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26/08/2015

Migrants: voici dix raisons d'ouvrir les frontières

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Opinions
Une opinion de François Gemenne, politologue, chercheur et enseignant à l'Ulg (CEDEM) et à Sciences Po (Paris).
 
Alors que l’Europe se barricade, pensant que les murs qu’elle dresse la protégeront d’un fantasmatique danger migratoire, voici, au contraire, dix raisons d’ouvrir les frontières.

Entre 2000 et 2014, 40 000 migrants sont morts aux frontières, dont 22 000 en tentant de rejoindre l’Europe, qui est aujourd’hui devenue la destination la plus dangereuse du monde pour les migrants. Depuis le début de l’année 2015, plus de 2 500 sont morts noyés en Méditerranée, alors qu’ils fuyaient violences et oppression en Syrie, en Erythrée ou dans d’autres endroits du monde. Le décompte macabre continue chaque jour, tandis que la répartition de ceux qui ont survécu au voyage fait l’objet de marchandages politiques souvent sordides, jalonnés de déclarations incendiaires. Face à cette faillite de l’Europe, nous affirmons qu’il serait plus rationnel, plus juste, plus sûr, d’ouvrir les frontières.

Contrairement à une idée trop répandue dans les médias et les discours politiques, cette proposition n’a rien d’un fantasme naïf et irréaliste. Au contraire : elle permettrait de sortir enfin d’un engrenage de violences qui a déjà fait des milliers de morts, et de dessiner un horizon pour un véritable projet politique européen en matière d’asile et d’immigration.

Voici dix raisons pour lesquelles il faut ouvrir les frontières.

1 - Fermer les frontières ne sert à rien

Notre premier argument est de bon sens. Le fait migratoire est un fait social, une réalité du monde contemporain, auquel il est absurde de vouloir résister. Vouloir empêcher les migrations est aussi vain que de vouloir empêcher la nuit de succéder au jour. Les gens ne choisissent pas de migrer ou de rester parce qu’une frontière est ouverte ou fermée. L’idée que la fermeture des frontières puisse limiter les flux migratoires est irréaliste et criminelle, et méconnaît complètement la réalité des migrations. Elle ne fait que rendre les déplacements plus précaires, plus coûteux et plus dangereux, transformant la Méditerranée en charnier. Ouvrir les frontières, c’est avant tout permettre aux gens de migrer dans des conditions sûres et dignes, c’est arrêter le massacre, mettre un terme à la tragédie qui se joue actuellement aux frontières de l’Europe.

2 - Coup d’arrêt au business des passeurs

C’est la fermeture des frontières qui permet le business des passeurs. Au contraire, ouvrir les frontières, légaliser les mobilités de tous, c’est tuer dans l’œuf le business de ceux qui ont fait profession du trafic de cargaisons humaines, en profitant d’une économie de la prohibition. C’est la manière la plus efficace de lutter contre les passeurs.

3 - Le fantasme de l’invasion

L’invasion annoncée est un fantasme. Aucune enquête n’a prouvé la véracité des "appels d’air" ou des "invasions" tant annoncées et fantasmées. Faire croire que l’ouverture ou la fermeture des frontières permet la maîtrise des flux migratoires est un mensonge électoraliste. La construction du mur entre le Mexique et les Etats-Unis n’a nullement ralenti les flux migratoires entre les deux pays, pas plus que l’ouverture de la frontière entre l’Inde et le Népal n’a provoqué d’afflux massifs de migrants.

4 - Faciliter la mobilité

L’ouverture des frontières permettrait à de nombreux migrants de rentrer au pays et de revoir leur famille. Cela faciliterait la circulation des personnes, c’est-à-dire aussi les mouvements d’allers et retours, d’entrées et de sorties. Beaucoup de migrants sont aujourd’hui coincés dans leur pays de destination, dont ils n’osent pas sortir par peur de ne plus pouvoir y revenir ensuite.

