les banques spéculent sur les difficultés des gens (16/02/2010)
On nous dit, à propos des difficultés de l’euro, de la Grèce, de l’Espagne, des problèmes de financement des dettes publiques que les “ marchés défient les États”.
Mais qui donc se cache derrière cet intitulé ? Les marchés financiers sont des marchés sur lesquels se vendent et s’achètent des titres financiers. Ces actifs peuvent être de court ou de plus long terme. Les quatre principales catégories de titres sont représentées par les titres du marché monétaire, les actions, les obligations et les produits dérivés. Ces derniers sont les moins connus alors même qu’ils sont devenus les plus importants. Ils se sont développés particulièrement pour se prémunir des risques : risques sur les parités entre monnaies, risque d’évolution des taux d’intérêt, risques sur les crédits effectués ou contractés, etc.
En principe, les obligations d’État, qui sont des titres de dette publique, sont particulièrement recherchées, car elles offrent une certaine garantie. Il est plus rare qu’un État fasse faillite. Qui en sont les acteurs ? Il y a les banques, y compris les banques centrales, les assurances, les institutions financières comme la Caisse des dépôts, les fonds de pension et d’investissement, les entreprises et les particuliers.
En quoi ces intervenants défient-ils les États ? Pour éviter l’écroulement du système financier mondial, la puissance publique a volé à son secours, pris en charge la dette privée au prix d’une très forte hausse de la dette publique, baissé les taux d’intérêt, inondé de liquidités les banques commerciales, et celles-ci, aujourd’hui, spéculent sur les dettes publiques avec l’argent bon marché qui leur a été prêté. C’est particulièrement vrai en Europe. Les détenteurs de capitaux mettent le couteau sous la gorge aux pays les plus en difficultés: « Si vous voulez que l’on vous prête de l’argent, il vous faut augmenter vos taux d’intérêt », leur disent-ils en quelque sorte. Ils spéculent sur le malheur des peuples, ils poussent à l’austérité en alourdissant la charge de la dette. Ces maîtres chanteurs n’appartiennent pourtant pas au clan des Siciliens, ce sont des établissements bancaires très respectables qui ont pignon sur rue. La dette extérieure grecque est détenue à 85 % par des investisseurs européens, particulièrement allemands et français. Celle du Portugal l’est à 82 %. La proportion est de 76 % pour l’Espagne et de 56 % pour l’Irlande. Cela montre qu’il s’agit en grande partie d’une affaire domestique et que l’Europe a les moyens de régler les problèmes de l’Europe autrement que sur le dos des peuples européens
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