Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/10/2011

CHRONIQUE EUROPEENNE PAR MARIE CHRISTINE VERGIAT DEPUTEE FRONT DE GAUCHE AU PARLEMENT EUROPEEN

mcvergiat.jpgEcrire une chronique de rentée n'est pas l'exercice le plus facile qui soit. Je vais donc me garder de m'y atteler pour rendre compte d'une mesure européenne qui me parait symbolique parmi d'autres du climat politique qui règne actuellement. Un mot quand même sur le sujet du mois : la fameuse « règle d'or » qui vise à constitutionaliser la rigueur budgétaire: Rien que ce mot montre avec quel cynisme les gouvernants européens, et notamment les français, trouvent des noms pour faire avaler aux peuples européens leurs mesures d'austérité.

Nicolas Sarkozy en a annoncé de nouvelles fin août allant jusqu'à taxer les sodas !!! José Luiz Zapatero fait la même chose en Espagne au moment même où il déclenche des élections anticipées et la Grande Bretagne a du faire face cet été à des émeutes sociales d'une rare violence qui ont fait plusieurs morts. Partout on démolit les retraites, on diminue le salaire des fonctionnaires et on casse les services publics. L'Europe s'enfonce dans la crise et ses dirigeants continuent à tergiverser y compris pour verser les aides âprement négociées au bénéfice de la Grèce. Une seule chose semble sûre : ils ne sont toujours pas prêts taxer les transactions financières refusant de tirer la moindre leçon de ce qui se passe depuis la fin 2008.

coluche1.jpgEt coup sur coup, on nous annonce de nouveaux profits records pour le CAC 40 et une augmentation sans précédent de la pauvreté notamment en France : 5 % de plus qu'en 2008. 8,2 millions de personnes vivent dans notre pays avec moins de 773 euros mensuels.

Et c'est ce moment que choisit l'Union européenne pour quasiment détruire son programme d'aide alimentaire.

De quoi s'agit-il ? Du programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD), instauré en 1987, qui permettait de donner aux grandes associations de solidarité dont le Secours populaire et les Restos du cœur, les surplus agricoles européens. 18 millions de bénéficiaires en Europe dont 4 millions en France.

Ce programme avait été intégré dans la politique agricole commune (PAC) et l'Allemagne, adversaire de toujours de ladite PAC, a fait un recours devant la Cour de justice qui lui a donné raison au printemps sur le plan juridique. De fait, les surplus sont désormais quasiment inexistants du fait des politiques de quotats et les denrées alimentaires distribuées aux associations sont désormais achetées sur le marché. Le PEAD est donc peu à peu devenu un programme social classique qui devrait donc relever des politiques du même nom.

La Commission n' a pas fait appel de cette décision et, en bonne gardienne des Traités a immédiatement proposé une diminution des 3/ 4 des crédits Si le dispositif est illégal, on se demande d'ailleurs pourquoi ce n'est pas la totalité des crédits qui est concernée. On a connu la Commission plus prompte à trouver des solutions juridiques aux problèmes notamment pour venir au secours des banques.

Cette décision est insupportable et, à l'initiative de la GUE/NGL, le Parlement européen s'est prononcé lors de sa session de juillet dernier contre toute diminution de cette aide. Pour le moment, aucune solution n'a encore été trouvée. Ou alors peut-être dans le cadre de la prochaine programmation budgétaire en 2013. De qui se moque-t-on ? Comment peut-on avoir une telle absence d'humanité ?

Comment peut-on laisser spéculer tout un tas des gens qui ne savent pas quoi faire de leur argent alors que l'on refuse d'en aider d'autres simplement à se nourrir.

La GUE/NGL continuera à se mobiliser pour que, cet hiver, les associations retrouvent les moyens que l'on avait pris l'habitude de leur concéder pour réparer les dégâts sociaux des politiques publiques. Un autre monde est possible si on a le courage politique de faire des propositions alternatives. Il nous faut en convaincre un nombre maximum de personnes avant les prochaines échéances électorales.