5 - Effacer les zones d’ombres

Cela ferait disparaître les zones d’ombres de l’illégalité dans lesquelles les migrants se retrouvent de force, et non par choix. Soyons légalistes : le fait d’autoriser et d’accompagner les libres circulations permettrait de mieux les "voir" et les connaître. Ouvrir les frontières, ce n’est pas supprimer les frontières : c’est simplement permettre la libre circulation, pour mieux accompagner les migrations et s’assurer qu’elles se déroulent dans les meilleures conditions possibles.

6 - Un droit fondamental

La liberté de circulation est un droit fondamental. C’est à la fois une question de liberté fondamentale et une question d’égalité. Aujourd’hui, le destin des uns et des autres reste avant tout déterminé par l’endroit où ils/elles sont né-e-s. C’est la fermeture des frontières qui crée cette inégalité insupportable, ce privilège du lieu de naissance. L’ouverture des frontières reconnaît la légitimité de toute migration, et le droit à la mobilité de chacun. Le droit de quitter son pays est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais la fermeture des frontières empêche de le mettre en œuvre.

7 - Progrès social

C’est la condition d’un progrès social. La légalisation des migrants permet d’augmenter et de rendre visible la contribution aux prestations sociales des travailleurs immigrés et de leurs employeurs, tout en améliorant leurs conditions de rémunération. La migration ‘illégale’, par nature, ne peut plus exister avec des frontières ouvertes : les situations de précarité administrative disparaissent et les conditions de travail s’améliorent et s’harmonisent.

8 - Potentiel économique

Cela permettrait aux migrants de déployer leur plein potentiel économique dans les pays de destination et d’origine. Toutes les études montrent que la contribution économique à leur pays de destination est d’autant plus positive que leur situation y est sûre et légale. Rendre toutes les migrations légales ferait de facto disparaître l’immigration "clandestine", et permettrait aux migrants de déployer leur plein potentiel économique dans le pays d’accueil. Leur contribution économique est aussi dirigée vers leur pays d’origine : l’apport financier des migrants par leurs transferts d’argent au pays est au moins trois fois plus important que "l’aide au développement" officielle des pays industrialisés, trop souvent instrumentalisée dans le but fallacieux et vain de réduire les flux migratoires.

9 - Cesser la guerre aux migrants

Pour remettre l’hospitalité au centre de la politique. Partout en Europe, on voit des voisins solidaires et mobilisés, un tissu associatif dense capable d’organiser l’accueil des étrangers et d’aider leur insertion. Ce sont les formes d’une hospitalité sans condition qui existent déjà et qu’un gouvernement aurait la possibilité de mobiliser et d’aider, à l’opposé de la guerre aux migrants qui forme aujourd’hui le régime officiel de pensée et d’action.

10 - L’humanisme comme valeur politique

Parce que l’ouverture des frontières permet de réaffirmer l’unité de l’Homme. Contre toutes les formes de déshumanisation que nous ne cessons d’observer dans le monde, contre le retour de l’idée d’indésirabilité d’une partie des humains qui avait déjà marqué les années 1930 à propos des Juifs ou des exilés espagnols, nous avons le choix de redire l’unité de l’Homme et de traduire cette idée en politique. Contre le retour des effets désastreux de l’obscurantisme, il s’agit simplement de relancer l’humanisme comme valeur politique.

Publié dans la Libre Belgique

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14:18 Publié dans ACTUALITES, International, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : migrants, point de vue, monde, drame | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

27/07/2015

Essayer d’être communiste

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Jean Ortiz, article publié dans l'Humanité

Est morte une perversion du « vieux rêve qui bouge », pas l’idée communiste elle-même. Le certificat de décès est celui d’une caricature de nos valeurs ; les aspirations qui sous-tendent notre engagement n’ont pas été invalidées par le fiasco historique.

