Une gauche collective
27/11/2010
Porte-parole du PCF, adjoint au maire de Pau, il défend la stratégie du Front de gauche, avec Mélenchon.
Olivier Dartigolles. Le gouvernement est, certes, passé en force, en ne tenant pas compte des propositions des syndicats et d'une majorité de l'opinion publique, qui était opposée à cette réforme. Mais, contrairement à ce qu'on pense, il vient de subir sa principale défaite depuis le début du quinquennat. Il y a aujourd'hui, dans le pays, une majorité opposée à cette réforme, parce qu'elle l'estime injuste et inefficace.
Cette défaite du gouvernement se concrétisera donc en 2012 ?À partir de ce grand mouvement populaire, qui marquera durablement le débat politique, il ne faut justement pas attendre 2012. Profitons-en pour discuter de ce que sera la grande loi sur l'avenir des retraites, que pourrait voter une majorité de gauche, et commençons à la construire avec les organisations syndicales et les partis de gauche.
Votre livre commence avec la campagne des européennes, pour s'achever sur les régionales. C'est tout l'itinéraire du Front de gauche…Ce livre témoigne des premiers pas du Front de gauche, un acteur nouveau dans le paysage politique. Le Parti communiste avait engagé cette dynamique de rassemblement et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon l'a construit avec nous. Nous proposons aujourd'hui de ne pas rester dans les frontières actuelles du Front de gauche. Non seulement pour la présidentielle, mais aussi pour les législatives qui vont suivre, afin qu'un plus grand nombre de gens puisse s'approprier cette stratégie, à l'image de ce qui s'est passé pour les retraites. Jean-Luc Mélenchon a accueilli favorablement cette proposition dimanche dernier.
Jean-Luc Mélenchon a proclamé que le Front de gauche ne devait pas être le supplétif du PS. Or le PCF a besoin du PS pour « sauver » ses élus nationaux et locaux…Il y a une majorité de gens, dans ce pays, qui ont une envie de gauche. Toutes les enquêtes d'opinion le prouvent. Mais, dans le même temps, ces mêmes personnes doutent aujourd'hui de la capacité qu'aurait la gauche à faire autrement que ce qui se fait aujourd'hui. Le moteur de la gauche peut passer par le Front de gauche. Il faut un grand débat pour qu'une majorité de gauche ait, dès 2012, les capacités de mettre en œuvre des propositions d'avenir, sur lesquelles se serait prononcée une majorité dans le pays. Il y a besoin d'une énergie positive à gauche. Au PS, cela recommence comme en 2006, avec le débat sur le casting.
La candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle serait donc la concession qui vous permettrait de sauver vos élus locaux, encore très nombreux ?Savez-vous que les députés communistes élus ont eu systématiquement devant eux des candidats du Parti socialiste ? On ne nous fait des cadeaux dans aucune circonscription. Nous n'avons pas eu des circonscriptions « réservées », comme les députés verts et les radicaux de gauche. Devant une telle précarité et une telle souffrance sociale dans le pays, il faut en finir avec la nuit du Fouquet's. Ce que nous proposons, ce n'est pas la personnalisation, c'est la dynamique collective. Des millions de gens doivent se rassembler derrière des grandes propositions pour qu'elles deviennent incontournables pour une majorité de gauche.
(1) « Blog à part », aux éditions Arcane 17, 191 pages, 15 euros.
Publié par Sud Ouest
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