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16/08/2013

FETE DE L'HUMA 2013 : Féfé, artiste fédérateur, conjugue conscience et jubilation

 	rapp, féfé, Zebrock, fête de l'Humanité 2013Fête de l'Humanité 2013. Le rappeur de l’ex-Saïan Supa Crew pulvérise, en musique et en actes, les préjugés de l’ordre dominant, en croisant allègrement hip-hop, chanson, reggae et mémoire yoruba.

Féfé s’est forgé sur le fil de la riche expérience du Saïan Supa Crew (ou SSC), fondé en 1998 avec six amis et propulsé sur la scène internationale avec KLR (1999, disque de platine), puis X raisons (2001, disque d’or).

 D’autres, grisés par le succès et les tournées à travers la planète, auraient pris la grosse tête. Si l’artiste Féfé a bel et bien les yeux dans les étoiles, Féfé l’humain a gardé les pieds accrochés à la terre. « Je le dois à mon éducation et à la sensibilité musicale que mon père et ma mère ont développée en moi », explique celui qui est né en 1976, à Clichy-la-Garenne, de parents nigérians et qui a grandi à Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis. Après la dissolution du SSC en 2007, Féfé prend les rênes de sa chevauchée musicale en publiant le CD Jeune à la retraite (2009, certifié à son tour disque d’or). Devenu papa, il a veillé à « apprivoiser les blessures de l’âme, prendre du recul ».

Du deuxième opus à son nom, le luxuriant Charme des premiers jours (2013), c’est le morceau Gaulle qui a d’abord surgi sous sa plume, filant la métaphore d’une compagne ingrate. « Je t’offre des roses / Toi tu comptes les épines / T’as comme un a priori plutôt sévère », psalmodie Féfé, « le fiancé » de la France, stimulé par une guitare hypnotique.

Il poursuit, dans un couplet : « Si je ne t’aimais autant / Je me serais barré. » Et il exhorte à « dépasser nos peurs ». « La banalisation de l’extrême droite, qui s’ancre dans le poison de la peur, s’est amplifiée sous l’ère Sarkozy, nous explique-t-il en interview.

Le fait de défendre sa patrie a été quasi confisqué par le FN. Dans Gaulle, j’exprime ma déception, mais aussi mon amour pour la France, où j’ai vu le jour. Mon attachement aux racines yorubas de ma famille n’altère en rien mon sentiment pour ma terre natale. Ceux qui stigmatisent les populations possédant une double culture n’arrivent pas à comprendre la fertilité de ces apports au patrimoine collectif. »

Féfé se réjouit de se produire à la Fête de l’Humanité le samedi 14 septembre au soir sur la scène Zebrock, un mois avant son Olympia du 14 octobre. Pour lui, ce grand rassemblement « illustre superbement un engagement politique et social s’opérant en osmose avec la culture, l’ouverture à l’autre, la joie d’être ensemble ». La Fête de l’Huma « invalide le slogan Tous pourris, que brandissent des forces démagogiques pour s’accaparer le pouvoir ».

En son dernier CD, Féfé pulvérise allègrement le préjugé selon lequel la pensée dominante traite le hip-hop comme une sous-culture. Auteur, compositeur, rappeur, chanteur et poly-instrumentiste doué, il a produit le disque avec Dan The Automator (des Gorillaz) et en a minutieusement réalisé les samples. Il prouve que le hip-hop est un art à part entière. Grâce à son ardeur fédératrice, rap, chant, beats acérés, reggae, soul, rock, blues et résonances yorubas dansent ensemble, avec jubilation.

Fara C.