La Russie fête sa victoire de 1945, Hollande et Merkel boycottent: un affront à l'histoire (09/05/2015)

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Adjoint à la Mairie de Paris

De nombreux dirigeants mondiaux ont annoncé qu’ils allaient bouder la cérémonie du soixante-dixième anniversaire de l’armistice de 1945 sous prétexte qu’elle était présidée par Vladimir Poutine. C’est une honte et une injure.

N'oublions pas les victimes soviétiques.

Cette parade en hommage aux millions de victimes soviétiques et en l’honneur des 2,5 millions de vétérans de la "Grande guerre patriotique" me tient à cœur. Mon grand-père Marcus Klingberg, communiste comme moi, s’est porté volontaire comme médecin militaire commandant de 3e rang dans l’Armée rouge le 22 juin 1941, jour où a débuté l’offensive du IIIe Reich contre l’URSS.

Dans les combats qui ont permis la défaite de l’Allemagne nazie, on souligne à juste titre le sacrifice des soldats nord-américains. Mais on oublie de plus en plus celui, décisif, des soviétiques et de l’Armée rouge. 27 millions de morts, c’est le tribut civil et militaire – de loin le plus important – payé par les citoyens des différentes républiques de l’URSS lors de la seconde guerre mondiale.

Cela représente presque les deux tiers de la population de la France de l’époque ! Des hommes et des femmes victimes de la barbarie.

Cameron, Merkel et Hollande font un affront à l'histoire

 Je n’ai aucune sympathie pour Vladimir Poutine.

Mais il n’en est pas moins scandaleux de boycotter les cérémonies du 70e anniversaire de l’armistice. Que David Cameron, Angela Merkel et leur allié obéissant, François Hollande, fassent passer leurs préoccupations géopolitiques conjoncturelles avant le respect dû aux morts laisse pantois. Sous prétexte de faire un pied-de-nez à Poutine, ils font un affront à l’histoire.

Cette désinvolture vis-à-vis de l’histoire est d’autant plus choquante que le rôle des soviétiques dans la libération de l’Europe est aujourd’hui fortement minimisé. Ainsi, lorsque l’Ifop a demandé par sondage en mai 1945 quelle nation avait le plus contribué à la défaite de l’Allemagne, l’URSS arrivait en tête avec 57% et les États-Unis ne récoltaient que 20%.

Des décennies de propagande fumeuseSoixante ans plus tard, en juin 2004, le même institut réalise le même sondage, mais les réponses se sont inversées : les États-Unis sont cités par 58% des répondants et l’URSS par 20%. Entre les deux, des décennies de propagande, de relectures partiales des événements et de déformations à visée idéologique.

Mon grand-père m’a confié sa fierté et son émotion d’avoir vu, le 9 mai 2005, le soixantième anniversaire de la victoire des Alliés sur les nazis, où étaient présents, sur la place Rouge, des centaines d’anciens combattants soviétiques :

"Ce sont les vrais héros du XXe siècle !"

S’ils persistent dans leur inacceptable projet de boycott, ce sont à ces héros que les dirigeants européens tourneront le dos.

Publié dans le Nouvel Obs

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