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28/04/2021

Entretien avec Jeanne Péchon, Union des étudiant(e)s communistes

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Entretien avec Jeanne Péchon, secrétaire générale de l’Union des étudiant(e)s communistes (UEC).

La situation de crise sanitaire, économique et sociale appelle non seulement une réponse immédiate à la précarité étudiante, mais également une remise en cause fondamentale des dernières réformes du système éducatif. Pour assurer la formation des travailleurs et travailleuses de demain, l’UEC défend une redéfinition profonde des objectifs et une hausse importante des moyens de l’enseignement et de la recherche.

Entretien réalisé par Dorian Mellot* pour Progressistes

Progressistes : Quel est l’état de la situation étudiante en France ? Quelles sont les aspirations de ces jeunes ?

Jeanne Péchon : Nous sommes à un an du début de la crise sanitaire, qui a entraîné avec elle une crise éducative et économique sans précédent pour le pays. Nos conditions d’études se sont fortement dégradées dans la période avec la mise en place du tout à distance, mais la dégradation de nos conditions d’études, de nos diplômes n’est pas nouvelle. Chaque année, le nombre d’étudiants et d’étudiantes augmente, pourtant depuis une quinzaine d’années un certain nombre de réformes libérales ont entraîné une casse de l’enseignement supérieur et de la recherche, précarisant nos formations.

Aujourd’hui, nous avons un manque de moyens criant dans l’enseignement supérieur et la recherche, les établissements sont en concurrence, les étudiants et les étudiantes sont en concurrence, les filières sont en concurrence. Tout cela a entraîné l’incapacité du gouvernement à faire face à la crise sanitaire et éducative, à fournir aux étudiants et aux étudiantes un accès égal à de bonnes conditions d’études, et a creusé davantage les inégalités déjà présentes dans l’enseignement supérieur et la recherche. Certaines formations, telles que les classes préparatoires aux grandes écoles ou les BTS, sont en présentiel alors que d’autres sont abonnées aux cours à distance, c’est le cas pour les universités ou encore les IUT. De plus, selon les établissements, les étudiants et les étudiantes ont pu, ou non, avoir accès à des logiciels performants et du matériel informatique pour suivre leurs cours à distance.

Depuis le début de la crise, nous avons recensé un sixième d’étudiants et d’étudiantes en décrochage universitaire. Un décrochage qui s’explique en partie par la généralisation des cours à distance ainsi que par l’explosion de la précarité étudiante, mais en partie seulement. En effet, la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants et des étudiantes, qui s’est soldée par la mise en place de la machine à sélection sociale qu’est Parcoursup, est venue précipiter la crise éducative en bloquant, sur le « casier scolaire », l’accès à l’enseignement supérieur et à la recherche. Une des conséquences en est qu’aujourd’hui des étudiants et étudiantes en licence se retrouvent dans des filières, des formations du supérieur, qu’ils et elles n’ont pas choisies et qui ne correspondent pas à leurs aspirations. Cela va venir aggraver le phénomène de décrochage universitaire.

La précarité étudiante explose, la crise sans précédent de l’enseignement supérieur et de la recherche engendre une précarité de nos formations et ne permet pas non plus à la recherche scientifique de s’exercer librement. Alors que le pays est à relever et que nous avons besoin de jeunes formés, de jeunes diplômés, les étudiants et les étudiantes ne sont pas formés convenablement ni ne peuvent poursuivre leurs études dignement, ce qui est un frein pour répondre aux défis de demain. Aujourd’hui, la société n’investit pas, ne finance pas la formation d’une partie de sa jeunesse, or c’est ce à quoi elle aspire.

Progressistes : Selon toi, quel est l’impact de la loi de programmation et de la recherche (LPR) sur les conditions d’études et le développement du niveau de qualification et de connaissance des travailleurs et des travailleuses ?

J.P. : Cette loi va avoir pour effet indéniable de faire régresser la société, ce qui est paradoxal dans la mesure où il s’agit d’une loi pour la recherche. Cette loi, sortie du chapeau de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, organise l’hypercompétition entre les chercheurs et les chercheuses et est un coup de massue pour les libertés académiques. Celles et ceux qui auront les meilleurs résultats auront pour récompense plus de moyens pour leur recherche. En effet, il y a un renforcement du privé dans ce financement par appel à projets qui se fait au détriment des financements récurrents des laboratoires de recherche.

