09/11/2009
Ils ont 20 ans, n’ont pas connu le bloc de l’Est, et assument leur engagement communiste
Un article sur des étudiants communistes paru dans Libération du 9/11/09
Né en 1989, un « comble » pour un jeune communiste. Militants à la JC (Jeunesse communiste), Mathilde, Léa, Lison, Nicolas et Lucas ont 20 ans et sont « fiers d’être cocos ». Avec foi en la lutte des classes, ils ne jurent que par les principes marxistes-léninistes : des « valeurs d’avenir », jurent-ils, revigorés par la crise économique. Look classique de jeunes étudiants - sweat-shirts un peu trop grands, jeans, Converses bien usées -, ils en ont marre de devoir se justifier sur le passé de leurs aînés. « C’est comme si on assimilait en permanence les catholiques à l’Inquisition », se défend Lucas, étudiant en sciences politiques et droit à Lyon.
Lison poursuit : « Quand quelqu’un dit qu’il est capitaliste, on ne lui demande pas s’il est responsable de la traite des Noirs et du colonialisme ! » Piqués, ils ironisent aussi sur l’image que peut renvoyer chez certains le fait d’« être communiste ». « On me sort souvent : « T’es communiste, mais pourtant t’es sympa... » » balance l’étudiante en fac d’histoire à Aix-en-Provence. « Y a pas de honte à avoir », ajoute Léa, qui milite aussi sur les campus aixois. Ils sont devenus communistes, disent-ils, par « ras-le-bol » : de l’« exploitation », des « injustices ». Ils sont aussi nés dans des familles de gauche, voire « révolutionnaires », avec ici un grand-père mineur d’origine polonaise, là des parents engagés localement au PCF.
« Relève ». Avec une mère aujourd’hui première magistrate communiste d’une petite commune du Val-de-Marne, Mathilde était prédestinée : née le 9 novembre 1989, dix heures avant la chute du Mur. « La honte ! » plaisantent ses camarades de la JC. « Mais non, c’est la relève ! » répond la jeune fille.
En deuxième année d’ethnologie à Nanterre, elle a sa carte au PCF depuis l’âge de 14 ans. Elle est l’une des responsables nationales de l’Union des étudiants communistes (UEC). Sur la chute du Mur, elle est claire : « C’est bien qu’il soit tombé. » Mais, emmitouflée dans son keffieh, elle contre-attaque : « Depuis 89, d’autres murs se sont élevés. Et ce ne sont pas les communistes qui les ont construits, ceux-là ! »
Comme ses camarades, Nicolas plaide pour une remise en cause : une analyse de l’échec des régimes soviétiques, des « dérives bureaucratiques non orientées vers le peuple », qui ont « perverti » les principes communistes. Mais, très vite, tous tiennent à défendre les « avancées » des régimes communistes : système scolaire, droits des femmes, hôpitaux, etc. Ils citent Cuba en exemple, pointent la « propagande », que ce soit celle des cours d’histoire ou celle des médias. En termes de propagande, eux aussi ont bien digéré celle de leur parti. Révolution.
S’ils sont communistes - et pas « anticapitalistes » chez Besancenot -, c’est parce qu’ils veulent du concret et des élus sur lesquels s’appuyer. « Il faut entrer dans le système pour le modifier », plaide Mathilde. Et la révolution, toujours d’actualité ?« On ne peut pas faire autrement », estime Léa. Mathilde, elle, « ne croit pas au grand soir ». Ce serait plutôt « par les urnes ». Mais, après une seconde de réflexion, une sorte de romantisme à la Louise Michel revient dans un grand éclat de rire : « Mais si ça doit passer par les armes, on les prend ! » Génération CPE, qui a vu passer Sarkozy en 2007 sans pouvoir voter contre, ils arpentent les cours de facs, les entrées de lycées et font du porte-à-porte pour aider à la « réflexion » des gens qu’ils rencontrent. Avec « l’espoir » qu’un jour, « ça fonctionne »."
Lilian Alemagna
17:34 Publié dans Jeunesse communiste | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, jeunes, mur de belin | | Imprimer | del.icio.us | | Digg | Facebook | |