01/02/2011
Le gouvernement se sert de la disparition de Laetitia
Des mises en cause « écœurantes » pour Clarisse Taron, président du syndicat de la magistrature (SM), « lamentables », selon Christophe Régnard de l'Union syndicale des magistrats (USM).
Les syndicats de magistrats et de travailleurs pénitentiaires ont dénoncé ce lundi l’instrumentalisation politique de l’affaire de la disparition de Laetitia par le gouvernement. « Il est inacceptable que le gouvernement se défausse de sa responsabilité sur les services de la Justice et de la Police pour masquer sa propre incurie », déplore l'USM. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice ont en effet épinglé les « défaillances » des acteurs de la chaîne pénale dans le suivi du principal suspect dans la disparition de la jeune femme de dix-huit ans dans les environs de Pornic. Brice Hortefeux et Michel Mercier ont prévenu qu'il y aurait des « sanctions » pour une série de « défaillances »dans la prise en charge de Tony Meilhon, mises au jour par des inspections administratives. Cet homme de 31 ans a été mis en examen pour l'enlèvement et la séquestration de Laetitia Perrais, disparue le 18 janvier. Sorti de prison en février 2010, Tony Meilhon, qui a déjà fait l'objet de 15 condamnations, était sous le coup d'une mise à l'épreuve de deux ans, suivie au service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) de Loire-Atlantique. Or, « le suivi des obligations (...) n'a jamais été mis en œuvre », selon les deux ministres. « Sous le contrôle des magistrats en charge », il a été considéré comme non prioritaire par les services concernés « sans que soit prise en compte (sa) personnalité ».
Recherche de boucs émissaires
Totalement faux répondent les syndicats qui pointent eux le manque de moyens du SPIP de Loire-Atlantique, dû à la politique de Révision générale des politiques publiques voulue par le gouvernement et qui ne permet plus aux services de probation du territoire d’assumer leur fonction.
Ce manque de moyens avait abouti à la mise en attente de quelque 800 mesures de suivi alors que chaque conseiller avait déjà en charge une moyenne de 135 dossiers chacun. Les syndicats dénoncent une logique de recherche de « boucs émissaires » qui pointe aussi du doigt les forces de police, incapables de donner suite aux sept plaintes déposées contre le suspect depuis sa sortie de prison. Selon les deux ministres, « une plainte pour viol déposée en décembre 2010 n'a pas fait l'objet d'un compte-rendu au parquet ».
MM. Hortefeux et Mercier profite de l’affaire pour promouvoir deux nouveaux dispositifs : « Un office opérationnel de suivi des délinquants sexuels et violents » créé, d'ici le 15 février, afin de « décloisonner les actions des représentants de l'autorité judiciaire, des forces de sécurité, de l'administration pénitentiaire et des services de santé », ainsi qu’une cellule de synthèse et de recoupement des informations visant les délinquants « multiréitérants ».
"Autant d'instances stériles, inefficaces et coûteuses", regrette l'USM. Une seule mesure évoque la question des moyens: la mise au service des SPIP de la toute jeune « réserve judiciaire », imaginée par Michèle Alliot-Marie, constituée de magistrats et greffiers retraités.
Publié par le journal l'Humanité
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