HISTORIQUE : L'ASSEMBLEE NATIONALE FRANCAISE RECONNAIT LA PALESTINE (02/12/2014)
« Monsieur le Ministre, Monsieur le Président, Mes cher-E-s collègues,
C’est avec une grande émotion et beaucoup de solennité que tous ensemble, députés communistes, Front de gauche, et ultramarins, nous apporterons toutes nos voix pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine.
A 24 reprises, notre groupe a réclamé cette reconnaissance dans l’Hémicycle.
Il s’agit pour les députés communistes d’un combat historique que nous sommes heureux de voir avancer enfin.
Comme vous l’avez justement affirmé, Monsieur le ministre, reconnaitre l’Etat de Palestine n’est ni une faveur, ni un instrument.
C’est un droit, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En 1947, l’ONU prévoyait une partition du mandat britannique et la création dès 1948 de deux Etats coexistant pacifiquement.
L’un, Israël, a vu le jour immédiatement. L’autre, la Palestine, n’en peut plus d’attendre sa reconnaissance.
Le moment est venu de mettre fin au calvaire du peuple palestinien.
Le moment est venu de signifier au gouvernement Netanyahou que la France dit NON à la colonisation, rejette le mur de la honte, et refuse l’arbitraire et les humiliations propres à tout système colonial.
Depuis longtemps, les Palestiniens ont fait le choix courageux du compromis. Ils ont consenti des concessions douloureuses contre l’engagement d’obtenir leur Etat.
Je pense à la reconnaissance de l’Etat d’Israël par l’OLP, alors que la réciproque n’existe toujours pas.
Je pense à la reconnaissance des frontières de 1967, par laquelle les Palestiniens ont accepté d’abandonner un quart du territoire qui leur avait été accordé en 1947.
En réponse à ces concessions, ce furent toujours plus de souffrances pour ce peuple : le blocus de Gaza, la poursuite de la colonisation, les restrictions de liberté.
Le processus d’Oslo, pourtant porteur de promesse, a éloigné la paix. Il a souffert d’un vice originel : avoir renvoyé dos à dos les parties, alors qu’il existe une inégalité fondamentale. D’un côté, un pays occupé, la Palestine, de l’autre, une puissance occupante, Israël.
« Entre le fort et le faible, c’est la loi qui affranchit », et en l’occurrence le droit international.
J’ai entendu lors de nos débats plusieurs objections à cette résolution.
Il a été dit qu’il serait trop tôt ! Mais il est peut-être déjà trop tard, car chaque jour la colonisation israélienne morcèle un peu plus le futur Etat et sape sa viabilité.
Il a été dit que l’adoption de cette résolution ne relevait pas de notre compétence. Cette position est intenable. Notre Parlement vote la guerre et la paix, notre Parlement ratifie les traités internationaux sur des enjeux diplomatiques extrêmement sensibles. Il a toute la légitimité, celle de la Nation, celle du peuple français qu’il représente.
Au fond, le vote d’aujourd’hui consiste simplement à confirmer le droit international, à confirmer le plan de partage de 1947 et la décision prise par les vainqueurs du nazisme.
Refuser de voter cette résolution reviendrait donc à renier les résolutions de l’ONU.
Aujourd’hui, chaque parlementaire est responsable de son vote devant l’Histoire.
Il s’agira de dire OUI au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
OUI à une paix et à des négociations fondées sur le droit international.
OUI à une Palestine souveraine et démocratique, meilleure garantie pour la sécurité d’Israël.
Quelle discipline de parti pourrait s’y opposer ?
J’ai une conviction profonde : seule la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, et avec Jérusalem-Est pour capitale, permettra d’asseoir une paix durable.
Si elle n’y conduit pas à elle-seule, elle constituera un levier inestimable.
Elle confortera l’Autorité palestinienne et les hommes de paix.
Elle renforcera la sécurité des israéliens, en isolant les partisans de la terreur et en désarmant les tenants du choc des civilisations qui instrumentalisent la cause palestinienne.
Elle redonnera espoir à toute une jeunesse palestinienne qui rêve de vivre libre.
Par-delà nos sensibilités, rassemblons-nous et offrons ce vote de justice et de paix à nos amis palestiniens et à nos amis israéliens !
Car le moment est venu de remplacer les murs par des ponts, entre deux peuples que tout rapproche : une histoire mêlée, une culture partagée, une même terre, et surtout une même soif de paix.
Monsieur le ministre, ne tardez plus à reconnaître l’Etat de Palestine !
Aujourd’hui le monde nous regarde et attend de la France qu’elle se hisse à la hauteur de son Histoire et de son message universel.
Reconnaissance de l’État palestinien : « C'est la voix du droit qui l'a emporté » (Pierre Laurent)
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