Mélenchon, l’oubli de la catastrophe de Bhopal et son obsession autour du nucléaire civil
27/04/2016
Lu sur le blog de JLM une énième déclaration contre le nucléaire civil et ses salariés, salariés sommés de se recycler dans d’autres métiers pour prévoir la « sortie du nucléaire ».
Alors biensûr JLM nous sort cela à l’occasion des 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl. Mais où était donc JLM en 2014 pour la commémoration des 30 ans de l’accident chimique de Bhopal qui a fait 5 fois plus de victimes que Tchernobyl? C’était pourtant en décembre 2014 (l’accident ayant eu lieu en 1984) : pas un post sur son blog, pas une déclaration, rien sur les centaines de sites classés Seveso en France, rien sur le secteur de la chimie qui ne dispose pas de contrôles aussi sévères que le nucléaire civil. Ce ne serait pas dangereux la chimie ? Faudrait-il aussi demander aux salariés de la chimie de se recycler et organiser au plus vite la sortie de ce secteur vu les catastrophes potentielles qui pèsent en France?
A mon humble avis, ce sont surtout certains politiciens qui devraient se « recycler », et non pas les salariés d ‘EDF, si leur seul projet et la seule imagination dont ils font preuve, c’est fermer des unités de production, des usines qui existent, fonctionnent, produisent de l’électricité à bas carbone, nous permettant au passage d’émettre, par habitant, deux fois moins de CO2 que nos voisins allemands, et qui ont apporté tant de richesse à la France.
Ce n’est pas, encore une fois, aux salariés d’EDF eux de se recycler, mais à ces politiciens, eux qui ne sont pas capables, alors qu’ils citent allègrement le GIEC et la dernière COP21, de lire jusqu’au bout les rapports qui en émanent, rapports qui classent clairement le nucléaire comme un des leviers incontournables pour contrer le réchauffement climatique. Non JLM, être anti-nucléaire, ce n’est pas défendre le climat, c’est même tout le contraire. C’est même aller vers un monde avec 2 milliards d ‘êtres humain sans électricité d’ici 2050.
C’est encore à eux, ces politiciens, de se recycler, si sur un sujet aussi sérieux, dans un texte, après 10 jours de mise en ligne sur un blog, on continue de confondre Flamanville et Penly : non, il n y a pas de chantier nucléaire à Penly, situé à plus de 300 km de Flamanville : vous pouvez aller vérifier, c’est à deux heures de Paris en voiture, un chantier de réacteur cela se remarque un peu…. Quand on s’ exprime sur un sujet aussi sérieux, et qu’on prétend vouloir diriger la 6 ème puissance mondiale, ce serait bien d’avoir un minimum de crédibilité, et d’être un peu précis et ne pas prendre ses infos à coup de recherche google et sur des sites douteux.
C’est à eux de se recycler, lorsqu’ils sont tout juste capable de citer partiellement les syndicats, avec un opportunisme certain, lorsque cela va dans leur sens, mais en omettant le fait que ces mêmes syndicats, notamment la CGT, ne partagent absolument pas la vision de JLM par exemple sur le nucléaire et le mix énergétique (ce qui est pourtant l’objet du texte mis en ligne par JLM). A noter qu’aucun débat contradictoire avec les syndicats sur le sujet n’ a eu lieu avec JLM. C’est mal commencer la 6eme république, si déjà dans une campagne électorale, on ne tient pas compte de l’avis des salariés, alors qu’on se gargarise de « faire de la politique autrement ». Cela fait un peu « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
C’est à eux de se recycler, si ils ne comprennent pas que de grands pays comme la Chine, l’Inde, plusieurs pays d’Asie du Sud-Est dont le Vietnam, la Thailande, l’Afrique du Sud, une bonne partie de l’Amérique latine, dont la Bolivie d’Evo Morales (la Mecque de l’éco-socialisme pourtant), entreprennent de grands programmes pour le nucléaire civil ; non pas parce que ce serait une gabegie et un gouffre financier, comme le prétend JLM, mais parce qu’ils ont des besoins concrets auxquels ils doivent faire face pour leurs populations et assurer l’avenir. JLM aurait raison seul contre tous ces pays ? Non, tous ces pays n ‘ont pas le temps de faire de la démagogie, ils doivent se coltiner le réel et agir en conséquence. Citons aussi la Finlande qui relance le nucléaire, pays pourtant très connu pour le strict contrôle des comptes publics : nuls en calcul et flambeurs aussi les Finlandais ?
Et que dire d’une entreprise publique comme EDF, malgré les difficultés, la privatisation en cours, et les coups portés par le capitalisme court-termiste qui veut en finir avec le service public, mais entreprise qui a rapporté des centaines de milliards d’euros à l’Etat : cela doit être sans doute cela la définition du gouffre financier et de la gabegie du nucléaire selon JLM.
JLM défendait il y a peu Alstom racheté par General Electric, en s’étendant sur la nécessaire indépendance de la France dans le domaine de la maîtrise de la propulsion marine, en citant notamment le porte avion Charles-de-Gaule (Alstom fabriquant ses turbines)…et pourtant, il est à propulsion nucléaire ce navire non ? Alors il y aurait un nucléaire dangereux, le civil, et un nucléaire inoffensif, le militaire, dont on ne parle jamais ? Et n’ est-ce pas une gabegie un porte avion qui sert plus à déstabiliser des régions que de produire de l’électricité à 60 millions d ‘habitants?
JLM insiste sur la dangerosité du nucléaire civil, en stigmatisant le chantier de Flamanville (et pas à Penly, il faudrait penser à corriger sur le blog !), mais pourquoi ne nous parle-t-il pas du chantier de renouvellement de toute la flotte de sous-marins nucléaires à Brest, flotte capable de faire sauter plusieurs fois l’Europe, le programme « Barracuda». Pour un député Européen, ce serait bien de hiérarchiser les priorités non ? Vous avez entendu parler du programme Barracuda ? Ce n’est sans doute pas JLM, ni ses proches collaborateurs, qui vous en parleront.
Ce qui est navrant dans cette démarche, c’est d’user de la démagogie, surfer sur des peurs, juste pour des raisons politiciennes, sur un enjeux majeur qui va engager l’avenir de notre pays et du monde. Et cela tout en nuisant à une des dernière industrie qui reste en France et en stigmatisant leurs salariés.
Vous avez dit « faire de la politique autrement » ?
lire le post original de JLM : Cliquez ICI
Alain Bellal, dirigeant du PCF, ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Cachan et de l'INSA de Lyon, professeur agrégé de génie civil il enseigne dans des lycées et centres de formation en Ile de France.
En 2013, il rédacteur en chef de Progressistes, nouvelle revue que je lance avec l'aide et le soutien de plusieurs personnalités du monde scientifique et du travail.
Il anime régulièrement des débats publics sur les enjeux d'énergie et d'environnement à la demande de collectivités, d'associations, de partis politiques et de syndicats.
Les commentaires sont fermés.