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20/09/2015

La victoire de Syriza : « A nous de prendre le relais » (Pierre Laurent)

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Ce soir, avec 34% des voix (35,43 % résultat définitif), Syriza remporte nettement les élections législatives anticipées en Grèce. Malgré l'accord insupportable imposé en juillet et la crise politique dans la gauche, les Grecs viennent d'affirmer pour la 3e fois cette année, leur confiance en Syriza et Alexis Tsipras pour gouverner leur pays.

L'ensemble de la coalition gouvernementale de janvier est confortée. Syriza (144 sièges) (145 députés résultat définitif) et Anel (10 sièges) remportent la majorité parlementaire

La droite de Nouvelle démocratie est battue. Avec elle, l'ensemble des gouvernements européens qui se sont acharnés avec une violence extrême à déstabiliser le premier gouvernement Tsipras et à imposer de nouvelles mesures d'austérité, des privatisations, et des confiscations de souveraineté.

C'est un nouveau message de lutte envoyé par le peuple grec à toutes les sociétés européennes. La victoire de Syriza est un sérieux atout pour toutes les forces progressistes d'Europe.

De dures luttes attendent encore le peuple grec. La Grèce va avoir besoin de toute notre solidarité dans les semaines et mois qui viennent pour renégocier sa dette et déverrouiller le carcan d'austérité.

C'est aujourd'hui à nous de prendre le relais pour des victoires en France qui permettront de libérer tous les peuples européens de l'austérité, changer la table des négociations pour changer l'Europe.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Président du PGE,

Paris, le 20 septembre 2015.

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28/07/2015

Nous refusons l’Europe avare et austéritaire menée par Merkel et Schäuble

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younous.jpgSurvivre ou mourir, tel était le seul choix laissé à Alexis Tsipras par Younous Omarjee Député européen GUE, premier vice-président de la commission du Développement régional, membre de la commission du Budget

La vision emmenée par Angela Merkel et Wolfgang Schäuble, et suivie par 26 autres gouvernements au pouvoir, prône une seule vision de l’Europe : la leur. Une Europe austéritaire, avec pour seules règles du jeu la rigueur budgétaire et la stabilité monétaire, gelant toute possibilité de relance tant au niveau national qu’européen. Une Europe avare, faite d’États se livrant à une guerre économique conduisant au triomphe de certains et à l’asphyxie d’autres. Une Europe dans laquelle l’ensemble des jeunesses seraient conduites à devoir se déplacer vers les pays riches en décroissance démographique, et où le Sud finirait par se réduire en zones de villégiature, en Club Med pour riches.

L’élection d’Alexis Tsipras en Grèce a fait émerger au cœur des sommets feutrés des chefs d’État européens une parole nouvelle que beaucoup s’impatientent de faire taire. Cette parole rappelle que les règles budgétaires mises en place ont été désastreuses, que l’immuabilité d’un euro créé pour les pays riches et stables ne profite qu’à certains et que le débat économique et démocratique n’existe plus en Europe depuis trop longtemps. Cette vision emmenée par Alexis Tsipras ramène avec elle un espoir, celui de voir enfin changer l’Europe.

C’est bien entre ces deux visions, entre la fin de l’histoire promue par les tenants de l’ordo-libéralisme ou la continuation du progrès par l’approfondissement d’une Europe politique fondée sur le développement et la solidarité, qu’aujourd’hui se concentrent toutes les crispations. Le message adressé par le Conseil européen, à l’instar de l’Allemagne, doit être compris dans toute sa gravité : toute alternative politique et toute politique économique alternative dans la zone euro expose dorénavant au pire. Cette fin de l’histoire écrite par l’Allemagne oblige à rentrer dans les rangs et à marcher au pas.

Dans cet affrontement, il faut cependant entrevoir que, si le mémorandum adossé au renouvellement des prêts reste modifiable dans les années à venir, toute sortie de l’euro serait a contrario définitive. Amener sa population dans l’inconnu en sortant de l’euro sans avoir reçu ce mandat était tout ­simplement impossible pour Alexis Tsipras. Le scénario écrit à l’avance par Schäuble, l’étranglement et l’isolement de la Grèce, la sortie de la Grèce de la zone euro et le remplacement du gouvernement Tsipras par un gouvernement à la solde, a été déjoué. En imposant à Alexis Tsipras ces conditions impossibles, et pour certaines des plus fantaisistes et surréalistes, les objectifs visés étaient bien ceux-là. Une fois de plus, le premier ministre grec a eu l’intelligence de ne pas tomber dans le piège tendu pour sauver ce qui était possible de l’être et continuer à rester aux commandes pour protéger son peuple du pire. Survivre ou mourir, tel était au fond le seul choix laissé.

Les conditions imposées à la Grèce dans cet accord sont en effet extrêmement brutales et seront très douloureusement accueillies et ressenties par le peuple grec. Comme elles blessent tous les Européens attachés à la dignité des peuples, à leur souveraineté et à la démocratie aujourd’hui encore violentée. C’est bien parce que l’accord qui sera mis en œuvre est une nouvelle violence faite à la Grèce, à sa population, et à ses dirigeants, c’est bien parce que nous le considérons comme une nouvelle forme de ­colonisation, que nous devons réaffirmer avec force notre soutien et notre confiance à Alexis Tsipras. Seul à même, dans ces circonstances historiques, inédites, d’être le meilleur bouclier du peuple grec. Beaucoup de voix s’élèvent pourtant pour un Grexit ou même la fin de l’euro. Si nous vivons ce moment le cœur serré et l’esprit révolté, il nous appartient, puisque les autres l’ont oublié, de garder raison, de ne pas nous cantonner à une réaction passionnelle et surtout de ne pas omettre de penser économiquement ce qui se passe pour mieux le combattre. La sortie de la Grèce de la zone euro serait une catastrophe pour la Grèce, et une faillite de l’Europe.

