Nicolas Sansu « C’est tout sauf changer les règles du jeu »
10/12/2012
Pour Nicolas Sansu, député PCF du Cher, le gouvernement contredit ses propres engagements et place les salariés en situation difficile avec le pacte de compétitivité.
Quelle est l’appréciation des députés communistes sur le projet de loi de finances rectificative contenant le pacte de compétitivité du gouvernement ?
Nicolas Sansu. On reste toujours dans les mêmes recettes, qui ont toujours lamentablement échoué. On va transférer des prélèvements des entreprises vers les ménages, en espérant que cette soi-disant baisse du coût du travail servira l’emploi. Or, ça fait trente ans que cette logique est à l’œuvre, avec les résultats que l’on connaît. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’en juillet, toute la gauche s’était retrouvée pour battre en brèche le projet de Sarkozy de mettre en place la TVA dite antidélocalisations, qui prévoyait une baisse des cotisations sociales compensée par une hausse de la TVA. Si les dispositions ne sont pas exactement les mêmes, c’est exactement le même principe qui est adopté aujourd’hui : on promet aux entreprises une baisse de la masse salariale, sans aucune contrepartie, et on reporte le coût sur les ménages de deux façons. D’abord, par la TVA et la « fiscalité écologique », et ensuite par la baisse des dépenses publiques. Le gouvernement crée une situation un peu paradoxale : vérité en deçà des vacances d’été, erreur au-delà…
La commission des Finances a quand même apporté des précisions sur la transparence et confié aux partenaires sociaux le soin de définir les contreparties…
Nicolas Sansu. Le seul changement qui a eu lieu est l’introduction de quelques règles pour la négociation sociale sur les contreparties. Comprenez bien : ce ne sont pas les parlementaires qui vont fixer les contreparties. C’est invraisemblable : il ne suffit pas d’écrire que l’on préférerait que ces mesures servent à l’emploi, qu’on ne veut pas que les dividendes augmentent. Cela sert juste à fixer le champ des négociations sociales, ça ne fixe rien. Et les salariés partent avec un gros handicap dans ces négociations : le gouvernement a conforté le patronat face à eux.
Mais l’objectif du gouvernement est pourtant celui de renverser la vapeur, concernant l’emploi, et d’arriver à 300 000 nouveaux emplois fin 2013…
Nicolas Sansu. Pour cela, il faudrait moduler les cotisations sociales et l’impôt sur les sociétés en fonction de l’utilisation des profits. Nos dispositifs doivent favoriser l’emploi, la formation et les salaires, et pénaliser la spéculation, les charges financières, etc. Un dispositif aussi uniforme que celui qui nous est présenté, c’est tout sauf changer les règles du jeu. Il y a aujourd’hui des entreprises qui jouent le jeu et qui peinent à avoir accès au crédit (même si la BPI va prochainement être créée), peinent à trouver des salariés formés, et leurs impôts sont les mêmes que les impôts de celles qui ne jouent pas le jeu.
La divergence avec le gouvernement dépasse donc les mesures du pacte de compétitivité. Elles portent sur le diagnostic même…
Nicolas Sansu. Bien sûr ! Mais nous avons des divergences avec le gouvernement de décembre, nous étions d’accord avec celui de juillet. Nous étions tous d’accord pour supprimer la TVA antidélocalisations. Il faut vraiment que le gouvernement se souvienne de ce pour quoi il a été élu. En cédant à chaque fois que Mme Parisot fronce les sourcils, on ne met pas les syndicats de salariés dans une bonne position de négociation. Sans doute y a-t-il des membres de la majorité gouvernementale insatisfaits. Je sais très bien que ça renâcle dans les rangs du PS. Mais seuls les actes comptent et, en l’occurrence, les actes ce sont leurs votes.
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