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07/12/2014

MOSAIK RADIO : MUSIQUES ET INFORMATIONS

Le groupe E-Mosaïque se renforce avec une nouvelle radio présente sur tous ses blogs et qui diffusera essentiellement de la musique d'ambiance, très diversifiée et des informations "couleurs du temps et de la vie"

L'objectif pour son maintien impératif est d'obtenir une audience cumulée d'au moins 300 heures par période de 24h. Nous comptons bien sûr sur vous pour atteindre cet objectif. L'idée est également que chacun d'entre vous devienne programmateur de cette nouvelle radio en proposant chanteurs et chansons.

Mosaik Radio, la radio de toutes les musiques !

10/10/2014

UN AIR DE LIBERTE : LA WEB RADIO DE LA CGT DRANCY !

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La webradio de la CGT Drancy, lancée il y a deux ans, compte des auditeurs un peu partout dans le monde, pour un investissement plutot modeste au départ.

« Tout a commencé quand nous nous avons voulu dénoncer la précarisation des emplois municipaux et la manière dont étaient traités les agents. Le maire a alors fait de sorte de nous priver de nos moyens d'expression. J'avais entendu parler de Lorraine Coeur d'Acier, la radio libre crée par des mineurs CGT en 1979, alors je me suis dit, pourquoi ne pas nous en inspirer pour lancer une radio sur le web ? », raconte Henri Tamar, technicien du spectacle et secrétaire de l'union locale de Drancy.

radiocgtdrancy1.jpgFin 2012, la première webradio CGT voit ainsi le jour. Développée sur Radinomy, une plateforme gratuite de création de radios en ligne (incluant les outils de programmation, la librairie musicale, les chiffres d'audience, les droits d'auteur), est passés le premier tâtonnement - « beaucoup de nos auditeurs trouvaient, par exemple, que nos interviews étaient trop longues », la radio a fini par trouver ses marques.

Organisée autour d'Henri et de six ou sept militants pour l'animer, elle affiche une moyenne de 1500 auditeurs par jour pour la France.

Traitant en premier lieu l'information syndicale, locale et nationale, la radio a pour ambition de donner la paroles aux salariés, « d'être la voix des sans voix ».

L'autre objectif est de faire connaître le syndicat et le syndicalisme « présentés souvent de manière caricaturale dans les médias traditionnels ». Enfin, jeter les ponts entre les générations, notamment vers les jeunes. De fait, la culture, en particulier la musique, la poésie et le chant, occupent une place de choix dans la programmation.


Jean-Philippe Joseph, pour la CGT ensemble

11:53 Publié dans Culture, MEDIAS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : radio, webradio cgt, drancy | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

20/09/2014

LE SIEGE DU PCF, LIEU CULTUREL AU COEUR DE PARIS

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Ouvert à la population dans le cadre de la journée du patrimoine, le siège du PCF, situé au cœur de Paris et construit par le célèbre achitecte communiste Brésilien Oscar Niemeyer est devenu aussi un lieu d'expositions unique comme l'a souligné Pierre Laurent a l'occasion de son discours (voir la vidéo en cliquant sur cette ligne) pour présenter la nouvelle exposition Palenque ("Palenque" signifie "territoire d'esclaves fugitifs" en espagnol. )  dans le cadre du 20ème anniversaire du projet de l'UNESCO 'la route des esclaves' pour contribuer à la reconnaissance de la culture africaine dans les Caraïbes et renforcer les liens entre l'Afrique et les Antilles. 

palenque5.jpgCette exposition de grande qualité est consacrée à trois peintres dessinateurs, et scupteurs Cubains : Augustin Cardenas, Jésus Gonzales (aujourd'hui disparus) et Lorenzo Padilla qui était présent à côté de Pierre Laurent à l'occasion du vernissage de l'exposition.

Ces œuvres mettent en exergue la relation entre leurs travaux et les cultures africaines.

place du colonel fabien,pcf,palenque,lorenzo padilla,pierre laurentLes toiles de Lorenzo Padilla particulèrement sont submergées de couleurs, évoquent les esprits du monde maya de ses origines et vous font entrer dans un monde occulte et mystérieux.

