LES ONZE RAISONS DE VOTER FRONT DE GAUCHE ET JEAN LUC MELENCHON (19/04/2012)

Par Thomas Maurice / Doctorant en philosophie

fgpouvoir.jpgEn cette fin de campagne, le Parti socialiste fait bien plus une campagne contre le Front de gauche que pour les idées qu'il défend (et on comprend pourquoi, puisqu'il n'y en a aucune qui puisse changer concrètement la vie des gens, mises à part les promesses répétées de "régler le problème des déficits publics", c'est-à-dire de capituler devant les marchés, en faisant s'abattre des plans d'austérité injustes et cruels sur la population).

Voici dix arguments pour ne pas se laisser avoir par cette propagande assez grossière, qui rappelle sur bien des points la peur panique qui a saisi la pensée dominante, quelques semaines avant le référendum de 2005.

1. Le "vote utile" est inutile

Le vote utile, on a déjà donné en 2007 et on a vu à quel point c'était utile ! Ça n'a servi qu'à décrédibiliser le vote de gauche et à le vider de sa substance, en obligeant les gens à se ranger derrière une personne qui appelait de ses vœux une alliance avec le centre.

Qui plus est, il n'y a plus aucun risque de voir le FN au second tour, cette fois-ci.

"En suivant la logique de ceux-là mêmes qui accordent du crédit aux sondages et qui s'inquiètent des performances du Front national, et en raisonnant à partir des pires hypothèses concernant la nature des transferts de voix au Front de gauche, on arrive donc à cette conclusion : quand on vote pour Jean-Luc Mélenchon, on n'empêche pas François Hollande d'être au second tour, sauf dans le cas où c'est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui s'y trouve."

Le vote utile, c'est donc le vote pour de vraies idées de gauche. C'est le vote Front de gauche.

2. Le "vote efficace" est le vote pour des idées

fgvote2.jpgCe qui nous a fait perdre en 2007, c'est justement le fait que Royal ne défendait clairement aucune position de gauche, toute obnubilée par son objectif d'alliance au centre. C'est aussi Lionel Jospin qui déclarait en 2002, quelques semaines avant le premier tour : "Le projet que je propose au pays n’est pas un projet socialiste." C'est enfin François Hollande qui va expliquer à la City qu'il n'est pas "dangerous".

Le vote "efficace" est donc le vote pour des idées de gauche, vraiment de gauche, les seules qui peuvent emporter la conviction des classes populaires. D'autant plus que tout ce qui est à peu près de gauche dans le programme de Hollande (et c'est bien peu) est de toute façon inapplicable par lui-même, puisqu'il a dit et répété qu'il ne sortirait pas du traité de Lisbonne. Or, ce traité interdit purement et simplement les quelques réformettes de "gôche" qui se trouvent çà et là dans son programme.

La seule loi préconisée par le traité de Lisbonne est la "concurrence libre et non-faussée" et non pas l'intérêt général et la souveraineté populaire. Il n'y a que le Front de gauche qui assume de vouloir sortir du traité de Lisbonne, sans sortir de l'Europe, pour pouvoir appliquer son programme de conquêtes sociales.

3. Le "vote dynamique" est un mythe

Par ailleurs, il n'est pas non plus question d'un vote "dynamique", puisque telle a été, un temps, la lubie des argumentaires solfériniens. Le fait d'arriver en tête au premier tour n'a jamais impliqué quoi que ce soit comme certitude d'être élu au second ! Jospin était de loin en tête au premier tour en 1995 et Mitterrand était loin derrière Giscard en 1981. Cette nouvelle marotte d'un soi-disant "vote dynamique" est au contraire une manière de nier que le premier tour est un moment pour voter pour ses idées et ceux qui les représentent le mieux.

Ce qui compte avant tout, c'est de pouvoir rassembler au second tour. Et pour cela, il faut pouvoir bénéficier de réserves de voix. Et non pas dilapider ses forces dans un attroupement sur une candidature fantoche et vide dès le premier tour, censée réunir tout le monde autour du plus petit dénominateur commun, mais qui ne fera que repousser ceux qui étaient déjà dégoûtés par les combines politiciennes indignes. C'est cette stratégie suicidaire qui a conduit au délitement total de la gauche italienne, en la menant vers des alliances insensées avec le centre.