Cela d’abord parce que le passage de l’euro à la drachme alourdirait pour la Grèce le poids de sa dette déjà insoutenable. Si la Grèce passait à la drachme, il faudrait assumer sa dévaluation immédiate face à l’euro, et l’augmentation de la dette serait proportionnelle à la dévaluation de sa monnaie face à l’euro. Une dévaluation de 50 % doublerait la dette grecque. Une situation qui produirait aussi de multiples autres conséquences en chaîne, néfastes pour le pays. Une fois le pays passé à la drachme, les échanges commerciaux (imports) resteraient eux toujours en euros. La Grèce devrait acheter massivement des euros pour réaliser ces échanges. Cette ­situation deviendrait désastreuse, les exportations rapporteront moins et les importations coûteront beaucoup plus. Le déficit commercial de la Grèce se creuserait et le prix de la vie s’en trouverait d’autant augmenté. Assurément, l’idée européenne a pris un grand coup. Il nous appartient cependant, contre vents et marées, de la reconstruire. Dans cet effort, il nous faut d’abord nous efforcer de repousser tout antigermanisme naissant, car c’est confondre un gouvernement et son peuple. Il nous faut aussi voir que le gouvernement allemand, bien qu’il ait ­emmené cette vision que nous combattons, n’est pas seul responsable dans cette histoire. L’ensemble des gouvernements européens au pouvoir ont cautionné et soutenu le chaos qui s’est instauré. Le combat que nous menons n’est pas un combat contre des peuples, mais un combat pour la citoyenneté et la capacité de nos ­démocraties à agir face aux intérêts des puissants. Et si, comme le disait Blum, « l’idée avec laquelle il faut en finir est précisément celle de la souveraineté sans limites et sans mesure de chaque nation, à ­l’intérieur de ses frontières fortuites », il est alors pour nous temps de reprendre ces chantiers tant délaissés pour inventer ce qui nous permettra, pour les jeunes générations, d’en finir avec l’idée qui établirait que des ­négociations tenues entre des gouvernements dans des salles à huis clos suffisent à elles seules à faire démocratie. Mais le repli national ne peut être notre combat.

Le vaste idéal social, solidaire, alternatif et écologiste que nous portons et qui nous rassemble ne reconnaît ni frontière, ni division humaine. Il reconnaît tout au contraire que sa sortie de l’ombre est d’un intérêt vital pour le projet européen.

Face aux marchés qui ont, eux, déjà aboli toute notion de frontière, le XXIe siècle nous appelle à nous dépasser et à nous réinventer. Il est de notre devoir de réussir à porter nos idéaux dans toutes les structures de pouvoir existantes. Cette perspective nous permettra de faire que les idées de la nécessaire solidarité entre tous, de l’alternative possible à la gestion capitalistique du monde, et de la nécessaire écologisation de toutes nos pratiques, puissent un jour être en capacité de changer le monde nouveau qui nous fait face. Nous n’avons pas d’autre devoir que celui-ci, et, si nous le refusons, alors nous serons condamnés à échouer et à faire échouer avec nous les vastes idéaux que nous portons.

L’Europe est fragmentée par ceux-là mêmes qui hier prônaient son avènement, et qui jugent désormais que son renforcement politique conduira à faire peser des contraintes trop lourdes et pesantes sur les marchés libéralisés. C’est à nous, à présent, pour refuser l’enfermement de la construction européenne dans les seules logiques économiques et monétaires, de ­reprendre à bras-le-corps l’approfondissement du projet politique. Il nous faut donc agir et agir vite pour faire renaître ce qu’il nous reste de solidarité et de démocratie, et enrayer la marche de l’Union européenne vers le précipice.

Tribune publiée dans le journal l'Humanité

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13/07/2015

GRECE : DECLARATION DE PIERRE LAURENT !

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Un accord de compromis a été trouvé ce matin par les chefs d'Etats de la Zone euro. Cet accord écarte le scenario du « Grexit » et l'asphyxie financière de la Grèce, voulus par Wolfgang Schaeuble et Angela Merkel, qui jusqu'à la dernière minute ont tenté la mise sous tutelle intégrale de la Grèce, la négation de sa souveraineté, sa soumission aux puissances financières, sa vente à la découpe.

Si un accord est signé, c'est grâce au courage du Premier Ministre grec. Pour la première fois, un chef de gouvernement a osé affronter les puissances dominantes qui pensent que tout leur est permis en Europe. Le soutien de son peuple n'a cessé de grandir depuis janvier pour cette raison. Je me réjouis que la France ait joué un rôle positif à ses côtés.

Certaines des concessions faites ont étés imposées à la dernière minute. N'oublions pas que ce fut sous la menace et après 2 semaines de fermeture des banques. Le gouvernement grec a fait un choix responsable, celui de permettre avant tout la stabilité financière durable du pays et l'investissement pour l'emploi et le redressement productif du pays. La dette sera rééchelonnée et les taux d'intérêts renégociés. Alexis Tsipras a confirmé son intention de faire porter les efforts sur les grecs les plus riches et de protéger les classes populaires. La BCE doit immédiatement décider la réouverture des robinets pour les banques grecques.

L'Europe vit des moments historiques. Les pressions et humiliations subies par Alexis Tsipras et le peuple grec durant tout le week-end soulèvent de lourdes questions pour nous tous, pour l'avenir de la coopération dans la zone euro. Le combat pour l'égalité des pays, le respect de la démocratie et de la diversité, pour la solidarité, pour la reconquête de pouvoir sur la finance doit se poursuivre. C'est une question existentielle pour un avenir solidaire dans l'Union européenne.

