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24/08/2013

Interview Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, défend une critique du gouvernement moins frontale que celle de Jean-Luc Mélenchon.

plaurentestivales.jpgPar LILIAN ALEMAGNA
Libération
Cet été, votre parti n’a pas lâché l’exécutif. Sur quoi l’attendez-vous ?

Puisqu’il a décidé de préparer la France de 2025, le gouvernement doit rompre avec deux grandes impasses : sa politique d’austérité qui étouffe l’activité ; le dogme de la compétitivité qui ne sert qu’à renforcer les revenus financiers des actionnaires. Si le gouvernement ne s’y attaque pas, son antidéclinisme ne sera que de belles paroles.

Votre visite à l’Elysée avant vos congés ne vous a pas rassuré ?

Le chef de l’Etat reste sur les mêmes rails. La France n’est pas un bouchon au fil de l’eau qui devrait s’adapter aux grands flots de la mondialisation. Nous sommes un grand pays capable de désarmer la finance, relancer notre économie et les services publics. Ces ambitions restent absentes.

L’été a été rythmé par Manuel Valls

L’été de Manuel Valls a été calamiteux. Que ce soit sur la sécurité, l’islam, la réforme pénale ou le regroupement familial, ses déclarations sont à l’opposé des valeurs de la gauche. Ses propositions sont aussi d’une grande pauvreté. Sur la loi pénale, Christiane Taubira a raison : il faut remettre en cause le tout-prison. C’est un échec qui nourrit la récidive. Et pour développer des peines alternatives, il faut des moyens. Preuve supplémentaire que la politique d’austérité actuelle est un obstacle à une politique de gauche ambitieuse.

Vous êtes loin du ton de Jean-Luc Mélenchon pour qui Valls a été «contaminé» par Le Pen…

Le Front de gauche a un diagnostic partagé sur l’impasse politique gouvernementale et la nécessité de construire une alternative. Mais nous avons des approches différentes sur la manière d’avancer. Pour moi, les maîtres mots doivent être «mobilisation citoyenne», «rassemblement» et «construction». Face aux échecs et au dégoût de la politique qui menace, nous devons aider au rassemblement sur des solutions de gauche. Pour convaincre, nous ne devons pas confondre la colère et la radicalité nécessaire avec la provocation et l’invective.

La rentrée du PCF se fera aussi sur les retraites ?

La gauche doit avoir un autre choix de société que la droite qui s’est attaquée à notre niveau de protection sociale. Jusqu’à ses 25 ans, l’homme doit pouvoir s’éduquer, se former et avoir accès à la culture. Jusqu’à ses 60 ans, chaque individu doit pouvoir bénéficier d’un emploi de qualité, sans temps partiel contraint. Et enfin, chacun doit avoir droit à une retraite, être en bonne santé, avec un autre rythme de vie, pour être utile à la société.

Avec quel argent ?

Allonger la durée de cotisations abaissera le niveau des pensions. Ce serait une nouvelle injustice. Il nous faut trouver de nouvelles ressources, en développant l’emploi, en remettant en cause certaines exonérations de charges sociales et créer une cotisation sur les revenus financiers des entreprises. Ce serait beaucoup moins injuste qu’une augmentation de la CSG.

Le rebond de la croissance ne vous convainc pas ?

Cela reste un chiffre très faible et éphémère. Les fondamentaux de notre économie montrent que nous restons sur une mauvaise pente…

Dans un tel contexte, pourquoi cherchez-vous à faire alliance avec les socialistes aux municipales ?

L’objectif doit rester de faire élire des majorités de gauche en rassemblant communistes, Front de gauche, écologistes, socialistes et forces citoyennes pour empêcher droite et extrême droite de conquérir des villes. Nous savons que ces majorités seront traversées par des débats, c’est pourquoi cette construction d’alliances au premier ou au second tour doit passer par des projets locaux et de la place pour les élus PCF et Front de gauche.

Vos militants ne vont pas devenir schizophrènes à faire campagne avec le PS en mars puis avec Mélenchon aux européennes en mai ?

Il y a des différences d’appréciation au Front de gauche sur les municipales. Sans dramatiser, nous pensons qu’une stratégie d’union dès le premier tour est possible dans une série de communes pour créer des dynamiques. Pas le PG.

A Paris par exemple ?

A la fin de l’été, nous ferons le point. Puis à la Fête de l’Humanité, nous présenterons dix priorités pour la future mandature à Paris.

Vous demanderiez 15 sièges au PS…

S’il y a accord, il doit prendre en compte la progression du Front de gauche à Paris depuis 2008.

Mais cette différence stratégique avec le PG ne risque-t-elle pas d’affaiblir le Front de gauche ?

Nous sommes une construction politique inscrite dans la durée. Elle est traversée de débats, mais la nécessité d’une alternative aux politiques d’austérité est plus forte. Vous le verrez aux européennes. Nous travaillerons à un non massif à l’austérité et à un oui tout aussi massif à une Europe de solidarité.

Pourquoi refuser à Mélenchon la tête de liste en Ile-de-France ?

Nous n’avons pas encore entamé la discussion sur les listes. Nos députés européens sortants ont vocation à être candidats dans les circonscriptions où ils ont été élus en 2009.

Y a-t-il une chance de voir des communistes au gouvernement avant la fin du quinquennat ?

Une entrée dans un gouvernement supposerait une refonte essentielle des objectifs de la politique gouvernementale.

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