QUE LA FETE DE L'HUMA SOIT LA VOTRE !
12/07/2014
Par Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.
Nous levons le voile sur la programmation de la grande scène de la Fête de l’Humanité. Mais face à l’urgence sociale et à la gravité de la crise politique, l’édition 2014 invite « le peuple de gauche », dans sa richesse et sa diversité, à venir y prendre en main « sa gauche », pour la refonder.
L’affiche et la vignette-bon de soutien de la prochaine Fête de l’Humanité disent ce que veut être le grand rassemblement citoyen, populaire, culturel, politique de la rentrée de septembre : un cœur humain battant, surgissant d’un monde en ébullition, trop souvent fracturé par les inégalités et les difficultés, poussé à la dé-civilisation par d’obscures forces rétrogrades, un monde en quête d’humanité.
Elle invite à faire la Fête, à prendre du plaisir, à retrouver ces moments de joie, de liberté, de fraternité, indispensables à l’équilibre de chacune et chacun mais que la dureté de la vie rend de plus en plus rares.
Elle appelle au débat, à la réflexion, à la construction, à l’espoir d’un monde nouveau.
« Il est urgent que les progressistes, les démocrates, les humanistes se réunissent et agissent »
Après deux consultations électorales où, dans les urnes et en dehors, a été ressentie la violente secousse de la contre-offensive ultradroitière menée depuis des années, il est en effet urgent que les progressistes, les démocrates, les humanistes se parlent, se rencontrent, se réunissent et agissent. La préparation de la prochaine Fête de l’Humanité, qui se veut précisément la Fête de toutes celles-là et de tous ceux-là, peut en être l’occasion.
Plus que jamais, face à la montée des périls qu’incarne celui de l’extrémisme de droite, paré des faux atours de la défense des « petits et des humbles », la Fête de l’Humanité des 12, 13 et 14 septembre doit être, dans sa préparation et ses contenus, la propriété de la multitude de celles et de ceux qui veulent résister, démythifier, combattre l’extrême droite et empêcher que la décomposition politique à l’œuvre ne prépare le pire. Ce qui implique qu’elle soit réellement un événement populaire, résultat d’une construction collective qui aura impliqué beaucoup plus de femmes, d’hommes, de jeunes, de sensibilités, d’origines, d’aspirations très diverses que les années précédentes.
Cette ambition nous est tout simplement dictée par le caractère exceptionnel et la gravité d’une situation à nulle autre pareille. En effet, rien ne peut nous conduire à réduire, à sous-estimer ou à banaliser ce qui s’est passé dans ces deux consultations électorales, notamment celle des élections européennes qui a fait que l’extrême droite – car c’est bien ainsi qu’il faut la nommer – ait été placée en tête par celles et ceux qui ont voté, tandis que, pour une grande part, l’abstention était une forme de protestation et de rejet ferme de la politique, voire de la chose publique.
Cette profonde crise de la démocratie devient celle de la République et de ses hautes valeurs de plus en plus piétinées, dans une confusion des repères, des idées et des mots. Cette libération des forces et des idées régressives est à l’œuvre depuis un moment. Elle a d’autant plus pesé que la crise, ses douloureuses conséquences, les drames humains qu’elle génère, ses multiples justifications et la propagande qui les accompagne poussent aux divisions. Le rejet de l’autre devient une orientation, une politique, un comportement d’une terrible banalité.
Cette banalisation d’une poussée idéologique ultraconservatrice régressive, xénophobe, raciste, nationaliste, sexiste, homophobe, sous couvert d’esprit critique, ouvre la porte au pire ! Si nous n’y prenons garde, si nous ne parvenons pas à nous unir pour relever les digues, alors la marée nous emportera ! Et la politique austéritaire, de chômage, de capitulation industrielle et agricole face au grand capital transnational, menée par un gouvernement qualifié de « gauche », ne fera qu’attiser les braises de la désespérance, de la colère, mais aussi de la fatalité.
