12/12/2012
Un hold-up de 20 milliards pour la finance
PAR ANDRE CHASSAIGNE DEPUTE PCF DU PUY DE DOME
Je l’avais dit en expliquant notre choix d’abstention lors du discours de politique générale du Gouvernement en juin dernier : les députés du Front de Gauche voteront pour les mesures qui vont dans le sens du progrès social et du changement, ils s’opposeront à celles qui constituent de nouveaux reculs, en présentant à chaque fois des alternatives politiques.
Nous nous en tenons à cette ligne de conduite lorsque nous rejetons par exemple le nouveau projet de loi de finances rectificatif, qui décide, par la voie de deux amendements, d’introduire les mesures fiscales du « pacte de compétitivité » présenté par le Premier ministre. Deux amendements pour acter la baisse de 20 milliards d’euros des prélèvements sur les entreprises ! La méthode est détestable au regard des sommes concernées. Et surtout elle ne nous semble pas une mesure de nature à favoriser le redressement productif que nous appelons tous de nos vœux.
L’opposition à cette mesure des parlementaires du Front de gauche n’est-elle pas justifiée quand, pendant 5 années, à nos côtés, nos collègues socialistes et verts ont dénoncé les cadeaux faits aux plus riches, comme les 30 millions d’euros versés à Liliane Bettencourt avec le bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy ? Notre opposition n’est-elle pas légitime quand le Premier ministre choisit, sous la pression du MEDEF, de faire bénéficier ces mêmes actionnaires, de nouvelles largesses sans contreparties en terme d’emploi. En 20 ans, le total de ces exonérations est passé de 1,9 milliard d’euros à 30 milliards, sans effet tangible sur la croissance et l’emploi. Quelle indécence de faire croire l’inverse aux Français ! Où se cache la justice dans une mesure qui va offrir des ristournes de plusieurs dizaines de millions d’euros à des groupes qui licencient en réalisant d’énormes bénéfices, comme SANOFI-Aventis ? Ou à ceux qui gagnent sur tous les fronts comme ArcellorMittal ?
C’est au contraire le poids des prélèvements financiers opérés sur la richesse produite qui pénalisent l’investissement et l’emploi. Deux constats illustrent cette réalité : en trente ans, le montant des dividendes versés aux actionnaires a été multiplié par vingt, au détriment des salaires ; depuis 2003, le montant de ces dividendes dépasse celui des investissements réalisés dans les entreprises. Cette triste courbe s’est nourrie de cadeaux toujours plus généreux aux grandes entreprises, distribués officiellement au nom de l’emploi et favorisant, en réalité, les seuls intérêts financiers.
Pis encore, une telle décision est compensée par de nouvelles mesures touchant au pouvoir d’achat avec la hausse de la TVA, et aux investissements publics, avec 10 milliards de coupes budgétaires supplémentaires. Contrairement à ce qui est affirmé, cette hausse de TVA touchera bien des produits de première nécessité. Je ne prendrai que deux exemples qui concernent plus particulièrement le monde rural : le bois de chauffage, qui est déjà passé de 5,5 % à 7 % de TVA sous Sarkozy, se verra désormais appliqué un taux de 10 % ; il en sera de même pour l’alimentation du bétail ou la paille alors que l’augmentation du coût des céréales a déjà des conséquences graves pour nos éleveurs.
Voilà pourquoi nous nous efforçons, sur chaque texte, de privilégier la force de la raison et la recherche de l’intérêt général, face aux pressions des intérêts personnels.
18:08 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré chassaigne, budget, députés | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
10/12/2012
Nicolas Sansu « C’est tout sauf changer les règles du jeu »
Pour Nicolas Sansu, député PCF du Cher, le gouvernement contredit ses propres engagements et place les salariés en situation difficile avec le pacte de compétitivité.
Quelle est l’appréciation des députés communistes sur le projet de loi de finances rectificative contenant le pacte de compétitivité du gouvernement ?