Ses huiles et pastels sensibles et profonds sont traitées avec une palette musicale au rythme emporté et juste qui se répand comme une symphonie.

place du colonel fabien,pcf,palenque,lorenzo padilla,pierre laurentLes sculptures de Agustin Cardenas (1927-2001) montrent une modernité-autre, celle des symbioses et de la synthèse à travers des formes inédites (ici son oeuvre le petit cheval d'une très grande pureté). Il est un des pionniers de la sculpture moderne.

place du colonel fabien,pcf,palenque,lorenzo padilla,pierre laurentLes dessins de Jésus Gonzalez De Armas (1934-2002) soutiennent une narration synthétisée, dramatique, de la confrontation entre deux mondes, celui des conquérants européens, appelés "les civilisateurs" et celui des indiens Cubains, comptés alors parmi les moins avancés dans ce vaste continent appelé Nouveau Monde.

De toute beauté cette exposition est à découvrir au siège du PCF, Place du Colonel Fabien....Du 20 septembre au 25 octobre 2014
Espace Oscar Niemeyer, 2, place du Colonel Fabien, 75019 Paris Entré libre du lundi au vendredi de 10h à 18h

Photos, vidéos exclusifs E-Mosaïque

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05/09/2014

Ayo sur la grande scène à la Fête de l’Humanité

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Samedi 13 septembre, 18 h 10 - Grande scène de la Fête de l'Humanité

Elle s’appelle Joy Olasunmibo Ogunmakin, mais est plus connue sous son nom de scène, qui signifie « joie » en yoruba.

Roumanie, Nigéria, Allemagne... Ayo, c’est tout cela à la fois. Son premier album, Joyful, mêlant soul, folk et reggae, a connu un franc succès en France, en Italie, en Grèce ou encore en Allemagne. Toutes les chansons de cet album ont été écrites et composées par Ayọ à l’exception de And it’s supposed to be love.

En 2008 est sorti son second album Gravity at Last : « Un album ne suffisait pas pour parler de ma vie, de mes expériences, de mes opinions. Dans ce nouvel album, je parle de ce qui me choque dans le monde, des politiques et de la corruption. Mais il y a de nouveaux sujets comme l’amour, mon père, ma mère, mon fils », explique la chanteuse.

En décembre 2009, en pleine tournée, elle fait l’aller retour de Berlin à Paris pour participer à la dernière date de la tournée de Tryo à Bercy, et reprend avec le groupe son titre Life is real. Ayo sort en décembre 2010 le single I’m Gonna Dance.

Son troisième album sort début 2011 : Billie-Eve, un jeu de mot sur « believe » qui est aussi le prénom de sa fille, née en juillet 2010. Elle est accompagnée par Gail-Ann Dorsey (bassiste de David Bowie), Craig Ross (guitariste de Lenny Kravitz) mais aussi Saul Williams et Matthieu Chedid sur deux titres.

Après Hambourg, Londres, New York et Brüggen en Allemagne, la chanteuse-compositrice allemande d’origine nigériane et tzigane a posé ses valises à Paris. Elle sera donc comme chez elle à La Courneuve, le samedi 13 septembre.

Voir en ligne : Site officiel

29/08/2014

Massive Attack, leur trip-hop va électriser la Fête

massive.jpgAprès avoir fait la tournée des festivals d’été, le collectif originaire de Bristol fait halte à la Courneuve. La promesse d’une vraie expérience sonore entre pop électro et engagement politique.

Bristol, Angleterre, années 1990, c’est dans l’effervescence musicale et artistique caractéristique de la ville que naît Massive Attack. Le groupe, composé alors de Robert del Naja (3D), Grant Marshall (Daddy G) et Andrew Volwes (Mushroom), qui est depuis parti, est sûrement le groupe anglais le plus influent de sa génération.

