Roman national, le 11 novembre et l'Histoire aux oubliettes ?
19/11/2011
Qu’est-ce qui a bien pu toquer Nicolas Sarkozy, d’aller fourrer ses petits doigts dans la commémoration du 11 Novembre ?
Une telle initiative en fin de mandat relève du ridicule, et il doit y avoir du M. Guaino là-dessous. Il veut en faire « la date de commémoration de la Grande Guerre et de tous les morts pour la France ».
N’a-t-il donc jamais remarqué que, sur de nombreux monuments aux morts, les noms des sacrifiés de 39-40, puis de l’Indochine, puis de l’Algérie, ont déjà rejoint ceux des poilus ?
Hélas ! Le reste de la classe politique n’a guère brillé par la lucidité. M. Hollande, après avoir annoncé qu’il n’était pas d’accord (c’eût été surprenant), a ajouté les précisions suivantes : « Chaque célébration doit (…) en même temps permettre de pouvoir faire une évocation à tous les morts pour la France et notamment ceux qui sont tombés en Afghanistan sur les champs d’intervention extérieure. »
Il souhaite « pouvoir aussi avoir une parole rassembleuse à l’égard de tous ceux qui sont morts pour la France ». Alors, de trois choses l’une.
Ou bien je ne sais pas lire le français. Ou bien cette « évocation à tous les morts » et ce « pouvoir aussi avoir une parole » ne sont pas du français. Ou bien M. Hollande a exprimé son désaccord sans s’apercevoir que son commentaire prouvait qu’il était d’accord. Ou plutôt, qu’il s’en fout, et qu’il a parlé au hasard en espérant ne déplaire à personne.
Pendant ce temps-là, Mme Eva Joly est allée rendre hommage aux mutins de 1917 au pied du Mur de la paix, à Paris. Elle a noté que « des dizaines de millions de victimes de cette guerre appartiennent dans l’immense majorité au peuple européen », ce qui est perspicace (encore que le chiffre soit tout de même un peu hasardé). « Je voudrais que nous arrêtions de penser que c’est l’Allemagne qui a perdu la guerre, que c’est la France qui l’a gagnée », a-t-elle ajouté.
Certes, certes. Nous pourrions oublier par la même occasion que les Goths ont battu les légions romaines à Andrinople, que César a battu Vercingétorix à Alésia, que Philippe Auguste a battu les Anglais à Bouvines, que les Espagnols ont vaincu les Turcs à Lépante, que les Coalisés ont battu Napoléon à Waterloo, et que les armées de Hitler furent écrasées par les Russes à Stalingrad.
Mais Mme Joly peut se rassurer : du train où vont les programmes scolaires, plus personne bientôt ne saura plus rien de ces vieilles histoires.
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