Tous les européens ont intérêt à amplifier leur soutien à cette bataille politique et leurs luttes contre l'austérité dans leur propre pays. J'appelle toutes les forces démocratiques et de gauche à travailler ensemble à un projet commun pour sortir l'Europe de la tourmente libérale.

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06/07/2015

GRECE : 61,31 % POUR LE NON !

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"Les chantages financiers et mesquineries politiques n'auront pas raison du souffle de dignité et de liberté qui envahit le berceau de la démocratie", a salué sur son compte twitter Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
 
Les résultats définitifs donne une large victoire du "OXI" (Non) avec 61,31%. Alexis Tsipras a assuré à ses compatriotes que le résultat du référendum ne marquait pas "une rupture avec l'Europe", mais au contraire "un renforcement du pouvoir de négociation" de son gouvernement. Il a déclaré que "cette fois la dette serait sur la table" de ces négociations.
 
Il n’y a pas eu de pluie de grenouilles, comme redouté avant le référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005, contre lequel la France, les Pays-Bas puis l’Irlande avaient voté non (1). Pour les lecteurs lisant ces lignes dimanche, de nuit, difficile à dire, mais pour les lecteurs matinaux du lundi, un simple regard sur la webcam du port du Pirée les rassurera : les eaux de la Méditerranée ne sont pas chargées de sang non plus. La Grèce, malgré son vote franc et massif en faveur du NON (selon les projections du ministère de l’Intérieur basée sur la moitié des suffrages dépouillés vers 21 h 30, le non recueille 61,31 % des voix, contre 38,69 % pour le oui), n’a pas subi les sept plaies d’Egypte. Même les criquets du FMI ont freiné des mandibules pour un temps…
 
S’il fallait une image pour résumer la confiance des gouvernants grecs dans la volonté de leur peuple de ne pas se laisser marcher sur les pieds, celle d’Alexis Tsipras, le premier ministre, votant dimanche matin dans une école primaire du quartier Agios Panteleimonas, la fournissait. Léchant avec gourmandise le rabat de l’enveloppe de son vote, il semblait dès 9h30 attendre une bonne nouvelle. Elle n’est officiellement venue que vers 21 heures, confirmant une série de sondages réalisés en Grèce juste avant le scrutin, donnant le non entre 49 et 54%, malgré une énorme et dispendieuse campagne du « Nai » (oui) sur les antennes privées et le mobilier urbain. Le podium d’un meeting pour le oui s’est même offert « une star de variétés »,  raconte un jeune Grec interrogé par notre envoyé spécial de l’Humanité Thomas Lemahieu (dans notre édition du 6 juillet), connue « pour des chansons style Remue tes fesses ». « Il doit gagner cent fois ce que nous réussissons à rassembler pour survivre, mais il vient nous expliquer que, lui aussi, il a vraiment souffert de l’austérité… »
 
Autre « nom » à vanter le « Nai », Nikos Aliagas, l’animateur de TF1, qui du haut de son train de vie demandait lui aussi aux Grecs de se serrer la ceinture, applaudi sur Twitter par… Laurence Pariisot, l’ex-patronne des patrons français…
 
Aux deux extrêmités des inégalités grecques, un fossé se creuse qui valide la lutte des classes qui pour une part a porté Tsipras au pouvoir : « Les chômeurs, ceux qui ont subi une chute vertigineuse de leur niveau de vie ont opté pour le non, expliquait hier  Aristides Baltas, ministre de l’Education, à notre consoeur Rosa Moussaoui (dans notre édition de lundi).  De l’autre côté, ceux qui ont profité de la crise ou qui n’ont pas été affectés par les politiques d’austérité constituent le centre de gravité du oui. » Le sociologue Michel Vakaloulis ne disait pas autre chose, sur I-télé, expliquant le succès du oui car « les classes productives, et la jeunesse, votaient massivement. En revanche les retraités et les petits entrepreneurs votaient pour le oui. La question sociologiquement était tranchée. »
 
En France, commentateurs et sondeurs persistaient dans le week-end à fausser les questions (et parfois les réponses), orientant vers le oui les électeurs indécis. En montrant par exemple des files de Grecs retirant leurs économies, quitte à photographier des journalistes, comme le raconte la correspondante de Libération, saisie avec notre confrère Fabien Perrier devant un guichet d’Athènes . Les Grecs « apeurés » retirent « autant d'argent que possible », même si les retraits sont « limités à 60 euros par personne et par jour, faisant chuter l'activité en accentuant le climat d'angoisse générale », comme l’écrit l’Agence France presse ? Quels Grecs, sachant que nombre d’entre eux ne touchent pas plus de 800 euros par mois, quand ils ont du travail ? L’Agence France Presse, faisant publicité de son objectivité et fournissant en dépêches et reportages la plupart des journaux n’ayant pas de correspondant sur place, orientait ses commentaires avant l’issue du scrutin : « nombreux sont ceux qui estiment qu'en cas de non, la Grèce devra en assumer les conséquences, à savoir peut-être une sortie chaotique de l'euro, avec des conséquences économiques et sociales potentiellement dramatiques ».
 