Entre discorde et divergences, Massive Attack a su profiter des confrontations, notamment musicales, au sein du groupe, faisant de ce chaos créatif sa marque de fabrique et surtout sa richesse. Les influences musicales diverses se rencontrent, s’interpénètrent entre la culture reggae du Jamaïcain Daddy G et les accents punks et post-punks de 3D. Influences qui ont fait le groupe au style inclassable que l’on connaît et qui a donné naissance au trip-hop.

Plus qu’un simple trio, Massive Attack a toujours su s’entourer de collaborateurs prestigieux. À l’image de Tricky, membre lui aussi de la scène musicale et artistique de Bristol, Horace Andy, qui a suivi le groupe depuis le début, la chanteuse Sinead O’Connor, Hope Sandoval mais aussi Damon Albarn ou des musiciens de qualité comme Angelo Bruschini. Autant d’artistes qui auront beaucoup apporté au groupe.

Massive Attack, renfloué de son duo d’origine 3D-Daddy G, est aujourd’hui bel et bien reformé, après une trop longue séparation, pour notre plus grand plaisir et s’apprête à faire vibrer la Fête de l’Huma (*) de sa musique sombre, envoûtante, mélancolique mais toujours géniale.

De Blue Lines à Heligoland en passant par Mezzanine, trois albums phares, le groupe s’impose et se distingue par ses innovations diverses qui ont transformé définitivement le paysage musical pop-électro anglais. En révolte constante, le groupe aime se remettre sans cesse en question, bousculant les standards musicaux dans une merveilleuse liberté créatrice.

Les concerts de Massive Attack sont des moments pour (r)éveiller les consciences

Cet esprit de révolte s’apprête à souffler sur la Fête et se retrouve dans l’engagement fort du collectif bristolien. Massive Attack considère que les musiciens, au-delà de la musique, ont aussi à s’engager socialement. Robert del Naja (3D) s’attache particulièrement à lier musique et engagement politique, participant à de nombreuses actions comme le boycott culturel contre Israël.

Les différents concerts de Massive Attack sont autant de moments propices pour (r)éveiller les consciences de son public et provoquer sa réflexion grâce à une scénographie engagée. Lors de leurs concerts, la musique se fait hypnotique. Elle s’accompagne de messages politiques sur des écrans, slogans, citations de Rousseau, de Nelson Mandela ou statistiques destinés à promouvoir les valeurs humaines, démocratiques, altermondialistes, pacifiques et écologiques chères au groupe anglais. Valeurs que le groupe met en avant dans sa collaboration avec l’organisation Greenpeace ou en s’opposant à la guerre en Irak.

Le collectif questionne en permanence la société qui nous entoure et les valeurs 
qui la régissent en se servant de sa musique pour faire avancer les consciences. La venue de Massive Attack à la Fête de l’Huma promet une réelle performance de sons et lumières. Un engagement musical que l’on attend avec impatience !

Clémence Buchet

(*) Vendredi 12 septembre, 21h50, Grande scène.

Voir en ligne : sur Humanite.fr

18/08/2014

Féloche, l’ovni chantant à la Fête de l’Humanité

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Armé de sa mandoline et de sa joie insolente, Féloche se produira le 14 septembre. Artiste inclassable, il va enflammer La Courneuve au rythme de ses ritournelles qui abolissent les frontières musicales.

Du punk ukrainien au silbo en passant par le rock cajun, seul Féloche peut se vanter d’un tel parcours musical. Dans les années 1990, il remplissait les stades d’Europe de l’Est avec le très populaire groupe de punk ukrainien VV (Vopli Vidopliyassova). Il chantait alors aux côtés d’artistes comme Samantha Fox ou Slade. De retour en France, il cherche son propre son et le découvre grâce à la mandoline qui devient, dès lors, son instrument fétiche. « Je l’ai prise comme un fusil », dit-il.

Accompagné de la sorte, le musicien troubadour crée un univers hors normes où la musique aux rythmes festifs est empreinte de poésie réaliste. Féloche bouleverse les codes musicaux. Il offre des titres à la croisée des genres. Ce grand écart entre diverses influences semble constituer l’essence de son style : un melting-pot qui va du punk au disco, du hip-hop à la mandoline, en passant par le funk. Féloche se dit aussi bien influencé par Prince que par Dick Annegarn ou les Rita Mitsouko.