Marie-Christine Vergiat

02/01/2011

CHRONIQUE D'UNE EURODEPUTEE DU FRONT DE GAUCHE : MARIE CHRISTINE VERGIAT

vergiat.jpgComme le temps passe vite et comme la vie au Parlement européen semble quelques fois déconnectée de la vie réelle. Pourtant je continue de penser que les batailles valent le coup d’y être menées, c’est ce que je vous ai dit dans ma dernière chronique sur les Roms et c’est encore ce que nous avons vu lors de la dernière assemblée plénière à Strasbourg avec le vote du projet de directive sur le congé de maternité.

Cette directive, bloquée depuis des mois, est sortie par le haut du Parlement européen puisqu’elle prévoit un congé de 20 semaines (contre 16 actuellement en France), pris en charge à 100 % et pouvant être partagé par le père. Même mes collègues les plus engagées au sein de la commission « femmes » du Parlement européen et notamment mon amie Eva Brit-Svensson, eurodéputée suédoise, membre de la GUE/NGL et présidente de cette commission n’en espérait pas autant.

Mais ces derniers temps, nous avons aussi traversé des moments pénibles. Je voudrais vous en citer deux. Le premier que je voudrais évoquer fut l’attribution du Prix Sakharov à un dissident cubain pour la 3ème fois. Quitte à en choquer certains, j’ai toujours dénoncé les atteintes aux droits de l’Homme à Cuba mais qu’en 22 ans de prix Sakharov, le Parlement européen prime trois fois des dissidents cubains est pour le moins excessif au regard des dizaines de pays où les droits de l’Homme sont bafoués à travers le monde dans l’indifférence générale.

 Cela tourne à l’obsession et cela décrédibilise le prix Sakharov. Je l’ai dénoncé publiquement dans l’enceinte du Parlement européen ce qui m’a valu une bronca assez inhabituelle dans cet hémicycle mais aussi nombre d’applaudissements et de félicitations bien au-delà des rangs de mon groupe. J’ai dit tout haut ce que nombre d’eurodéputés disaient dans les couloirs. A tout le moins, nous devrons réfléchir à d’autres modalités d’attribution de ce prix qui vaut mieux que des négociations de dernière minute entre présidents de groupe.

Mais le vote du rapport sur la crise signée par Pervenche Bérès, eurodéputée socialiste française m’a laissé plus amère. Ce rapport est une caricature de tout ce que nous dénonçons à la GUE/NGL sur l’absence d’alternative politique crédible au sein des instances européennes. Plus de 500 parlementaires ont approuvé ce rapport (socialistes et verts compris). Et pourtant il soutient la nécessité des politiques d’austérité, le fameux pacte de stabilité, la poursuite de la construction du Marché intérieur et de ses libéralisations, le contrôle des budgets nationaux par la Commission européenne, etc...

Il va même jusqu’à remettre en cause les retraites par répartition en insistant sur des systèmes de retraite à trois piliers (public, professionnel et privé). Loin d’être totalement négative dans son approche, la GUE/NGL a tenu a voté les rares amendements qui allaient dans le bon sens et notamment celui sur la taxation des transactions financières bien que celle-ci soit bien timide par rapport à ce qui devrait être voté pour tirer les leçons de la crise.

Globalement, ce rapport est donc mauvais et poursuit toujours la même logique. Nous l’avons dit et cela semble avoir irrité certains députés verts et socialistes. C’est bien dommage mais qu’ils assument donc la réalité de leur vote.

La lecture du rapport parle d’elle-même et je vous y renvoie donc si vous en avez le courage car il est particulièrement long. Vous y verrez notamment l’absence quasi-totale des questions sociales qui, à elle seule vaut tous les argumentaires. A la GUE/NGL, nous ne nous renions pas lors de nos votes et nous en sommes fiers.

Marie-Christine Vergiat