Zahia Ziouani : « La musique m’a aidée à me construire dans la vie »
03/09/2015
Elle sera à la fête de l'Humanité le 12 septembre
Zahia Ziouani, charismatique chef d’orchestre, dirige Divertimento, dont le siège est à Stains, en Seine-Saint-Denis. Une formation symphonique dont elle souhaite faire un outil de transmission.
Àl’origine de Divertimento, il y a Zahia Ziouani, chef d’orchestre charismatique et inspirée, dont le parcours inspire le respect. Tombée dans la musique dès l’âge de huit ans, la jeune femme a trouvé sa vocation et poursuivra coûte que coûte son rêve de diriger des orchestres, et tant pis si on essaie de la décourager : « Dans mon entourage, et dans le milieu de la musique, on m’a dit : Zahia n’y pense même pas ! Je commençais secrètement à y rêver quand même. »
Elle apprend la musique par sa mère, qui, assistant aux cours du frère, s’applique à transmettre un compte rendu le plus fidèle possible. Malgré les obstacles, elle persévère, parce que la musique vibre en elle depuis que son père a rapporté des disques, après s’être rendu à un concert salle Pleyel devant laquelle il passait chaque jour pour aller travailler.
« J’ai été éduquée au travail et à l’exigence »
Puis il y a la rencontre, déterminante, du maestro Sergiu Celibidache qui l’accueille dans sa classe, tout en l’avertissant que les femmes ne tiennent pas plus de quinze jours. Elle restera presque deux ans, l’enseignement s’arrêtant brutalement à la mort du maître. « Entre ma famille et mes maîtres, (…) j’ai été formée au travail et à l’exigence. La musique m’a aidée à me construire dans ma vie pas toujours facile de jeune fille en Seine-Saint-Denis. » Zahia Ziouani continue sur sa lancée, et fonde en 1997, avec des musiciens de tous horizons, l’orchestre symphonique Divertimento, avec lequel elle entend bien tordre le cou aux préjugés : « Cet orchestre est né de rencontres de musiciens à qui j’enseignais dans les conservatoires de Paris et de la Seine-Saint-Denis, aux parcours et aux origines sociales très différents. Je voulais montrer qu’une femme est capable de diriger le grand répertoire de la musique symphonique. »
Talentueuse et engagée, Zahia Ziouani parvient petit à petit à imposer son orchestre dont elle souhaite faire un outil de découverte et de transmission. Avec ses musiciens, elle multiplie les projets visant à donner accès à la musique « élitiste » dans des zones où elle est encore largement méconnue : « Je voulais que l’orchestre symphonique Divertimento puisse jouer dans des lieux où la musique classique n’a pas toujours sa place.
C’est pour ça que le siège de l’orchestre est à Stains, en Seine-Saint-Denis. L’accès à la culture m’a permis de m’enrichir, de m’épanouir et de pouvoir croire à des grandes ambitions, et je voulais transmettre ça aux enfants. » Car la musique doit être porteuse des valeurs qui rassemblent, à travers l’émotion qu’elle suscite et parce qu’elle devrait être capable d’allier héritage et modernité, pour jouer aussi bien les grandes œuvres de la musique classique, que des projets jazz, pop et même hip-hop. « Grâce à nos actions, on peut voir un public à l’image de la société française, riche de sa diversité sociale, de sa diversité culturelle, ou intergénérationnelle. Si j’exerce ce métier, c’est aussi pour pouvoir orchestrer ces beaux moments de partage. »
Pascal Clerget
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