Il a su s’entourer de collaborateurs divers et talentueux. Après avoir dit « non » à Bob Dylan, Dr John, bluesman de légende, a dit «oui» à Féloche, donnant ainsi naissance à Dr John Gris-Gris John, enregistré à La Nouvelle-Orléans. Sur son dernier album, il a fait appel à deux idoles de sa jeunesse, Roxanna Shanté, une des premières rappeuses américaines, et l’actrice Rona Hartner, pour le très tzigane Mythologie.

Transmettre l’essence et l’émotion 
de ce langage unique

Chaque chanson de Féloche sonne comme une invitation au voyage. Grâce à la Vie cajun, on s’envole pour cette « Louisiane fantasmée », chère au chanteur, et son légendaire bayou. Les airs se font entraînants, parfois planants. Le rock cajun y est roi. Féloche nous transporte encore aux Canaries, dans une île méconnue où « les hommes parlent comme les oiseaux ».

Le musicien nomme son album Silbo, en référence à cette langue sifflée de la Gomera. Il parvient à transmettre l’essence et l’émotion de ce langage unique, aujourd’hui inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Il rend ainsi hommage à celui qu’il appelait son « ange gardien », son beau-père, l’indépendantiste canarien Bonifacio Santos qui l’a initié aux sifflements des Gomeros. Féloche invite aussi à la réflexion. Son Pax Optika est, selon ses propres termes, « une chanson de graphiste », qui dénonce la pollution visuelle, sous la plume de Julien Dajez. Mythologie évoque le peuple rom. Le partage est au centre du jeu.

On le retrouve dans l’engagement de l’artiste pour l’association Zebrock au bahut. Avec elle, il va à la rencontre des élèves, leur dévoile son art et répond à leurs interrogations. Il s’agit d’« éveiller leurs émotions musicales. C’est à cet âge-là qu’on les ressent le plus », dit-il. Escorté de Caroline Duparo, Christophe Malherbe et David Rolland, Féloche va faire déferler son énergie festive et sa folie poétique sur la Fête de l’Humanité.

Disco graphie 2010 : La vie cajun. 
2013 : Silbo.

Publié par l'Humanité :- See more at: http://www.humanite.fr/feloche-lovni-chantant-la-fete-de-...

29/07/2014

Jean Jaurès au Pré Saint-Gervais

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Discours du Pré-Saint-Gervais en 1913
 
Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance.
 
Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos.
 
Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune. Et si cette République surgit dans un monde monarchique encore, c’est assurer qu’elle s’adaptera aux conditions compliquées de la vie internationale sans rien entreprendre sur l’évolution plus lente des peuples, mais sans rien abandonner de sa fierté juste et sans atténuer l’éclat de son principe.
 
Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. L’intervention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d’abord l’idée. Les Constituants de 1789 et de 1791, même les Législateurs de 1972 croyaient que la monarchie traditionnelle était l’enveloppe nécessaire de la société nouvelle.
 
Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie.
 
Bientôt cependant, et après quelques heures d’étonnement et presque d’inquiétude, ils l’adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur cœur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l’exemple des républiques antiques ou des républiques helvétiques et italiennes. Ils virent bien qu’ils créaient une œuvre nouvelle, audacieuse et sans précédent.
 
Ce n’était point l’oligarchique liberté des républiques de la Grèce, morcelées, minuscules et appuyées sur le travail servile. Ce n’était point le privilège superbe de la république romaine, haute citadelle d’où une aristocratie conquérante dominait le monde, communiquant avec lui par une hiérarchie de droits incomplets et décroissants qui descendait jusqu’au néant du droit, par un escalier aux marches toujours plus dégradées et plus sombres, qui se perdait enfin dans l’abjection de l’esclavage, limite obscure de la vie touchant à la nuit souterraine.
 
Ce n’était pas le patriciat marchand de Venise et de Gênes. Non, c’était la République d’un grand peuple où il n’y avait que des citoyens et où tous les citoyens étaient égaux. C’était la République de la démocratie et du suffrage universel. C’était une nouveauté magnifique et émouvante.
 
Les hommes de la Révolution en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célébrèrent cette Constitution, qui pour la première fois depuis l’origine de l’histoire organisait dans la souveraineté nationale la souveraineté de tous, lorsque artisans et ouvriers, forgerons, menuisiers, travailleurs des champs défilèrent dans le cortège, mêlés aux magistrats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le président de la Convention put dire que c’était un jour qui ne ressemblait à aucun autre jour, le plus beau jour depuis que le soleil était suspendu dans l’immensité de l’espace ! Toutes les volontés se haussaient, pour être à la mesure de cette nouveauté héroïque. C’est pour elle que ces hommes combattirent et moururent.
 
C’est en son nom qu’ils refoulèrent les rois de l’Europe. C’est en son nom qu’ils se décimèrent. Et ils concentrèrent en elle une vie si ardente et si terrible, ils produisirent par elle tant d’actes et tant de pensées qu’on put croire que cette République toute neuve, sans modèles comme sans traditions, avait acquis en quelques années la force et la substance des siècles.
 
Et pourtant que de vicissitudes et d’épreuves avant que cette République que les hommes de la Révolution avaient crue impérissable soit fondée enfin sur notre sol ! Non seulement après quelques années d’orage elle est vaincue, mais il semble qu’elle s’efface à jamais de l’histoire et de la mémoire même des hommes. Elle est bafouée, outragée ; plus que cela, elle est oubliée.
 
Pendant un demi-siècle, sauf quelques cœurs profonds qui garderaient le souvenir et l’espérance, les hommes la renient ou même l’ignorent. Les tenants de l’Ancien régime ne parlent d’elle que pour en faire honte à la Révolution : “ Voilà où a conduit le délire révolutionnaire ! ” Et parmi ceux qui font profession de défendre le monde moderne, de continuer la tradition de la Révolution, la plupart désavouent la République et la démocratie. On dirait qu’ils ne se souviennent même plus. Guizot s’écrie : “ Le suffrage universel n’aura jamais son jour ”. Comme s’il n’avait pas eu déjà ses grands jours d’histoire, comme si la Convention n’était pas sortie de lui.
 
Thiers, quand il raconte la Révolution du10 août, néglige de dire qu’elle proclama le suffrage universel, comme si c’était là un accident sans importance et une bizarrerie d’un jour. République, suffrage universel, démocratie, ce fut, à en croire les sages, le songe fiévreux des hommes de la Révolution. Leur œuvre est restée, mais leur fièvre est éteinte et le monde moderne qu’ils ont fondé, s’il est tenu de continuer leur œuvre, n’est pas tenu de continuer leur délire. Et la brusque résurrection de la République, reparaissant en 1848 pour s’évanouir en 1851, semblait en effet la brève rechute dans un cauchemar bientôt dissipé.
 
Et voici maintenant que cette République, qui dépassait de si haut l’expérience séculaire des hommes et le niveau commun de la pensée que, quand elle tomba, ses ruines mêmes périrent et son souvenir s’effrita, voici que cette République de démocratie, de suffrage universel et d’universelle dignité humaine, qui n’avait pas eu de modèle et qui semblait destinée à n’avoir pas de lendemain, est devenue la loi durable de la nation, la forme définitive de la vie française, le type vers lequel évoluent lentement toutes les démocraties du monde.
 
Or, et c’est là surtout ce que je signale à vos esprits, l’audace même de la tentative a contribué au succès. L’idée d’un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu’aux heures de difficulté et de crise elle s’offrait à la conscience de la nation.
 
Une première fois en 1793 le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l’apparent oubli et l’apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. Ce qui faisait la force invincible de la République, c’est qu’elle n’apparaissait pas seulement de période en période, dans le désastre ou le désarroi des autres régimes, comme l’expédient nécessaire et la solution forcée. Elle était une consolation et une fierté. Elle seule avait assez de noblesse morale pour donner à la nation la force d’oublier les mécomptes et de dominer les désastres. C’est pourquoi elle devait avoir le dernier mot.
 
Nombreux sont les glissements et nombreuses les chutes sur les escarpements qui mènent aux cimes ; mais les sommets ont une force attirante. La République a vaincu parce qu’elle est dans la direction des hauteurs, et que l’homme ne peut s’élever sans monter vers elle. La loi de la pesanteur n’agit pas souverainement sur les sociétés humaines, et ce n’est pas dans les lieux bas qu’elles trouvent leur équilibre. Ceux qui, depuis un siècle, ont mis très haut leur idéal ont été justifiés par l’histoire.
 
Et ceux-là aussi seront justifiés qui le placent plus haut encore. Car le prolétariat dans son ensemble commence à affirmer que ce n’est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice. Ce n’est pas seulement la cité, c’est l’atelier, c’est le travail, c’est la production, c’est la propriété qu’il veut organiser selon le type républicain. À un système qui divise et qui opprime, il entend substituer une vaste coopération sociale où tous les travailleurs de tout ordre, travailleurs de la main et travailleurs du cerveau, sous la direction de chefs librement élus par eux, administreront la production enfin organisée.
 
Messieurs, je n’oublie pas que j’ai seul la parole ici et que ce privilège m’impose beaucoup de réserve. Je n’en abuserai point pour dresser dans cette fête une idée autour de laquelle se livrent et se livreront encore d’âpres combats. Mais comment m’était-il possible de parler devant cette jeunesse qui est l’avenir, sans laisser échapper ma pensée d’avenir ? Je vous aurais offensés par trop de prudence ; car quel que soit votre sentiment sur le fond des choses, vous êtes tous des esprits trop libres pour me faire grief d’avoir affirmé ici cette haute espérance socialiste qui est la lumière de ma vie.
 
Je veux seulement dire deux choses, parce quelles touchent non au fond du problème, mais à la méthode de l’esprit et à la conduite de la pensée. D’abord, envers une idée audacieuse qui doit ébranler tant d’intérêts et tant d’habitudes et qui prétend renouveler le fond même de la vie, vous avez le droit d’être exigeants.
 
Vous avez le droit de lui demander de faire ses preuves, c’est-à-dire d’établir avec précision comment elle se rattache à toute l’évolution politique et sociale, et comment elle peut s’y insérer. Vous avez le droit de lui demander par quelle série de formes juridiques et économiques elle assurera le passage de l’ordre existant à l’ordre nouveau.
 
Vous avez le droit d’exiger d’elle que les premières applications qui en peuvent être faites ajoutent à la vitalité économique et morale de la nation. Et il faut qu’elle prouve, en se montrant capable de défendre ce qu’il y a déjà de noble et de bon dans le patrimoine humain, qu’elle ne vient pas le gaspiller, mais l’agrandir. Elle aurait bien peu de foi en elle-même si elle n’acceptait pas ces conditions.
 
En revanche, vous, vous lui devez de l’étudier d’un esprit libre, qui ne se laisse troubler par aucun intérêt de classe. Vous lui devez de ne pas lui opposer ces railleries frivoles, ces affolements aveugles ou prémédités et ce parti pris de négation ironique ou brutale que si souvent, depuis un siècle même, les sages opposèrent à la République, maintenant acceptée de tous, au moins en sa forme. Et si vous êtes tentés de dire encore qu’il ne faut pas s’attarder à examiner ou à discuter des songes, regardez en un de vos faubourgs ?
 
Que de railleries, que de prophéties sinistres sur l’œuvre qui est là ! Que de lugubres pronostics opposés aux ouvriers qui prétendaient se diriger eux-mêmes, essayer dans une grande industrie la forme de la propriété collective et la vertu de la libre discipline ! L’œuvre a duré pourtant ; elle a grandi : elle permet d’entrevoir ce que peut donner la coopération collectiviste. Humble bourgeon à coup sûr, mais qui atteste le travail de la sève, la lente montée des idées nouvelles, la puissance de transformation de la vie. Rien n’est plus menteur que le vieil adage pessimiste et réactionnaire de l’Ecclésiaste désabusé : “ Il n’y rien de nouveau sous le soleil ”. Le soleil lui-même a été jadis une nouveauté, et la terre fut une nouveauté, et l’homme fut une nouveauté. L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création.
 
C’est donc d’un esprit libre aussi que vous accueillerez cette autre grande nouveauté qui s’annonce par des symptômes multipliés : la paix durable entre les nations, la paix définitive. Il ne s’agit point de déshonorer la guerre dans le passé. Elle a été une partie de la grande action humaine, et l’homme l’a ennoblie par la pensée et le courage, par l’héroïsme exalté, par le magnanime mépris de la mort.
 
Elle a été sans doute et longtemps, dans le chaos de l’humanité désordonnée et saturée d’instincts brutaux, le seul moyen de résoudre les conflits ; elle a été aussi la dure force qui, en mettant aux prises les tribus, les peuples, les races, a mêlé les élément humains et préparé les groupements vastes. Mais un jour vient, et tout nous signifie qu’il est proche, où l’humanité est assez organisée, assez maîtresse d’elle-même pour pouvoir résoudre, par la raison, la négociation et le droit, les conflits de ses groupements et de ses forces. Et la guerre, détestable et grande tant qu’elle est nécessaire, est atroce et scélérate quand elle commence à paraître inutile.
 
Je ne vous propose pas un rêve idyllique et vain. Trop longtemps les idées de paix et d’unité humaines n’ont été qu’une haute clarté illusoire qui éclairait ironiquement les tueries continuées. Vous souvenez-vous de l’admirable tableau que vous a laissé Virgile de la chute de Troie ? C’est la nuit : la cité surprise est envahie par le fer et le feu, par le meurtre, l’incendie et le désespoir.
 
Le palais de Priam est forcé et les portes abattues laissent apparaître la longue suite des appartements et des galeries. De chambre en chambre, les torches et les glaives poursuivent les vaincus ; enfants, femmes, vieillards se réfugient en vain auprès de l’autel domestique que le laurier sacré ne protège pas contre la mort et contre l’outrage ; le sang coule à flots, et toutes les bouches crient de terreur, de douleur, d’insulte et de haine. Mais par dessus la demeure bouleversée et hurlante, les cours intérieures, les toits effondrés laissent apercevoir le grand ciel serein et paisible et toute la clameur humaine de violence et d’agonie monte vers les étoiles d’or : Ferit aurea sidera clamor2.
 
De même, depuis vingt siècles et de période en période, toutes les fois qu’une étoile d’unité et de paix s’est levée sur les hommes, la terre déchirée et sombre a répondu par des clameurs de guerre.
 
C’était d’abord l’astre impérieux de la Rome conquérante qui croyait avoir absorbé tous les conflits dans le rayonnement universel de sa force. L’empire s’effondre sous le choc des barbares, et un effroyable tumulte répond à la prétention superbe de la paix romaine. Puis ce fut l’étoile chrétienne qui enveloppa la terre d’une lueur de tendresse et d’une promesse de paix. Mais atténuée et douce aux horizons galiléens, elle se leva dominatrice et âpre sur l’Europe féodale.
 
La prétention de la papauté à apaiser le monde sous sa loi et au nom de l’unité catholique ne fit qu’ajouter aux troubles et aux conflits de l’humanité misérable. Les convulsions et les meurtres du Moyen Âge, les chocs sanglants des nations modernes, furent la dérisoire réplique à la grande promesse de paix chrétienne.
 
La Révolution à son tour lève un haut signal de paix universelle par l’universelle liberté. Et voilà que de la lutte même de la Révolution contre les forces du vieux monde, se développent des guerres formidables.
 
Quoi donc ? La paix nous fuira-t-elle toujours ? Et la clameur des hommes, toujours forcenés et toujours déçus, continuera-t-elle à monter vers les étoiles d’or, des capitales modernes incendiées par les obus, comme de l’antique palais de Priam incendié par les torches ?
 
Non ! Non ! Et malgré les conseils de prudence que nous donnent ces grandioses déceptions, j’ose dire, avec des millions d’hommes, que maintenant la grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine. Des forces neuves y travaillent : la démocratie, la science méthodique, l’universel prolétariat solidaire. La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel.
 
La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d’échanges, de conventions ; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d’aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif.
 
Enfin, le commun idéal qui exalte et unit les prolétaires de tous les pays les rend plus réfractaires tous les jours à l’ivresse guerrière, aux haines et aux rivalités de nations et de races.
 
Oui, comme l’histoire a donné le dernier mot à la République si souvent bafouée et piétinée, elle donnera le dernier mot à la paix, si souvent raillée par les hommes et les choses, si souvent piétinée par la fureur des événements et des passions. Je ne vous dis pas : c’est une certitude toute faite.
 
Il n’y a pas de certitude toute faite en histoire. Je sais combien sont nombreux encore aux jointures des nations les points malades d’où peut naître soudain une passagère inflammation générale. Mais je sais aussi qu’il y a vers la paix des tendances si fortes, si profondes, si essentielles, qu’il dépend de vous, par une volonté consciente, délibérée, infatigable, de systématiser ces tendances et de réaliser enfin le paradoxe de la grande paix humaine, comme vos pères ont réalisé le paradoxe de la grande liberté républicaine.
 
Œuvre difficile, mais non plus œuvre impossible. Apaisement des préjugés et des haines, alliances et fédérations toujours plus vastes, conventions internationales d’ordre économique et social, arbitrage international et désarmement simultané, union des hommes dans le travail et dans la lumière : ce sera, jeunes gens, le plus haut effort et la plus haute gloire de la génération qui se lève.
 
Non, je ne vous propose pas un rêve décevant ; je ne vous propose pas non plus un rêve affaiblissant. Que nul de vous ne croit que dans la période encore difficile et incertaine qui précédera l’accord définitif des nations, nous voulons remettre au hasard de nos espérances la moindre parcelle de la sécurité, de la dignité, de la fierté de la France. Contre toute menace et toute humiliation, il faudrait la défendre : elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu’elle est la France, et parce qu’elle est humaine
 
Même l’accord des nations dans la paix définitive n’effacera pas les patries, qui garderont leur profonde originalité historique, leur fonction propre dans l’œuvre commune de l’humanité réconciliée. Et si nous ne voulons pas attendre, pour fermer le livre de la guerre, que la force ait redressé toutes les iniquités commises par la force, si nous ne concevons pas les réparations comme des revanches, nous savons bien que l’Europe, pénétrée enfin de la vertu de la démocratie et de l’esprit de paix, saura trouver les formules de conciliation qui libéreront tous les vaincus des servitudes et des douleurs qui s’attachent à la conquête.
 
Mais d’abord, mais avant tout, il faut rompre le cercle de fatalité, le cercle de fer, le cercle de haine où les revendications même justes provoquent des représailles qui se flattent de l’être, où la guerre tourne après la guerre en un mouvement sans issue et sans fin, où le droit et la violence, sous la même livrée sanglante, ne se discernent presque plus l’un de l’autre, et où l’humanité déchirée pleure de la victoire de la justice presque autant que de sa défaite.
 
Surtout, qu’on ne nous accuse point d’abaisser et d’énerver les courages. L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante, dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication.
 
Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action.
 
Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit ; c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c’est de devenir, autant que l’on peut, un technicien accompli ; c’est d’accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail qui est la condition de l’action utile, et cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendues.
 
Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe.
 
Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale.
 
Le courage, c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés.
 
Le courage, c’est d’accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l’art, d’accueillir, d’explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d’éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l’organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes.
 
Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.
 
Ah ! vraiment, comme notre conception de la vie est pauvre, comme notre science de vivre est courte, si nous croyons que, la guerre abolie, les occasions manqueront aux hommes d’exercer et d’éprouver leur courage, et qu’il faut prolonger les roulements de tambour qui dans les lycées du premier Empire faisaient sauter les cœurs ! Ils sonnaient alors un son héroïque ; dans notre vingtième siècle, ils sonneraient creux. Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C’est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi.