Coup de colère !
03/05/2012
Une fois le premier moment de déception passé au regard du résultat espéré du Front de gauche, c’est la colère devant le score du FN qui a surtout prévalu dimanche soir et qui ne cesse de croître depuis au regard de l’ignominie de cette campagne de second tour telle que la mène celui qu’il est encore convenu d’appeler le Président sortant.
D’abord, effectivement, nous n’avons pas à être déçus. Le Front de gauche et son candidat ont fait une belle campagne, la plus dynamique ce qui est reconnu par tous les « observateurs ». Près de trois millions de voix supplémentaires par rapport aux élections européennes, moment où le Front de Gauche est, pour la première fois, apparu dans le cadre d’une campagne électorale et plus 9 points par rapport au score de Marie George Buffet à la dernière présidentielle.
C’est un score sur lequel peu d’entre nous aurait parié au début de la campagne, ni même encore au début de cette année 2012 où les fameux sondages ne décollaient pas des 5 à 6 % sans même parler de ce que disaient alors les fameux « observateurs ».
Alors ne gâchons pas notre plaisir… Et appuyons-nous sur ce beau résultat pour construire l’avenir. D’abord, en appelant sans états d’âme à voter contre Nicolas Sarkozy en mettant dans l’urne un bulletin François Hollande dimanche prochain. Nous poursuivrons ensuite cette bataille pour les élections législatives en envoyant le plus grand nombre possible de députés Front de Gauche à l’Assemblée nationale.
Et nous savons aussi qu’il ne faudra pas nous en arrêter là car quels que soient les résultats des élections le Front de gauche devra poursuivre sa construction dans des conditions qui respectent l’ensemble de ses composantes et qui permettent à tous ceux qui se retrouvent dans nos propositions de trouver un espace pour continuer à mener la bataille avec nous.
Mais c’est aussi et surtout un sentiment de colère face au score du Front national qui nous envahit depuis dimanche soir et qui ne cesse de grandir en voyant les réactions que ce résultat suscite. Car oui si nous en sommes là, c’est bien d’abord et avant tout parce que nous avons été bien seuls à le combattre au cours de ces élections.
Pire, depuis dimanche soir, c’est un bien triste spectacle qui s’offre à nous. Inutile de s’attarder sur la façon dont la plupart des médias analyse les résultats oscillant entre banalisation et stigmatisation du Front national mêlant les deux sans chercher véritablement à comprendre pourquoi tant d’hommes et de femmes ont mis un bulletin portant le nom de Marine Le Pen dans l’urne. Sans dénoncer ce qu'il est convenu d’appeler la lepénisation des esprits qui ne frappe d’ailleurs pas que la droite dite nationale.
Mais le plus scandaleux, c’est la façon dont la droite et surtout son candidat sont partis à la pêche aux voix. Le triste spectacle auquel nous assistons a des relents des années 30 et devrait heurter tous ceux et toutes celles qui pensent encore que les valeurs de la République ont un sens.
D’une certaine façon, j’oserai dire que c’est normal de la part de Nicolas Sarkozy dont le seul élément d’analyse est de regarder là où est son plus grand réservoir de voix.
Au premier tour, nombre de ceux et celles qui avaient été attirés par la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et ses promesses démagogiques, ont préféré l’original à la copie. Mais referont-ils le chemin en sens inverse, rien n’est moins sûr. D’autant moins que, sur ces terrains-là, l’échec de Nicolas Sarkozy est patent.
Qu’il s’agisse du pouvoir d’achat, du travail, de la sécurité ou de la lutte contre l’immigration, les politiques qu’il a conduites faites de démagogie et de coup de communication se sont avérées au mieux inutiles, voire désastreuses sur le plan économique et social et la « Crise » n’y est pas pour grand-chose.
Il s’en prend aux syndicats accusés de tous les maux. Il a cherché à faire du 1er mai, le jour du « vrai travail » se ridiculisant en expliquant que seuls les permanents syndicaux défilaient aux côtés des syndicats.
Et le voilà qui dit maintenant, au mépris de tous les sondages d’opinion faits sur ce sujet, que la préoccupation majeure des Français, ce sont les frontières.
Il agite son chiffon rouge préféré, les immigrés qui nous envahissent et qui seraient la cause de tous les maux de la France et des Français.
Nous serions le pire des pays d’Europe en ce domaine. Qu’importe la réalité des chiffres. Qu’importe que les politiques qu’il mène depuis non seulement 5 ans mais depuis 10 ans puisqu’il a été ministre de l’Intérieur durant la plus grande partie des 5 années précédentes n’ont fait que précariser un nombre croissant de ces hommes et ces femmes fuyant des situations insupportables dans leur pays ou cherchant seulement une vie meilleure. Ces politiques désastreuses sur le plan humain n’ont rien changé aux chiffres de l’immigration et pour cause ce n’est pas comme cela qu’il faut aborder cette question.
Depuis 35 ans maintenant, nous assistons à des reculs croissants des valeurs qu’il convient de mettre en avant. Non l’immigration n’est pas un problème et ne l’a jamais été. L’immigration est une richesse et elle l’a toujours été que les immigrés viennent d’Italie, d’Espagne, de Hongrie, d’Asie, d’Amérique du Sud ou d’Afrique. La France est une terre d’immigration depuis un siècle et demie.
Elle a été le premier pays d’Europe à voir son solde migratoire s’inverser et cela n’a jamais nuit à sa prospérité et à ses valeurs. Mais il y a toujours eu dans notre pays des hommes politiques pour alimenter cette haine de l’autre. Il suffit de regarder la presse de la première moitié du 20ème siècle tout comme les discours à l’Assemblée nationale pour se rendre compte que les arguments utilisés n’ont pas beaucoup évolués.
On parlait alors des Ritals, des Polaks, des Portos et autres Espingouins qui venaient voler le travail des Français et il serait temps de rappeler que certains d’entre eux ont payé de leur vie ces haines de l’autre. On disait que leurs femmes étaient toujours vêtues de noir, avec des fichus sur la tête, qu’étaient toujours fourrées à l’église et pourtant, elles étaient chrétiennes et même tout ce qu’il y a de plus catholiques…
Alors oui, au lieu d’alimenter la haine de l’autre, de l’étranger pour masquer les carences des politiques économiques et sociales, il faut oser tenir un discours de vérité sur les chiffres de l’immigration et expliquer à nos compatriotes que le problème n’est pas là mais dans les politiques économiques et sociales qu’il faut radicalement faire évoluer.
Alors je suis fière que le Front de gauche ait osé mener cette bataille et qu’il continuera à le faire car oui plus que jamais les droits de l’homme sont indivisibles et l’on ne peut résoudre la question sociale en fermant les yeux sur la question des droits les plus élémentaires pour tous ceux et toutes celles qui vivent sur notre territoire.
Marie-Christine Vergiat, députée Front de Gauche au Parlement Européen
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