Nicolas Sansu. On reste toujours dans les mêmes recettes, qui ont toujours lamentablement échoué. On va transférer des prélèvements des entreprises vers les ménages, en espérant que cette soi-disant baisse du coût du travail servira l’emploi. Or, ça fait trente ans que cette logique est à l’œuvre, avec les résultats que l’on connaît. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’en juillet, toute la gauche s’était retrouvée pour battre en brèche le projet de Sarkozy de mettre en place la TVA dite antidélocalisations, qui prévoyait une baisse des cotisations sociales compensée par une hausse de la TVA. Si les dispositions ne sont pas exactement les mêmes, c’est exactement le même principe qui est adopté aujourd’hui : on promet aux entreprises une baisse de la masse salariale, sans aucune contrepartie, et on reporte le coût sur les ménages de deux façons. D’abord, par la TVA et la « fiscalité écologique », et ensuite par la baisse des dépenses publiques. Le gouvernement crée une situation un peu paradoxale : vérité en deçà des vacances d’été, erreur au-delà…
La commission des Finances a quand même apporté des précisions sur la transparence et confié aux partenaires sociaux le soin de définir les contreparties…
Nicolas Sansu. Le seul changement qui a eu lieu est l’introduction de quelques règles pour la négociation sociale sur les contreparties. Comprenez bien : ce ne sont pas les parlementaires qui vont fixer les contreparties. C’est invraisemblable : il ne suffit pas d’écrire que l’on préférerait que ces mesures servent à l’emploi, qu’on ne veut pas que les dividendes augmentent. Cela sert juste à fixer le champ des négociations sociales, ça ne fixe rien. Et les salariés partent avec un gros handicap dans ces négociations : le gouvernement a conforté le patronat face à eux.
Mais l’objectif du gouvernement est pourtant celui de renverser la vapeur, concernant l’emploi, et d’arriver à 300 000 nouveaux emplois fin 2013…
Nicolas Sansu. Pour cela, il faudrait moduler les cotisations sociales et l’impôt sur les sociétés en fonction de l’utilisation des profits. Nos dispositifs doivent favoriser l’emploi, la formation et les salaires, et pénaliser la spéculation, les charges financières, etc. Un dispositif aussi uniforme que celui qui nous est présenté, c’est tout sauf changer les règles du jeu. Il y a aujourd’hui des entreprises qui jouent le jeu et qui peinent à avoir accès au crédit (même si la BPI va prochainement être créée), peinent à trouver des salariés formés, et leurs impôts sont les mêmes que les impôts de celles qui ne jouent pas le jeu.
La divergence avec le gouvernement dépasse donc les mesures du pacte de compétitivité. Elles portent sur le diagnostic même…
Nicolas Sansu. Bien sûr ! Mais nous avons des divergences avec le gouvernement de décembre, nous étions d’accord avec celui de juillet. Nous étions tous d’accord pour supprimer la TVA antidélocalisations. Il faut vraiment que le gouvernement se souvienne de ce pour quoi il a été élu. En cédant à chaque fois que Mme Parisot fronce les sourcils, on ne met pas les syndicats de salariés dans une bonne position de négociation. Sans doute y a-t-il des membres de la majorité gouvernementale insatisfaits. Je sais très bien que ça renâcle dans les rangs du PS. Mais seuls les actes comptent et, en l’occurrence, les actes ce sont leurs votes.
18:59 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Front de Gauche | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, budget, loi de finances, compétitivité-emploi, nicolas sansu, fiscalité des entreprises, crédit d'impôt | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
09/12/2012
Mittal : le PCF veut un contrôle public
Pierre Laurent, son secrétaire national, réaffirme également son soutien au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Trois questions à...
Lundi, vous serez à Florange (Moselle). Le dossier n'est pas clos ?
Il ne s'agit pas seulement de sauver 600 emplois, mais de l'avenir de la filière sidérurgique en France. Parce que tous les grands secteurs industriels sont consommateurs d'acier, nous avons besoin de maîtriser cette filière, et d'investir. L'État devrait donc mettre en place un contrôle public. Il faut aussi mobiliser les banques, les groupes industriels clients de la filière sidérurgique... J'ai aussi proposé au Premier ministre d'élargir la composition et la mission du comité de suivi, dont il a annoncé la création.