Autant de tendances que le système et ses institutions peuvent récupérer afin que rien ne change et surtout pas la place qu’occupent dans les hautes sphères les privilégiés de la naissance et de la fortune. Il y a donc bien urgence pour que ce que l’on appelle « le peuple de gauche », si divers, si riche de ses idées et de ses propositions, prenne en main « sa gauche » pour la refonder.
« La Fête sera un fer de lance du combat contre les inégalités de toutes natures »
La préparation de la Fête de l’Humanité à ciel ouvert dans les quartiers, les bureaux, les entreprises, les villages peut favoriser, à ce moment si particulier, le dialogue, le débat, la confrontation des points de vue pour, ensemble, sortir de la nasse. Si ce bouillonnement démocratique a lieu, dès les prochains jours et les prochaines semaines, alors nous pourrons construire et vivre un cru inédit d’une Fête de l’Humanité, à la fois réceptacle des aspirations qui se seront exprimées avant, moment d’une puissance exceptionnelle et tremplin pour aller de l’avant avec confiance, espoir et détermination.
Dans ces conditions, la Fête portera la primauté des enjeux sociaux et culturels, contre les projets « nationaux ethniques ».
Elle sera un fer de lance du combat contre les inégalités de toutes natures, celles qui proviennent de l’appartenance à des classes, des sexes, des origines différentes, facteurs de discriminations sociales, racistes ou sexistes.
Préparée dans les luttes et les résistances, porteuse d’une visée de rassemblement des couches populaires, des privés d’emploi, des précaires, des petits salaires, des catégories moyennes, des femmes et des hommes de culture jusqu’au monde de la petite entreprise, victime aussi de la crise et de la domination bancaire et des multinationales, la Fête 2014 se veut à l’image de l’autre société qu’elle prétend contribuer à construire.
Elle portera, avec son village du monde, la solidarité internationaliste, dimension essentielle pour que, notamment, s’y intéressent et s’y impliquent tous ces jeunes des quartiers populaires que passionnent les combats de leurs frères des pays arabes, d’Amérique latine, du Maghreb, d’Afrique.
« L’action pour la transition environnementale prendra cette année une dimension nouvelle »
Le projet du grand marché transatlantique ne sera, lui, pas à la Fête au parc de La Courneuve mais en procès, et des forces nouvelles pourront trouver des raisons de le mettre en échec, ici et de l’autre côté de l’Atlantique.
L’exigence de la libération des prisonniers politiques palestiniens, celle de Marwan Barghouti, sera porté par des dizaines de milliers de voix avec une telle force qu’elle sera perçue par les autorités israéliennes.
L’action pour la transition environnementale prendra cette année une dimension nouvelle, à la hauteur de son enjeu vital, au plein sens du terme. Il en sera de même pour la valorisation de l’apport des associations, des mouvements engagés pour l’économie sociale et solidaire, et toutes les expériences concrètes contestant dans la vie le capitalisme financiarisé.
Et bien sûr, plus que jamais, la Fête 2014 sera celle de la culture, de l’art dans toutes ses dimensions, des expositions, de la rencontre de centaines d’écrivains au village du livre. Enfin, pour un prix accessible, que nous avons décidé de maintenir au même niveau que l’an passé, malgré les coûts supplémentaires de production de la Fête, elle permettra d’assister à de splendides concerts, avec notamment : Bernard Lavilliers, Massive Attack, Scorpions, Alpha Blondy, Ayo, Puggy, Temples, Les Ogres de Barback, de la musique classique…
Vous l’aurez compris, la Fête sera à la hauteur des énormes enjeux qui marquent la période de sa tenue si elle est repérée comme utile à leurs aspirations par toutes celles et ceux qui estiment indispensable un sursaut pour les valeurs de la République, pour le progressisme à la française. Ils sont des millions, encore convient-il de les informer du programme et du sens politique et culturel qu’il est indispensable, cette année, de donner à l’événement, de la largeur de vue et de l’esprit de rassemblement qui nous animent. C’est le combat de l’heure.
Patrick Le Hyaric
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