Lutter contre la pauvreté en gagnant de l’argent : The Giving Pledge
18/12/2011
Par Audrey Vernon Comédienne (1).
Les milliardaires sont de mignons petits chats. Leur dernière décision : donner la moitié de leur argent aux pauvres (2). Warren Buffett, Bill Gates et 67 autres ont signé cette promesse.
Trop gentil, un peu incohérent peut-être, une vie passée à accroître la productivité, les marges, en rognant sur les salaires, en spéculant, pour tout rendre à la fin, ils vont en faire une tête, les pauvres… Ils ne s’y attendent pas. Qu’ils ne s’y attendent pas trop d’ailleurs, c’est pas pour tout de suite, c’est quand ces milliardaires seront morts.
Je sais qu’il ne faut pas souhaiter la mort des gens mais là, c’est tentant. Je vais aller boire un cherry coke avec Warren Buffett (sa boisson préférée dont il a 8,6 %). « Warren, tu veux donner la moitié de tes 39 milliards, c’est adorable, mais quand tu seras mort, tes actions vaudront beaucoup moins déjà alors donne tout maintenant, tu pourras profiter de ta charité de ton vivant, je sais que ça te rendrait dingue que cet argent ne soit plus placé dans un fonds d’investissement et qu’il arrête de rapporter mais on ne peut tout avoir…
Tant que j’y suis, ça ne te gêne pas d’avoir fait signer cette promesse aux fondateurs de Citigroup et de Carlyle, qui ont volé des tas de gens avec les subprimes, qui ont monté une arnaque, se sont enrichis, ne seront jamais inquiétés et passent en plus pour des mécènes ?
Quant à la fondation de Bill et Melinda Gates, 95 % de leurs 36,3 milliards sont investis dans des actions : compagnies pétrolières, sociétés de prêts usuraires, plantations de cacao. Je sais qu’il est difficile pour tout le monde d’être cohérent dans une époque pareille, mais quand Bill se plaint dans sa dernière lettre qu’il lui manque 720 millions pour éradiquer la polio, qui l’empêche de les donner ?
Ils ne seraient plus placés, donc ne rapporteraient plus : charité oui, mais charité rentable. Je sais qu’il ne faut pas souhaiter la mort des gens mais en promettant de rendre une partie de ce que vous avez gagné, comme tu dis, 10 % grâce à la chance, 90 % grâce au travail des autres, tu nous forces à attendre, un peu, impatiemment. »
Chronique publiée par le journal l'Humanité
(1) Actuellement au Petit Gymnase, du jeudi au samedi, à 21 heures, dans Comment épouser un milliardaire.
(2) The Giving Pledge : la promesse de don.
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