L’idée communiste continue à travailler le monde malgré la débâcle du « socialisme réel » : les crimes, les camps, les baillons, l’arbitraire, le parti-Etat, mais aussi une certaine égalité sociale, du travail pour tous, la santé et l’éducation gratuites, les services publics... Si la perversion est morte et enterrée (paix à son âme !), le deuil sera long. Très long. Il va peser longtemps encore contre les révolutionnaires. « Changer la vie » a produit le meilleur et le pire... Mais l’alternative reste bien encore et toujours : « socialisme ou barbarie ».

manouchian-grand.jpgPensons à Rosa, à tous ceux qui « se levèrent avant l’aube » pour contribuer à ce « monde meilleur », à nos libertés, à nos acquis sociaux... pensons à ces morts qui ne meurent jamais, anonymes ou célèbres, communards, mineurs et vignerons insurgés, résistants de la première heure, FTPF, MOI-istes, militants anticolonialistes, métallos grévistes, syndicalistes réprimés, assassinés, internationalistes altruistes, Brigadistes d’une patrie d’idéal, « passeurs » antifranquistes, martyrs de Charonne, de « l’Affiche rouge », communistes solidaires de l’Algérie, du Vietnam, de Lumumba, de Cuba, du Chili, de Mandela, des Palestiniens...

Leurs doigts montraient la lutte... Regardons la lutte. Inscrivons nos pas dans le chemin, à la fois à poursuivre et à inventer, ENSEMBLE. Avec lucidité, enthousiasme, et sans nostalgie de ce qui a échoué... même si la vraie nostalgie peut être un rêve d’avenir.

La chute du mur de Berlin n’a pas invalidé notre idéal, cet horizon d’humanité réhumanisée, l’exigence du bien commun, des biens communs, du partage, du collectif, de la socialisation, du bonheur individuel et collectif, « de l’horizon d’un homme à l’horizon de tous » (Paul Eluard).

La « question sociale », essentielle, reste à résoudre. Elle est désormais imbriquée, intrinsèquement liée, à la « question écologique ». On ne résoudra pas l’une sans l’autre... « Socialisme (écosocialisme) ou barbarie ». Le capitalisme porte en lui un ordre prédateur et cannibale de l’homme et de l’environnement, de la nature, des écosystèmes, un mode suicidaire de produire, de consommer, de croître...

L’ordre injuste et violent du monde est délibérément, volontairement organisé par les classes dominantes. Il ne constitue pas un état naturel à subir, donné à tout jamais, intouchable. 1% de la richesse de 229 familles les plus riches de la planète suffirait à assurer l’eau potable à chaque être humain. Question de volonté politique...

Alors repolitisons tout, réapproprions-nous notre histoire, notre « identité », vivante, à la fois héritage et création permanente, n’abandonnons pas la colère à d’autres, ne nous laissons pas assimiler au « système » par des pratiques politiciennes, trop électoralistes, faisons FRONT, entrons en résistance, en révolte politique, éthique, humaine, contre cet ordre sauvage qui fabrique des monstres, et qui s’en sert, qui saigne des millions de « pauvres » (assis sur des trônes de pétrole) ; qui standardise, lobotomise, mercantilise, affame afin d’amasser des fortunes kolossales, kkollossalles, pour une poignée de vampires assoiffés de profits, qui répand la peur et la haine de l’autre, qui fait le plein de vacuité... Et le pire empire chaque jour. Alors : « Socialisme ou barbarie ».

Revalorisons tout ce que le néolibéralisme dévalorise, détruit : la justice sociale, l’humain, le vivre ensemble, le lien social, le travail, la souveraineté nationale, le métissage, l’interculturalité, l’eau, le vent, les forêts, l’amour, le désir, l’art, la philosophie... Rendons désirable l’alternative civilisationnelle communiste...

Oui je crois -encore- en l’utopie sociale et politique. Les réalités d’aujourd’hui sont tellement têtues qu’elles peuvent devenir le monde nouveau de demain. Les maîtres du monde veulent nous empêcher de rêver : empêchons-les de dormir ! (paraphrase)   Donnons un horizon révolutionnaire à nos actes, et nommons-le. Nommons-le. Soyons nous-mêmes et ouvrons toutes grandes portes et fenêtres. « Etre ne suffit plus à l’homme, il lui faut être autre ; ainsi s’exerce le gouvernement de l’esprit » (Louis Aragon)

Soyons donc nous-mêmes et autres à la fois; révolutionnons-nous, ensemble, pour être pleinement nous mêmes. « Sans les autres, personne ne serait autre chose que rien » (Mafalda). Bien vu !! Donnons du sens à tout. Atout sens, et « désormais le mot révolution sera le nom de la civilisation » (Victor Hugo)

« L’archaïsme » a donc de l’avenir. La révolution commence aujourd’hui. Si nous le voulons.