La recherche scientifique participe de fait au progrès de la société à travers de l’augmentation des qualifications et des connaissances des travailleurs et des travailleuses du pays. Cependant, l’obligation de résultat, la recherche de financement plutôt que la recherche tout court, ainsi que la précarisation des enseignants et des enseignants-chercheurs entrent en contradiction avec cette nécessaire fonction sociale. L’absence d’ouverture de postes de titulaires et la généralisation des postes contractuels offrent peu de perspectives aux jeunes chercheurs alors que le nombre d’étudiants et d’étudiantes ne cesse d’augmenter.

Le recours massif aux contrats précaires nuit encore davantage à la qualité de nos formations et ne permet pas non plus à la recherche de s’exercer librement. Enfin, la mise en place de recrutements sous contrôle des présidences des universités pourrait venir casser la garantie du niveau de qualification et de formation des jeunes docteurs, et ce pour chaque discipline. En effet, auparavant une instance élue formalisait le recrutement et l’évaluation des professeurs, des maîtres et maîtresses de conférences : il s’agissait d’un contrôle par les pairs du niveau de qualification, ce qui n’existe plus aujourd’hui.

Progressistes : Les travaux préparatoires de la LPR font état du manque d’attractivité des métiers scientifiques. À quoi cela est-il dû ?

J.P. : C’est vrai, ces métiers, que ce soit les métiers relatifs aux sciences humaines et sociales ou les métiers relatifs au sciences naturelles au sens large, attirent peu de jeunes. D’un autre côté, nous avons aujourd’hui des dizaines de milliers d’emplois scientifiques non pourvus alors même que la crise sanitaire nous montre à quel point la science est une nécessité. Cela dit, il ne faut pas analyser ce phénomène comme un divorce entre la science et les jeunes.

En effet, le lycée joue un rôle majeur dans la construction du projet d’études supérieures scientifiques à suivre à l’université ou en IUT. Les réformes successives de notre système éducatif, tant pédagogiquement qu’au niveau de l’orientation des jeunes, débouchent de fait sur de moins en moins d’étudiants et d’étudiantes dans ces filières-là et, de fait, sur un manque de scientifiques formés.

La France est devenue la mauvaise élève en mathématiques alors qu’il y a à peine une vingtaine d’années elle faisait partie des pays les plus performants. Nous observons une dégradation du niveau des élèves en mathématiques. Les réformes de l’éducation hyperspécialisent les élèves, remettent en cause l’existence d’un tronc commun et créent des « casiers scolaires » fondés sur les notes et les résultats obtenus plutôt que de tirer le niveau de l’ensemble des élèves vers le haut.

La dernière réforme du baccalauréat est venue renforcer cette situation en créant des enseignements de spécialités pour les lycéens et les lycéennes, les forçant à s’orienter dès le collège vers des disciplines qui sont désormais devenues le passeport pour l’enseignement supérieur, où ils sont dorénavant sélectionnés avec Parcoursup.

La loi de programmation de la recherche, en venant briser une fois de plus la recherche et en ajoutant de la précarité aux métiers de la recherche, fait tout autre chose que de répondre à ce manque d’attractivité.

*DORIAN MELLOT est doctorant en droit social.

10:27 Publié dans PARTI COMMUNISTE FRANCAIS, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabien roussel, pcf, uec | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

13/04/2021

PCF : APRES LA CONFERENCE, LA PAROLE AUX ADHERENTS

pcf,fabien roussel

PARTI COMMUNISTE FRANCAIS

Le PCF a réuni ce week-end plus de 1000 délégué-es lors de sa Conférence nationale.

Dans un contexte de pandémie, l'organisation de cette conférence, avec des protocoles sanitaires stricts et un système de visioconférence totalement inédit, a permis aux délégué-es de travailler à la façon dont le PCF allait participer aux échéances électorales stratégiques de 2022.

Le PCF se félicite de la réussite technique de cette conférence nationale. Un grand défi démocratique a été relevé, avec les interventions des délégué-es depuis les locaux de leurs fédérations et sections permettant un débat politique serein et de grande qualité.
Non la pandémie ne peut être prise comme prétexte pour étouffer la démocratie et l'intervention politique.
Durant une journée et demi, plus de 100 interventions ont nourri un débat particulièrement riche et fraternel.
Samedi 10 avril, la conférence nationale a largement adopté (à plus de 66 %) le principe d'une candidature présentée par le PCF à l'élection présidentielle, qui aura pour but de notamment s’adresser au monde du travail et à la jeunesse, qui proposera une alternative aux politiques macronistes et en rupture avec la mondialisation capitaliste.
Ce dimanche 11 avril, à plus de 73 %, (95% des votes exprimés), la conférence nationale a décidé de proposer au vote des adhérents, Fabien Roussel, secrétaire national, comme candidat présenté par le PCF à l'élection présidentielle de 2022.
Ce sont au final, les adhérent-es qui valideront ces choix lors d'une consultation du 7 au 9 mai prochains.

12:05 Publié dans ACTUALITES, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, fabien roussel | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

02/04/2021

Voter pour un candidat communiste, en pensant à l’avenir.

PCF, Fabien Roussel

Yvon Quiniou Philosophe

Face au délabrement idéologique de la scène politique. L’indispensable affirmation du communisme

La situation politique est compliquée pour les communistes, alors que des élections importantes approchent, et ce pour une raison de fond, à la fois historique et médiatique. Car ce qui pèse sur la conscience collective est le discrédit de l’idée communiste, dont l’origine se trouve dans ce qui s’est fait en son nom dans l’Union soviétique, qui n’était pas du communisme. Je rappelle que Marx assignait, pour le passage à celui-ci, des conditions matérielles et sociales liées au capitalisme développé, sans quoi on virait à l’utopie et son échec inévitable, ce qui s’est révélé exact. D’où une identification erronée de l’expérience soviétique avec le projet marxien, qui est entretenue scandaleusement par les médias et qui empêche de souhaiter un dépassement du capitalisme.

Il n’empêche que ce qu’il se passe aujourd’hui dans le monde le rend impératif : un capitalisme transnational s’impose aux peuples dans tous les domaines, les appauvrit, creuse les inégalités, crée du chômage, attaque les services publics, nous impose une « civilisation » du fric et de la consommation marchande, pollue la culture et abîme les rapports interhumains en fractionnant la société et en générant une violence inédite, y compris interreligieuse. À quoi s’ajoute une crise écologique planétaire dont tous les scientifiques affirment qu’elle menace à terme notre vie et dont la source ne se trouve pas dans les seuls comportements de consommation, mais dans la logique libérale du profit qui, par un productivisme mercantile, abîme la nature et donc l’homme qui en est une partie.

Face à cela, que devient la gauche non communiste ? Une partie s’est convertie au libéralisme économique, perdant tout ce qui pouvait lui rester d’identité progressiste. Quant aux insoumis, ils surfent sur un populisme peu clair dans divers domaines. C’est pourquoi, face à ce délabrement idéologique de la scène politique, il nous faut revenir à l’inspiration communiste, quitte à l’enrichir, la moderniser ou même la rectifier, mais sans modifier ses principes directeurs.

Je pense en priorité à la propriété collective d’une grande partie de la production, parce que c’est le seul moyen de maîtriser notre économie, de l’orienter vers des fins utiles à tous et de garantir à ses agents des conditions de travail gratifiantes et qui n’aliènent pas leur personnalité : car il ne suffit pas de supprimer l’exploitation, il faut aussi abolir l’aliénation qui les mutile. D’où le rôle que peut jouer la culture pour tirer les êtres humains vers une vie riche en besoins de qualité . Mais aussi l’éducation : il s’agit de transmettre des valeurs centrées sur l’universel, le bien de tous et le vivre-ensemble harmonieux, et, comme l’entendait Gramsci, de constituer un nouveau « sens commun » à teneur éthique.

Dans cette perspective exigeante, quelle stratégie électorale les communistes doivent-ils adopter ? L’union « à gauche » me paraît indispensable dans les élections locales et, s’agissant de la présidentielle, faute malheureusement d’une unité face à la droite, il faudra voter pour un candidat communiste, en pensant à l’avenir.

Tribune publiée par le journal l'Humanité

12:21 Publié dans Idées, PARTI COMMUNISTE FRANCAIS | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pcf, fabien roussel | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!