4. Le "vote gagnant" est le vote Front de gauche

fgaff4.jpgLa toute nouvelle trouvaille du PS, son élément de langage inédit, c'est d'appeler au "vote gagnant". C'est tout de même un comble pour une formation politique qui n'a pas été fichue de gagner une seule élection nationale depuis Mitterrand, incapable de convaincre les électeurs sur un vrai programme de gauche !

Par contre, ceux qui ont remporté une élection majeure, il n'y a pas si longtemps que ça, ce sont les tenants de la gauche du non au référendum de 2005. Or, le Front de gauche, c'est justement le projet politique qui vient donner un programme à ce non. C'est l'horizon républicain et de conquêtes sociales qui donnera corps à la souveraineté du peuple, afin qu'il soit en mesure de s'opposer à la dictature des marchés financiers en Europe.

Voter Front de gauche, c'est faire gagner le non et triompher la gauche. C'est constituer un front du peuple.

5. Les meilleurs rassembleurs de la gauche

De plus, il y a une vieille tradition républicaine qui fait que, quel que soit le candidat de gauche le mieux placé au second tour, toute la gauche vote pour lui, afin de faire barrage à la droite. Même le NPA a dit qu'il appellerait à battre Sarkozy, c'est dire ! Donc, il n'y a aucun danger que des voix de gauche manquent à l'appel. En principe…

En principe, car justement, c'est le Front de gauche qui se place comme le meilleur rassembleur des voix de gauche. En effet, Hollande ne cesse de répéter sur tous les tons et à longueur d'émission que son programme est non négociable et qu'il ne sera pas question d'en modifier une virgule, quand bien même le Front de gauche ferait un très haut score. Alors que Mélenchon, lui, a dit et redit que, si c'était le Front de gauche qui arrivait en tête, il négocierait avec le PS, les verts et l'extrême-gauche.

Qui, dès lors, est en position de rassembler toute la gauche, afin qu'aucune voix ne fasse défaut pour battre Sarkozy ? Celui qui dit "je ne discuterai pas, mon programme est à prendre ou à laisser" (dixit Cahuzac) ou ceux qui déclarent que leur mission est de parler à toute la gauche et de respecter toutes les formations qui la composent pour battre la droite et accéder au pouvoir pour le rendre au peuple ?

6. Le rempart contre le Front national

Par ailleurs, s'il n'y a plus de danger Le Pen au second tour et si nous pouvons à nouveau voter pour des idées, ce n'est certainement pas grâce aux socialistes, qui passent plus de temps à mépriser les autres partis de gauche (que ce soit à travers des insultes pures et simples ou grâce à des compromis pourris et humiliants, qui n'engagent que ceux qui les croient) qu'à attaquer l'extrême-droite.

Ceux qui se sont chargé de stopper la progression du FN et de le faire reculer partout, dans les têtes et dans les usines, c'est les militants du Front de gauche. C'est notre stratégie front contre front qui a fait s'évaporer l'épouvantail Le Pen, qui permettait au système de s'auto-entretenir dans un bipartisme pépère, en jouant sur la peur du 21 avril.

Le vote Front de gauche, c'est dès lors le vote qui permet de mettre le Front national loin derrière la gauche.

7. Le PS a trahi le peuple

Puisqu'on en est à ce que le PS ne fait pas, voilà, par contre, ce qu'il a fait : trahir le peuple, par trois fois déjà ! Le oui au TCE en 2005 ; le vote scélérat du traité de Lisbonne en 2007, à Versailles (bonjour le symbole !), dans le dos du peuple qui avait voté non ; enfin, l'abstention coupable au Parlement, qui a permis de faire passer le Mécanisme européen de stabilité qui n'est ni plus, ni moins qu'un putsch financier en Europe ( voici ce qu'en a dit Mélenchon dans "Libération" ).

Ce sont cette attitude et ces trahisons à répétition qui font perdre la gauche en lui retirant tout crédit auprès de la population. Le vote Front de gauche, lui, ouvre la voie à une véritable souveraineté du peuple par la vertu d'une VIe République, conquise contre les marchés qui veulent en finir avec la démocratie en Europe.

8. Préparer une vague rouge à l'Assemblée dès le premier tour

pl09.jpgPar ailleurs, si le but est aussi de préparer les législatives, eh bien, justement, un haut score du Front de gauche déclenchera une dynamique et permettra de poser les conditions de possibilité d'une "vague rouge" à l'Assemblée. Ce n'est qu'avec un Mélenchon fort que nous pourrons avoir le tremplin nécessaire pour conquérir le Parlement et former une majorité.

Et c'est ce qui va permettre d'effectuer le tournant nécessaire pour se sortir de l'impasse dans laquelle ce système nous entraîne inéluctablement, en faisant avancer nos idées, la République sociale et la planification écologique par exemple, et ce même si nous ne sommes pas élus au second tour de l'élection présidentielle. En République, le peuple en arme, c'est la loi républicaine. L'Assemblée est donc le barillet de cette souveraineté populaire.

9. Imaginons le débat de second tour

De manière certes un peu facétieuse, mais diablement efficace, imaginons donc un instant à quoi pourrait bien ressembler le débat de second tour. Imaginons d'une part un Hollande-Sarkozy : ils sont d'accord sur quasiment tout du point de vue économique, approuvent l'austérité à appliquer aux peuples, promettent de rembourser la dette, quels que soient les taux d'intérêt et son détail, etc. Souhaitons-nous vraiment un débat qui porte sur le hallal ou sur le permis de conduire ? Ça va être passionnant.

Maintenant, imaginons d'autre part un débat Mélenchon-Sarkozy. À votre avis, qui a le plus de chance de plier Sarko en dix mille ? "Flamby" ou l'homme qui a fait baisser les yeux à l'extrême-droite devant des millions de téléspectateurs ? La réponse est dans la question, n'est-ce pas ?

10. Jetons un œil du côté de nos voisins européens

Dès lors, au vu de tous ces arguments, la question n'est plus du tout "Y aura-t-il un candidat de gauche au second tour ?", mais bel et bien "Quel type de gauche voulons-nous au second tour ?". Cela change drastiquement les données du problème.

Car, en effet, que voulons-nous : une gauche de capitulation, qui vire à la collaboration avec les marchés ? Ou une gauche de conquête sociale et d'implication populaire ? Et parler de capitulation et de collaboration, en ce qui concerne la social-démocratie, n'est pas une exagération !

Regardons autour de nous, en Europe. Ce sont chaque fois des sociaux-démocrates qui ont permis aux rapaces de la finance de s'abattre sur les populations, déjà exsangues, et de martyriser leur pays : Papandréou en Grèce (président de l'Internationale socialiste !), Zapatero en Espagne, Socrates au Portugal… Ils n'ont même pas résisté deux minutes face aux marchés et aux banques !

Hollande au second tour, c'est une autoroute pour un gouvernement "Hollandréou", si le Front de gauche ne fait pas un très haut score. Ajoutons, de manière un peu amère, que la vive protestation du PS français, face à la collaboration du PS grec avec l'extrême-droite au sein du même gouvernement, se fait encore attendre.

Et en cadeau Bonux, voici un onzième et dernier argument !

11. Et si c'était Sarkozy le troisième homme ?

Et puis, il faut bien se demander quelque chose : et si Sarkozy était honteusement surestimé dans les sondages ? Et si, en fait, on pouvait, en votant pour le Front de gauche dès le premier tour, foutre une raclée à la droite et à l'extrême-droite et leur barrer la route pour le second tour ? Est-ce que ça ne serait pas savoureux de pouvoir leur infliger cette défaite cuisante et cette humiliation publique, comme nous l'avons eue nous-mêmes en 2002 ?

Cette situation électorale permettrait en plus de régler un problème, de façon définitive, au sein de la gauche. En effet, un deuxième tour Hollande-Mélenchon (et de plus en plus de gens et de journalistes commencent à envisager cette hypothèse) permettrait de trancher la question : quel est le vrai visage de la gauche, le social-libéralisme ou le socialisme républicain ?

En votant pour le Front de gauche, dès le premier tour, nous donnons une chance à un vrai débat d'idées à gauche – ce que le PS esquive depuis le début de la campagne en agitant l'incantation du vote utile et en refusant toute discussion publique avec nous.


Et maintenant tous à Paris par PlaceauPeuple

23:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : front de gauche, vote utile, rouge | |  Imprimer |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!