En cas de oui, reste à imaginer… Et si l’on accuse le gouvernement grec de pousser à la sortie de l’euro en estimant que la question posée (« Faut-il accepter le plan d'accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l'Eurogroupe du 25 juin? ») peut conduire à une interprétation sécessionniste (« une question d'autant plus alambiquée que la Grèce n'est plus sous aucun programme d'aide depuis mardi soir », écrit l’AFP), les sondeurs français aussi savent tordre leur langue. Ainsi BVA, qui pour Orange et I-Télé, leur demandait dimanche s’ils souhaitaient que la Grèce reste dans la zone euro ! On découvrait d’ailleurs non sans surprise que, à gauche comme au centre (75% des sympathisant du PS, 63% de ceux du Front de gauche, 71% du Modem, 64% de l’UDI 64%) sont largement favorables au maintien de la Grèce dans la zone euro, à droite, le sujet est moins tranché : 50% des sympathisants des « Républicains » seulement souhaitent le maintien (contre 47%), et 80% de ceux du FN veulent un « Grexit » pur et simple…
Ce dimanche, contrairement au simpliste duel annoncé, le cœur a parlé mais la raison ne s’efface pas. Certes, la voix des eurobéats ne s’éteindra pas sans tonner encore. Quitte à dire les pires bêtises, à l’instar du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, estimant que grâce à la zone euro « les Allemands (ont pu) faire une réunification plus heureuse ». OU à chercher à verrouiller une fois de plus le système : faut-il lire autre chose dans l’annonce précipitée d’une rencontre Merkel-Hollande, lundi soir à l’Elysée alors que le dépouillement montrait un basculement vers le non ?
 
Heureusement, le gouvernement grec garde le cap, conforté dans sa volonté par la voix du peuple, consulté « non pas pour stopper les négociations et pour sortir de l’euro, mais pour les poursuivre dans des conditions meilleures », estimait hier Aristides Baltas. Y compris pour d’autres pays européens qui pourraient se retrouver, demain, dans la même situation. L’Italie l’a bien compris, qui par la voix de son premier ministre Matteo Renzi, rappelant qu’il est « évident que, le jour d'après, on devra se remettre à parler » : «la Grèce ne peut finir ainsi ». Même Emmanuel Macron a du admettre qu’il fallait « dès demain (lundi, NDLR) reprendre des discussions politiques ». Dès les premiers résultats connus, Athènes annonçait d’ailleurs de son côté une « intensification des initiatives à partir de ce soir pour arriver à un accord ». Cette fois-ci, les « partenaires » joueront-ils le jeu ?
 
(1)    Choix des peuples rectifié par les parlements de ces pays (en France ou aux Pays-Bas) ou modifié lors d’un second vote sous pression des créanciers internationaux (Irlande).
 
Grégory Marin, Humanite.fr
 
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27/06/2015

Allocution du premier ministre A. Tsipras au peuple grec

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Nous avons livré un combat dans des conditions d’asphyxie financière inouïes pour aboutir à un accord viable qui mènerait à terme le mandat que nous avons reçu du peuple. Or on nous a demandé d’appliquer les politiques mémorandaires comme l’avaient fait nos prédécesseurs.

Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité.

L’objectif aujourd’hui est de mettre fin à la crise grecque de la dette publique. Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité.
La question qui sera posée au référendum dimanche prochain sera de savoir si nous acceptons ou rejetons la proposition des institutions européennes. Je demanderai une prolongation du programme de quelques jours afin que le peuple grec prenne sa décision.

Je vous invite à prendre cette décision souverainement et avec la fierté que nous enseigne l’histoire de la Grèce. La Grèce, qui a vu naître la démocratie, doit envoyer un message de démocratie retentissant. Je m’engage à en respecter le résultat quel qu’il soit.

La Grèce est et restera une partie indissoluble de l’Europe. Mais une Europe sans démocratie est une Europe qui a perdu sa boussole. L’Europe est la maison commune de nos peuples, une maison qui n’a ni propriétaires ni locataires. La Grèce est une partie indissoluble de l’Europe, et je vous invite toutes et tous à prendre, dans un même élan national, les décisions qui concernent notre peuple.

Traduction:Vassiliki Papadaki

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09:49 Publié dans ACTUALITES, International | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tsipras, grèce, référendum | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

06/05/2014

PIERRE LAURENT : "Nous sommes pour la transformation de la zone euro plutôt que pour son explosion"

ARTICLE PUBLIE PAR LE NOUVEL ECONOMISTE

tsippl.jpgEn prenant comme candidat à la présidence de la Commission le leader grec Alexis Tsipras, les forces de la Gauche européenne mettent en avant un symbole de la résistance aux politiques d’austérité mais aussi de la capacité à faire émerger des politiques nouvelles.

C’est la double ambition qu’explique Pierre Laurent.

Réuni avec le Parti de gauche au sein du Front de gauche, le “patron” du PCF est l’antithèse du tonitruant Jean-Luc Mélenchon : il critique les institutions de Bruxelles en s’en prenant aux dogmes derrière les traités tout en se défendant de tout dogmatisme. La preuve : il prône une réorientation radicale de la zone euro mais sans jeter l’euro.

Les listes que nous soutenons, pour les élections du 25 mai, rassemblent en France toutes les forces du Front de gauche, et dans l’Union s’inscrivent dans la démarche du Parti de la gauche européenne. Notre candidat commun à la présidence de la Commission sera Alexis Tsipras, le leader de la gauche grecque Syriza. Ces forces sont rassemblées au Parlement européen au sein du Groupe de la Gauche unitaire européenne, Gauche verte nordique, qui, depuis des années déjà, regroupe des forces de la gauche qui sont diverses politiquement, mais qui se reconnaissent dans une critique de l’Europe libérale telle qu’elle a été construite à travers les différents traités.

En France, ces forces se reconnaissent dans le combat qui a été mené en 2005 contre le traité constitutionnel européen et dans une Europe construite sur des objectifs sociaux nouveaux. Notre projet est celui d’une Europe solidaire, de progrès social, d’harmonisation sociale progressive vers le haut. C’est une Europe de coopération, pas une Europe de mise en concurrence systématique – comme c’est le cas aujourd’hui.

Un nouveau chemin
La candidature d’Alexis Tsipras est pour nous très symbolique. C’est le symbole d’une résistance, qui a été celle du peuple grec, à tous les mémorandums d’austérité de la troïka (Commission-BCE-FMI), mais à travers la Grèce c’est aussi le symbole de toutes les résistances sociales contre les politiques d’austérité actuelles dans les pays du Sud, mais également dans d’autres pays comme l’Irlande ou la France.

C’est surtout le symbole d’une Gauche européenne qui aspire à gouverner et à ouvrir un autre chemin à gauche que celui des forces social-démocrates européennes. En Grèce, Syriza domine maintenant le paysage à gauche et prétend à gouverner face à la droite d’Antonis Samaras.

Notre objectif en Europe est précisément de faire émerger une Gauche européenne nouvelle qui brise le consensus qui s’est construit toutes ces dernières années entre les forces conservatrices européennes regroupées dans le PPE et les forces social-démocrates regroupées dans le PSE. Parce que ce consensus libéral qui les amène à soutenir les mêmes traités constitue à nos yeux un des verrous politiques de l’Europe actuelle, dans laquelle les forces sociales, citoyennes, populaires, se reconnaissent de moins en moins. Si n’apparaît pas cette force de gauche européenne, eh bien, ce sera, face à cela, la montée des populismes et des extrémismes de droite qui l’emportera.

Nous, nous voulons ouvrir un nouveau chemin à gauche.

Le combat politique
La question démocratique est devenue centrale dans l’Union européenne actuelle. Depuis la crise de 2008, on est entré dans une phase de crise existentielle de l’Union et de la zone euro. Le choix des dirigeants européens a été de sauver la zone euro en organisant le sauvetage des banques, mais cela s’est fait au prix d’une envolée des dettes publiques par transfert de la dette privée sur les Etats. Et maintenant, on organise un chantage permanent au remboursement de cette dette, en poussant les Etats à des politiques de régression sociale, de déréglementation sociale, d’austérité extrêmement violente.

Non seulement ces politiques ne provoquent pas l’adhésion populaire, mais elles sont rejetées. Elles sont imposées aux parlements nationaux, ce qui provoque un approfondissement très inquiétant de la crise politique, du chaos même, dans tous les pays européens.

Si j’avais à définir ma conception de l’Union européenne, je dirais que nous sommes favorables à une union de peuples souverains, libres et associés. Nous pensons qu’il n’y a pas d’avenir dans une fuite en avant fédérale qui priverait les peuples et les Etats européens du recours régulier à l’expression de leur souveraineté. Les deux doivent marcher de pair. Des Etats qui avanceraient dans le dos de leurs peuples seraient condamnés à la même crise politique. On ne peut pas avancer vers des mises en commun nécessaires, de plus en plus importantes au plan européen, sans le consentement populaire.

Il faut prendre le temps de construire des coopérations qui soient des coopérations partagées et cesser d’imposer l’avancée à marche forcée vers un marché unique dans lequel les seules forces qui se retrouvent sont les forces financières, les forces capitalistes dominantes, les forces économiques dominantes – qui laissent à l’écart une part grandissante des populations européennes. L’Europe est devenue une zone d’inégalité absolument invraisemblable.

Dans ce combat politique nous travaillons évidemment à des renversements de majorité dans les institutions actuelles. Je crois au progrès des forces de Gauche, singulièrement dans le Parlement européen. Je pense qu’il est possible, des exemples le montrent, de construire des majorités de gauche dans ce Parlement. Nous avons sauvé le programme d’aide alimentaire aux plus démunis avec la majorité actuelle de ce Parlement. Ce combat, nous n’y renonçons pas, mais il faudra des transformations de la construction démocratique de l’Union européenne.

Un modèle ultra-concurrentiel
L’Europe a construit un modèle ultra-concurrentiel dont la principale variable d’ajustement depuis maintenant 15 ans, et de manière encore aggravée depuis la crise financière, est le coût du travail. Résultat, au lieu de miser sur la créativité du travail, sur des investissements innovants, sur un investissement massif dans la recherche et l’innovation, eh bien, on cherche à concurrencer les pays émergents. Ce sont parfois même les pays européens qui concurrencent leur propre marché intérieur avec des productions délocalisées, en tirant vers le bas le coût du travail.

Ce projet politique est une folie pour l’Europe. Comment est-ce qu’on peut penser faire de l’Union européenne un projet politique si l’horizon qui est proposé aux peuples c’est la dégradation continue du niveau social ? C’est la voie dans laquelle nous sommes engagés. Si nous allons au bout des logiques actuelles en Europe, nous allons vivre encore de longues années de régression sociale et d’harmonisation par le bas des conditions sociales en Europe. Je le redis, c’est une folie politique pour un projet européen qui prétendait être un projet de progrès social partagé.


Vous me demandez si cette “logique” est due au système institutionnel de l’Union européenne ou au monde global tel que l’on connaît. Je réponds qu’elle est due à la combinaison des deux. C’est le type de construction qu’on a gravé dans les traités européens qui conduit à la mise en concurrence systématique et à l’insertion dans des modes de relations internationales capitalistes qui renforce encore la mise en concurrence. Au lieu d’avoir la coopération et la mise en commun des moyens pour des objectifs partagés, on a une guerre économique ravageuse.