Ici et maintenant. Par de petits matins, des espaces à libérer, des solidarités à construire, des idées à combattre, de nouvelles façons de faire de la politique... ON LACHE RIEN ! Dehors il fait lourd.

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14/02/2013

PCF : le communisme a une actualité et de l'avenir

pcfphoto.jpgLe communisme reste plus que jamais d’une vibrante actualité. Les citoyens constatent au quotidien que la société dans laquelle ils vivent est bloquée, à l’arrêt, ne permet pas de saisir les évolutions et les progrès humains à la hauteur des possibilités qu’offre la période. Ils sentent bien qu’on empêche la société d'aller de l'avant.

Ce qui bloque aujourd'hui, c'est la crise du capitalisme c’est pourquoi nous le combattons avec force. En effet, alors que l’heure est au partage, à la mise en commun, à la coopération, le capitalisme poursuit sa logique de mise en concurrence des territoires et des femmes et des hommes, guidé par des intérêts égoïstes d’appropriation des richesses.

Oui il est possible d’avancer vers un monde de partage dans tous les domaines : partage des richesses, des connaissances, des savoirs, des expériences... qui nous permettent d'inventer une société où l'humanité sera le cœur battant des avancées de civilisation. C’est ce que porte le communisme et que nous avons réaffirmé lors de notre 36e Congrès.

Le PCF est au cœur de la gauche et a toujours été intégré au jeu démocratique car c’est un parti prêt à prendre ses responsabilités dans tous les lieux de pouvoirs. Il l’a montré dans le passé, c’est encore vrai aujourd’hui même si nous avons décidé cette fois-ci de ne pas participer au gouvernement de la gauche. Les conditions politiques n’étaient pas réunies. Nous ne voulons pas contribuer aux politiques d’austérité qui nous conduisent droit dans le mur. Nous considérons que des alternatives sont possibles.

Une nouvelle génération de révolutionnaires

Depuis longtemps nous pensons que la révolution citoyenne ne peut se concevoir que par la liberté et la démocratie, et nous voulons travailler à développer une politique qui puisse rassembler de façon majoritaire sur des idées neuves d’émancipation humaine.

Quand Pierre Laurent parle de «communisme de nouvelle génération», c'est parce que le PCF a vu un grand nombre de nouveaux adhérents le rejoindre, dont beaucoup de jeunes. Ces derniers aspirent à des pratiques politiques nouvelles au sein du Parti et nous allons leur donner toute leur place.

«Nouvelle génération» aussi parce que nous participons du mouvement permanent qui abolit l’état de choses existant. Le parti communiste porte les transformations, les évolutions de la société pour faire avancer ses idées avec la révolution informationnelle. Le PCF est ancré au 21ème siècle ! Il fait la démonstration qu'il est capable de vivre avec les évolutions de son temps. La question du progrès est intrinsèque à notre vision du développement de la société.

Le Front de Gauche : bien plus qu’un cartel d’organisations

fgfille.jpgConcernant la question que se posent certains sur nos relations avec le Front de Gauche, nous en sommes l'un des fondateurs et nous avons décidé de franchir une nouvelle étape de sa construction en lui donnant une perspective d’implication citoyenne. Nous voulons dépasser cette vision d'un cartel d'organisations politiques pour tendre à ce qu'il devienne un mouvement de large rassemblement populaire. Le PCF ne se comporte d'ailleurs pas de façon hégémonique. Les règles de vie du Front de Gauche reposent sur la collégialité et le consensus. Nous y tenons toute notre place dans le respect de l’opinion de ses autres composantes. L'avenir du Front de Gauche et celui du PCF sont liés. Mais en aucun cas on ne verra disparaître le PCF dans cette dynamique ; bien au contraire il se renforce.

bramy.jpgHervé Bramy

Ancien président du Conseil général de Seine-Saint…

Tribune publiée dans Newsring