon dont je préside le conseil national de campagne, y jouent un rôle de premier plan. Pourtant, la discrimination perdure. Elle devient même chaque jour plus flagrante au fur et à mesure que des candidats, subitement touchés du jour au lendemain par la grâce sondagière, occupent aussitôt le hit-parade des apparitions médiatiques.

L’argument selon lequel je ne suis moi-même pas candidat ne résiste pas une seconde à l’examen.

 Un, notre campagne et notre candidat sont loin de bénéficier de l’égalité de traitement qu’ils méritent. Le respect des règles du CSA nécessite bel et bien l’augmentation globale du temps de parole du Front de gauche, donc tout à la fois celle de Jean-Luc Mélenchon et celles d’autres représentants nationaux du Front de gauche.

Deux, le rôle politique et parlementaire joué par le Parti communiste dans cette campagne ne peut échapper qu’à ceux qui cherchent à nier la réalité.

Trois, ceux qui avancent cet argument à mon égard devront m’expliquer pourquoi il ne s’applique ni au secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé, ni à la première secrétaire du PS Martine Aubry, ni à la première responsable d’Europe Ecologie Les Verts, Cécile Duflot, sans parler des dizaines de responsables d’autres formations politiques qui sont des invités permanents de vos émissions, sans que jamais un seul responsable communiste ne puisse y trouver place.

Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple récent sur lequel nous vous avons alerté avant l’émission, comment se fait-il qu’aucun parlementaire ou aucun maire de notre parti, très actif sur le droit de vote des étrangers depuis trois décennies, ne trouve place le lundi 12 décembre sur le plateau de « Mots croisés » quand Rama Yade, qui n’a plus aucun rôle politique, et l’improbable Arno Klarsfeld, sur ce sujet auquel il ne s’est jamais intéressé, y figurent en bonne place ?

Et pour n’en prendre qu’un seul autre un peu plus ancien, puisque l’histoire du PCF semble vous intéresser quand il s’agit d’inviter Stéphane Courtois, comment expliquer que le discours que j’ai prononcé devant plus de sept mille personnes le 23 octobre dernier dans la carrière de Châteaubriant aux côtés du secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, en hommage aux 27 résistants fusillés il y a soixante ans par les nazis, ait été totalement ignoré ? La mémoire de Guy Môquet et de ses camarades n’intéresse-t-elle que quand elle est instrumentalisée par un président de la République qui en trahit chaque jour les idéaux ?

Aussi, je vous demande d'agir pour mettre un terme à cette mise à l’écart du PCF et de moi-même comme secrétaire national de ce parti dans vos émissions. Ainsi, sera défaite cette anomalie anti-démocratique qui, j’en suis sûr, suscite la réprobation de très nombreux journalistes de vos propres rédactions, que je sais attachés aux valeurs du pluralisme.

Si les propos insultants de Stéphane Courtois sur votre antenne ont été, vous l’aurez compris, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, vous comprendrez que ma requête, au-delà de ce lamentable incident, est plus large. Elle n’a qu’un seul but : faire droit au respect du pluralisme sans lequel la démocratie n’est qu’une coquille vide.

Pierre Laurent, Secrétaire national du PCF,