Les dogmes économiques
Il y a dans les traités actuels l’institution de dogmes économiques qui devraient être, à nos yeux, remis en cause. Même si le traité constitutionnel a été rejeté en France, il a de fait été réintroduit dans les traités, et au nom de ces dogmes on impose aux peuples européens des politiques sans leur laisser la possibilité de choisir la voie économique qui leur paraît la plus appropriée. C’est une des raisons de la crise actuelle.

Je précise que je ne crois pas aux dogmes, qu’ils soient libéraux ou marxistes. Mais je pense qu’il faut faire le constat de la faillite des politiques actuelles. Nous appliquons depuis cinq ans en Europe les principes économiques édictés par la Banque centrale européenne, par la Commission de Bruxelles, et par la troïka avec le FMI, et nous voyons bien que la situation ne cesse de se dégrader. Il va falloir inverser l’ordre des facteurs. Si on poursuit ces politiques, l’austérité va continuer à produire de la dégradation économique et des inégalités grandissantes, il faut donc faire bouger plusieurs fondamentaux des politiques économiques actuelles.

Nous ne pouvons pas vivre dans une situation de dépression économique avec une Banque centrale européenne qui ne peut pas refinancer les Etats, monétiser une partie de la dette ou faire jouer la création monétaire au service du développement économique. D’ailleurs, la BCE elle-même a desserré par moment la politique monétaire. Elle s’est un peu écartée de ce qu’autorisait le traité pour éviter la banqueroute généralisée. C’est bien la preuve que l’on ne peut pas rester durablement dans les rails actuels. Il y a d’ailleurs une exception européenne mondiale, puisque nous sommes la seule zone économique mondiale qui interdit à sa banque centrale le refinancement des Etats. Or nous savons très bien que les Etats les plus endettés ne rembourseront pas la dette, résultat ils s’enfoncent dans des situations insolubles.

Nos solutions
Il ne s’agit pas de monétiser toutes les dettes, mais il faudrait – au point où nous en sommes – qu’il y ait une obligation de remettre à plat la dette, de l’auditer, et probablement d’en annuler une partie, dont on voit bien qu’elle ne sera pas remboursée par certains pays, et d’en restructurer l’autre partie. Il faudrait aussi “critériser” l’utilisation du crédit. Nous, nous proposons, par exemple, avec la Gauche européenne, la création d’une institution publique nouvelle adossée à la BCE qui pourrait financer à taux quasiment nuls les investissements publics nécessaires à la relance de l’activité ou nécessaires pour de grands travaux. La Confédération européenne des syndicats propose un plan massif d’investissement à l’échelle européenne équivalent à 2 % du produit intérieur brut. Elle propose de financer cet effort par le recours à des euros-obligations.

Nous pensons qu’on peut aller plus loin pour le financement et que nous pouvons, à travers la BCE et à travers le système bancaire européen, utiliser différemment le crédit avec des taux très bas, voire à taux zéro, pour adosser durablement un financement pérenne à ce besoin de relance. Sinon il n’y aura pas de sortie du chômage pour la zone euro.

Nos propositions consistent à déconnecter une partie des circuits de financement de l’économie des marchés financiers. Il faut dégager une partie des circuits du crédit de la tutelle et des exigences des marchés financiers actuels.

Par ailleurs, c’est vrai, il y a d’autres problèmes structurels. L’affaiblissement industriel d’une grande partie de la zone euro est typiquement un problème structurel à toute la zone. La France est particulièrement touchée : nous avons perdu plus de 800 000 emplois industriels en un peu plus de dix ans. Et nous avons aujourd’hui une Europe qui a des échanges intracommunautaires totalement inégaux – avec des excédents commerciaux allemands qui dominent l’intégralité de la zone. Cette situation est extrêmement malsaine : il faut retrouver en Europe des échanges plus équilibrés, il faut développer les investissements industriels dans toute la zone euro avec des nouveaux programmes de coopération en lieu et place de la concurrence systématique que se livrent les groupes européens entre eux.

L’euro
Faut-il sortir de l’euro ? Un pays qui sortirait de la zone euro serait confronté à la même logique d’hyper concurrence. Il faut plutôt transformer l’euro et utiliser le potentiel extrêmement important de coopération qui existe dans cette zone pour la mettre au service de projets de développement partagés.

Nous sommes pour la transformation de la zone euro et de ses objectifs plutôt que son explosion ou sa dissolution progressive – ce qui d’ailleurs est un des risques que fait courir la politique actuelle. Parce que les politiques d’hyper concurrence mises en œuvre aujourd’hui vont, un jour ou l’autre, faire exploser la zone.

Dans la Gauche européenne c’est l’opinion qui domine, c’est celle qui est portée par Alexis Tsipras. Mais il est certain que notre famille politique a été traversée de débats sur cette question depuis la crise financière de 2008. Devant la violence des programmes d’ajustement et de régression qui ont été imposés à certains pays, la question s’est posée de savoir si les conditions imposées à certains peuples pour rester dans l’euro étaient encore supportables. Notre discussion a débouché sur l’idée que personne n’avait intérêt à une sortie solitaire qui le jetterait seul dans la jungle du marché mondial. Donc nous privilégions la bataille de la transformation de la zone euro. Ce qui est certain, c’est qu’il faut changer la politique monétaire européenne.

Dans le cas de la Grèce, il ne faut pas perdre de vue qu’une sortie de crise profitable au peuple grec nécessiterait de très forts investissements publics, parce qu’il y a une industrie à reconstruire, parce qu’il y a aussi des services publics de santé, d’éducation, de formation à redévelopper dans ce pays. L’ambition des Forces de Gauche, comme les nôtres, n’est pas de faire de la Grèce le paradis touristique des Européens. Nous avons une ambition de développement social partagée pour tous les peuples européens. Il faut faire différemment. Nous pouvons avoir des objectifs partagés en matière de transition énergétique à l’échelle de l’Europe en utilisant les potentiels, d’ailleurs assez diversifiés, de l’ensemble de la zone. De cette façon il serait possible de trouver là des marges de manœuvre pour un nouveau type de développement – qui soit plus harmonieux pour l’Europe entière.

Dans les “traitements” imposés par la troïka où il s’agit toujours de retrouver de la compétitivité ou de diminuer le nombre de fonctionnaires, à chaque fois on oublie systématiquement une facette du problème. A savoir que la Grèce a connu un pillage systématique de ses ressources, par des élites grecques qui se sont considérablement enrichies dans la période où les financements européens arrivaient, par des élites en partie largement corrompues qui ne payaient pas d’impôts, par des gouvernants qui n’ont même pas construit une fiscalité correspondant à la richesse du pays, par des groupes européens et des banques européennes, françaises et allemandes, qui soutenaient ce système complètement déséquilibré et fragile.

Il y a effectivement dans plusieurs pays européens, en Grèce notamment, des causes internes à la crise qui a explosé. Elles sont liées à des types de développements dominés par les oligarchies nationales. Pour une action efficace, il faut aussi mettre en cause ces privilèges.

La règle des 3 %
Quelle est mon analyse sur la règle du retour à 3 % de déficits publics en 2015 ? Je pense que se fixer comme objectif l’assainissement des finances publiques, tout le monde ne peut être que d’accord ! Est-ce que l’assainissement des finances publiques signifie obligatoirement la disparition de tout déficit, c’est beaucoup plus discutable. Parce que des nations qui connaissent du développement peuvent vivre avec des taux d’endettement raisonnables. Par contre, ce qui me paraît totalement irréaliste et même totalement contre-productif, c’est le délai dans lequel on prétend faire revenir nos économies à des taux de déficit de 3 %, et la méthode qu’on emploie pour y parvenir.

Le délai paraît beaucoup trop brutal. D’autant plus que toute l’addition, à écouter les experts de la Commission européenne mais aussi nos experts en France, devrait être payé en vérité par le monde salarié. Le résultat de ces politiques, on le voit dans plusieurs pays, entre autres en Grèce ! Quand on applique ces “recettes” de manière aussi brutale que le demandent les autorités européennes, cela débouche sur un affaiblissement de la richesse nationale, voire un recul.

On l’a vu dans certains pays : le recul du PIB a débouché sur une aggravation de la dette publique, et non sur sa maîtrise. Le problème n’est pas de renoncer à l’objectif d’assainissement des finances publiques, le problème c’est que le chemin choisi est insupportable socialement et contre-productif économiquement.

Dans ce contexte, la relation franco-allemande est stratégique alors qu’elle est aujourd’hui dramatiquement déséquilibrée – et ce n’est pas vrai que pour la relation franco-allemande. Toutes les négociations se font aux rythmes et sous conditions de l’Allemagne. Le dernier épisode en date étant l’aller-retour express de Manuel Valls à Berlin pour tenter de négocier un délai sur les 3 % ! L’Allemagne décide et les autres pays européens sont censés appliquer.

Ce déséquilibre actuel est une des causes de la crise, économique bien sûr mais aussi de la crise politique et démocratique de l’Europe. Il ne peut pas y avoir la construction durable d’une zone euro qui se fasse aux seules conditions des grandes puissances industrielles et bancaires allemandes. Il faut retrouver une Europe politique qui soit une Europe réellement de partage dans les décisions, et que probablement le rôle du Parlement européen soit revalorisé dans l’équilibre des forces institutionnelles européennes.

Bio express
Réfléchi

pierre laurent,monnaie,tsipras,élections européenneJournaliste économique à l’origine, Pierre Laurent est depuis 2010 secrétaire national du Parti communiste français. Il a été directeur de l’Humanité et a fait ses classes, tout jeune, auprès de son père Paul Laurent, un leader du parti dans les années 80.

Il est également président du Parti de la gauche européenne et sénateur. Il est l’auteur du livre Le Nouveau Parti communiste, la preuve que c’est de façon réfléchie qu’il rejoue Place du colonel Fabien la pièce “rénovation du PCF”.

Propos recueillis par Jean-Michel Lamy

21/01/2014

ALEXIS TSIPRAS : UN PRESIDENT POUR L'EUROPE !

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Discours d’ Alexis Tsipras au Congrès du Parti de la Gauche Européenne

« La Gauche Européenne est la seule alternative aux barbaries du néolibéralisme et au renforcement de l’extrême-droite » a insisté Alexis Tsipras lors de son discours pour le Congrès du Parti de la Gauche Européenne, qui s’est déroulé à Madrid. Le discours dans sa totalité :

Mes camarades, mes ami(e)s,

Je ne me trouve pas ici pour répéter un discours conventionnel. Parce que justement nous ne vivons pas dans une époque conventionnelle. Je suis ici parmi vous pour vous parler de changement. Je suis avec vous pour rappeler aux peuples d’Europe, que cette Europe se trouve à la croisée des chemins. Et à partir de maintenant il n’y a plus que deux chemins. L’alternative est claire : Soit nous restons immobiles, soit nous allons de l’avant. Soit nous acceptons le « statu quo » néolibéral et nous prétendons que la crise peut se résoudre avec les politiques qui l’ont amenée. Soit nous avançons vers l’avenir avec la Gauche Européenne. Car les peuples d’Europe se trouvent en danger. La démocratie elle-même se trouve en danger.

Le néolibéralisme et les mesures d’austérité, mettent en danger les peuples européens. L’extrême-droite met en danger la démocratie. La seule alternative est la résistance des peuples et le renforcement de la Gauche Européenne.

Ces années de crise nous ont malheureusement donné raison. C’était nous, la Gauche Européenne, avant même la naissance de la Zone Euro, qui avait remarqué les défauts, les lacunes et les asymétries de ce projet.

Nous déclarions, et cela s’est avéré vrai, qu’il ne peut y avoir d’union monétaire divisée par un mur d’argent. Nous déclarions et cela s’est révélé juste, qu’une union monétaire indifférente à la société et sensible uniquement aux besoins du capital financier, était une union sujette à l’incertitude, à l’instabilité et à la crise. C’était donc une Europe du court-terme.

Nous déclarions et les faits nous ont donné raison, qu’aucune union monétaire ne peut fonctionner sans une banque centrale qui agit en tant que telle. C’est-à-dire, qui puisse agir en tant que prêteur en dernier recours et pas seulement pour les banques, mais aussi pour les Etats.

Nous déclarions et c’était vrai, que l’Europe a besoin de son propre « Glass-Steagall Act », qui sépare les banques d’investissement des banques de dépôt. Ce qui empêcherait le risque de coexistence dangereuse dans une seule entité.

Nous déclarions et c’était vrai, que l’Europe a besoin d’une législation fiscale des activités économiques et commerciales offshore.

Nous déclarions et c’était vrai, que la classe politique européenne a vu la crise comme une chance pour réécrire la politique économique de l’Europe d’après-guerre. C’est pour cette raison qu’elle rejette notre proposition de Conférence Européenne de la dette, qui aurait été sur le même modèle que celle de Londres en 1953 au sujet de l’Allemagne, afin que puisse être donnée une solution collective et durable au problème. C’est pour cette raison que la classe politique européenne – otage volontaire de madame Merkel – insiste sur les politiques d’application qui ont aggravé le problème initial en le transmettant à tout le Sud de l’Europe.

Nous déclarions et nous avions raison, que l’Europe a besoin de son propre « New Deal » pour combattre le chômage et pour financer son futur.

Nous déclarions et nous avions raison, que pour que l’Europe survive, elle a besoin de redistribution et de solidarité. Ce sont les fondations d’une Europe radicalement nouvelle dans laquelle nous nous retrouvons. A la place d’une Europe qui redistribue les richesses aux riches et la peur aux pauvres.

Chaque jour qui passe, prouve que les memoranda nous mènent vers la pauvreté et le contrôle économique des prêteurs. En Grèce, le mémorandum a provoqué une crise humanitaire sans précédent dans cette période d’après-guerre.

Cela ne peut qu’entacher la civilisation européenne que :

§ Deux millions de Grecs ne peuvent pas subvenir à leurs besoins de base comme le fait de se nourrir de viande et de disposer d’un chauffage adéquat.

§ Une petite fille est morte récemment à Thessalonique parce que sa famille ne pouvait pas se payer l’électricité et était obligée d’utiliser un brasero comme chauffage.

§ Quotidiennement, à Athènes et dans les grandes villes, des hommes et des femmes biens habillés cherchent à manger dans les poubelles.

Une union monétaire qui divise ses Etats, qui divise les sociétés de ces Etats, augmente le chômage, la pauvreté et la polarisation sociale, ne peut être que refondée ou détruite. Refondation signifie changement. Et le changement en Europe c’est plus qu’une demande arrivée à maturité. C’est une question d’existence.

Le processus de changement, je peux vous l’assurer en connaissance de cause, a déjà commencé en Grèce. SYRIZA n’est plus qu’à un pas du pouvoir. Mais 2014 est une année d’élections et le changement va arriver. Le gouvernement de SYRIZA inspirera le changement en Europe. Nous comptons sur chacune et chacun d’entre vous. Nous comptons sur la solidarité des peuples d’Europe dans les premiers pas difficiles de notre gouvernement. C’est pourquoi nous avons besoin du renforcement de la Gauche, afin qu’elle devienne une force décisive pour l’avenir de l’Europe. Parce qu’avec un gouvernement du SYRIZA, la Grèce abandonnera l’austérité et mettre sur la table un plan, viable pour l’économie grecque, mais avant tout viable pour toute l’Europe.

Avec une solidarité active du mouvement européen contre l’austérité, nous gagnerons cette bataille. Car pour le renforcement de la Gauche Européenne et pour affecter véritablement la vie quotidienne de la population, nous avons besoin des alliances sociales et politiques les plus larges possibles.

Chers camarades et ami(e)s,

TSIPRAS1.jpgJ’ai écouté hier les chaleureuses paroles de Pierre (Laurent, Président du PGE (NDLT)) pour ma candidature au nom de vous tous, au nom de la Gauche Européenne, à la Présidence de la Commission Européenne. Je le remercie de tout mon cœur. Ce n’est pas une simple candidature, c’est un message d’espoir et de solidarité pour l’Europe. C’est une invitation à une démocratie dans laquelle chacun peut participer et dans laquelle chaque génération a le doit de vivre.

Les élections européennes de Mai prochain fournissent une chance unique aux peuples d’Europe de faire du changement une réalité. Pour rejeter ceux qui ont recyclé une crise mondiale dans l’Europe. Et insistent contre tout bon sens, pour continuer une recette qui a failli. Et permettez-moi de me répéter : La Gauche Européenne est la seule alternative au néolibéralisme barbare et contre le renforcement de l’extrême-droite. C’est notre moment. Quand la roue de l’histoire tourne en arrière, alors c’est l’heure pour la Gauche de mobiliser l’Europe vers l’avant. Je suis convaincu de notre réussite.

Je vous remercie tous.