Les faits, eux, ne trompent pas. Un article récent de Challenges rappelle que 3 607 ponts et murs de soutènement « nécessitent une action immédiate » selon le Cerema. Pour remettre à niveau ce patrimoine stratégique, il faudrait au moins 3,3 milliards d’euros. Décennies de sous-investissement, travaux repoussés, entretien sacrifié : le résultat est là. Nous circulons chaque jour sur des ouvrages d’art fragilisés, dont la dégradation menace directement la sécurité des Français. Et chacun sait que réparer trop tard coûte infiniment plus cher que d’entretenir à temps.
Pendant ce temps, on ouvre grand les vannes du budget militaire pour une course au surarmement tournée vers des interventions extérieures. Mais de quelle défense nationale s’agit-il ? Comment imaginer faire circuler des chars de 50 à 70 tonnes — c’est le poids des modèles modernes — sur des ponts dont certains ne pourraient même pas supporter un convoi exceptionnel ? Si l’objectif était réellement de protéger le pays, la première urgence serait de consolider les infrastructures qui permettent précisément, en cas de crise, de déplacer, soigner, ravitailler et défendre.
L’augmentation programmée des dépenses militaires, de 2 % à 5 % du PIB, n’a donc rien à voir avec un investissement patriotique. Elle répond avant tout à une logique d’affrontements extérieurs et à un modèle économique, le capitalisme impérialiste, où les multinationales de l’armement voient leurs profits s’envoler, quand le territoire, lui, se dégrade. Les actionnaires prospèrent ; les ponts se fissurent.
Il est temps d’inverser les priorités. Rénover nos ponts, nos routes, nos réseaux ; moderniser nos moyens de transport ; relancer l’industrie ; sécuriser nos infrastructures : voilà ce qui ferait réellement avancer la souveraineté nationale. Voilà ce qui créerait des dizaines de milliers d’emplois utiles, soutiendrait l’économie réelle et préparerait l’avenir.
C’est exactement le sens du projet porté par le Parti communiste français : réorienter une partie des dépenses de surarmement vers la reconstruction du pays, mobiliser les recettes là où se concentrent les profits, et engager une planification industrielle capable de garantir, enfin, une sécurité nationale fondée sur la solidité du territoire et non sur la fuite en avant militariste.
Parce que réparer nos ponts, c’est réparer la nation. Et parce que la défense nationale ne se construit pas à coups de milliards engloutis dans des armes destinées à des guerres lointaines, mais en retissant les fondations matérielles et en renforçant les services publics du pays.
La même évidence s’impose lorsqu’on regarde l’état de nos infrastructures de santé. Comment prétendre à la défense nationale avec des hôpitaux publics déjà saturés en temps normal, incapables de faire face à un afflux massif de blessés en cas de crise grave ? Là encore, l’affaiblissement organisé des services publics contredit frontalement les discours martiaux.
Le capitalisme de guerre n’a rien à voir avec la défense du pays : il en est l’exact inverse. Et les appels martiaux du commandement militaire, invitant à préparer nos enfants au sacrifice, deviennent d’autant plus abjects et cyniques que l’État laisse se déliter les infrastructures essentielles à la survie de la population.
Voilà pourquoi la mobilisation des travailleurs, des citoyens, de toutes celles et ceux qui refusent cette orientation périlleuse, est aujourd’hui un impératif national. Faire monter la conscience des enjeux, ouvrir les yeux sur les priorités réelles, reconstruire notre pays plutôt que préparer des guerres étrangères : telle est la seule voie cohérente, responsable et véritablement patriotique.















Imprimer
del.icio.us
Digg