TPE/PME : il fallait y penser, Manuel Valls veut « Tout pour l'emploi » en facilitant les licenciements et la précarisation du marché du travail
09/06/2015
Décidément, pour reprendre la formule de Pierre Gattaz lors de l'annonce du pacte de responsabilité, le patronat vit avec ce quinquennat un rêve éveillé. Non content d'encaisser près de 70 milliards d'ici 2017 avec la baisse du « coût du travail », le Medef obtient une nouvelle victoire avec les annonces du jour pour l'emploi dans les TPE et PME. Après la simplification du compte-pénibilité, voilà le nouvel épisode du « plus belle la vie » patronal qui inscrit à son tableau de chasse une très vielle revendication : le plafonnement des indemnités prud'homales.
Depuis quelques semaines, on a eu droit à la ritournelle sur « les freins et les peurs à l'embauche ». La vérité, c'est que dans notre pays le marché du travail est déjà très fortement flexibilisé et précarisé. Alors que le nombre de CDD n'a jamais été aussi élevé ( au premier trimestre 2015, 87,1 % des déclarations d'embauche sont des CDD parmi lesquels 70 % pour une durée de moins d'un mois), le Gouvernement propose d'ouvrir plus encore le robinet en permettant que les CDD et les contrats d'intérim soient renouvelés deux fois. Comment construire sa vie, se projeter avec un horizon ne dépassant pas quelques semaines ?
Compliqué de se séparer d'un salarié ? Depuis sa création en 2008, plus de 1,8 millions de ruptures conventionnelles ont été enregistrées. Entre 20 000 et 32 000 sont signées chaque mois. Cette rupture est le plus utilisée dans les TPE que dans les autres entreprises et elle touche plus particulièrement les salariés seniors.
L'annonce faite sur le renforcement des contrôles permettant de lutter contre le recours aux travailleurs détachés demande des clarifications. Enfin, dans sa réponse à une question sur le ciblage du CICE vers les PME/TPE, le Premier ministre a une nouvelle fois botté en touche après avoir soutenu une motion lors du dernier Congrès du PS pointant cette question. Une nouvelle fois, F.Rebsamen a sorti sa boule de cristal en estimant à 60 000 le nombre d'emplois attendus par la prime à l'embauche de 4000 euros pour les entreprises sans aucun salarié.
Au final, Manuel Valls sécurise le patronat et précarise les salariés en renforçant des mécanismes déjà à l’œuvre qui n'ont en rien créer de l'emploi mais du chômage. C'est une tout autre direction qu'il faut prendre pour le soutien à l'activité des TPE et PME, avec de la visibilité pour les carnets de commande d'un côté, et , de l'autre, mettre fin à la pression des banques et des donneurs d'ordres. Il s'agit donc de donner du pouvoir d'achat aux familles et d’accompagner les TPE et PME en favorisant un financement de leurs investissements matériels, de la recherche et de l’innovation.
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