Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/01/2014

DUMPING SOCIAL ET CODE DU TRAVAIL !

 dunkerque.jpgLa visite à haute valeur médiatique ajoutée de Manuel Valls et Michel Sapin sur le chantier du terminal méthanier de Dunkerque ne remplacera pas les contrôles d’une inspection du travail défaillante faute de moyens et face à l’explosion du nombre de travailleurs détachés.

Ils sont aujourd’hui en France plus de 220 000, soit 30 % de plus qu’en 2012, dix fois plus qu’en 2004. L’opération de déminage de deux ministres du gouverne¬ment – et deux poids lourds, s’il vous plaît – ne concernait pas seulement Dunkerque, mais le débat qui monte en France et en Europe, à l’approche des élections euro¬péennes, sur ce qui s’avère être purement et simplement un dumping social faisant bon marché du Code du travail.

dumping.pngC’est aussi, bien entendu, le sens du tapage fait autour du projet d’accord inter¬venu entre les ministres du Travail euro¬péens, censé freiner les abus liés au déta¬chement. Quant à y mettre un terme, c’est une autre paire de manches, et il faut toute la conviction feinte de Michel Sapin pour affirmer qu’il s’agit d’« un progrès majeur pour lutter contre les fraudes », de « la démonstration que l’Europe peut avancer des propositions ambitieuses » et que « la combativité et la fermeté portent leurs fruits ». Car, quand bien même certains contrôles çà et là seraient renforcés, quand bien même ils se traduiraient par quelques menus progrès, ils ne régleraient pas la question posée de manière exemplaire, si l’on peut dire, sur le chantier de Dunker¬que et du groupe LNG, dont EDF est l’actionnaire majoritaire.

dumping social,pcf,dunkerque,ministresLe député communiste Jacky Hénin la pointait au Parlement européen, rappelant qu’un nouvel appel d’offres était sur le point d’être attribué à une société italienne 25 % moins chère, la différence se faisant sur le montant des cotisations sociales. « 75 % des salariés qui pourraient travail¬ler sur le chantier, disait-il, devraient être ainsi des travailleurs détachés dans une région où le taux de chômage oscille entre 15 et 18 %. »

Cette concurrence, poursuivait-il, « ne profite qu’aux affairistes et aux esclava¬gistes du XXIe siècle ». Au rang desquels il faut mettre les grands groupes du BTP, les filières de la restauration, les entrepri¬ses publiques et semi-publiques, comme dans le cas de la construction de l’EPR de Flamanville où interviennent une multi¬tude de sous-traitants et où une quaran¬taine d’accidents du travail n’auraient pas été déclarés…

C’est la logique même du détachement qui est en cause. Détachés, dit-on, oui, de leur famille, de leur région, de leur rattache¬ment à une collectivité sous toutes ses formes, du club sportif au syndicat, de leur citoyenneté, de toutes les solidarités qui se constituent lorsqu’on a un travail, un sta¬tut, une vie sociale. Le travailleur déta¬ché, cest lhomme entièrement réduit à sa force de travail. Le travailleur détaché n’est pas un homme en déplacement, c’est un homme loué et déplacé.

La logique du détachement est celle du capital dans cette Europe libérale où le tra¬vail et les travailleurs sont des marchandi¬ses.

Que Manuel Vallset Michel Sapin visitent donc tous les chantiers quils voudront, la question qui nous est posée, cest celle dune autre Europe, fondée sur les coopé¬rations et non sur la concurrence, sur lharmonisation sociale et fiscale, et pas sur le dumping .