Oui, nos libertés, notre sécurité sont menacées par la montée des nationalismes incarnée autant par Vladimir Poutine à l’Est et par les partis d’extrême droite en Europe que par Trump à l’Ouest. Menacées aussi par les risques d’embrasement d’une guerre aux frontières de l’Europe. À force de s’y préparer et de ne rien faire pour l’éviter, le risque d’une Troisième Guerre mondiale grandit. Deux ans après l’ignoble invasion de l’Ukraine par le régime nationaliste du président russe, le nombre de familles endeuillées reste tabou. On parle de plus d’un demi-million de morts.
Il y a aujourd’hui un pays occupé. Et un occupant qui gagne du terrain. La seule issue serait donc militaire. Les faucons européens appellent déjà à une confrontation directe avec la Russie, invitant les peuples d’Europe à faire la guerre au peuple russe. Les déclarations d’Emmanuel Macron « n'excluant pas » l'envoi de troupes au sol sont irresponsables et dangereuses. Le président de la République tourne le dos au rôle et à la place singulière qu’occupe la France en Europe et dans le monde, du fait de son histoire, de sa place au Conseil de sécurité, de l’indépendance stratégique qu’elle revendique. Allons-nous laisser ce scénario macabre s’écrire sans travailler à d’autres choix, sans même consulter les peuples ?
Coalition des diplomaties pour la paix
Les Parlements nationaux n’ont même pas été saisis par les accords passés par la France et l’Allemagne avec l’Ukraine. Je demande en urgence l’organisation d’un débat devant le Parlement sur les choix politiques et militaires de la France dans le moment dangereux que nous vivons. Ne faut-il pas anticiper le risque d’une élection de Trump, allié des partis de l’extrême droite européenne, qui prévient déjà : ou vous payez ou je me retire. Quelle fatale erreur des chefs d’États européens qui, depuis 1945, ont préféré se soumettre à la protection des États-Unis plutôt que de travailler à notre propre sécurité.
Alors oui, il faut tout tenter pour enrayer la spirale de la guerre. Ayons au moins ce débat, ayons l’ambition d’imposer des négociations permettant d’accéder à un cessez-le-feu, tout en continuant d’aider l’Ukraine à repousser l’occupant. Plutôt que d’appeler à une coalition pour la guerre, mettons sur pied une coalition des diplomaties pour la paix. Mettons sur la table la possibilité d’une neutralité de l’Ukraine plutôt que d’appeler, avec beaucoup d’hypocrisie, à son intégration dans l’Otan et dans l’Union européenne (UE). Travaillons enfin à cette autonomie stratégique de l’Europe capable de s’émanciper des États-Unis avant que ceux-ci ne se détournent du Vieux Continent ou ne lui imposent ses décisions !
Cela implique de construire notre propre traité de sécurité collective avec des armées nationales capables de coopérer, de s’entraider et de nous protéger. Construisons l’après-Otan. Notre place au Conseil de sécurité et notre dissuasion nucléaire nous donnent une responsabilité particulière pour y travailler. Les peuples d’Europe et la jeunesse européenne doivent s’approprier ces questions et porter cette exigence de paix avant que la machine guerrière ne s’emballe et ne les mobilise.