La gauche sans la culture n'est pas la gauche
05/07/2013
L’écologie n’est pas la seule victime de l’austérité à la sauce Hollande- Ayrault. Ainsi à la veille des festivals de l’été, les mauvaises nouvelles s’accumulent dans le champ culturel :
- L’année 2014 verra une nouvelle baisse du budget du ministère de la culture (- 2,8% après -4,3 % en 2013). Sans compter les « gels » et les « sur-gels » de crédit de moins en moins « dégelés ». Pour la deuxième année consécutive le gouvernement considère que la culture n’est pas sa priorité et le budget dérisoire qu’il y consacre va de nouveau être sacrifié sur l’autel de l’austérité. Ils sont loin les engagements du candidat Hollande, bien insuffisants au demeurant, de « sanctuariser » le budget ;
- Le mot culture a disparu de l’acte 3 de la décentralisation et si la compétence générale est maintenue pour les collectivités, la baisse drastique de leurs dotations et la faiblesse de la fiscalité locale vont se traduire par un repli sur leurs compétences légales et obligatoires dont la culture ne fait toujours pas partie. Or 70 % de la dépense publique en faveur de la culture est aujourd’hui assumé par ces mêmes collectivités et le rapport au territoire est désormais au cœur de toute politique culturelle ;
- Pour financer les quelques mesures en faveur de l’éducation artistique, renvoyées pour l’essentiel au périscolaire et donc aux collectivités, le ministère enjoint les Drac à prendre sur leurs budgets récurrents déjà fortement amputés.
- L’absence de tout débat public sur un autre engagement présidentiel, le projet de loi d’orientation en faveur de la création, confirme décidément que ce gouvernement n’a aucune ambition dans ce domaine.
« Le politique dénué d’approche culturelle et d’imaginaire est condamné à l’ordre du conjoncturel » écrivait Mahmoud Darwich très peu de temps avant sa mort. Il ne se doutait pas à quel point son propos pouvait s’appliquer aux premiers mois de ce quinquennat tout entier dévolu à la réduction des dépenses publiques et du pouvoir d’achat alors que sous prétexte de compétitivité les cadeaux s’accumulent pour les entreprises.
Quelle extraordinaire ambition que celle qui consiste à obéir à M. Barroso et à la Commission européenne et à leur présenter un déficit budgétaire réduit à moins de 3% ! Le prix à payer dans le champ culturel sera, comme partout, très lourd : la mort de centaines de structures culturelles, la mise au chômage de milliers d’artistes, la mise au rencart d’un nombre incommensurable de projets culturels au service de la vie sociale, à l’école, au travail, en ville. La culture est un bien commun aussi indispensable à la vie de chacune et chacun que l’éducation, la santé ou bien encore l’environnement. Est-ce un hasard si le couperet de l’austérité s’abat d’un même mouvement sur l’écologie et sur la culture ? Nous sommes tout autant menacés par le changement climatique que par une crise anthropologique. Nous vivons en effet des temps troublés où nous avons perdu le sens même de la condition humaine et de son devenir et la culture apparait plus que jamais comme la réponse à une crise globale au sens que lui donne Gramsci : « c’est quand le vieux monde se meurt, que le nouveau tarde à naitre et que dans ce clair- obscur surgissent des monstres ».
C’est pourquoi la poursuite, par ce gouvernement qui se prétend de gauche, du démantèlement sarkozyste de notre service public de la culture, n’est pas seulement une faute politique contre l’art et les artistes, c’est une insulte faite à l’avenir même de notre peuple et de sa jeunesse. Par définition la gauche ne peut construire une politique émancipatrice sans une ambition culturelle. La gauche sans la culture n’est pas la gauche !
Alain Hayot, délégué national à la culture du PCF
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