Vous soutenez le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes ?
Oui, même si nous aurions préféré une autre solution que celle du partenariat public-privé. Cet équipement est nécessaire au développement économique du grand Ouest, alors que l'activité est en repli dans les chantiers navals, dans l'activité aéronautique et d'autres secteurs industriels. Le développement économique nécessite des infrastructures, en intégrant à cette vision la préservation de l'environnement. Et sans renoncer au projet, il faut sortir de la confrontation.
Est-ce aussi une manière d'exister dans le Front de gauche, face à Jean-Luc Mélenchon qui est opposé au projet ?
La position des communistes dans ce dossier est bien antérieure à l'existence du Front de gauche. Nous n'avons pas déterminé notre position en fonction de telle ou telle posture. Nous avons appris à dialoguer sans ériger des barrières entre nous.
12:56 Publié dans ACTUALITES, ELUS COMMUNISTES, Front de Gauche, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre laurent, pcf, acelor | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |
05/12/2012
L’homme rattrapé
« Le mot normal était sans doute mal choisi. François Hollande, reconnaissent ses proches, aurait dû se contenter de s’engager à rester simple », nous indique un docte commentateur du quinquennat. Sent-on toute la gravité de la chose ? Qui ne voit combien le destin de la France aura été grevé par cette tragique confusion entre normal et simple ?
Or un président de la Ve République ne peut pas être normal, tout le monde sait ça, et voici donc M. Hollande « rattrapé par la fonction » (1). Je voudrais bien un jour percer le secret de cette singulière jouissance des médias à décréter un homme « rattrapé ». Par son passé. Par un scandale. Par les contraintes économiques. On vous annonce ça avec l’excitation de l’aficionado quand se lève l’épée du matador. Ah, mon salaud, tu croyais t’en tirer comme ça, hein ! Ni vu ni connu ! Eh bien te voilà rattrapé, sacripant. Rattrapé par toutes sortes de choses. Par l’impatience des Français. Par le rapport Gallois.
Et par la fonction, donc. M. Hollande s’est jusqu’ici montré trop effacé, jugent ceux-là mêmes qui flétrissaient l’agitation urbi et orbi de son prédécesseur. Toutefois l’on veut bien concéder que l’évolution du comportement présidentiel « semble plutôt tenir d’un réajustement pragmatique que d’un rééquilibrage anticipé ». (Ouf ! Nous voilà rassurés. Nous avons cru un instant qu’il s’agissait d’un rééquilibrage anticipé. Pas d’alarme : ce n’est qu’un réajustement pragmatique. Nuance.)
Moi, j’aurais une autre proposition à faire : ce serait de lui ficher la paix, à ce pauvre Hollande. Car en somme, par quoi est-on jamais « rattrapé », sinon par les médias eux-mêmes (ce qui expliquerait leur goût pour tant de rattrapages) ? Pour le reste, on pouvait bien se douter qu’il ferait, en gros, ce qu’il fait, ni plus ni moins. C’est-à-dire qu’il travaille le vocabulaire, lui aussi : il n’augmente pas la TVA, il la réajuste. Quant au coût du travail, « ce n’est pas tout, mais c’est tout sauf rien ! ». Puis il donne 20 centimes aux smicards et 20 milliards aux entreprises. Cela s’appelle être socialiste, et ça dure à peu près depuis le congrès de Tours, en 1920. C’est peut-être par ça qu’il a été rattrapé, notre président. Mais les Français n’apprennent plus leur histoire, c’est bien regrettable.
(1) Peu importe évidemment dans quel organe de presse j’ai pêché ces citations. On voit bien qu’elles pourraient figurer n’importe où.
15:06 Publié dans ACTUALITES, Dico des maux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois hollande, chronique de françois taillandier | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |