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10/10/2013

PIERRE LAURENT : LA PRIORITE DU FRONT DE GAUCHE CE N'EST PAS EVRY, C'EST CORBEIL

plbercy.jpgPierre Laurent est secrétaire national du PCF et sénateur de Paris.

Votre candidat ne s’est pas qualifié pour le second tour dimanche dernier à Brignoles (Var). Comment l’expliquez-vous ?

PIERRE LAURENT. Par deux facteurs simples. Le premier, c’est que la politique gouvernementale provoque une démoralisation et une démobilisation massive de l’électorat de gauche qui se traduit par l’abstention.  

Le second, c’est que lorsque le Front national est à un très haut niveau, la division de la gauche entraîne son élimination au second tour.

Appelez-vous, comme votre allié Jean-Luc Mélenchon, à ne pas choisir au second tour entre la peste et le choléra ?

Non. Nous avons appelé à faire barrage à l’extrême droite parce que nous ne pourrons jamais mettre un trait d’égalité entre le vote FN et un autre. Cela reviendrait à le banaliser. Je peux comprendre que ce choix soit difficile, surtout quand les candidats de droite n’ont pas toujours fait la preuve de leur mobilisation contre le Front national… Mais nous n’avons pas à nous dérober.

Et quand Mélenchon estime que le principal pourvoyeur de voix du FN est à l’Elysée, il a raison ?

La politique gouvernementale menée par Hollande et Ayrault montre tous les jours qu’elle est incapable de dynamiser et de rassembler la gauche. Elle conduit le pays dans des impasses et probablement à une crise politique aggravée.

«Ce n’est pas le moment de nous replier sur notre pré carré»

Alors pourquoi rechercher des accords avec les socialistes pour les municipales ?

Il ne s’agit pas de s’allier avec des gens qui portent les choix du gouvernement, mais de créer sur le terrain un rassemblement d’hommes et de femmes de gauche qui ne se reconnaissent pas dans cette politique d’austérité. Ces électeurs, qui peuvent venir des rangs écologistes ou socialistes, ont le sentiment d’être pris au piège. Ce n’est pas le moment de nous replier sur notre pré carré, mais de leur tendre la main. Je ne dis pas que nous allons changer toute la politique nationale avec les élections municipales. Mais si nous pouvons améliorer la vie locale, alors il faut saisir cette occasion qui nous donnera plus de force pour infléchir le cap vers la gauche.

Qu’avez-vous décidé pour Paris ?

Nos adhérents se détermineront par un vote du 17 au 19 octobre. Nos instances départementales viennent de donner leur préférence à un accord d’union dès le premier tour avec les listes d’Anne Hidalgo. Et je partage cette proposition.

Pourquoi ?

hdune.jpgD’abord, parce que nous ne voulons pas du retour de la droite. Ensuite, parce que les priorités que nous avions fixées sur le logement social ou le développement de l’emploi public ont été retenues. Autant au niveau du gouvernement, nous ne trouvons aucune écoute, autant à Paris nous sommes entendus et respectés depuis deux mandats dans la majorité municipale.

Mélenchon dit que c’est une femme du vieux PS, de la gauche des muselières…

Le choix que nous faisons à Paris n’efface pas toutes les différences qu’il y a dans la gauche, mais d’une manière générale, je pense que nous devrions arrêter les jugements ad hominem qui ne font pas avancer le débat politique.

Et à Marseille, que ferez-vous ?

Nous ne sommes pas dans la même situation qu’à Paris, la ville est à droite. Nous avons donc proposé, après avoir rassemblé des forces citoyennes et associatives, de présenter une liste Front de gauche au premier tour.

«J'aimerais que le Front de gauche se concentre sur ses vraies priorités»

Pour vous rallier au PS au second tour ?

Comme partout ailleurs, nous nous déterminerons en fonction d’engagements concrets et précis. Mais la règle générale pour les seconds tours des municipales devra être le rassemblement de la gauche pour battre la droite et l’extrême droite. Il n’y aura pas à tergiverser.

Et si le Parti de gauche de Mélenchon ne respecte pas vos alliances…

Il se peut que dans quelques villes de France, on retrouve des militants du Front de gauche sur des listes différentes. Mais nous irons à la bataille ensemble dans un très grand nombre de communes.

Jean-Luc Mélenchon pointait deux autres villes : Evry, la ville de Manuel Valls, et Nantes, celle de Jean-Marc Ayrault…

Il y a parfois des hiérarchies qui m’échappent… A côté d’Evry, il y a Corbeil, détenue par la droite, que nous pouvons conquérir. J’aimerais que le Front de gauche se concentre sur ses vraies priorités.

Plutôt que de chercher à tailler des croupières aux socialistes ?

Dans l’ordre de mes priorités, Corbeil vient avant Evry, oui.

L’appel que vous lancez aujourd’hui va ouvrir une crise au Front de gauche. Vous parlez avec Jean-Luc Mélenchon ?

Oui régulièrement, mais parler ne fait pas disparaître toutes les divergences. En revanche, je me battrai de toutes mes forces contre l’idée qu’une différence d’appréciation sur les municipales ouvre une crise au Front de gauche. Nous avons besoin du Front de gauche pour aujourd’hui et pour l’avenir. Alors arrêtons de polémiquer, arrêtons de dramatiser, arrêtons de caricaturer les positions des uns et des autres. Et consacrons-nous à porter le plus loin possible nos positions pour les municipales et les européennes dans lesquelles le FG peut faire un excellent résultat.

Entretien réalisé par le Parisien

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