02/01/2014
Vœux de Hollande. Dix minutes de discours, trois citoyens indignés
Militants syndicaux, animateurs d’associations qui luttent sur le terrain contre l’injustice et les discriminations, ils ont écouté les vœux du chef de l’État. Ils ont confié leurs réactions à chaud à l'Humanité.
- Cristel Coste, militante CGT à l’hôpital, l’une des cinq de Roanne relaxés en décembre : «Pas de changement pour nous, les petits»
« Ce que l’’on comprend bien en écoutant François Hollande, c’est que le changement, c’est pas pour maintenant ! En tout cas pas pour nous, les petits ! Il nous a encore annoncé une politique de droite, dans la continuité de Nicolas Sarkozy, avec des économies sur les dépenses publiques. Pour l’hôpital où je travaille, cela voudra dire encore des suppressions d’emplois. François Hollande déclare vouloir lutter contre le chômage, mais sur le terrain, il faut voir comment ça se passe. Dans le Roannais, on a l’exemple d’une entreprise menacée de liquidation, c’est la CGT qui se bat depuis des mois pour sauver les emplois, mais les politiques ne suivent pas. Le président de la République me donne l’impression d’être dans sa bulle, pas dans la réalité des gens qui ont des problèmes d’argent, avec des factures qui augmentent. Après, ce n’est pas étonnant que les Français n’aient pas envie d’aller voter ou que le vote FN monte. C’est dur de leur faire comprendre qu’il y a d’autres alternatives en politique et que le problème n’est pas la crise, mais le capitalisme. Pour 2014, je reste motivée, il faudra qu’on soit nombreux dans la rue. L’année commence au moins par un soulagement puisque notre affaire est terminée. Le procureur a annoncé qu’il ne ferait pas appel de notre relaxe. »
- Josée Pépin, membre du collectif de défense du centre ivg de l’hôpital Tenon (Paris) : « Il y aura moins de services de santé pour les gens»
« Je suis révoltée par les vœux de François Hollande. Des choses graves ont été dites, notamment la continuité de la réduction des dépenses publiques. Cela signifie moins de services de santé pour les gens. On va continuer à fermer les hôpitaux, maternités, les centres d’IVG... D’une certaine manière, on fait des économies sur le droit des femmes. Il est plus facile de trouver un accord sur un plan d’austérité que sur des questions sociales. C’est aussi ce qu’Hollande a dit lorsqu’il a parlé de “relancer l’Europe” avec Angela Merkel. Il aurait au moins pu dire aussi un mot sur le droit des femmes en Europe, et notamment en Espagne où le droit à l’avortement a été récemment remis en question. Il n’a pas non plus parlé de la dérive du Parlement européen où la “résolution Estrela”, qui visait à renforcer le droit à l’avortement en Europe, a été repoussée. Quand François Hollande parle dans ses vœux de défendre la “dignité” des femmes, cela ne veut rien dire. J’ai trouvé son discours affligeant et même parfois honteux, comme ses propos méprisables sur la Sécurité sociale. Il dit vouloir en terminer avec les excès et les abus, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Cela me fait honte. Les Français ont le droit de se soigner, et pourtant ils éprouvent de plus en plus de mal à le faire. Il ne faut aucune complaisance envers ce gouvernement. »
- Jean-Louis Betoux, représentant de la CGT à l’Union locale d’Évry : «Tout est fait pour simplifier la vie des patrons»
« Dans le discours de François Hollande tout est fait pour simplifier la vie des patrons. Cela n’apporte aucun espoir aux salariés, aux chômeurs, aux retraités pour 2014, mais pour les entrepreneurs et la finance ! Si J’ai bien entendu les mensonges du président sur la baisse du chômage, il en appelle à la mobilisation générale et évoque un pacte de responsabilité pour les entreprises, mais cela va aboutir à des baisses de charges soi-disant pour créer des embauches. Il persiste à leur attribuer des milliards de fonds publics sans contrepartie. Et la négociation sur la formation professionnelle, dans la foulée de celle dite de sécurisation de l’emploi, permettra encore aux patrons de faire des économies. Il devrait plutôt donner un coup de pouce à des salariés comme chez Fralib pour qu’ils redémarrent leur activité. Le président a dit qu’il souhaitait sanctionner les abus des dépenses de la Sécurité sociale, mais il oublie que des boîtes détournent cet argent en ne versant pas les cotisations. On a aussi eu le droit au couplet sur la crise en Europe, mais rien sur l’Europe sociale. Et encore moins sur les travailleurs détachés. Chez AT France à Bondoufle (Essonne), nous avons soutenu la grève des travailleurs égyptiens et marocains qui étaient employés illégalement. On ne peut pas continuer à laisser des gens se faire exploiter. Plutôt que d’évoquer ce dumping social, le président a préféré ressortir le vieux refrain du Medef, “investir aujourd’hui pour créer les emplois de demain”. Une recette qui n’a jamais fait ses preuves. »
16:22 Publié dans ACTUALITES, Idées, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ump, ps, françois hollande, dialogue social, gauche au pouvoir, bilan hollande, cristel coste, jean-louis betoux, pacte de responsabilité, josée pépin, sécrét lazar | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
25/11/2013
Fête de l’Humanité Normandie: "Il faut une démonstration de force"
Rouen (Seine-Maritime), envoyé spécial. La Fête de l’Humanité Normandie a mis l’exigence d’une autre politique fiscale et industrielle à l’honneur, ce week-end. Rencontres avec les participants dans les allées.
Changer de cap gouvernemental, oui, mais comment faire ? La question occupait les esprits des participants à la Fête de l’Humanité Normandie qui s’est tenue, samedi et dimanche, au parc des expositions de Rouen, en Seine-Maritime. Concerts, spectacles, mais aussi débats politiques ont ponctué ces deux jours, inaugurés par le directeur de l’Humanité et député au Parlement européen, Patrick Le Hyaric. Comme l’ont décidé les communistes dans tout le pays, les militants sont engagés dans la campagne d’actions lancées par leur parti contre les licenciements et pour une autre politique fiscale. Pétitions en main devant chaque stand pour l’annulation de la hausse de la TVA prévue au 1er janvier, ils préparent la marche nationale du Front de gauche à Bercy, dimanche prochain. « Il faut faire une démonstration de force, puisque Hollande est sourd à la colère du pays. La réduction des budgets publics est une catastrophe dans mon métier », explique Catherine Dupont, éducatrice pour handicapés, qui vient de signer la pétition.
Partout, les participants à la Fête expriment leur colère contre un gouvernement qui tourne le dos à ceux qui l’ont élu. « La devanture est différente de celle de l’UMP, mais la marchandise est la même, se désole Charles, étudiant au Havre. Cette politique donne du crédit au discours du FN sur l’“UMPS”, l’idée que la droite et la gauche, c’est pareil. Cette confusion est dangereuse, comme on le voit avec la lutte dite des “bonnets rouges”. Il faut reprendre l’étendard de la lutte fiscale aux patrons, d’autant qu’on n’est pas du tout sur la même longueur d’onde. » « Ce n’est pas qu’une question d’impôt, corrige Delphine, inspectrice du travail. C’est toute l’autorité de l’État qui est mise en cause. Avec mes collègues, on nous demande de ne plus nous rendre seuls sur les chantiers car les intimidations des patrons se multiplient », témoigne-t-elle.
La question des choix économiques
Dans ce contexte, la « remise à plat » fiscale annoncée par Jean-Marc Ayrault suscite du scepticisme. « On va faire pression pour que les mesures aillent dans le sens de la justice fiscale car, pour l’instant, ce n’est pas le cas. Pas la peine d’essayer de nous faire une réforme à l’envers. Il faut prendre l’argent là où il est », souligne Alban Bruneau, secrétaire de la section communiste de Gonfreville-l’Orcher.
Plus globalement, c’est toute la question de l’utilisation de l’argent et des choix économiques qui est mise en cause. « La France a abandonné sa politique industrielle », estime Jean-Luc Bronté, secrétaire de la CGT de la raffinerie Petroplus, à Petit-Couronne, menacée de fermeture par Total. Le syndicaliste ne décolère pas devant la duplicité des responsables gouvernementaux, l’ancien député de Seine-Maritime Laurent Fabius en tête. « Il nous appelait ses “amis” avant la présidentielle et, aujourd’hui, son intransigeance torpille les projets de reprise par des investisseurs étrangers », enrage-t-il. « Même des militants PS confient leur écœurement. Les élus communistes, eux, ne nous ont jamais lâchés », poursuit-il, en prenant à témoin le député européen de la grande circonscription Nord-Ouest, Jacky Hénin, une fois de plus à ses côtés.
L’action des élus communistes est aussi montrée en exemple à Gonfreville-l’Orcher, dont le maire, Jean-Paul Lecoq, a fait voter une avance de trésorerie à une entreprise de Seine-Maritime, Isoplas. L’usine de 174 salariés tourne à plein et n’a pas de problème de rentabilité, mais la liquidation de son donneur d’ordres, Huis Clos, un fabricant de fenêtres, l’a mise provisoirement à sec. Avec son équipe, Jean-Paul Lecoq s’est aperçu qu’en dépit des milliards versés chaque année sans contrôle par les pouvoirs publics aux entreprises, aucun dispositif n’est prévu pour faire face à ce genre de menace. « Il y a un vide dans les procédures. Entre la liquidation et la reprise, aucune autre possibilité n’existe, explique l’élu. L’État nous a dit qu’il était prêt à jouer la banque, mais qu’il n’avait pas d’argent. On a mis le fonds à disposition pour un mois. » L’entreprise est désormais sortie de l’eau, mais le maire de Gonfreville s’étonne : « Personne n’a pensé à mettre un bouchon sur la coque pour empêcher que le navire ne coule. Pourtant, quand il s’est agi de sauver les banques, l’argent a été débloqué en trois jours, quand bien même l’Europe l’interdisait… » Pour Aurélien, fonctionnaire territorial, « cela montre que le système bancaire est complètement défaillant. À quoi sert la Banque publique d’investissement (BPI) créée par Hollande, si elle n’a pas d’argent pour les entreprises qui en ont besoin ? ».
«Une politique nationale qui mécontente les gens»
Pour Amar, opérateur chez Fralib en lutte depuis trois ans contre Unilever, et qui a fait le déplacement depuis Gémenos (Bouches-du-Rhône), « le gouvernement peut encore changer de cap ». Il appuie la campagne des communistes pour faire la vérité sur le coût du capital, convaincu qu’elle peut « rassembler les salariés ». « On ne lâchera pas sur notre volonté de rassembler, lui répond en écho Céline Brulin, secrétaire départementale du PCF. Quand se cumulent une politique nationale qui mécontente les gens et des ferments locaux de divisions à gauche jusqu’à l’intérieur de la famille socialiste, il faut chercher le rassemblement sur des propositions vraiment à gauche, il n’y a pas d’autres solutions. »
"S’engouffrer dans le débat". Les communistes vont lancer une campagne pour une « vraie loi de justice sociale », en invitant les salariés et les citoyens à « s’engouffrer dans le débat » afin d’obtenir « la réforme fiscale indispensable à une politique de relance », a déclaré, hier, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, qui concluait la Fête de l’Humanité Normandie. Pour le dirigeant communiste, la remise à plat de la fiscalité annoncée par Jean-Marc Ayrault est un « aveu d’échec » de la politique mise en œuvre depuis un an et demi, tout comme l’est, à l’échelle de l’Europe, le document de la Commission européenne révélé par l’Humanité, mercredi, qui montre que « l’austérité nous emmène dans le mur », a-t-il poursuivi.
11:32 Publié dans ACTUALITES, Fête de l'Humanité 2013, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, tva, pierre laurent, gouvernement, politique industrielle, gauche au pouvoir, normandie, fête de l'humanité 2013, politique fiscale | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
29/09/2013
Eliane Assassi, André Chassaigne "L’irruption citoyenne est décisive pour changer"
À l’occasion des journées des parlementaires communistes, républicains, citoyens et du Parti de gauche, qui se sont déroulées à Auray (Morbihan), les présidents de leurs groupes à l’Assemblée nationale, André Chassaigne et au Sénat, Éliane Assassi s’expliquent sur les sujets de la rentrée.
Les journées des parlementaires du Front de gauche s’ouvrent ce jeudi, quel est votre état d’esprit, seize mois après l’arrivée de la gauche au pouvoir ?
Éliane Assassi. Nous sommes dans un état d’esprit très offensif. Nous avons des ambitions pour notre pays. La crise qui touche le quotidien des populations donne matière à porter des propositions alternatives à la politique que met en œuvre aujourd’hui le gouvernement. Nos journées seront l’occasion, sur nombre de questions qui vont venir en discussion au Parlement dans la prochaine période, d’affirmer ces propositions.
André Chassaigne. Ce qui est important pour nous, c’est de faire le lien entre les décisions politiques du gouvernement Ayrault et leurs conséquences désastreuses sur la vie de tous les jours des familles, des salariés, des jeunes, mais aussi sur l’avenir de notre pays. D’autant que cette politique entraîne, chez celles et ceux qui en sont victimes et qui, pour beaucoup, avaient placé tant d’espoir en 2012 dans l’arrivée de la gauche au pouvoir, des comportements faits de découragement, de méfiance vis-à-vis de la politique et parfois même de recours à des solutions extrémistes. C’est très préoccupant.
Depuis un an, vous êtes, sur de nombreux sujets (traité européen Sarkozy-Merkel en novembre 2012, sécurisation de l’emploi dite ANI au printemps 2013…), opposés à la politique du gouvernement. Quel jugement portez-vous sur celle-ci et, sur le fond, êtes-vous dans l’opposition ?
André Chassaigne. Le gouvernement a fait un choix, celui de se plier aux exigences de la finance, contrairement au discours et à l’engagement de François Hollande dans sa campagne électorale. À partir de ce choix, tous les projets de loi du gouvernement qui arrivent en discussion au Parlement sont marqués de l’empreinte de ce parti pris de l’austérité, dont la conséquence est de ne pas faire payer ceux qui tirent les avantages de ces orientations politiques. C’est le peuple qui en est victime. Il ne s’agit donc pas pour nous d’être dans une opposition sclérosante ou dans je ne sais quelle chronique d’un échec annoncé. Non, au contraire, nous faisons tout pour montrer à quel point ce gouvernement fait fausse route, combien cette politique est contraire au changement voulu par les Français. Nous formulons des propositions alternatives de gauche qui répondent aux besoins populaires en remettant en cause la domination de l’argent.
D’aucuns vous accusent de mettre un signe d’égalité entre Sarkozy, hier, et Hollande, aujourd’hui…
Éliane Assassi. Absolument pas. Ce n’est pas notre cas. Nous ne mettons pas sur le même plan les choix faits sous Sarkozy et ceux du gouvernement Ayrault. Seulement, l’adoption par le Parlement français du traité Sarkozy-Merkel a été un revirement complet, alors que François Hollande avait promis de le renégocier. C’est devenu un marqueur de sa politique. C’est un fait. Nous ne sommes pas enfermés dans des postures. Nous ne sommes pas dans l’opposition, mais nous pensons qu’il est possible de mettre en œuvre dans notre pays une réelle politique de gauche. Tout notre engagement de parlementaires vise à faire vivre cette alternative, cette ambition. Ainsi, au Sénat, sur plusieurs grands sujets, nous avons proposé de nouveau les amendements ou les textes adoptés par la nouvelle majorité de gauche fin 2011-début 2012 (notamment concernant le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales et l’amnistie sociale pour les actions commises à l’occasion de conflits sociaux – NDLR). Mais force est de constater qu’après l’adoption du traité austéritaire européen, en octobre 2012, nos collègues socialistes, tournant le dos au changement, n’ont pas renouvelé leur vote positif. Notre responsabilité n’est pas de passer notre temps à dire que ce que fait le gouvernement socialiste n’est pas bien, mais de faire la démonstration que d’autres choix à gauche sont possibles. Et c’est ce que nous faisons.
André Chassaigne. C’est vrai, sur un certain nombre de projets de loi comme ceux sur l’école ou le logement, la politique menée n’a rien à voir avec celle de Sarkozy. Mais, même sur ces questions, la bonne volonté du gouvernement se heurte à une limite, celle des moyens. Sa volonté de baisser coûte que coûte la dépense publique bride les ambitions affichées.
Vous êtes parfois amenés à voter contre des projets, comme le fait, de son côté, la droite. N’est-ce pas un problème ?
André Chassaigne. Si nous émettons le même vote, c’est pour des raisons totalement opposées. Quand la droite vote contre un texte, c’est parce qu’elle considère que cela ne va pas assez loin dans la casse du service public, pas assez loin dans la rigueur budgétaire, pas assez loin dans le soutien à la compétitivité des entreprises. Quand nous ne votons pas un texte de loi, c’est parce qu’il s’inscrit dans une politique d’austérité qui ne permettra pas de sortir de la crise et ne répondra pas aux besoins des populations.
Dans les semaines qui viennent, d’importants projets de loi seront débattus au Parlement. En premier lieu, la réforme des retraites. Pensez-vous que tout est à jeter dans le texte du gouvernement ?
Éliane Assassi. Non, tout n’est pas à jeter. Sur un certain nombre d’aspects, il est possible d’aller plus loin que ne le propose le projet de loi, et nous ferons des amendements en ce sens. C’est le cas de la pénibilité, des droits des femmes, des jeunes et de la prise en compte de leurs années d’études. Sur ces sujets, nous pouvons gagner des avancées. Mais si le projet de loi reste en l’état avec un allongement de la durée de cotisation que nous réprouvons et un non-dit sur les financements, il ne pourra pas être un bon texte sur les retraites. Nous mettrons tout en œuvre pour obtenir tout ce qui peut l’être. Je crains qu’il n’y ait pas d’avancées sur cette question qui nécessite de s’attaquer au noyau dur, au capital. Dans ce cas, nous rejetterions ce texte. Nous n’en sommes pas là, nous ferons, y compris sur le financement, des propositions.
Justement, quelles pourraient être ces alternatives concernant le financement ?
André Chassaigne. Nous avons une proposition de loi sur les retraites que nous déclinerons par amendements pour changer tout ce qui peut l’être dans le texte du gouvernement. Nous proposons de taxer les produits financiers au même niveau que les salaires. De même, nous proposons une modulation des cotisations patronales en fonction du niveau des investissements de l’entreprise, du niveau de l’emploi, de son action pour faire reculer la précarité et développer la formation professionnelle. Non seulement cela améliorerait le financement des retraites, mais cela participerait à la relance de l’économie, à la sortie de la crise.
Autre réforme, celles des collectivités territoriales avec la création des métropoles. Le Sénat va l’aborder en deuxième lecture, après l’avoir profondément modifiée lors de son premier examen, rendant même une page blanche sur le Grand Paris. Pour commencer par ce dernier aspect, n’était-ce pas une erreur ?
Éliane Assassi. Non. J’en veux pour preuve que cela a permis la poursuite du débat à l’Assemblée nationale, mais aussi au sein de Paris métropole (syndicat mixte réunissant des élus des communes, des communautés d’agglomération, des départements et de la région – NDLR). Je me réjouis que son assemblée ait adopté un texte alternatif demandant au gouvernement de réécrire son projet. On ne peut pas nier le fait métropolitain et nous ne le faisons pas. Reste à savoir si on veut ajouter une strate au millefeuille, ou des structures avec des compétences pleines et entières mais où la parole des citoyens et de leurs élus est respectée. Ce n’est pas ce qui figure dans le texte du gouvernement. C’est un jeu de dupes. On veut créer des métropoles en 2017, alors que, l’année prochaine, ont lieu des municipales avec un système de fléchage pour élire les conseillers communautaires parmi la liste des candidats. Mais ils ne seront élus que pour deux ans, puisque le projet prévoit de supprimer les agglomérations et de transférer leurs compétences et leurs moyens à la métropole. La logique de ce texte est de tuer les communes. On ne peut pas l’accepter, pas simplement au nom de la proximité, mais de la démocratie. Les communes existent depuis la Révolution. Elles ont montré leur capacité à être des lieux d’expression populaire, il faut que notre pays les conserve.
André Chassaigne. Le débat nous a permis de prendre conscience que la constitution de ces métropoles a des conséquences sur l’ensemble du territoire français. C’est un chamboulement complet de notre organisation territoriale qui va conduire à la désertification accélérée du monde rural. C’est très complémentaire du redécoupage des cantons où les ruraux ne compteront plus en termes de décisions politiques. Tout cela se fait dans l’ignorance des citoyens et même des élus. Ils ont été consultés l’an dernier par le Sénat, mais leurs préoccupations ne sont pas prises en compte aujourd’hui.
Éliane Assassi. Je rappelle que cela s’inscrit dans les directives du commissaire européen José Manuel Barroso appelant à tout mettre en œuvre pour réduire la dépense publique visant à favoriser la compétitivité et à faire les réformes structurelles et institutionnelles pour y parvenir.
André Chassaigne. Auparavant, nous avions une politique d’aménagement qui visait à irriguer les territoires. Aujourd’hui, il s’agit de drainer les ressources des territoires vers des centres urbains au nom de la compétitivité.
Éliane Assassi. Toutes ces questions montrent aussi l’urgence de mettre en débat et en perspective l’avènement de la VIe République…
Autre question et non des moindres, le projet de budget 2014, dans lequel le gouvernement fixe l’objectif de réduire de 15 milliards d’euros la dépense publique, une première dans notre histoire. Quelle sera votre attitude ?
André Chassaigne. Naturellement, en l’état, le budget est inacceptable. L’objectif de baisser la dépense publique de 15 milliards d’euros s’inscrit dans la poursuite et l’amplification des politiques d’austérité. Nous entendons être très critiques et constructifs. C’est pourquoi, dans la continuité de ce que nous mettons en œuvre dans nos deux Assemblées, nous allons travailler pied à pied, décortiquer chacun des budgets, ministère par ministère, pour montrer les insuffisances et faire des propositions.
Éliane Assassi. Nous ne sommes pas dans une posture politicienne. Nous entendons nourrir nos réflexions, nos choix et nos propositions du débat avec les élus sur le terrain, avec les citoyens et le mouvement social et syndical. Avec un objectif : gagner des avancées.
André Chassaigne. C’est en bas que, pour une part essentielle, tout se joue. Nous ne nous enfermons pas dans la citadelle parlementaire. L’irruption des citoyens est décisive pour changer la donne.
C’est la condition pour changer de cap, comme vous le souhaitez ?
André Chassaigne. Mener le débat public sur les choix du gouvernement et leurs impasses, redonner de l’espoir en montrant que d’autres voies peuvent être ouvertes à gauche constituent notre ligne de conduite pour faire bouger les choses dans notre pays. Sans oublier, dans la perspective des futures élections européennes de mai 2014, que les solutions ne sont pas uniquement françaises mais européennes. Dans cette perspective, nous voulons prendre appui sur toutes les forces de résistance et de lutte politique, sociale, syndicale, qui existent en Europe.
Éliane Assassi. Il ne faut pas perdre notre boussole. Nous ne voulons pas du retour de la droite et nous ne voulons pas que l’extrême droite s’installe en force dans notre pays. C’est pourquoi nous faisons attention à ne pas nous situer dans l’opposition, mais à être la force qui porte l’idée qu’une autre politique de gauche est possible.
André Chassaigne. Il y a une grande colère. À un niveau rarement atteint. Nous ne sommes pas de ceux qui entendent mettre un couvercle sur cette colère. Celle-ci a besoin de s’exprimer. Il faut essayer de lui donner une direction en lui ouvrant le chemin de l’exigence d’une autre politique. La colère populaire doit être une colère constructive. C’est la force des communistes de travailler à cela, de voir la situation dans son mouvement avec toutes ses contradictions et ses possibilités. C’est difficile, mais il n’y a pas d’autre choix.
20:34 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Front de Gauche, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : front de gauche, entretien, eliane assassi, gauche au pouvoir, andré chassaigne, journées parlementaires | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
11/07/2013
L’enjeu majeur du rassemblement pour la démocratie et la gauche
Par Pascal Savoldelli, Responsable national du PCF aux élections.
Les élections municipales de mars 2014 vont être le premier scrutin d’ampleur nationale, deux ans après l’élection de François Hollande et d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale. C’est dire l’enjeu de ce rendez-vous électoral pour l’ensemble de forces politiques, à deux mois des européennes et au tout début d’un calendrier électoral chargé jusqu’à la présidentielle de 2017.
Nous abordons ces élections avec la détermination d’aider à construire des majorités municipales utiles au progrès social et à l’aspiration d’un vouloir-vivre autrement, à la promotion des services publics et à l’aménagement durable des territoires. Notre objectif est de doter les conseils municipaux d’un maximum de majorité clairement à gauche et que soient élu(e)s, partout, le plus possible de candidat(e)s communistes et Front de gauche, comme conseiller(e)s municipa(les)ux, adjoint(e)s et maires.
Le renforcement du maillage territorial de notre apport politique est un enjeu essentiel dans les évolutions actuelles des rapports de forces politiques, sur fond de crise majeure de notre société aux plans économique, social et institutionnel :
– Contre la droite et l’extrême droite, pour endiguer les projets de reconquête de l’UMP et gagner des villes, pour barrer la route à un FN vorace et à l’affût, stimulé par ses récents résultats électoraux, sur fond d’impuissance des pouvoirs successifs face à l’hégémonie du capitalisme financier.
– Dans la lutte contre l’austérité et les effets dévastateurs des politiques libérales.
– Pour la défense et l’essor du service public, pour un nouvel élan de l’action des collectivités locales et de la démocratie locale actuellement mises en danger par les projets de réforme territoriale.
– Pour le respect des valeurs républicaines dans notre pays, l’intérêt général, la justice, l’égalité et les solidarités… Et, notamment, pour les populations qui ont le plus besoin de protection et de soutien dans tous les aspects de leur vie personnelle et familiale.
– Pour retrouver de l’espoir dans un contexte de défiance envers les institutions et le politique, malheureusement accru par des promesses électorales non tenues. L’impopularité du gouvernement PS-EELV anesthésie l’envie à gauche.
Pour atteindre ces objectifs, dans ces élections à deux tours, seule la stratégie de larges rassemblements pour des politiques municipales clairement à gauche permet d’entendre, de rassembler et de fédérer la diversité des attentes et préoccupations des habitants dans ce cadre territorial très spécifique qu’est la commune.
La commune est dans notre pays l’institution la plus proche de la vie des habitants. Elle a développé, au fil de notre histoire, un fort sentiment d’appartenance et une recherche de fierté tant individuelle que collective. D’une très grande diversité, les villes et villages de France sont incontestablement des espaces privilégiés d’expression citoyenne et de proximité parfaitement adaptés à la stratégie de rassemblement que nous voulons mettre en œuvre pour construire avec les populations les réponses et les projets dont elles ont besoin pour mieux vivre. Les sondages montrent que les Français sont majoritairement attachés à la commune et y voient un précieux échelon démocratique dans lequel le maire et l’élu local résistent mieux à la crise de légitimité de l’ensemble du pouvoir politique.
Depuis des années, l’expérience prouve que l’engagement des élu(e)s communistes dans le cadre profondément humain, solidaire et citoyen qu’est la commune est d’une efficacité et d’une utilité sociales largement reconnues. Les bilans des maires communistes révèlent clairement qu’ils sont des rassembleurs de toute la population par des pratiques démocratiques en permanente recherche de nouvelles formes d’implication des citoyens dans la gestion de la cité.
Rien n’est plus politique que les besoins exprimés par les habitants ! Évaluer ces besoins et les politiser est facteur de rassemblement. Notre combat politique veut être le plus possible en phase avec tout ce qui vit, pense, se révolte et lutte dans la commune comme dans l’ensemble de la société.
Dans cet esprit, nous ambitionnons que celles et ceux qui vont porter nos projets pour la ville ou le village soient le reflet de ses diversités, des jeunes, des citoyens issus de l’immigration, des acteurs de la vie syndicale et associative. Nous souhaitons que partout où il se développe, le mouvement social s’invite dans le champ politique des municipales.
La constitution de listes autonomes au premier tour ne peut être la réponse en soi à cet enjeu primordial du rassemblement, a fortiori si l’esprit qui les anime est celui de la désunion. Dans tous les cas, rassemblement dès le premier tour ou autonomie (que ce choix soit fait de manière volontaire ou contraint par l’attitude d’autres composantes de la gauche), c’est la nature du rassemblement, son ampleur, les luttes qui façonnent les conditions de l’union et des alliances.
Attention à ne pas tomber sans le vouloir dans le piège d’un tripartisme PS-UMP-FN excluant le rassemblement à gauche et créant une offre politique qui réorienterait le besoin de changement vers des impasses libérales ou xénophobes.
La conséquence en serait un isolement, donc une marginalisation du Front de gauche dans le rassemblement, préjudiciable à lui-même et au nécessaire rassemblement contre la droite et son extrême.
Si de telles listes peuvent résulter d’un souci de lisibilité politique, elles ne peuvent qu’être une approche très partielle de la réalité et de la manière de faire de la politique au plan communal en déclarant exclusif le débat national et en sous-estimant la prise en compte des spécificités locales. C’est également passer à côté des particularités du scrutin municipal qui favorise le rassemblement bien au-delà des partis et de leurs seules stratégies d’union.
C’est pourquoi il convient, dans les mois qui viennent, de faire avancer la bataille des idées, de mettre en mouvement le plus grand nombre de gens, de faire grandir la force de l’intervention citoyenne en libérant l’expression locale des forces de progrès par de larges rassemblements à gauche avec toutes ses composantes politiques. Loin de considérer que ce rassemblement exclut ou atténue l’apport du Front de gauche, nous voulons bien au contraire qu’il en soit, dans ces élections municipales comme dans les autres, un moteur essentiel. Le PCF, les près de 10 000 élus communistes et républicains sont un atout pour le front de gauche en lui permettant d’être utile à un rassemblement conquérant, ouvert sur toute la gauche, ouvert à toutes les classes populaires.
Cette stratégie nous démarque nettement du jeu des alliances traditionnelles qui lassent les électeurs et sur lesquelles montent actuellement Harlem Désir et François Hollande sur le thème d’une union de la gauche alignée sur le PS, et Jean-François Copé sur le thème du rassemblement de la droite.
Le rassemblement pour une transformation sociale ne peut être que pluraliste. La condition de son existence et de son efficacité est de considérer les individus comme auteurs et décideurs dans la pluralité du peuple de gauche.
16:32 Publié dans ACTUALITES, Elections Evry, Front de Gauche, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS, SECTION DU PCF D'EVRY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, front de gauche, gauche, gauche au pouvoir, municipales 2014, pascal savoldelli | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
17/06/2013
Assises : la première pierre du changement posée
Les assises pour changer de cap en France et en Europe, initiées par le Front de gauche, ont constitué un « événement ». Au-delà de la nécessité d’une alternative, partagée par les forces de gauche, la stratégie a concentré les échanges.
Le débat n’aura pas été un long fleuve tranquille mais, si la stratégie diffère parfois, l’ambition « de changer de cap » a traversé le débat de l’ensemble des forces présentes, hier, à la halle Dufriche de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Les assises citoyennes, initiées par le Front de gauche, y ont réuni plus de 2 500 militants syndicaux, politiques, associatifs et citoyens.
« Comment change-t-on de cap ? »
« On n’obtiendra pas un changement de cap si on ne construit pas de majorité. Nous avons donc décidé d’aller au-delà de nous-mêmes », prévenait le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, quelques minutes avant de rejoindre la tribune pour participer à la deuxième séance plénière de l’après-midi, opportunément intitulée « Comment change-t-on de cap ? » La question ne va pas sans créer d’agitation, surtout lorsque les forces en présence n’ont pas choisi la même stratégie.
« Nous sommes en colère mais cela ne suffit pas, nous avons à la transformer en espérance », a prévenu Clémentine Autain, porte-parole de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), en déclinant sa conception de la « nouvelle période politique ». « Aujourd’hui, on ne demande pas “un peu plus” aux socialistes mais un changement de cap radical », a-t-elle lancé, évoquant l’Italie, où « toute la gauche réunie autour de Prodi » a mené « une politique qui a conduit à la désespérance ». « Nous allons incarner l’alternative », a-t-elle ajouté.
« On ne peut pas dire en même temps : “Nous voulons construire une majorité”, et dénoncer comme traîtres les gens venus débattre », a rétorqué le secrétaire national d’Europe Écologie-les Verts (EELV), Pascal Durand, dont la formation compte deux ministres au gouvernement. « L’histoire montre que, quand la gauche est divisée, c’est la droite qui gagne », a ajouté celui qui souhaiterait voir le Front de gauche en Conseil des ministres, refusant d’attendre l’arrivée au pouvoir « d’une gauche pure ». « Si nous sommes divisés, si nous ne trouvons pas quelques convergences majoritaires pour faire avancer la gauche dans une autre direction, l’extrême droite sera bénéficiaire », a renchéri Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS, s’appuyant sur l’expérience des années 1930.
Une stratégie dont s’est, par ailleurs, défendu le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon : « Nous construisons une force dont nous espérons qu’elle sera politico-sociale. (…) On est obligés de combiner la conquête du pouvoir et l’insurrection citoyenne », a-t-il expliqué, estimant que « l’élément essentiel de nature à changer l’histoire, c’est l’existence du Front de gauche », et renvoyant la responsabilité de la division de la gauche au gouvernement.
Si Pascal Durand a dû affronter la bronca de la salle, Pierre Laurent a rappelé à l’ordre les militants, tout comme il l’avait fait au moment de la prise de parole de la maire de Montreuil : « Aucune manifestation de mauvaise humeur n’entamera ma détermination à poursuivre sur ce chemin (vers une nouvelle majorité politique et sociale – NDLR) », a-t-il prévenu, jugeant que « le pays attend que se reconstruise une perspective d’espoir ». « À nous de mettre au travail toutes les forces pour rendre majoritaires ces idées dans le pays et mettre en œuvre le changement auquel nous ne renoncerons jamais ». À cet égard, la journée d’hier a été « un événement en soi » du fait des forces en présence, s’est réjoui Jean-Luc Mélenchon.
Des perspectives communes se dessinent lorsque Marie-Noëlle Lienemann évoque les chantiers de la redistribution des richesses, de la réindustrialisation de la France, d’un programme de relance, de la VIe République, auxquels Pierre Laurent ajoute la « bataille pour un nouveau projet européen » et la nécessité de « remettre la main sur les ressources financières ». L’actualité brûlante des retraites a également retenu l’attention d’Annick Coupé, porte-parole de Solidaires, qui a appelé les différentes formations à « contribuer à la construction des mobilisations et non pas à s’y substituer ». Car, selon la syndicaliste, la responsabilité commune des forces présentes hier est de « mettre fin à la désespérance et de permettre à chacun d’être partie prenante de la politique ».
Article publié par l'Humanité
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19/04/2013
Pour affronter la finance, le PCF appelle à « prendre le pouvoir »
À Paris,, le Parti communiste a tenu un meeting «contre le fric qui pourrit tout». Son secrétaire national, Pierre Laurent, a appelé tous les citoyens de gauche à ne pas rester «spectateurs du désastre annoncé».
Assis contre le mur, au fond du gymnase Jaurès, dans le 19e arrondissement de Paris, il attend le début du meeting organisé, par le PCF contre «le fric qui pourrit tout». Pas particulièrement militant, Romain est venu « pour voir ce qu’ils ont à proposer » et « pour entendre un décryptage sur la loi de sécurisation de l’emploi, parce qu’avec les médias on ne sait pas trop quels en sont les travers », explique le jeune homme. Comme beaucoup des électeurs de François Hollande, cet assistant de service social de 28 ans a voté pour le candidat du PS à la présidentielle parce qu’il espérait des « alternatives à la politique de droite menée depuis dix ans ».
Un an plus tard, il assiste à un meeting du Front de gauche. Et ça tombe bien, parce que c’est aux citoyens comme lui et aux militants de toute la gauche sociale, politique, associative qu’entend s’adresser le mouvement avec sa marche citoyenne du 5 mai « contre la finance et l’austérité, pour une VIe République ». Et pour retrouver la dynamique qui avait contraint François Hollande, en 2012, au Bourget, à faire de la finance son « ennemi ».
Le PCF a repris le flambeau, mardi soir, du slogan d’alors : «Prenez le pouvoir.» « Il faut que les choses soient claires, a prévenu son secrétaire national, Pierre Laurent. Il n’est pas question une seule seconde de laisser l’espoir de changement social, qui reste si fort dans notre pays, s’abîmer dans la résignation, la défaite et l’écœurement. » Il y a « urgence » selon lui, dans une « situation exceptionnelle » où « les Français se sentent trahis non pas seulement par un homme mais par des années de mensonges, d’espoirs déçus, de protections des privilèges quand tant d’urgences sociales s’accumulent ».
La preuve par l’exemple avec la loi de flexibilité de l’emploi issue de l’accord du 11 janvier. « Un “accord historique” a dit le ministre du Travail. En un sens, il a raison », estimait la sénatrice communiste Annie David quelques minutes plus tôt : « Ce qu’il y a d’historique, ce ne sont pas les miettes de droits consenties aux salariés, mais l’avancée du dogme patronal selon lequel il faudrait précariser encore plus. » Cette bataille est l’une de celles que Pierre Laurent invite à mener « jusqu’au bout », notamment à l’occasion du débat au Sénat (lire en page 5) et du 1er mai.
En revanche, « la loi (pour le mariage pour tous, NDLR) est la preuve que la gauche rassemblée peut faire de grandes choses » lance à la tribune devant les 700 personnes annoncées, Shirley Wirden, responsable du Mouvement des jeunes communistes de Paris. « L’heure est à mettre en commun les idées pour construire un nouveau pacte politique » de gauche ajoute Pierre Laurent, rappelant la proposition de son parti d’assises citoyennes, le 16 juin prochain. Et le dirigeant communiste d’inviter tous les citoyens à ne pas rester « spectateurs du désastre annoncé » : « C’est le moment de se lever. Vous qui n’en pouvez plus, vous qui êtes de gauche, quelles que soient vos convictions, vous êtes comme moi, vous ne pouvez pas laisser faire. Ensemble, nous sommes une force et nous pouvons redresser la situation. »
19:44 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, pierre laurent, françois hollande, meeting, gauche au pouvoir, mariage pour tous, changement social | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |